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samedi 23 novembre 2013

Miko Tsukamoto témoigne de la tragédie de Fukushima (témoignage reçu grâce au Blog de Fukushima)

transport du premier container
A Fukushima, rien n'est résolu encore. Seul progrès, un premier container de 22 assemblages de combustible neuf a pu être extrait du réacteur N°4. Celui-ci en contient 1511, dont 1100 environ sont de produit usé, donc très dangereux et très radioactif. Si tout va bien, ce transfert dans une piscine de longue durée prendra plus d'un an. Mais personne n'en parle plus, ni des fuites qui surgissent de partout, ni des risques d'effondrement en cas d'un nouveau séisme d'importance. Tout le Japon est concerné par les retombées, en particulier des cendres de déchets : car les autorités, ces malheureuses, continuent à incinérer sans vraies précautions ces déchets dont elles ne savent que faire, et les vents font le reste, polluant la nourriture, pénétrant dans les poumons. Quant aux déchets incinérés mais toujours un peu radioactifs, ils sont incorporés dans des dalles de ciment, dans les routes... Vous étiez au courant ?

En quelque sorte, le Monde a déjà passé le Japon entier pour profits et pertes. Une pensée pour ceux que nous connaissons, et qui vivent désormais là-bas depuis des années. Et bien entendue la pensée envers tous les autres, ceux que nous ne connaissons pas, ne doit pas quitter notre esprit.

Japon = Titanic : mais , ô horreur, les humains vont assister petit à petit à un navire qui sombre pendant que les officiers de bord, mais aussi tous les autres capitaines, ne font rien. Il y a peut-être une raison à ce cynisme : s'agissant d'un pays doté d'une telle population, ils ont déjà considéré qu'ils ne pouvaient rien faire. Ce n'est pas vrai bien sûr : évacuer tous les enfants, au moins, serait encore possible. Je suis persuadé que bien des personnes seraient prêtes à les accueillir. Mais une évacuation de dix ou vingt millions d'enfants coûte cher, et les chefs d'États ne veulent pas payer. Alors on ne dit rien, et une belle civilisation, très délicate, va disparaître. Dans cinquante ans, il n'y aura plus de Japon.

Et pendant ce temps-là, une autre centrale aura fait des siennes : peut-être en France, qui sait ! Et probablement l'une de celles qui existent actuellement.

Tout cela est vrai. Le cynisme ou la résignation prédominent. Pourtant quelques-uns ou quelques-unes se battent toujours. Voici un témoignage, recueilli et transmis grâce au Blog de Fukushima. Il est dur !


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19 novembre 2013
Miko Tsukamoto témoigne de la tragédie de Fukushima
Miko Tsukamoto vivait dans la ville d'Iwaki, à 42 km de la centrale de Fukushima Daiichi, avec son mari et ses deux enfants. Après avoir longtemps hésité, elle a décidé de déménager avec sa famille à KitaKyusyu, dans la préfecture de Fukuoka. Elle est depuis très engagée dans une association qui tente d'enseigner aux résidents les notions élémentaires pour se protéger de la radioactivité.
Dans une vidéo mise en ligne à la fin du mois d'octobre, elle dénonce les informations erronées diffusées par les autorités et par les médias. Elle témoigne surtout de son ignorance passée et de la nécessité de s'informer et d'agir pour protéger ses enfants.
Des informations officielles erronées

Depuis le début de la catastrophe qui a affecté la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi, les autorités japonaises n'ont eu de cesse de minimiser les répercussions pour les populations, en faisant croire que la vie en territoire contaminée était possible. Les réfugiés qui ont du fuir la zone d'exclusion sont d'ailleurs maintenus dans l'illusion d'un retour prochain, empêchant la plupart d'entre eux de reconstruire une vie ou du moins un foyer digne de ce nom. Pour ceux qui vivent dans les zones les plus contaminées, aucune compensation financière n'est prévue et le Fukushima Collective Evacuation Trial n'a toujours pas réussi à obtenir justice devant les tribunaux japonais.
Relevé de radioactivité dans un parc de Fukushima : la mesure officielle indique 0,186 μSv/h alors que le Radex enregistre 0,49 μSv/h.

Dans ce contexte, il est toujours extrêmement difficile pour ceux qui souhaitent se protéger d'obtenir des informations fiables. Les mesures de radioactivité officielles sont régulièrement suspectées d'être minimisées pour rassurer artificiellement la population.

La semaine dernière encore, une jeune maman postait un article sur le site Internet de l'association World Network For Saving Children From Radiation pour dénoncer les écarts entre les mesures de radioactivité officielles et ses propres mesures dans les parcs de la ville de Fukushima.
La connaissance comme seul moyen de protéger ses enfants

Face à ce constat, de nombreux citoyens japonais se sont organisés pour procéder à leurs propres mesures de radioactivité, comme par exemple pour analyser la nourriture au sein de laboratoires citoyens. D'autres se regroupent en associations pour apprendre et aider leurs concitoyens à trouver les informations nécessaires pour se protéger efficacement. Face à la perte de légitimité d'une grande partie des autorités politiques, mais aussi médicales (rappelons que le Professeur Shunichi Yamashita, président de l'Association Japonaise de la Thyroïde et Conseiller de la préfecture de Fukushima pour les risques radioactifs, considère que les gens qui sourient sont moins affectés par les radiations), les citoyens japonais n'ont d'autres ressources que d'apprendre par eux-mêmes.

L'artiste japonais 281_Anti nuke dénonce aussi le mensonge officiel qui entoure la tragédie de Fukushima.
C'est toute la force du témoignage de Miko Tsukamoto, qui vient rappeler la difficulté pour les personnes qui vivent au Japon de trouver des informations fiables. Elle témoigne aussi et surtout de la difficulté de résister à la pression sociale pour faire entendre une voie différente et affirmer ses propres positions face au discours ambiant. Dans l'introduction de son témoignage, Miko Tsukamoto précise qu'elle n'a pas pu tout dire, car la vérité est tellement dure que certains refuseraient de la croire. C'est ce qu'elle nomme "la tragédie de Fukushima" : la réalité est tellement insupportable qu'il n'est pas possible de la dire entièrement...
Vidéo du témoignage de Miko Tsukamoto

La vidéo est en japonais, sous-titrée en anglais. La traduction française se trouve sous la vidéo.

Le témoignage de Mme Tsukamoto est accompagné d'un texte introductif :
"J'essaie de me limiter à décrire ce que j'ai vu ou vécu personnellement, ou à ce dont j'ai parlé avec une autre personne. Donc c'est assez limité.

Honnêtement, je pourrais parler indéfiniment des problèmes de santé qui ont nécessité un traitement médical. Par exemple, je pourrais parler du cousin d'une connaissance qui a eu un bébé plusieurs mois après le séisme - ce bébé est né avec un trou dans le cœur. Ou d'une connaissance, de ma sœur et de son mari, et d'un autre parent qui ont tous eu un cancer et ont dû subir une intervention chirurgicale. Et il y a eu près de 20 «Nii-bon» l'année dernière [service célébrant les morts de l'année précédente].

