Je commence en mettant les choses au point: le mariage pour tous, je ne
veux plus en parler au sens que mon avis n'est pas intéressant puisque
la loi va être votée, et en plus, en tant qu'hétéro, ce n'est pas à moi
de l'approuver ou pas.
Mais la famille pour tous... j'y
ai réfléchi, effectivement, parce qu'il est intéressant de voir que ni
les anti, ni les pros n'offrent de réflexion vis-à-vis des enfants qui
vivent dans des familles qui sont devenues variées et différentes. En
effet, si on se penche sur les configurations de ce sujet, il s'agit que
tous les enfants puissent grandir de la meilleure façon qui soit,
quels que soient leurs parents.
Et justement, nos politiques disent avaliser un état de fait, qui est
qu'il existe déjà des familles homosexuelles, dont il faut protéger les
droits, surtout vis-à-vis des enfants qui grandissent dans ces foyers.
Or, je n'ai vu aucune réflexion concrète de la part de nos politiques,
là-dessus, ni de la part des militants qui veulent les mêmes droits pour
tous, ou ceux qui refusent l'existence même de ces droits pour ces
familles qui ont somme toute, le droit à la différence. La méthode Coué
des uns et des autres, en se rejetant la faute mutuellement sur les
traumatismes qu'occasionnent pour les gosses de grandir dans telle ou
telle famille, ce n'est franchement pas sérieux.
De plus, un enfant n'est pas responsable de l'endroit où il vit et est
élevé. Il n'est pas responsable de ses parents et de leur degré de
compétence en matière d'éducation.
Cette famille pour tous, pourtant, est rejetée dans sa base égalitaire
par les pros et les anti, et cela déborde même sur les problèmes des
familles traditionnelles.
Nous allons donc aborder le sujet qui fâche : La G.P.A ou gestation pour
autrui, soit le recours aux mères porteuses (c'est fou comme on adore
inventer des sigles)
Parler de la GPA est intéressant car ici, tous s'accordent pour la rejeter.
C'est d'ailleurs assez curieux, car les mêmes arguments se retrouvent dans des bouches différentes.
Cela serait une exploitation dégradante du corps de la femme, une
mercantilisation inacceptable. On retrouve ici la notion de la sacralité
du corps de la femme, qui se mélange avec des thèmes féministes
classiques de l'avilissement de ce corps.
Moi, je veux bien. On admet cela.
Si je comprends bien, une femme
devrait avoir le droit de se faire tuer à la guerre
mais pas le droit de louer son ventre afin d'aider des gens, sa
motivation serait forcément mercantile et vénale, corrompue, on
toucherait à ses droits... Ah...elle ne pourrait pas être altruiste,
elle... intéressant.
D'une certaine façon, ne serait-ce pas aller contre l'égalitarisme que
certains demandent? Si un homme peut vendre ou donner son sperme en un
geste désintéressé, pourquoi n'en serait-il pas de même avec un ventre
féminin? Le fait qu'une femme désacralise son corps en en faisant ce
qu'elle veut, n'est-ce pas là la plus grande preuve d'égalitarisme tant
vanté par les féministes?En effet, penser systématiquement que la femme
n'est pas capable d'être libre de ses actes et de ne pas dissocier le
corporel du spirituel...c'est en fait, une sacrée infantilisation de
cette femme par d'autres femmes et hommes dits progressistes, en vertu
de ses droits, on lui en enlève un, et je ne parle pas des réacs
catholiques...
Pourtant, si on suit bien la Bible, Marie était la première mère porteuse de l'histoire, il me semble...
Ne voyez pas dans ces propos une profession de foi, ce sont juste des
réflexions neutres et objectives sur le sujet, je n'ai ni l'intention de
recourir à une mère porteuse, ni en devenir une, je n'ai personne dans
mon entourage que ce débat touche, je peux donc bénéficier d' un
certain recul sur ces faits et cette analyse, en faisant abstraction de
tabous judéo-chrétiens issus de mon éducation.
La GPA est légalisée dans nombre de pays. On a donc des législations mises en place, et du recul face à cette pratique.
