Ah ! Voilà
la fin de la trilogie de Robert Bibeau ! On n'est pas déçu. C'est flamboyant !
ROBERT BIBEAU
Cette semaine, attardons-nous aux soi-disant «Parcours de productivité afin d’assurer une plus grande compétitivité du travail salarié» que le patronat des différents pays en crise présentent comme la solution à tous leurs maux.
Productivité et compétitivité du travail salarié
L’essentiel de l’économie politique c’est la façon dont les hommes
produisent et échangent leurs moyens de subsistance. Augmenter la part
de la plus-value relative dans la production de ces moyens de
subsistance est le motif de cette récente propagande médiatique à propos
de la productivité et de la compétitivité autour desquelles chaque État
impérialiste – grand ou petit – voudrait embrigader son prolétariat
national contre tous les autres prolétaires de la Terre. L’ouvrier déjà
surexploité avec forte intensité n’a pourtant rien à gagner de cette
productivité accrue sinon des cadences de travail infernales, des
journées de travail allongées, moins de sécurité dans l’atelier et sur
les chantiers, un stress suicidaire et pas beaucoup plus de sous au bout
de cette course effrénée contre sa santé.
Les hausses de productivité signifient davantage de plus-value
relative et extra réalisée pendant le temps de « surtravail » (non
rétribué) produite grâce aux robots informatisés, et aux appareils
sophistiqués (capital constant), remboursée à même le « surtravail » de
l’ouvrier floué (14). Car le capital n’est pas seulement, comme le
disait Adam Smith, le pouvoir de disposer du travail d’autrui mais,
comme le disait Marx, le pouvoir de disposer d’un travail non payé.
« Toute plus-value, quelle qu’en soit la forme particulière – profit,
intérêt, rente, etc. – est en substance la matérialisation d’un travail
non payé. » [K. Marx. Le Capital. Garnier-Flammarion. (livre 1).
Chapitre XVIII. Page 383].
Dans ce combat pour leur survie chaque grand monopole industriel,
chaque multinationale, chaque oligopole, chaque cartel financier et, en
définitive, chaque État impérialiste est en lutte contre tous ses
concurrents monopolistiques. Les pays impérialistes montants, comme
l’Inde, la Corée et la Chine, affrontent vigoureusement les pays
impérialistes parvenus à maturité comme les États-Unis, la France, le
Canada, l’Espagne ou l’Italie – y compris sur le front de la
recherche-développement – où, ne voulant pas perdre leur avantage
momentané (relativement à la plus-value absolue), ces nouveaux «dragons
asiatiques» investissent tout autant que les États occidentaux en
Recherche-Développement (R&D) pour innover et s’emparer de la plus
grande part de plus-value relative et extra (15).
Les crises récurrentes de surproduction relative (16) entraînent des
coupes sombres dans les capacités de production locales, qui prennent la
forme d’externalisation, de fermetures d’usines et de centres de
services, de délocalisation d’entreprises industrielles, commerciales et
de services, vers des contrées où le « travail nécessaire » est moins
important (couteux) et le «surtravail-non payé» plus abondant
(profitable). S’ensuivent un chômage accru, le rétrécissement des
marchés minés par la paupérisation relative des
travailleurs-consommateurs, parfois rémunérés en de ça des besoins
élémentaires assurant le renouvellement de leur force de travail ; ce
dont les États-Unis, la Grèce, l’Espagne et l’Italie nous donnent
actuellement des exemples patents (17).
L’État impérialiste contemporain
L’État, disait Lénine, est une machine destinée à maintenir la
domination d’une classe sur une autre [Lénine. L’État et la révolution.
Éditions en langues étrangères, 1966]. L’État capitaliste est
l’État-major de la classe dominante et il maintient la domination de la
classe capitaliste sur la classe prolétarienne et sur toutes les autres
classes et fractions de classes de la société bourgeoise. C’est la
raison pour laquelle nous conseillons de ne pas se gaspiller à tenter
d’en prendre le contrôle et la gestion par les élections mais de le
détruire de fond en comble afin de créer sur ces ruines un nouvel État
populaire-ouvrier…mais certainement pas populiste-fasciste [R. Bibeau.
Beppe Grillo. Triste clown désolant. Que du vent inquiétant ! 6.03.2013
http://les7duquebec.org/7-au-front/beppe-grillo-triste-clown-desolant-que-du-vent-inquietant/].