Il y aurait de nombreux cas similaires à partager, mais je les omets à dessein - sinon les gens me traiteront comme si j'étais "mentalement affectée" par les radiations. Je ne peux pas en parler, même si je le voulais. C'est la tragédie de Fukushima."

Miko Tsukamoto
Réseau pour la protection des enfants du Kitakyu




Témoignage de Miko Tsukamoto, évacuée de la ville d'Iwaki
"J'ai évacué volontairement de ma ville natale d'Iwaki pour la ville de Kitakyushu en janvier dernier, à cause de la catastrophe de la centrale nucléaire de Fukushima du 11 mars. Aujourd'hui, je voudrais parler de ce que j'ai vu, vécu et ressenti pendant les 9 mois avant mon déménagement à Kitakyushu, ainsi que de ma situation actuelle.

Je vivais dans la ville d'Iwaki, à 42 km de la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi. Je donnais des leçons de piano et mon mari travaillait comme employé municipal. Avec nos 2 enfants et mes étudiants, nous vivions heureux. Après le 11 mars, notre vie a complètement changé .

La partie nord d'Iwaki était dans la zone des 30 kilomètres, mais le maire a créé l'expression de "rumeur nocive", et la zone d'exclusion a été étendue à notre secteur. Le niveau de rayonnement, qui était de 0,05 microsieverts par heure avant l'accident, est passé à 23 microsieverts. C'est 460 fois [le niveau normal].

Le Professeur Shunichi Yamashita de l'Université de Nagasaki a lancé une campagne de masse indiquant qu'un niveau de 100 millisieverts [par an] était sûr, et cela a été largement accepté par la télévision, les journaux, la radio, les écoles et les conférences. À l'époque, les écoles ont jugé que les activités de plein air étaient sûres, même si le niveau de radioactivité était de 0,5 microsieverts, 10 fois la valeur normale.

Comme 100 millisieverts étaient considérés comme "sûrs", les repas des écoles ont d'abord été préparés à partir de produits locaux (1 mois après l'accident). Nous avons travaillé dur pour recueillir des signatures pour annuler immédiatement la règle de la "production locale pour une consommation locale". Il a fallu attendre le deuxième semestre universitaire cependant pour que la commission scolaire reconnaisse la liberté de refuser les repas scolaires. En d'autres termes, ceux qui ont fait confiance au "principe de sécurité" ont continué à laisser leurs enfants manger les repas scolaires. Il était inutile d'essayer de discuter avec l'école ou les enseignants.

Le niveau de radioactivité extérieur n'est pas cohérent. A dix centimètres de distance, il peut varier de 2-3 microsieverts à 5 microsieverts, ce qui représente 46 fois à 100 fois le niveau de tous les jours. Ce que je n'arrivais pas à comprendre, c'est le fait que les employés municipaux et les enseignants n'ont rien fait pour protéger les enfants contre l'exposition à la radioactivité.

Maintenant, parlons du moment où la centrale nucléaire a explosé. Notre maison n'a subi que des dommages minimes du tremblement de terre du 11 mars. Mais nous n'avions plus d'eau courante dans Iwaki pendant 20 jours. Mes enfants et moi avons fait la queue pendant deux heures le lendemain pour obtenir notre approvisionnement d'eau au camion de distribution.

La première explosion a eu lieu le 12 mars. Les données que nous avons vues plus tard indiquaient 23 microsieverts, 460 fois le niveau normal. Il n'y a eu aucune annonce publique locale pour nous prévenir de rester à l'intérieur, et nous sommes restés dehors pendant 2 heures entières, ignorant l'explosion.

On nous a dit que le Japon était sûr, mais les tests sanguins ont montré que mes deux enfants et moi avons des problèmes de thyroïde, et mon fils a une pustule de 5 millimètres. De nouvelles études disent maintenant que le cancer de la thyroïde est une maladie liée au mode de vie. Si nous développons un cancer, je suspecte que l'on va nous dire que c'est à cause d'une négligence et que le gouvernement refusera d'admettre tout lien avec l'exposition à la radioactivité.

Je voulais que mes enfants aient une anthropogammamétrie [analyse de la radioactivité du corps permettant de déduire la contamination interne, aussi appelée whole body counter] immédiatement après l'explosion. Mais je n'ai pas pu trouver une seule installation qui nous admette. Certaines personnes sont allées aussi loin que Tokyo pour se faire examiner, mais n'ont pas pu obtenir leurs propres données. J'ai appelé plusieurs endroits pour vérifier, mais aucun d'eux ne fournissait les données. J'ai donc fait une enquête au sujet des tests sanguins pour vérifier l'état de la thyroïde, et j'ai été choquée d'entendre qu'il n'y aurait pas d'examens de la thyroïde en masse à Iwaki. J'ai demandé à la préfecture de Fukushima comment je pourrais obtenir des preuves sur l'endroit où nous avons été exposés aux rayonnements, et on m'a dit que "il n'y a aucun moyen".

Mon mari est employé municipal. Il a dit que s'il y avait quelque chose à savoir, il aurait un accès immédiat à ces informations. Mais personne ne nous a informé de l'explosion et mes deux enfants et moi avons été exposés à la radioactivité alors que nous étions à l'extérieur. Mon mari a traité un flot d'appels téléphoniques, même s'il n'a nulle connaissance de la radioactivité, et il a pratiquement mémorisé le contenu des documents distribués par le gouvernement.

Cinq mois après l'accident, le niveau de radioactivité annoncé par la municipalité d'Iwaki était de 0,12μSv par heure. Mais quand j'ai emprunté un compteur Geiger de l'hôtel de ville, je me suis rendu compte que c'était en fait entre 0,24 et 22,14μSv par heure. Des bénévoles ont inspecté les arbres taillés et le sol, et le niveau de radioactivité était de 20 000 Bq / kg. Après avoir vu ces chiffres de radioactivité, mon mari et moi avons tous deux convenu que le gouvernement n'allait pas pour nous protéger.

Par exemple, l'eau du robinet est "ND" [non détectable] selon le site officiel de la ville d'Iwaki. J'ai donc demandé des données sur les radionucléides tels que le strontium et le plutonium, mais on m'a refusé l'accès à ces informations détaillées sur le motif que cela pourrait "perturber les résidents". Au lieu de cela, ils nous ont donné un document expliquant que l'iode et le césium n'étaient "pas dangereux". Cela m'a rendu furieuse parce qu'ils profitaient de notre manque de connaissance.

