Un énoooorme billet d'Eva, qu'elle a passé sur Agoravox...
Nicolas Sarkozy a repris l'initiative, mais en prononçant un
discours d'une violence sociale inouïe. Tout en se préparant à la
candidature ("J'ai RV avec les Français", donc candidature implicite),
l'Occupant de l'Elysée... semble déclarer la guerre aux Français, ce qui
apparaît contradictoire. Pourquoi ce "jeu" double ? Pour moi, une seule
réponse, presque machiavélique.
Voyons d'abord les propositions, d'une rare violence sociale : Car
en misant plus que jamais sur la logique de la compétitivité (qui ne
produit en réalité que désindustrialisation et perte d'emplois comme du
pouvoir d'achat pour tous au lieu de lutter contre le chômage), Nicolas
Sarkozy opère un immense transfert des ressources du patronat aux
salariat, très exactement : Un transfert massif des cotisations sociales
qui pèseront désormais, à travers la TVA "sociale", sur les seuls
salariés (et sur les retraités comme sur les chômeurs et les ménages),
au lieu d'être réparties équitablement entre patronat et travailleurs,
ce qui augmentera encore le pouvoir du Capital, et des capitalistes, sur
le dos des travailleurs (et des retraités). Et la dérégulation du
Marché du Travail laissera libre cours à la loi de la Jungle. Plus que
jamais !
Plus que jamais, en effet, Nicolas Sarkozy impose ses propres
thématiques, ultra-libérales, qui pourtant, et c'est un comble, choquent
même un Madelin : "Il s'agit d'un hold-up patronal sur le pouvoir
d'achat des salariés", assure-t-il. Si Madelin, le champion du
libéralisme, le dit, cela doit être vraiment très grave, en effet.
Le prétexte, on le connaît : Si on diminue le coût du travail, on
évite la destruction des emplois et les délocalisations, on permet la
croissance. En théorie seulement, parce qu'en pratique, les choses ne
sont pas si simples.
Que propose Nicolas Sarkozy ?
Passons sur la création d'une banque d'entreprises (encore un cadeau
au MEDEF, il ne s'agit pas d'une banque nationale mais d'une banque
pour... les entreprises), sur la flexibilité du temps de travail chère
aux ultra-libéraux (finie la durée légale du Travail, l'Etat se
désengage), ou sur une augmentation de 30 % de la surface
constructible soi-disant pour abaisser le coût du logement ("le
propriétaire architecte" pourra faire n'importe quoi, construire plus
sur un même terrain ou ajouter des étages), passons sur tout cela, et
même sur la fin inexorable (ou tout au moins la très grande limitation)
des emplois publics, sur la suppression des droits de succession (encore
une mesure pour favoriser les plus nantis), sur la politique familiale
(il ne s'agira pas de redistribution sociale mais de favoriser la
natalité chère à l'électorat le plus traditionnel) ou sur la taxation
symbolique (0,1 % !) des transactions financières §... Passons sur tout
cela, pour arriver au coeur du dispositif Sarkozy : La TVA dite sociale,
en réalité anti-sociale, ou si l'on préfère, "patronale".
La TVA sociale... anti sociale
On connaît le refrain, "il faut s'adapter au monde nouveau", en
oubliant de dire que ce monde-là est décidé unilatéralement,
anti-démocratiquement (et mis en oeuvre servilement par les pseudo Elus
de la Nation) par le Grand patronat, celui du MEDEF, et au seul service
du Grand Capital. Dérégulons, dérégulons, une fois l'Etat protecteur
démantelé il ne restera rien pour les travailleurs, ni Droit ou
protection du Travail ni durée légale du travail ni même un jour, le
salaire minimum... Désormais, si l'employé n'accepte pas la réduction de
son salaire ou l'augmentation des heures de travail, on considèrera
qu'il commet une faute grave et il sera licencié. C'est cela, la
"modernisation", l'"adaptation au monde nouveau" : Une régression
générale des droits !
Donc, morceau de choix, la TVA Sarkozy, dite abusivement "sociale" -
ou "anti-délocalisations". Elle passera par la réduction du coût du
travail, qui profitera aux entreprises puisqu'elles ne financeront plus
comme avant (c'est-à-dire en partie, conjointement avec les
travailleurs) notre protection sociale, notre modèle social si original
et auquel nous tenons tous tant. Pour l'Occupant de l'Elysée, le
raisonnement est simple : "Si nous perdons des emplois, c'est parce que
le coût du travail est trop élevé, en tous cas plus élevé qu'ailleurs".