Je
vous mets ici en lien un site américain, qui est celui d'une structure
créée par un gay, afin d'aider des couples à devenir des familles.Vous
constaterez que le discours n'est pas le même qu'en France. Les LGBT,
ce puissant lobby international, sont même en accord avec ce que dit ce
site, d'après ses dires.
On sait que des couples gays ont recours à la GPA, et que des enfants
sans papiers, bien que français, dont les mères porteuses ont abandonné
tous les droits, se retrouvent tels des fantômes,
comme le dit David,
au regard de l’État Civil Français. Sur une chaine de télé, un père
s'est même confié en expliquant qu'il devait renouveler le visa de son
fils tous les ans, parce que la mère porteuse venait d'Israël...On ne
peut punir les enfants pour les supposés infractions des parents, il me
semble.
Pour ces enfants, au moins un des parents est français, génétiquement
parlant, pourquoi ne peuvent-ils donc avoir la nationalité?
C'est pourtant ce qu'on a fait, en les privant de leurs droits, en suspectant un délit.
La circulaire Taubira rétablit donc la justice, en régularisant la
situation de ces gamins, qui sont aussi d'ailleurs, des enfants de
couples hétérosexuels, auquel la PMA ne résolvait pas la stérilité, il
ne faut pas l'oublier.
Or, l'argument massue en faveur de la PMA est le suivant: les bébés
Thalys existent, issus de ces homosexuelles qui vont en Belgique, ou en
Espagne aussi, afin de bénéficier d'une fécondation in-vitro. Pourquoi
donc cet argument, la légalisation d'un état de fait, est retenu et
considéré comme légitime, en faveur de l'autorisation de la PMA et non
pas pour la GPA ?
De plus, comme je l'ai déjà dit dans un précédent article,
ne pas autoriser la GPA et légaliser la PMA en France, c'est inégalitaire, donc en contradiction avec l'idée de la famille pour tous.
Personne, donc, dans les lobbies qui s'agitent dans le débat de la famille pour tous, n'en veut réellement.
Pour la GPA, on est même au point de sacraliser ou de sataniser la
femme, qui pourrait devenir mère porteuse , qui est un objet de toutes
les discussions, de toutes les protections... Oui, un objet, pas un
sujet.
Ce qui est quand même curieux dans ce débat, c'est qu'on retrouve dans
toutes les bouches, un vieux fond de culture chrétienne, celui qui tend à
infirmer le droit au corps d'être indépendant de l'esprit, et le droit
de disposer de son corps comme on l'entend, bien que la différence se
fasse au niveau de la PMA.
Mais la différence n'est en fait pas si subtile que cela : certaines
lesbiennes activistes voulant la PMA refusent la procréation biologique
naturelle, elles sacralisent donc leur corps en ne différenciant guère
l'acte du sentiment. Elles sont donc aussi, en général, dans la logique
judéo-chrétienne qui fait qu'on ne peut pas coucher avec une personne
sans l'aimer. Elles ne voient pas la finalité de l'acte mais le
processus de quelque chose qui les révulseraient, étant contre leur
nature lesbienne...avec le risque de mépriser le donneur potentiel...Je
ne dis pas que toutes les lesbiennes sont ainsi. Certaines ont sans
doute un sens pratique et des principes de fidélité tout à fait
louables. Et on n'a pas à critiquer les choix des gens.
Les hommes qui ont recours à la GPA, eux, n'ont pas le choix. Ils
intellectualisent donc, sans état d'âmes, le processus, tout en
admettant le caractère altruiste de la mère porteuse mais ils
construisent leur désir d'enfants sans mélanger un quelconque tabou
judéo-chrétien. C'est sans doute là la différence.
En fait, sommes-nous réellement prêts pour la famille pour tous?
Avons-nous réellement le désir d'en discuter sereinement*, en toute
objectivité? C'est sans doute le constat que nous devrions dresser,
avant de nous lancer dans des législations et de laisser ce débat
devenir un dialogue vif et somme toute, stérile, ce qui est un comble
pour le sujet...
*Pour précision, Nadine Morano
était favorable à la GPA en 2008 dans le cadre de stérilité de couples hétérosexuels et semble continuer dans ce point de vue...