Ma décision d'évacuer a moins à voir avec la peur des radiations qu'avec l'attitude du gouvernement et des écoles, les mesures de radioactivité que nous avons vu de nos propres yeux, et les problèmes de santé dont ma famille a commencé à souffrir : diarrhée tous les jours, saignements de nez, aphtes, excroissances anormales à l'intérieur du nez... Ce sont les symptômes que ma famille et mes amis ont commencé à ressentir après l'explosion de la centrale nucléaire. J'ai réalisé beaucoup plus tard qu'il y a des problèmes de santé autres que le cancer qui peuvent être causés par la radioactivité.

Ce que l’État annonce est différent de la réalité. L’État espère évidemment que les gens n'accepteront aucune violation de la loi, tandis que les employés publics ne font que suivre les ordres d'en haut. Le système d'information publique vise à nous tromper avec des informations déformées - rien n'est divulgué et rien n'est mis sous forme écrite, le tout pour gagner du temps.

Les écoles ne protègent pas leurs élèves, nos enfants. Ils sont impitoyables envers les parents et les tuteurs qui sont préoccupés par cette radioactivité. Si je fais un panier repas pour protéger mes enfants de l'exposition à la radioactivité, ils sont victimes d'intimidation par d'autres camarades de classe. Même lorsqu'il y a eu violence physique, l'école n'a rien fait pour réprimander les intimidateurs et leurs parents, mais a préféré m'appeler pour m'"apprendre" à ne pas réagir de façon excessive à la radioactivité.

J'ai décidé d'évacuer quand ma fille a développé une phobie scolaire. J'ai essayé de chercher des solutions pour continuer à vivre à Iwaki et j'ai envoyé de nombreuses lettres de demande au gouvernement, mais je n'ai obtenu que des réponses évasives. J'ai essayé de convaincre mes parents âgés d'évacuer, mais ils ne voulaient pas quitter leur ville natale. Mon mari pensait que c'était suffisamment sûr. Ma belle-mère refusait que nous évacuions et disait que je "dépassais les bornes". Je me suis battue contre le gouvernement, j'étais en détresse, et quand mes parents m'ont dit de considérer le bien-être des enfants d'abord, j'ai choisi d'évacuer à Kitakyushu, en laissant mon mari et mes parents âgés à Fukushima.

Comme je vous l'ai dit, ce que disent les médias et les faits sont 2 choses tout à fait différentes. L'autre jour, un rapport intermédiaire sur l'élimination des déchets industriels a été rendu public. Il déclare qu'une entreprise de Fukushima a accepté la boue et la poussière contaminée de Fukushima, Ibaraki, Yamagata et même Kanagawa. Cette société a commencé à fonctionner avant que la ville de Kitakyushu accepte de recevoir des débris, et continue de le faire maintenant. Il y a un tollé concernant l'acceptation des débris, et pourtant les substances radioactives sont incinérées sans rechigner, même s'il n'y a pas de filtre à particules fines installé.

Les médias sont préoccupés par les polluants atmosphériques PM2,5 [particules fines de moins de 2,5 micromètres de diamètre] en provenance de Chine, mais est-ce vraiment vrai ? Les usines de traitement des déchets industriels et les usines de ciment de Kitakyushu recyclent la cendre de charbon de Fukushima. Selon un document officiel de Kitakyushu, la pollution en PM2,5 a été multipliée par plus de 230 fois en avril de l'année dernière, et le niveau a souvent dépassé 100 fois durant les autres mois. Il ne fait aucun doute que la pollution provient du Kyushu ; en d'autres termes, c'est "domestique".

Ce qui est arrivé aux habitants de Fukushima va bientôt affecter tous les Japonais. Je pense que ça va commencer à cause de l'air que nous respirons et de la nourriture que nous mangeons. L'autre jour, il y avait un article dans un magazine d'information local "Donna Mamma" avec les déclarations faites par des professeurs et conférenciers d'université ainsi que par des agents administratifs qui soutiennent que le niveau de radioactivité n'est pas une menace. L'affirmation selon laquelle le niveau de radioactivité n'est pas dangereux est complètement répandue au Japon.

Alors que certains disent que la radioactivité s'est "dispersée" et que nous sommes maintenant en sécurité, les gens sont en fait en train de mourir à Fukushima. Le lendemain de la mort de mon cousin, le mari de mon amie est décédé. Je ne dis pas que tout est causé par les radiations... Mais il y a l'exemple de Tchernobyl...

L’État refuse de l'admettre. Mais nous avons le "droit de choisir" - à partir de ce que nous entendons et voyons, et en examinant les deux arguments selon lesquels la radioactivité est dangereuse ou pas.

Je n'étais pas au courant des dangers des centrales nucléaires, et c'est la raison pour laquelle je me trouve dans la situation actuelle. J'étais ignorante du fait que la radioctivité ne disparaît pas simplement et je tentais de décontaminer l'avant de ma maison - tout en inhalant de l'air contaminé.

Il y a des gens qui vivent à Fukushima, en ce moment. Ils disent tous :
"Nous sommes des cobayes après tout, et si nous essayons d'évacuer nous ne serons pas en mesure de gagner notre vie car il n'y a pas de compensation du gouvernement."
"Je ne veux pas perdre mon style de vie."
"Si l’État dit que c'est sans danger, alors c'est sûr."
" Beaucoup de gens sont en train de mourir , hein ?"
" Il n'y a rien que nous puissions faire, c'est inutile, alors pourquoi s'embêter ?"
"Je ferais mieux de me concentrer sur des choses positives."
Et ils continuent leur décontamination, mais les eaux usées contaminées se transforment en boue et en cendres d'incinération, qui à leur tour produisent des déchets hautement radioactifs. Les gens refusent de faire face au fait qu'ils finiront par revenir les hanter
.

La décontamination est inutile. Je l'ai essayée moi-même et je le sais. Le niveau diminue de 0,5 à 0,2, puis revient à 0,5 deux semaines plus tard. C'est la réalité. Où vont ces énormes quantités de sols pollués après la décontamination ? Si l’État voulait gérer de façon responsable les déchets, ils les auraient fait prendre en main par des entreprises d'élimination des déchets industriels ... mais là encore, ils seront recyclés en ciment, en poteries et en boues, et finiront par nous revenir.

C'est important pour nous de nous reposer et de récupérer, mais cela n'aidera personne de manière fondamentale. Je crois que la seule façon de nous en sortir est de mesurer les niveaux de radioactivité et de divulguer les faits, ce qui garantit une compensation suffisante, et ensuite permettre aux résidents de Fukushima de prendre leurs propres décisions.

Ne dispersez pas la radioactivité, mais contenez-là à l'intérieur de Fukushima. Le tombeau de mes ancêtres est à 2 kilomètres de la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi. S'il vous plaît, laissez les déchets radioactifs là-bas. Il y a beaucoup de résidents de Fukushima qui pensent ainsi, bien qu'ils y aient des tombes d'ancêtres, des maisons ou de grandes propriétés terriennes. Mais ils sont ignorés.

