20
mars 2018, Journée mondiale de la langue française et de la
Francophonie
MEURTRE
AVEC PRÉMÉDITATION DE LA LANGUE FRANÇAISE : ensemble, nous
accusons !
Contournant
les associations de défense de la langue française et méprisant
leurs alertes, le président de la République, docilement suivi par
sa représentante à l’OIF Mme Leila Slimani, se pose en grand
défenseur de la langue française et de la Francophonie. C’est
malheureusement une imposture.
«
Le plus grand des crimes, c'est de tuer la langue d'une nation avec
tout ce qu'elle renferme d'espérance et de génie » (Charles
Nodier)
Fausse
modernité et vraie ringardise. –
D’abord,
une question : que signifie « dé-ringardiser la langue
française » ? Connaissez-vous une langue qu'on puisse qualifier de
ringarde ? Le mot en dit long sur la politique qui est menée,
autoritaire, discriminatoire. Nous parlons français en France,
serions-nous tous devenus des ringards ? La
modernité n’est pas pour les Français une nouveauté. Ils ont
participé et participent encore aux évolutions techniques,
industrielles et intellectuelles du monde depuis mille ans,
fréquemment en précurseurs, toujours en acteurs.
Quel président se permettrait de refuser cette évidence ?
Le
français, « langue de la République » et
langue internationale porteuse de diversité - Que
signifie en outre cette volonté récurrente de « dénationaliser »
la langue française en opposant la « langue de la République »
(article 2-a de la Constitution) à la Francophonie internationale
qui
n'en est que le prolongement linguistique ?
En réalité, la Francophonie est le rempart contre ce « business
Globish », qui porte en lui un terrible danger de pensée,
d’économie, de politique et de « culture » uniques
et « globalitaires » , avec la bénédiction des
dirigeants politiques.
Le
français promu « seconde langue mondiale » ou… peu
à peu relégué au rôle de langue
locale, voire folklorique sur le sol même de l'hexagone ? –
«
L’anglais est désormais la lingua franca, c’est comme ça. Il
faut savoir parler anglais si on veut agir et bouger dans la
mondialisation. » vient de déclarer Édouard Philippe, Premier
ministre, à Lille le 23 février 2018. Même avec une vision
purement économique, la langue des exportations c’est celle du
client ! Quant au chef de l'État, Il
flatte la francophonie africaine, mais c'est pour mieux sous-entendre
que dans
son esprit la francophonie n'est bonne que pour les nègres,
puisqu'elle est absente de sa stratégie en Europe et en France.
Les
blancs, eux, qui sont des gens sérieux et développés, parlent
l'anglais, bien sûr, et n'auront bientôt plus besoin du français.
Ensuite,
l'ouverture à un français pluriel, enrichi de tous les africanismes
possibles, est aussi une flatterie qui cache ce que les linguistes
appellent une créolisation, c'est-à-dire la
rupture d'unité d'une langue au profit de ses déclinaisons
régionales.
Pour tuer le caractère universel et rassembleur d'une langue comme
la nôtre, c'est radical.
Nous
recevons des coups de partout, mais c'est la première fois que le
président monte lui-même en première ligne.
Arrachage
et substitution linguistiques – Chaque
jour, le
français recule dans notre pays. Le tout-anglais est
favorisé par les milieux financiers, par de grandes entreprises
privées et publiques, par nombre de Grandes Écoles
et d’Universités, par certains responsables publics de la
recherche scientifique, sans parler de tous ceux que Michel Serres
nomme « les collabos de la pub et du fric » comme
le CSA ou les élus de la République
Le discours
d'Emmanuel Macron à Versailles, 22 janvier 2018 « Choose
France ! », « France is back », « One
Planet’s Summit », « Make our planet great again ! »…
humilie
notre langue sur son sol même, renie notre Constitution. Ces termes
complètent le paysage des radios et des télévisions qui nous
abreuvent de noms comme « The Voice ». Quant à l’actuelle
communication gouvernementale, truffée d’anglicismes
incompréhensibles, n'en parlons pas.