L’État bourgeois dans sa mission de gouvernance et de support à
l’exploitation ouvrière et populaire en faveur de ses maîtres
capitalistes monopolistes intervient de multiples façons dans le
déploiement des sociétés modernes soit :
1) sur le plan juridique, par un écheveau de lois, de décrets et de
règlements visant à judiciariser les révoltes populaires (étudiantes,
ouvrières, chômeurs, autochtones, etc.) et à réguler l’exploitation
fondée sur la propriété privée des moyens de production et de
commercialisation;
2) sur le plan policier et militaire répressif, l’État bourgeois
détient le monopole de la violence légale pour réprimer les résistances
populaires et les insurrections ouvrières, et pour défendre les intérêts
des expropriateurs, des investisseurs et des exportateurs nationaux sur
la scène internationale;
3) sur le plan économique et politique, par l’attribution de contrats
alléchants pour le développement des infrastructures de production, par
des aides multiples aux entreprises en capital de risque et en
subsides, et pour le maintien des infrastructures de transports et
d’énergie ainsi que des superstructures d’entretien des employés et des
ouvriers à exploiter (éducation, santé, culture et sports, etc.);
4) sur le plan commercial et financier, par le développement du
commerce et le support à l’exportation des marchandises ouvrées et des
matières premières brutes, ainsi que le soutien à l’investissement des
capitaux asservissants (IDE, ou investissement direct de et à
l’étranger) dans les pays dépendants ou chez les concurrents de la
bourgeoisie nationale prédatrice, parfois nationalistes et toujours
électoralistes.
Afin d’accomplir toutes ces missions pour le bénéfice des
capitalistes nationaux et internationaux, l’État bourgeois collecte
taxes, impôts, droits d’assises et autres redevances et il
emprunte lourdement et de façon inconsidérée sur les marchés boursiers,
puis s’enfonce sous le poids de ses dettes souveraines,
réduisant d’autant la consommation et la circulation du capital
national, ce qui tarit ses sources de revenu (taxes à la consommation et
impôts sur la production). La spirale infernale de la dépression
impérialiste trouve ici son apogée.
La contradiction fondamentale du système d’économie politique impérialiste
Pourtant, pour les capitalistes financiers, il est impératif de
toujours maintenir une intense activité de production car c’est
l’expropriation privée du « surtravail-non-payé » qui fournit la
plus-value source de tous les profits et gage de leur survie.
Plus la crise du système global s’approfondit et davantage la classe
des capitalistes monopolistes financiers désespère de sauvegarder ses
monopoles, ses cartels, ses oligopoles et d’absorber ou de détruire ses
concurrents nationaux et étrangers tout en surexploitant les manants
localement et à l’étranger.
Chaque nouvelle tentative de résoudre la contradiction principale
entre les forces productives collectives, de plus en plus « socialisées
», et les rapports de production (la propriété privée des moyens de
production et d’échange) aboutit à un nouvel échec puisque les rapports
de production sociaux – capitalistes, privés, anarchiques et chaotiques –
et la quête de plus-value et de profits maximum entraînent les crises de surproduction de capital productif et improductif et de marchandises,
lesquelles crises entravent inexorablement le développement des forces
productives matérielles et collectives, fondement de la reproduction
étendue du système.
La loi de correspondance nécessaire entre les rapports de
production sociaux et la nature et le caractère des forces productives
est ainsi transgressée. Un système social qui vogue ainsi de
Charybde en Scylla et ne parvient plus à se reproduire est voué à une
mort assurée. La question subsidiaire se résume à sa longévité… Combien
de temps le laisserons-nous agoniser ?
On pourrait ainsi résumer la contradiction fondamentale inhérente au système impérialiste :
la production de biens et de services – de marchandises – revêt un
caractère social – collectif – qui exige une méticuleuse planification
de la production et de l’échange ; alors que la propriété des moyens de
production et du capital demeure privée – anarchique, chaotique, ce qui
entraîne un développement inégale, imbriquée et par bonds saccadés – ce
qui est incompatible avec le caractère social planifié du procès de
production social.