En mars de cette année, je suis allé au village de Samekawa dans la préfecture de Fukushima pour arrêter la construction d'une installation expérimentale d'incinération de paille de riz, dans laquelle on a mesuré un niveau de radiation de 8 000 bq[/kq]. Une conférence de presse était prévue et tout ce que nous avions à faire était de soumettre certains papiers, mais au dernier moment, un individu qui était ostensiblement contre la construction est intervenu et nous a empêché de continuer. Un opposant s'est avéré être un partisan. C'est la réalité que j'ai vécue.

Même pendant la campagne contre l'acceptation de débris contaminés à Kitakyushu, il était convenable de s'inscrire à la manifestation, mais pas de soutenir la conclusion de l'accord sur la prévention de la pollution.

J'avais entendu dire que notre dernier espoir était une réclamation de la coopérative de pêche de Kitakyushu, mais quand nous avons demandé à voir le document officiel, j'ai découvert que la coopérative n'avait pas présenté de réclamation. Ou plutôt, la «réclamation » n'a pas été faite en termes clairs. Les manifestants se réunissaient dans le village de tente après que l'incinération des débris contaminés ait commencé, et pendant ce temps, je me rendais auprès d'un certain nombre d'associations de pêche pour leur demander de déposer une "réclamation", mais seulement 2 ont accepté de me rencontrer, et aucune d'entre elles n'a fait de réclamation.

Si seulement une seule association avait déposé une réclamation, ou si seulement 2 résidents vivant à proximité de l'incinérateur avait fait une demande d'accord sur la prévention de la pollution... Il y avait tellement de pression pour empêcher les gens de prendre de telles mesures, et moi, évacuée de Fukushima, je me sentais en situation d'échec. Après avoir vu la réalité de cette prétendue campagne de "protestation", j'ai perdu tout espoir que Fukushima ne soit jamais "sauvée".

Tout comme le mensonge éhonté qu'un filtre à particules fines peut éliminer pratiquement 100% du césium, je pense que [le gouvernement] va installer un filtre HEPA et déclarer que Fukushima est sûr, puis construire des usines d'incinération à 8 000 bq[/kg - taux de radioactivité dans les cendres d'incinération] à travers le Japon et des centrales biomasses utilisant le bois de Fukushima.

L’État a beaucoup d'argent pour empêcher les gens de poser des questions en manipulant les médias, créer une certaine «humeur» dans le pays en publiant de fausses informations, et soutenir des campagnes pour convaincre ceux qui ne sont d'accord, et "encore une fois, nous nous retrouvons sans le savoir par n'être qu'une partie du troupeau".

Ce que je crois être un véritable lien ne peut être fait en suivant aveuglément les paroles de ceux qui sont "au sommet". Au contraire, il s'agit de nous apprendre les uns aux autres ce que nous ne savons pas, en partageant l'information et en continuant d'apprendre, puis en passant cette connaissance à ceux qui nous entourent. Avec plus de courage, nous pouvons informer les associations de pêcheurs et les personnes résidant à proximité des installations d'élimination des déchets, des incinérateurs de déchets industriels et des cimenteries - établissements que l’État va tenter d'influencer et de contrôler.

De la même façon que la ville de Kitakyushu a organisé des "rencontres explicatives pour une personne" pour le président de l'association des résidents quand ils ont décidé d'accepter les débris, nous avons besoin de "sessions d'étude pour une personne" pour les résidents locaux, car c'est la seule façon de protéger nos enfants.

J'ai été trompée par les médias et cela a permis que mes enfants soient exposés aux radiations. Parce que j'étais ignorante et que je n'avais que des connaissances superficielles, je ne pouvais pas protéger mes enfants, malgré que nous ayons évacué. La seule chose que je peux faire, c'est dire aux autres ce que j'ai vécu. J'espère que cela vous aidera à faire les bons choix. Si cela est possible, apprenez et partagez avec les autres.

Ne vous trompez pas sur les faits. Les faits deviendront évidents si vous avez le courage et prenez l'initiative de penser et d'agir par vous-même.

Notre dernier espoir se trouve dans la municipalité locale. Nous devons commencer par "l'éducation de résidents", puis la formation des enseignants et des employés municipaux par des résidents informés. C'est le seul choix que nous ayons. J'ai appris de première main qu'il n'y a aucun moyen de protéger mes enfants tant que je n'agis pas, quel que soit le fardeau que cela puisse représenter.

Peu importe ce que cela me coûte de prendre soin de mes enfants, j'espère continuer à faire du mieux possible."

Ce texte a été traduit depuis sa version rédigée en anglais. Il s'agit donc de la traduction d'une traduction, ce qui peut entraîner de légers écarts avec l'original.

Vous pouvez retrouver la version écrite en japonais ici et la version écrite en anglais ici.

mardi 20 août 2013

Bzzzzzz...... Drone ! (vu par Casse-toi V'la le Peuple)

Vous savez ce qu'est un drone ? Vous en entendez un ? Courez vite... si ce n'est pas trop tard.

Et pas question de faire comme le capitaine Haddock : là, çà ne marche pas.

Drone d'histoire. Bien entendu, c'est à nouveau Cap 2012 qui a découvert ce trésor.


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Lundi 12 août 2013

Bzzzzzz.... Drone! 

par cassetoi vlp 

 
Il existe une morale de la guerre. Eh oui ! Ça pourrait être pire. Du moins l'ONU a-t-elle essayé d'éviter le pire. La chose ne fontionne pas à tous coups, mais au moins les démocraties sont-elles supposées limiter les conséquences les plus graves des conflits armés auxquels elles participent. On peut appeler cela « se vouloir civilisés ». Ainsi fut créé un droit international qui institue certains principes. 

Et puis fut inventé le drone. Pour mémoire, l'engin dont il est question est un avion télécommandé, un peu comme ces merveilleux jouets que l'on voit parfois évoluer le dimanche autour des petits aéroclubs gazonnés. Deux différences, toutefois, sont à noter.
 
D'abord, les jouets des militaires étant notoirement les plus perfectionnés, ceux-ci sont équipés d'une caméra embarquée. Cool, non ? On peut réellement se prendre pour le pilote. Un éditeur de jeux vidéos appellerait cela l'expérience utilisateur. Ici, elle est de première qualité. D'autant que cela permet de piloter depuis un bunker du Nevada le drone qui vole au-dessus du Pakistan. L'étendue et le réalisme de la « map » (terrain de jeu) lui vaudraient une note exceptionnelle dans n'importe quel comparatif. Avantage collatéral, le risque de se faire tirer dessus est nul. En effet, le jeu est pimenté par la présence d'armes réelles sur le terrain. Du moins, leur absence n'est pas garantie, ce qui procure à l'occasion un délicieux frisson.
 
Seconde différence, le joueur l'opérateur dispose de missiles capables d'atteindre une cible au sol. Comme ils sont guidés par un laser, l'image s'enrichit du petit point rouge qui donne tant de cachet.
 
Mais revenons à la règle du jeu, du moins à sa version précédente, nommée à l'époque « droit international ». Rappelons qu'elle reposait sur un nombre limité de principes simples. En effet, devoir consulter sans arrêt le manuel en pleine partie nuirait à l'expérience utilisateur.
 
