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lundi 26 novembre 2012

L'entêtement officiel contre les opposants à l'aéroport Notre-Dame des Landes


le monument, à gauche, et la préfecture au fond
Dimanche après-midi, les élus du CeDPA (Collectif des Élus Doutant de la Pertinence de l'Aéroport) , au vu de l'habituelle fin de non-recevoir du préfet, n'ont pas hésité à s'enchaîner aux grilles de la préfecture. Les sympathisants et militants ont été invités en urgence à venir les soutenir. Heureusement, le temps d'arriver près du monument aux martyrs de Chateaubriant, il n'y avait plus personne : le préfet avait enfin consenti à recevoir une délégation de cinq personnes.

Malheureusement, on voit bien que le préfet de région lui-même a reçu des instructions. En deux heures de palabres, il n'est rien sorti de positif. Refusant d'emblée de se positionner sur le fond, soit une vraie concertation dossiers et chiffres en mains sur la pertinence même du projet Notre-Dame des Landes, les autorités se contentent de conditionner le retrait des casseurs en bleu à "un retour au calme" des défenseurs du site : mais quand les hommes en bleus ne sont pas là, ils sont très calmes ! Elles et ils épluchent les patates, réparent cabanes, maisons, re-sèment ou replantent, soignent les blessés... Ce qui fait dire aux autorités "Il n'y a pas de blessés" : bien sûr, ils sont soignés sur place au lieu d'aller à l'hôpital.


Déjà grève de la faim en avril - Françoise Verchère au centre
Pourtant, les élus assurent qu'il ne peut y avoir un dialogue, aussi longtemps que les violentes attaques des hommes en bleu continuent. Et bien entendu, ce dialogue doit porter sur le fond, et la pertinence même d'un projet "hors sol", complètement irréaliste, inadéquat, surtout là où des "experts" ont voulu le positionner (une zone à 98% humide, chiffre bizarre mais qui tient compte du fait que les routes, elles, sont sèches pour l'essentiel).

aéroport Nantes Atlantique
Hier, au cours de ce rassemblement de soutien, j'ai eu l'occasion de discuter avec l'un des pilotes qui "pratiquent" Nantes Atlantique régulièrement : lui et ses collègues sont contre un projet qui n'apporterait rien, alors que la simple construction d'une piste orientée différemment sur le terrain actuel éliminerait la plupart des nuisances : quant au risque, il doit être faible pour que cet aéroport-là précisément vienne d'être hissé sur le podium. Pas de chance pour ceux qui voudraient le dénigrer !

Quant aux données sur ce qui s'est passé hier, je les ai eues pour l'essentiel en direct, l'homme avec qui je parlais sur le parvis ayant eu devant moi un coup de fil de Françoise Verchère qui lui confirmait les évènements survenus un peu plus tôt dans l'après-midi. Elle était à la tête de la délégation reçue par le préfet.

Il s'agit là non d'un litige localisé, porté par des paysans rétrogrades et des squatteurs illuminés, mais d'un vrai débat de société et de pari sur l'avenir. A l'heure où le pétrole est 4 fois (au moins) plus cher qu'à l'établissement du projet, où le nombre de mouvements à Nantes Atlantique plafonne désormais au tiers ou au quart de la capacité en décollages-atterrissages (seul critère valable), où les besoins en eau, en terres arables deviennent essentiels (l'équivalent d'un département français disparaît tous les dix ans de bonnes terres remplacées par des infrastructures diverses, maisons, routes, chemins de fer, etc), sacrifier pour rien au béton de Vinci vingt mille hectares dans la principale zone d'élevage laitier de Loire-Atlantique peut sembler un canular. Incidemment, cela mettrait sur la paille cinq cents personnes liées à cette filière de façon plus ou moins directe.

Est-il possible que des responsables nationaux fassent passer leur allégeance à des intérêts privés, en l'occurrence ceux de Vinci, avant l'indépendance alimentaire de notre pays ? Face à un tel blocage, à de telles aberration, il ne reste plus qu'à exiger leur démission. Incompétence, aveuglement, entêtement, aliénation à des groupes de pression financiers et industriels, ces responsables sont probablement soumis à plusieurs de ces facteurs, donc ne sont plus crédibles. Qu'ils partent tout de suite, et qu'un sang cette fois nouveau vienne les remplacer.

D é m i s s i o n !

2 commentaires:

  1. Mais tu sais qu'il est rudement bien, ton texte ! Avec cette plume qui va au fond, tout en nous informant des derniers événements, tu devrais faire un blogue... ;o)

    Je reste étonné devant l'attitude du gouvernement. Que certains veuillent palper des commissions occultes, que certains aient des conceptions croissancistes d'une autre époque, que certains soient tentés d'user de la force pour faire passer leurs lubies, je veux bien comprendre.

    Mais là, c'est dingue ! Affirmer sans gêne que l'on va jeter des milliards par la fenêtre quand on dit par ailleurs qu'il n'y a plus d'argent dans les caisses pour soigner les malades ou pour alimenter tous nos concitoyens ! On assiste à un suicide politique.

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  2. Merci, Partageux. J'aime la façon dont ce pseudo-futur aéroport, sensé remplacer l'actuel, serait financé. Coût 550 millions (avec les infrastructures annexes nécessaires, d'autres chiffres avancés par les opposants parlent de deux milliards).

    Vinci met sur la table un peu plus de la moitié (du chiffre contesté parce que bien trop optimiste).
    - cent millions supposés dégagés par les bénéfices de Nantes Atlantique de 2010 à 2017. Si on veut.
    - cent millions trouvés sur le marché monétaire
    - cent millions par les actionnaires, mais assortis d'un taux garanti de douze pour cent...

    Restent deux cent cinquante millions théoriques, mais en fait bien plus, à la charge des collectivités locales, départementales, régionales, des contribuables du coin en somme.

    Construire une nouvelle piste, perpendiculaire, à Nantes Atlantique, ne coûterait que deux cents millions. Et ne mangerait pas du tout de terrain nouveau. Hypothèse écartée d'un revers de main par ceux qui veulent se faire du beurre sur de futurs immeubles de standing à l'emplacement de cette piste et de l'aérogare actuelle.

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