Cette contradiction va s’aggravant à mesure que les forces
productives sociales se développent. Cette contradiction se manifeste
par une anarchie accrue de la production impérialiste, le gaspillage des
ressources et des marchandises, la destruction des forces productives
et du capital sous toutes ses formes et par l’accentuation des
antagonismes de classes entre le prolétariat et les masses laborieuses
d’une part et les différentes fractions de la bourgeoisie,
particulièrement la clique des capitalistes monopolistes financiers
d’autre part (18).
Les protagonistes sous l’impérialisme contemporain
L’histoire de l’humanité, depuis l’Empire du Milieu (Chine 202 av.
J.-C.) en passant par l’Empire romain, l’Empire de Charles Le Quint,
l’Empire de Saladin et jusqu’aux Empires napoléonien, victorien et
américain contemporain, n’est pas l’histoire des héros assassins, des
chevaliers d’industries, des requins de la finance, des présidents
trônant dans le Bureau Ovale, à l’Élysée, au 10 Downing Street ou au 24
rue Sussex, ni de leurs thuriféraires obséquieux, mais bien l’histoire
des peuples, des classes besogneuses – travailleuses, l’histoire de la
lutte des classes antagonistes.
L’ensemble du processus de putréfaction impérialiste est totalement
indépendant de la volonté des capitalistes pris individuellement ou
collectivement. La question n’est absolument pas de départager les
capitalistes monopolistes corrompus, ou méchants et incompétents de ceux
qui seraient complaisants. Un capitaliste qui ne s’astreindrait pas aux
lois d’airain de la lutte des classes et de la confiscation de la
plus-value et du surtravail non-payé; qui transgresserait la Loi de
l’accumulation vorace du profit maximum et du capital à reproduire,
serait balayé ou absorbé par ses concurrents amis et ennemis tout à la
fois. Seule la classe ouvrière, de par sa position objective dans le
procès de production sociale de l’existence collective a la capacité et
l’intérêt de renverser radicalement le système impérialiste
complètement.
Prolétaires et capitalistes monopolistes financiers sont les
protagonistes antagonistes de cette contradiction fondamentale entre,
d’une part, le travail salarié, socialisé, des millions d’ouvriers
demandant à développer les forces productives sociales pour satisfaire
les besoins nécessaires du peuple – et, d’autre part, la classe
capitaliste monopoliste, majordome de l’État bourgeois et propriétaire
privée des moyens de production et de commercialisation, contrainte
d’extorquer la plus-value pour empocher les profits afin d’assurer
l’accumulation puis l’investissement pour un nouveau cycle de
reproduction élargie du capital et des profits. Or ce cycle de
reproduction étendue se brise sur les récifs de ses propres
contradictions insolubles. Ce système a fait son temps; le temps présent
est pour le changement radical.
De la fin du système impérialiste
Quand un système d’économie politique ne peut assurer sa propre
reproduction élargie, il est secoué par des convulsions à répétition qui appellent non pas sa conversion, sa remédiation ou sa transformation mais bien sa destruction,
son renversement total et son remplacement intégral par un nouveau
système d’économie politique qui respecte la Loi de correspondance
nécessaire entre les caractères des rapports de production et la nature
et les traits et le développement des forces productives.
Par deux fois le système d’économie politique impérialiste mondial a
trébuché et par deux fois il est venu bien près de s’effondrer. Par deux
fois (1914-1918 et 1939-1945) l’impérialisme s’est relevé et
aujourd’hui de différentes manières il étend sa domination hégémonique
sur la planète toute entière.
Un troisième rendez-vous mondial se prépare entre la classe ouvrière
et son ennemi implacable. Si le prolétariat ne sait pas acquérir une
conscience révolutionnaire de classe en soi et pour soi, s’il ne sait
pas s’unir et s’organiser en parti de classe dirigé par une théorie
d’avant-garde, alors cette guerre, éventuellement nucléaire (qui
sait ?), verra l’hydre impérialiste détruire une partie de l’humanité
puis renaître de ses cendres, plus loqueteux qu’auparavant mais toujours
vivant.
C’est la raison pour laquelle on dit du prolétariat – classe créée
par le capital – qu’il est le fossoyeur du capitalisme à son stade
impérialiste d’obsolescence, et aussi qu’il est l’accoucheur d’un
nouveau système d’économie politique, le socialisme.