On peut citer en premier le principe de distinction. Celui-ci implique de ne cibler directement que des combattants. Femmes, enfants, vieillards et civils désarmés font partie du décor. Les abattre ne donne aucun point et peut même en retirer.
 
Or les opérateurs des drones ne « distinguent » rien du tout. Ils frappent quasiment à l'aveuglette. La position de la caméra et la définition insuffisante de l'objectif ne leur permettent pas de reconnaître plus que des silhouettes. Les dialogues entre opérateurs qui ont été publiés montrent des doutes subsistant après le tir. Ce reflet était-il celui d'une arme ou d'un bijou ? Bah, il est trop tard, de toute manière.
 
Au Pakistan, terrain réservé aux joueurs de niveau élevé, tout mâle de plus de treize ans est considéré comme un combattant potentiel. Rappelons que l'estimation de l'âge et même du sexe reste pour le moins approximative.
 
Le droit international définissait aussi une « zône de conflit armé » et une liste des comportements qui ne sont tolérables qu'à l'intérieur de cette zône. En dehors, on ne se conduisait pas en guerrier. Le drone fait disparaître ces limites, même les frontières des états ne sont plus des obstacles sérieux. La violation de l'espace aérien devient couramment possible, même si elle nécessite quelques précautions. Ce qui fait du drone un véhicule nettement plus performant qu'un avion présidentiel bolivien, par exemple.
 
En dehors des pratiques elles-mêmes, de ces nouvelles règles du jeu, il vaut aussi la peine de s'intéresser à la manière dont on en parle. Il faut en effet savoir que l'armée US recrute des philosophes, pour ses services d'« éthique militaire appliquée ». C'est le joli nom qu'il donnent à la propagande qui décrit ces armes comme la technique de guerre « la plus humaine », voire, dans certains documents, « humanitaire ».
  • car elle sauve des vies : surtout celles des soldats de l'agresseur. La distinction combattants/civils est remplacée par nous/eux, sachant que certaines vies sont plus sacrées que les autres. Retirer à l'ennemi la qualification d'humain est un vieux procédé des chefs de guerre. Ici, ce n'est fait que de manière implicite, car le truc est vraiment éventé, depuis la Shoah.
  • Parce qu'elle serait précise. En effet, le guidage laser fait que le missile arrive précisément à l'endroit prévu. Mais il tue tout ce qui vit dans un rayon de 15 m, soit un espace d'environ 700 m2. Bien sûr, le temps que l'image parvienne dans le Nevada et que l'ordre de tir revienne au drone, il frappe avec 2 à 3 secondes de retard. L'objectif peut s'être déplacé, tout comme les innocents des environs. En fait, il se sont tous déplacés. Dans les régions subissant cette sorte de guerre, la consigne est de courir en zigzag dès l'audition du bourdonnement caractéristique. Elle est généralement appliquée. Ces engins supposés précis ne permettent pas de décider sur qui l'on tire. D'où la nécessité de ratisser large.
La présence permanente de drones rend fou. Il s'agit officiellement de « dislocation psychologique ». Celle-ci ne s'applique pas seulement aux combattants, même éventuels, mais à toute la population des zônes concernées. C'est donc bien du terrorisme d'état, au sens propre. C'est une très efficace fabrique d'ennemis et de terroristes, dans les régions visées comme dans la population de l'état agresseur. Les militaires le savent et officiellement s'en foutent. Nous verrons qu'en réalité c'est pire que cela.
 
L'usage des drones, présenté comme une « guerre sans défaite », est à coup sûr une guerre sans victoire. Elle a donc vocation à durer quelque chose comme une éternité. Cette guerre entretenue comme un feu de camp salvateur par les dirigeants d'un pays oblige à se poser la question de leurs motivations. Et il est vrai qu'une menace extérieure est sans doute la meilleure manière d'imposer la discipline à une population. Durant la guerre froide par exemple, avec la menace soviétique la population des Etats-Unis a longtemps montré une louable unité de pensée et d'action.
 
Seule la guerre du Viet-Nam a réussi à briser vraiment l'unanimisme patriotique. La question qui fâche était « Pourquoi aller mourir là-bas ? » Avec le drone, plus personne ne meurt.
 
Les militaires utilisant des drones sont même tellement protégés qu'il ne reste de riposte possible que l'attentat contre les civils du pays agresseur. Et la fabrique de terroristes continue à plein régime, dans les deux pays.
 
Les documents officiels parlent de « chasse à l'homme préventive ». C'est repris dans la presse US.
 
Cette stratégie de « chasse à l'homme » remplace avantageusement une solution de type Guantanamo. Il n'y a qu'à voir comme Obama est emmerdé avec ce centre de torture. Il ne peut pas relâcher ces gens, que ce soit sur le territoire national ou ailleurs. Aussitôt, ce serait une grêle de procès retentissants contre l'état fédéral US, une mise au ban généralisée pour faits de torture, détention abusive sans procès (certains y sont depuis maintenant 11 ans) etc... Avec l'assassinat préventif, ces inconvénients sont évités. La famille s'occupe des corps.
 
Noter que lorsqu'on parle de chasse, deux questions sont éludées : le gibier n'est pas humain, n'a de ce fait pas droit aux ménagements réservés aux membres de notre espèce. De plus, on ne signe pas de traité de paix avec les bêtes.
 
La chasse à l'homme est un vieux thème de western qui a droit de cité aux USA. Ici il faudra trouver d'autres manières de le dire et nous pouvons nous attendre aux pires maladresses. Ou alors ce sera silence et opacité, nous savons bien faire aussi, en recouvrant les choses du voile du secret-défense.
 
Ah ! J'y pense. J'ai l'air de dire du mal des USA, je vais encore passer pour un je ne sais quoi primaire. Mais rassurons-nous, la France est en train d'en acheter. Le libéral en mode discours automatique vous dira que nous avons, comme toujours, dix ans de retard. Une fois encore, je ne m'en plaindrai pas.
 
Comme dans un bon petit travail scolaire, nous allons maintenant envisager les évolutions prévisibles de la chose :
  • À l'extérieur, nous avons la « robotique létale autonome », le robot tueur qui décide lui-même d'appuyer sur le bouton. Ce n'est pas un fantasme, les projets sont déjà bien avancés.
  • À l'intérieur, le drone militaire recyclé en drone policier. La répression s'appliquant aux classes dangereuses de sa propre population. Il en existe déjà équipés de Taser ou de balles de caoutchouc. On est sorti depuis longtemps du domaine de la plaisanterie.
Ici, le lecteur de science-fiction combine les deux et imagine une sorte de petit drone Canadair qui gaze les rassemblement indésirables, jeunes brûleurs de voitures ou ouvriers dégraissés. En passant il prend les images pour les fichiers de la Sûreté. Bientôt, les manifs auront lieu dans les appartements, à l'abri des volets fermés. Prenez des notes pour raconter la démocratie à vos enfants.
 