Une
politique linguistique inavouable et mortifère – Nous
sommes
bien conscients
de cette politique
linguistique criminelle
que génèrent l’union européenne (en dépit du « Brexit » !)
et les partisans des traités de libre-échange « transatlantiques ».
Nous n’en sommes plus à quelques mots « franglais »
jadis moqués par Etiemble. Il s’agit désormais
et tout simplement de la substitution linguistique de notre langue
par l’anglo-américain.
Regardons nos produits et nos enseignes. Ce sont les autorités
françaises qui imposent l’anglo-américain comme la
langue du travail et des échanges.
Toutes les nations sont visées, l’Italie, l'Allemagne, l'Espagne,
etc : par exemple, Volkswagen
a renoncé à utiliser l’allemand pour sa documentation interne
au
profit du Globiche
! Il est clair que cette dictature mondiale n'est pas que
linguistique, puisqu'elle touche la langue du travail. Parler
anglais, ou mourir de faim ? Comprendre un contrat rédigé dans la
langue de l'envahisseur ? Dur... La misère est linguistique,
financière, économique, culturelle, c'est la misère tout court.
S'ensuivent la régression intellectuelle, la diminution du
vocabulaire, la régression de l'esprit critique : nous sommes
formatés pour devenir entièrement manipulables.
Langue
unique, danger pour la nation et pour l’humanité – Relayant
la colère de nombreux amis de la francophonie sur les cinq
continents, nous allons nous élever contre cet arrachage culturel
aux mortelles conséquences civiques. C’est pourquoi nous alertons
le peuple français :
laisser reléguer et humilier la langue française, c’est laisser
briser l’esprit même de la nation ; car la France sans sa
langue, ou la francophonie sans la France, cela n'aurait plus de
sens. «
Le premier instrument du génie d’un peuple, c’est sa langue »
soulignait Stendhal !
Et Fernand Braudel (académicien, professeur au Collège de France)
d'ajouter « La France, c'est d'abord la langue française. » En
effet, briser la langue du peuple, ce premier
service public de France,
c’est aggraver les fractures sociales, culturelles et sociétales
existantes au profit d’une « élite » méprisante qui
fait du tout-anglais une marque de distinction mondiale au mépris du
droit
élémentaire de comprendre,
que reconnut à notre peuple l’Ordonnance de Villers-Cotterêts
(1539). Une saine internationalisation des échanges ne saurait
procéder de l’imposition d’une
langue et d’un
modèle socioculturel ; elle doit respecter au contraire le
principe internationaliste et hautement dialectique posé par Umberto
Eco : « la
langue de l’Europe, c’est la traduction ».
Délier
notre langue ! Tirons
notre langue à ceux qui veulent nous l'arracher !
– C’est
pourquoi nous
nous adressons aux français, mais aussi aux francophones du monde.
Face au char d’assaut « globalitaire » du tout-anglais,
rappelons au respect de la loi et de la Constitution l’exécutif
tenu de les protéger ;
renforçons
la loi Toubon, car
le sort de notre peuple ne doit pas dépendre de la « loi
anglo-américaine du marché » ; refusons que l'oligarchie
condamne à mort langues et cultures en prétendant parler au nom du
et
des peuples.
Contre la langue unique et la pensée unique qui déferle, refusons
cette dictature ! Nous sommes là pour promouvoir notre langue, et
avec elle toutes les langues du monde. Ne nous laissons pas arracher
notre langue, et par là même notre droit à la parole.
Soyons ce que l’on ne veut plus que nous soyons, un peuple libre,
maître de son destin ! Rappelons-nous la prééminence qu'eut notre langue dans toute l'Europe, en tant que LA langue commune, du XVIIe
siècle à 1815 ?
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Ce texte est le fruit d'un travail collectif de membres de plusieurs associations et groupements de défense de la langue française. Il est important de le diffuser à tous, tant nous sommes face à un mépris inimaginable « des Autorités », surtout des plus hautes instances de l'État.