Ce qui compte, avec l' "accord compétitivité-emploi", c'est la
sacro-sainte compétitivité, qui passe toujours par la réduction des
salaires ou la réduction des emplois. En réalité, tout cela entre dans
un vaste plan d'ensemble, d'ailleurs favorisé par la crise provoquée de
toutes pièces pour favoriser le transfert massif du public au privé, et
du salarié au patron - plus précisément, du salarié au grand patron,
celui du MEDEF. Mais pour faire passer la pilule du désengagement de
l'Etat (il n'interviendra plus, la durée du travail et les salaires se
négocieront entreprise par entreprise), du démantèlement du Droit du
Travail et de sa protection, de l'abaissement des salaires et donc du
pouvoir d'achat, du nivellement par le BAS, on invoque abusivement... la
sauvegarde des emplois et de la croissance !
En réalité, en réduisant le coût du travail pour les entreprises, en
favorisant la régression générale pour les travailleurs et en
instituant en France une politique de "rigueur" (car c'est bien de cela
qu'il s'agit, puisqu'avec la TVA sociale le prix des produits augmentera
de 1,6 % pour tous, salariés comme chômeurs ou retraités), en
instaurant, donc, la TVA dite abusivement "sociale", on ne créera ni
entreprises ni emplois, on ne favorisera pas la croissance, au contraire
- puisque le pouvoir d'achat diminuera pour tous. Il est pratiquement
sûr, comme pour les restaurateurs, que les entreprises ne répercuteront
pas sur le prix de leurs produits, la cotisation payée en moins pour les
travailleurs. La TVA dite "sociale" augmentera les profits, elle ne
créera ni emplois ni croissance. C'est le MEDEF, et lui seul, qui
inspire cette politique anti-sociale, pénalisant les plus modestes et
les classes moyennes, et c'est lui qui, aujourd'hui, triomphe. Face à
cela, les inégalités et la pauvreté vont exploser, comme au Portugal, en
Grèce, en Espagne, et les prix vont augmenter... La nouvelle politique
de Sarkozy aggravera encore un peu plus la situation. A travers
l'Occupant de l'Elysée, les plus favorisés déclarent la guerre aux
Français. Comme partout ailleurs en Europe, les peuples seront plus que
jamais spoliés, piétinés, sacrifiés !
La guerre est déclarée aux Français - aux peuples !
Le Gouvernement prétend ne pas augmenter les impôts : Quelle
hypocrisie ! La TVA "sociale" est un impôt, indirect, et le plus injuste
de tous, car au lieu de peser sur les plus nantis, il pèse sur tous,
salariés comme familles, retraités ou chômeurs ! Nous ne devons pas nous
laisser abuser par le chantage aux délocalisations : Si les entreprises
ne paient plus avec nous notre protection sociale, si nous sommes seuls
à la payer en particulier par l'impôt indirect de la TVA "sociale", il
n'y aura pas moins de délocalisations - mais plus d'inégalités, plus de
pauvreté ! Et la taxe symbolique sur les transactions financières est
une imposture : Le financement de la protection sociale sera assuré, en
gros, à 85% par les ménages, et seulement à 15 % par les revenus
financiers.
L'ultra-libéralisme, la mondialisation, c'est ça : La dérégulation
du Marché du Travail, la déréglementation, le démantèlement de l'Etat
protecteur, le nivellement par le bas, l'alignement sur le moins disant,
le désengagement des entreprises comme de l'Etat, la destruction du
droit du Travail... Il s'agit d'un plan concerté, auquel sont soumis
tous les peuples d'Europe. Le modèle social européen qui était envié
dans le monde, est en train de mourir sous nos yeux ! Il ne reste plus
que des nations sacrifiées, des Etats moribonds, des PME en difficulté,
des peuples en voie de paupérisation complète, pour le plus seul profit
des plus grandes entreprises, des multinationales, des actionnaires, des
spéculateurs, de la haute finance ! Notre monde est devenu fou, et avec
des dirigeants au service du MEDEF comme Nicolas Sarkozy, la loi de la
jungle s'étend, ravageuse !