Un petit espoir subsiste cependant, puisque de nombreux textes juridiques internationaux s'opposent à toutes ces pratiques, et donc des procès sont en cours ou prévus, comme on dit à la météo marine.
 
Autre inconvénient, lorque les citoyens payaient l'impôt du sang, cela leur donnait le droit de l'ouvrir, notamment d'avoir un avis sur la décision d'entrer en guerre. Le drone est donc un remède à la réticence citoyenne vis-à-vis de toute guerre autre que défensive. En bon Français, un moyen de plus pour ne pas vous demander votre avis. En complément, et en attendant d'avoir généralisé la chose, on y emploie déjà de plus en plus de mercenaires.
 
Voilà, nous avons à peu près fait le tour, et je dois une gratitude éternelle à ceux qui ont cru jusque-là que je sortais tout cela de ma petite tête. Je dois vous faire un aveu, ces informations proviennent d'un livre, le prochain que je vais lire. Non, ce n'est pas une faute de frappe. Il s'agit de « Théorie du drone », de Grégoire Chamayou. Le monsieur est chercheur en philosophie au CNRS. Moi aussi, j'ai failli sourire, pas longtemps. Compte tenu du travail qu'il fait, heureusement que le CNRS a aussi des chercheurs en philosohie. J'ai donc re-visionné récemment un entretien de plus d'une heure qu'il a eu avec Judith Bernard, pour l'excellent émission « Dans le texte » sur le site d'Arrêt sur Images. Ce re-visionnage a produit sur moi deux effets concomitants.
 
D'abord je me suis dit : « Pas moyen, ce bouquin, il me le faut. » Je l'ai donc commandé. Il ne va pas tarder, merci. Ensuite, avec les notes, et vu la place croissante que prennent les drones dans l'actualité, je n'ai pas pu m'empêcher de pondre le présent billet. D'autant que l'auteur se donne clairement pour objectif d'offrir des arguments politiques au militant de terrain. Aucune gêne à les diffuser, donc. Et comme je crains qu'il ne reste quelques citoyen(ne)s pas encore abonnés à Arrêt sur Images, qui ne pourront donc voir l'émission, cela devenait un devoir. Mais il va de soi que pour qui le peut, ce riche débat conserve une quantité d'informations et de réflexions que je n'ai pu mentionner ici.

 
On a proposé à Grégoire Chamayou, à la sortie du livre, de rencontrer de hautes autorités, pour discuter. La proposition venait de l'Élysée. Il a refusé, non qu'il se prenne pour un héros, mais il n'a pas fait tout ce travail d'alerte pour que le débat public, la mobilisation citoyenne indispensable, soit shuntée sous les lambris des palais de la République. Logique implacable du vrai philosophe.

jeudi 1 août 2013

Imbroglio juridique : un géniteur s'immisce dans un couple de lesbiennes

Tout est à recommencer ? Pour pouponner, deux lesbiennes en couple demandent "un petit service" à un ami : catastrophe, celui-ci change d'avis des mois plus tard. Légalement, il en a le droit. Pratiquement, il perturbe gravement un foyer.


Nantes (AFP) - Un couple de lesbiennes s'est vu contraint par la justice de reconnaître les droits de visite et d'hébergement du père de son enfant, "simple géniteur" lors de la conception mais qui a reconnu le bébé, un dossier qui pose la question du statut de la compagne de la mère, selon l'avocate de cette dernière.
 
Lundi, le juge des affaires familiales de Nantes a "organisé les droits du père et des rencontres progressives avec l'enfant pour s'orienter vers un droit de visite et d'hébergement classique", a indiqué à l'AFP l'avocate de la mère, Me Anne Bouillon. Les deux femmes ne feront pas appel de cette décision qui, "comme des milliers d'autres, est conforme à l'état du droit", a précisé l'avocate en soirée dans un communiqué.


Comment réagir désormais ? Une législation tenant compte d'un pareil cas précis n'existe pas. La loi dit le droit. La pratique dit : abus de confiance. Comment résoudre ce vrai dilemme ? Il est à craindre que l'enfant n'en subisse les conséquences, chose qui ne serait pas arrivée dans le cas de la PMA où le don de sperme est anonyme. Il y a bien abus de confiance, selon le robuste bon sens.

La loi dite "du mariage pour tous" n'a rien résolu : même si ces femmes se marient, comme elles en ont désormais officiellement le droit, un homme va continuer jusqu'au bout à avoir droit à s'immiscer dans la vie de leur enfant, donc dans la leur. La seconde maman ne pourra pas le reconnaître, puisqu'un homme l'a fait auparavant, et qu'un enfant ne peut pas avoir trois parents. C'est dès le départ une source d'ennuis comparable à ce qui se passe dans des familles recomposées. Ce qu'a fait ce Monsieur est légal, mais c'est dommage. En a-t-il mesuré les conséquences pour sa progéniture (je ne dirai pas son enfant) ? Peut-être un jour cet enfant ne lui dira pas merci.

dimanche 24 mars 2013

Un bébé abattu dans sa poussette, deux enfants recherchés (Reuters)


ATLANTA, Géorgie (Reuters) - La police de l'Etat américain de Géorgie recherche activement deux suspects, dont l'un pourrait ne pas être âgé de plus de 10 ans, après le meurtre d'un bébé de 13 mois que sa mère promenait en poussette.

Le nourrisson a été abattu d'une balle dans la tête tirée avec une arme de poing jeudi matin dans une rue de la ville côtière de Brunswick, a déclaré un porte-parole de la police.


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Et grâce au puissant lobby des armes, s'appuyant vicieusement et tendancieusement sur le Second Amendement, les massacres continuent aux USA. Sous réserve de non-manipulation des statistiques, le taux d'homicides volontaires y est quatre fois plus important que dans notre pays, alors que un pour cent de la population est en prison et deux pour cent en probation. Bien sûr des États instables comme en Afrique de l'Est accusent des taux bien plus importants, mais dans des contextes tellement différents que la comparaison est malaisée. Voir des enfants jeunes manipuler ces engins est inconcevable, et rappelle ces enfants-soldats rencontrés, là encore, dans la corne orientale de l'Afrique : seule différence, les enfants-soldats sont enrôlés de force.

Quand tout cela finira-t-il ? La paranoïa ne peut être que permanente, et favoriser encore les dérapages : à moins que cet état de population sur le qui-vive ne soit précisément un effet recherché par le gouvernement, selon le vieil adage diviser pour régner.

jeudi 31 janvier 2013

On ne veut pas de la famille pour tous en France (RosaElle)

RosaElle nous apporte ici un magnifique plaidoyer pour la famille pour tous. Je ne pouvais manquer de le répercuter ici.