Les précédentes tentatives d’instaurer un système d’économie
politique socialiste ont soulevé une telle hystérie de la part de la
grande bourgeoisie internationale qu’elle s’est appliquée à en faire
disparaitre les acquis et la mémoire parmi les jeunes générations après
avoir pris les armes contre les peuples soviétique, chinois, et albanais
et contre tous ceux qui avaient osé la défier. Ces gouvernements
socialistes ont été trahis de l’intérieur et renversés si bien
qu’aujourd’hui la classe ouvrière doit assumer ses responsabilités,
s’organiser en avant-garde déterminée et reprendre le chemin de la
liberté pour ériger la société socialiste libre.
Prolétaires de tous les pays unissez-vous !
Robert Bibeau
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(1) Le capital financier représente la somme du capital constitué par
des titres tels que les actions ou les titres de créances négociables
(actions et obligations). Le capital financier a été aussi
synthétiquement défini comme étant le pouvoir qu’exercent les groupes
financiers (Banques, assurances, trust, etc.) sur les entreprises qu’ils
détiennent ou qu’ils contrôlent.
(2) La titrisation est une technique financière qui consiste à transférer à des investisseurs
http://fr.wikipedia.org/wiki/Investisseur des actifs financiers tels que des créances (par exemple des factures
http://fr.wikipedia.org/wiki/Facture_(comptabilit%C3%A9)
émises non soldées, ou des prêts en cours) en transformant ces
créances, par le passage à travers une société ad hoc, en titres
financiers émis sur le marché des capitaux
http://fr.wikipedia.org/wiki/March%C3%A9_des_capitaux
. Une telle titrisation s’opère en regroupant un portefeuille de
créances de nature similaire (prêts immobiliers, prêts à la
consommation, factures) que l’on cède alors à une structure ad hoc
(société, fonds ou trust) qui en finance le prix d’achat en plaçant des
titres auprès d’investisseurs. Les titres (obligations
http://fr.wikipedia.org/wiki/Obligation_(finance),
billets de trésorerie représentent chacun une fraction du portefeuille
de créances titrisées et donnent le droit aux investisseurs de recevoir
les paiements des créances (par exemple quand les factures sont payées,
ou quand les prêts immobiliers versent des mensualités) sous forme
d’intérêts et de remboursement de principal. Souvent, les paiements
d’intérêts sont financés à même les sommes reçues des nouveaux
investisseurs, on dit alors que la titrisation est sous forme de
pyramide de Ponzi.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Titrisation.
(3) «Le gonflement artificiel de l’estimation de la richesse annuelle de
certains pays, dans une fourchette qui va de 2% pour l’Union Européenne
à 27% pour les États-Unis, une moyenne de 10 en pays impérialiste (…)
Le capitalisme freine-t-il la croissance des forces productives depuis
la première Guerre mondiale?
Revue Internationale. 29 janvier 2012. .
« Les trafics en tous genres, la drogue en particulier, constitue une
consommation improductive. Les trafiquants de drogue auraient blanchie
1600 milliards de dollars, soit 2,7% du PIB mondial en 2009. (..) Le
rapport de l’ONUDC indique que tous les bénéfices de la criminalité, à
l’exclusion de l’évasion fiscale, s’élèveraient à environ 2100 milliards
de dollars, ou 3,6% du PIB en 2009. Drogues Blog.
http://droguesblog.wordpress.com/2011/10/27/la-presse-ca-trafic-de-drogue-chiffres-astronomiques-saisies-minimes-selon-lonu/.
(4) «En novembre 2008, le Ministère du Budget estimait que presque 60
milliards d’euros étaient détournés grâce aux paradis fiscaux. A
l’échelle mondiale, 35% des flux financiers ou 55% du commerce
international transiterait par des paradis fiscaux. Ils concentreraient
environ 11 000 milliards de dollars d’actifs gérés et les 2/3 des hedge
funds <
http://www.cafedelabourse.com/lexique/definition/hedge-fund/> seraient domiciliés dans des
refuges fiscaux.».
ANNONCE
Dans le volume Impérialisme et question nationale (le modèle
canadien) (2012) nous présentons l’évolution de la lutte des classes au
Québec du soulèvement patriote (1837) jusqu’à nos jours (2012). Le volume est disponible GRATUITEMENT en téléchargement (format PDF Acrobat) à cette adresse :
http://www.robertbibeau.ca/imperialisme.pdf