Le modèle allemand imposé aux Français. Sarkozy l'Etranger
Comment vont réagir les Français aux nouvelles dispositions de
Nicolas Sarkozy ? Certainement très mal, car avec l'Occupant de
l'Elysée, qui n'aime pas la France et qui la dessert, c'est un modèle
étranger qu'on tente d'imposer, modèle qui profite certes aux grosses
entreprises, à la "compétitivité" (les plus gros absorbant les plus
faibles), mais qui par ses inégalités, de plus en plus d'ailleurs comme
aux Etats-Unis, précarise l'ensemble des travailleurs et donc des
ménages.
Il est très grave en effet de voir que Nicolas Sarkozy ne parle
jamais des Français, mais des Américains, des Allemands... S'il voulait
tuer le modèle français, l'Histoire de notre pays, sa culture, il ne s'y
prendrait pas autrement ! En agissant ainsi, le Président heurte de
plein fouet le patriotisme français. En plus d'accroître les inégalités,
la précarité déjà très préoccupante ! A terme, le mécontentement va
grandir et gagner les couches moyennes...
Pourquoi la stratégie de la rigueur avant les Elections ?
En réalité, si Nicolas Sarkozy ose défier les Français à trois mois
des élections, c'est qu'il a, pour moi, un plan - que je qualifierais de
machiavélique. Car il sait que ses mesures ne peuvent que heurter les
Français !
Dès aujourd'hui, gouvernement, patrons et syndicats vont se
rencontrer. Les Syndicats, évidemment, sont très remontés. Des
manifestations sont déjà annoncées .
Et si tout cela, en effet, était une stratégie délibérée du
gouvernement, avant les Elections ? Nicolas Sarkozy est très
impopulaire : Sa personnalité comme sa politique sont très décriées.
Alors, pourquoi proposer aux Français, maintenant, et alors même que
François Hollande a le vent en poupe, une aggravation de leur sort ?
Comme si on voulait les provoquer ! Pour la Presse aveugle ou complice,
la cause est entendue ; Ainsi, la Croix annonce une explication
saugrenue : "Nicolas Sarkozy veut rester dans les mémoires" ! Et un
autre Editorialiste : "Ce que Sarkozy veut faire, c'est aller plus vite
que François Hollande" ! Vraiment ?
Car pour moi, en effet, c'est plutôt de cela qu'il s'agit : Nicolas
Sarkozy mise sur un mécontentement populaire grandissant, et donc sur
des manifestations. Souvenez-vous : Mai 68, la colère des manifestants,
les émeutes, et pour finir, le défilé des Champs-Elysées. Et la France
profonde qui réagit en votant pour le pouvoir en place...
Machiavéliquement, à mon avis, Nicolas Sarkozy joue sur le
mécontentement à venir, puis sur la peur de la France profonde, pour se
poser en Protecteur énergique de la paix "sociale" et être... réélu.
Envers et contre tout ! Car les lendemains déchanteront terriblement
pour ceux qui, à chaud, auront réagi en confiant à nouveau leur avenir
au Fossoyeur de la France et en particulier de son modèle social.
A nous de déjouer la manoeuvre et d'informer nos concitoyens pour qu'ils ne tombent pas dans le piège tendu...
Eva R-sistons
§ Monsieur Sarkozy a décidé unilatéralement, contre l’avis de ses partenaires européens, d’adopter la taxe Tobin.
Il faut savoir que l’idée de cette taxe a été lancée par James Tobin en 1972.
A cette époque là, il y a quarante ans, la taxe Tobin aurait eu une réelle utilité dans l’économie mondiale.
Cette taxe aurait pu, à cette époque-là, limiter et réguler la
spéculation financière qui s’annonçait, suite à l’abandon des accords
internationaux de Bretton Woods en 1971.
Mais maintenant la taxe Tobin est dépassée.
Nicolas Sarkozy propose cette taxe Tobin paradoxalement car
souvenons-nous qu’en arrivant au pouvoir il a fait supprimer la taxe sur
les transactions boursières.
De plus, il a déjà affirmé son opposition à cette taxe de manière virulente.
Mais vu son double langage habituel, il peut très bien dire au
peuple qu’il appliquera une taxe conséquente et rédhibitoire tout en
rassurant en coulisses les spéculateurs qui verront la taxe compensée et
donc réduite à zéro.
Par ailleurs…
La spéculation financière est maintenant poussée à l’extrême.
Elle appauvrit chaque jour davantage le monde du travail.
Elle est maintenant assimilable à du vol organisé et donc à du grand banditisme.
Taxer cette spéculation équivaut à la rendre définitivement légale.
Or, la spéculation financière internationale ne doit pas être taxée mais interdite.
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