 

On ne veut pas de la famille pour tous en France 

 

Je commence en mettant les choses au point: le mariage pour tous, je ne veux plus en parler au sens que mon avis n'est pas intéressant puisque la loi va être votée, et en plus, en tant qu'hétéro, ce n'est pas à moi de l'approuver ou pas.

Mais la famille pour tous... j'y ai réfléchi, effectivement, parce qu'il est intéressant de voir que ni les anti, ni les pros n'offrent de réflexion vis-à-vis des enfants qui vivent dans des familles qui sont devenues variées et différentes. En effet, si on se penche sur les configurations de ce sujet, il s'agit que tous les enfants puissent grandir de la meilleure façon  qui soit, quels que soient leurs parents.

Et justement, nos politiques disent avaliser un état de fait, qui est qu'il existe déjà des familles homosexuelles, dont il faut protéger les droits, surtout vis-à-vis des enfants qui grandissent dans ces foyers.

Or, je n'ai vu aucune réflexion concrète de la part de nos politiques, là-dessus, ni de la part des militants qui veulent les mêmes droits pour tous, ou ceux qui refusent l'existence même de ces droits pour ces familles qui ont somme toute, le droit à la différence. La méthode Coué des uns et des autres, en se rejetant la faute mutuellement sur les traumatismes qu'occasionnent pour les gosses de grandir dans telle ou telle famille, ce n'est franchement pas sérieux.

De plus, un enfant n'est pas responsable de l'endroit où il vit et est élevé. Il n'est pas responsable de ses parents et de leur degré de compétence en matière d'éducation.

Cette famille pour tous, pourtant, est rejetée dans sa base égalitaire par les pros et les anti, et cela déborde même sur les problèmes des familles traditionnelles.

Nous allons donc aborder le sujet qui fâche : La G.P.A ou gestation pour autrui, soit le recours aux mères porteuses (c'est fou comme on adore inventer des sigles)

Parler de la GPA est intéressant car ici, tous s'accordent pour la rejeter.

C'est d'ailleurs assez curieux, car les mêmes arguments se retrouvent dans des bouches différentes.

Cela serait une exploitation dégradante du corps de la femme, une mercantilisation inacceptable. On retrouve ici la notion de la sacralité du corps de la femme, qui se mélange avec des thèmes féministes classiques de l'avilissement de ce corps.
Moi, je veux bien. On admet cela.
Si je comprends bien, une femme devrait avoir le droit de se faire tuer à la guerre mais pas le droit de louer son ventre afin d'aider des gens, sa motivation serait forcément mercantile et vénale, corrompue, on toucherait  à ses droits... Ah...elle ne pourrait pas être altruiste, elle... intéressant.

D'une certaine façon, ne serait-ce pas aller contre l'égalitarisme que certains demandent? Si un homme peut vendre ou donner son sperme en un geste désintéressé, pourquoi n'en serait-il pas de même avec un ventre féminin? Le fait qu'une femme désacralise son corps en en faisant ce qu'elle veut, n'est-ce pas là la plus grande preuve d'égalitarisme tant vanté par les féministes?En effet, penser systématiquement que la femme n'est pas capable d'être libre de ses actes et de ne pas dissocier le corporel du spirituel...c'est en fait, une sacrée infantilisation de cette femme par d'autres femmes et hommes dits progressistes, en vertu de ses droits, on lui en enlève un, et je ne parle pas des réacs catholiques...

Pourtant, si on suit bien la Bible, Marie était la première mère porteuse de l'histoire, il me semble...

Ne voyez pas dans ces propos une profession de foi, ce sont juste des réflexions neutres et objectives sur le sujet, je n'ai ni l'intention de recourir à une mère porteuse, ni en devenir une, je n'ai personne dans mon entourage que ce débat touche,  je  peux donc bénéficier d' un certain recul sur ces faits et cette analyse, en faisant abstraction de tabous judéo-chrétiens issus de mon éducation.

La GPA est légalisée dans nombre de pays. On a donc des législations mises en place, et du recul face à cette pratique. Je vous mets ici en lien un site américain, qui est celui d'une structure créée par un gay, afin d'aider des couples à devenir des familles.Vous constaterez que le discours n'est pas le même qu'en France. Les LGBT, ce puissant lobby international, sont même en accord avec ce que dit ce site, d'après ses dires.

On sait que des couples gays ont recours à la GPA, et que des enfants sans papiers, bien que français, dont les mères porteuses ont abandonné tous les droits, se retrouvent tels des fantômes, comme le dit David, au regard de l’État Civil Français. Sur une chaine de télé, un père s'est même confié en expliquant qu'il devait renouveler le visa de son fils tous les ans, parce que la mère porteuse venait d'Israël...On ne peut punir les enfants pour les supposés infractions des parents, il me semble.

Pour ces enfants, au moins un des parents est français, génétiquement parlant, pourquoi ne peuvent-ils donc avoir la nationalité?

C'est pourtant ce qu'on a fait, en les privant de leurs droits, en suspectant un délit.
La circulaire Taubira rétablit donc la justice, en régularisant la situation de ces gamins, qui sont aussi d'ailleurs, des enfants de couples hétérosexuels, auquel la PMA ne résolvait pas la stérilité, il ne faut pas l'oublier.

Or, l'argument massue en faveur de la PMA est le suivant: les bébés Thalys existent, issus de ces homosexuelles qui vont en Belgique, ou en Espagne aussi, afin de bénéficier d'une fécondation in-vitro. Pourquoi donc cet argument, la légalisation d'un état de fait, est retenu et considéré comme légitime, en faveur de l'autorisation de la PMA et non pas pour la GPA ?
De plus, comme je l'ai déjà dit dans un précédent article, ne pas autoriser la GPA et légaliser la PMA en France, c'est inégalitaire, donc en contradiction avec l'idée de la famille pour tous.
Personne, donc, dans les lobbies qui s'agitent dans le débat de la famille pour tous, n'en veut réellement.

Pour la GPA, on est même au point de sacraliser ou de sataniser la femme, qui pourrait devenir mère porteuse  , qui est un objet de toutes les discussions, de toutes les protections... Oui, un objet, pas un sujet.

Ce qui est quand même curieux dans ce débat, c'est qu'on retrouve dans toutes les bouches, un vieux fond de culture chrétienne, celui qui tend à infirmer le droit au corps d'être indépendant de l'esprit, et le droit de disposer de son corps comme on l'entend, bien que la différence se fasse au niveau de la PMA.

Mais la différence n'est en fait  pas si subtile que cela : certaines lesbiennes activistes voulant la PMA refusent la procréation biologique naturelle, elles sacralisent donc leur corps en ne différenciant guère l'acte du sentiment. Elles sont donc aussi, en général, dans la logique judéo-chrétienne qui fait qu'on ne peut pas coucher avec une personne sans l'aimer. Elles ne voient pas la finalité de l'acte mais le processus de quelque chose qui les révulseraient, étant contre leur nature lesbienne...avec le risque de mépriser le donneur potentiel...Je ne dis pas que toutes les lesbiennes sont ainsi. Certaines ont sans doute un sens pratique et des principes de fidélité tout à fait louables. Et on n'a pas à critiquer les choix des gens.

Les hommes qui ont recours à la GPA, eux, n'ont pas le choix. Ils intellectualisent donc, sans état d'âmes, le processus, tout en admettant le caractère altruiste de la mère porteuse mais ils construisent leur désir d'enfants sans mélanger un quelconque tabou judéo-chrétien. C'est sans doute là la différence.

En fait, sommes-nous réellement prêts pour la famille pour tous? Avons-nous réellement le désir d'en discuter sereinement*, en toute objectivité? C'est sans doute le constat que nous devrions dresser, avant de nous lancer dans des législations et de laisser ce débat devenir un dialogue vif et somme toute, stérile, ce qui est un comble pour le sujet...


*Pour précision, Nadine Morano était favorable à la GPA en 2008 dans le cadre de stérilité de couples hétérosexuels et semble continuer dans ce point de vue...

dimanche 13 janvier 2013

Ils "marchent" contre la loi de 1905

"Ils" sont partis. "Ils", ce sont ces gens qui veulent peser sur une disposition républicaine qui ne les concerne en rien; et qu'on appelle le mariage laïc. Destiné à codifier les rapports humains  à la structure sociale de la famille, le mariage laïc n'a aucun lien avec ces "ajouts" que sont, éventuellement et en principe sur le seul volontarisme des contractants, les mariages religieux.

Dans les faits, rien n'est aussi simple que cette décision mutuelle de vivre sa vie ensemble. Sensée protéger jusqu'au bout cette vie commune, à laquelle se greffe "naturellement" la survenue d'enfants, elle peut s'interrompre par simple séparation de fait, comme par une formalisation plus grande nommée le divorce. Peuvent en résulter des re-mariages, ou de simples remises en commun de vies sans formalités particulières. Parmi les personnes qui se lient ainsi sont aussi, de fait, des citoyen(ne)s de sexes divers.  Jusqu'à présent, celles et ceux qui n'étaient pas "dans la norme"  (comme s'il pouvait y en avoir une)  n'avaient, et encore que depuis relativement peu de temps, que le PaCS pour assurer une cohésion "légale" de leur union. Les enfants qu'ils-elles avaient pu avoir "dans une vie antérieure" n'étaient administrativement liés qu'à une seule personne adulte, même si un(e) autre était venu(e) compléter le foyer. Les conditions de fait ne trouvaient aucune correspondance "de droit", puisque le PaCS n'est qu'un contrat entre DEUX personnes.

Ajoutons que ce PaCS, de propos délibéré, présente moins de facettes positives que le projet initial ne le proposait. C'est l'un des rédacteurs de ce pré-projet qui m'en avait parlé il y a quelques années.  Des pans entiers en avaient été écartés, sous la pression d'élus de droite.

C'est pourquoi certains parmi ceux qui se retrouvaient ainsi en porte-à-faux ont demandé une régularisation de l'existant - et non une création artificielle et contre nature d'un droit nouveau ne reposant sur aucun cas existant.

Murés dans leurs certitudes dignes du XIXe siècle, les "calotins" et autres intégristes plus ou moins notoires se dressent aujourd'hui contre cette régularisation d'un état de fait. Ès qualités, je pense qu'ils n'ont tout simplement pas le droit de le faire, puisque cela heurte de plein fouet la séparation des Églises et de l'État il y a plus de cent six ans.  L'inique loi Debré fut déjà une faille qui aurait dû depuis être réparée.

Il est heureux de noter que, parmi les élus et personnalités "de droite", donc plus favorables en général aux dispositions à caractère religieux, certains, par calcul ou non, ont préféré ne pas participer à cette tentative de division de la société. Il en est par exemple de François Fillon, mais aussi plus curieusement de Marine Le Pen.

Rassurons-nous : ce genre de manifestation a généralement beaucoup de succès, les TGV et autres autobus à prix d'ami sont pris d'assaut sous l'égide des "bergers" locaux et régionaux, bien qu'aux dernières nouvelles seul parmi les hauts hiérarques l'archevêque de Lyon annonce son déplacement. Attendons-nous, comme l'ont supputé sans doute grâce aux réservations de moyens de transports les autorités, à entre 150 000 et 300 000 participants.

Et si l'État les prenait au mot ? Et s'il décidait de n'autoriser le mariage civil à ... personne désormais ? Il lui suffirait de donner au PaCS certaines dispositions auxquelles il n'avait pas droit jusqu'à présent, afin de mieux l'équilibrer. Déjà, sans doute certains grogneraient à cette annonce. Mais l'essentiel ne serait pas là.

Si les ministres du culte continuaient à célébrer des mariages religieux, ils tomberaient sous le coup du Code pénal, article 433-21.  Et cela, ce serait une mauvaise surprise. Plus de mariages religieux ? Des générations (!) de curés se retourneraient dans leurs tombes.

Ne serait-ce pas une bonne idée ? Qu'en dirait Mgr Dupanloup ?


dimanche 18 novembre 2012

C'est Ziad Medoukh qui nous dit tristement "Bonjour de gaza" (via Assawra)

Bonjour de Gaza

dimanche 18 novembre 2012, par La Rédaction d'Assawra

Je vous envoie ce message les larmes aux yeux, moi qui ne pleure jamais, mais cet immeuble détruit se trouve à 500 métres de chez moi, et les images des enfants tués m’ont bouleversées.

En dehors de l’émotion, je veux vous montrer la réalité quotidienne de Gaza sous bombardements et raids israéliens intensifs.

L’armée la plus morale du monde a commis un nouveau massacre israélien ce dimanche 18 novembre 2012.

L’avion israélienne a bombardé un immeuble de 5 étages dans la ville de Gaza, un immeuble qui héberge 40 personnes, et qui appartient à la famille Dalou.

12 personnes de la famille Dalou sont mortes, parmi eux : 6 enfants, 3 femmes et 2 personnes âgées, il y a eu 25 blessés.

Je suis désolé de ces photos choquantes prises par un ami photographe, qui se trouve dans une situation psychologique difficile après ces images terribles Je pense que les organisations de droits de l’homme et de droits des enfants dorment, je ne sais quand elles vont se réveiller ?

Un nouveau crime israélien contre nos enfants et nos civiles, un nouveau massacre contre l’humanité.

Et un nouveau silence complice de ces pays qui prétendent défendre les droits de l’homme.

Je suis obligé à vous envoyer ces photos à vous, les amis, les gens de bonne volonté, les associations de soutien à notre cause noble pour essayer de calmer ma colère et la colère des Gazaouis.

C’est horrible, terrible, mais la réalité est plus dure à Gaza.

Amitiés de Gaza la résistance, le courage, la dignité, mais surtout Gaza l’humanité.

Ziad Medoukh
Un simple citoyen palestinien de Gaza
(18 Novembre 2012)