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dimanche 8 juillet 2012

Notre Dame des Landes, ou la mobilisation citoyenne


Il était un homme... Un homme comme tout le monde. Par son travail et son abnégation, il avait réussi à embrasser le beau métier d'enseignant.

Il était une idée... Elle avait germé dans les années 60, celles qui ont vu éclore, sous l'impulsion d'un Pompidou entiché de la voiture, les autoroutes, mais aussi les centrales nucléaires. Cette idée plutôt mégalo ne visait pas moins qu'à dégorger Orly grâce à une autre plate-forme aéroportuaire dans le Grand Ouest. Le poids même de l'idée l'avait fait effondrer.

Peine perdue, en 1973 le projet revient sous une forme plus aboutie, son point de chute étant la région au nord-ouest de Nantes. Jeune élu, l'homme s'empare de ce dossier, en fait sa chose. Les différentes étapes de la mise en forme se déroulent. Par différents moyens, les riverains n'ont pas la possibilité de faire entendre leur voix. Pour résumer, c'est d'abord "c'est trop tôt", puis aussitôt après, quand la machine est sur les rails (aériens?), "c'est trop tard". Quelqu'un a dit "sérieux" ?

Les années ont passé. L'élu campe sur ses positions. Les riverains, rejoints par d'autres, amoureux de la nature, élus locaux convaincus de l'inutilité d'un projet aux coûts colossaux et de plus en plus élevés avec l'avancement du projet, tous contestent le dossier. L'administration, soutenue par des élus régionaux, répond par la violence. Sans le sang-froid des contestataires, jusqu'où iraient les heurts ? Dernier épisode en date, trompé par sa "monture" (traduisons tracteur), un fermier du cru est accusé, passe en garde à vue, se fait confisquer le coursier à gazole, en attendant une convocation au tribunal.

C'est un lieu magique, sur une épaisseur de terre noire, féconde, très épaisse, semée de sources de haies vives, d'oiseaux, d'animaux divers. Pour transformer ce lieu en nappes de béton, il faut aller profond, enlever plus d'un mètre de bonne terre sur une superficie énorme, drainer... Ce n'est pas étonnant, si ce projet s'annonce si onéreux s'il va à son terme.

Parce qu'ils ne veulent pas lâcher, les opposants, en concertation avec d'autres citoyens européens, ont organisé sur les "lieux du crime", soit l'endroit où le projet insiste pour s'installer, un Forum européen de discussion sur tous les projets du continent ayant en commun cette mégalomanie de l'inutile érigé au grade d'art. D'un EPR à l'avenir douteux (ceux en chantier s'enlisent dans les malfaçons, les dépassements homériques de budget, l'échec probable), à un EuroVegas tonitruant, inquiétant dans ses spécifications sociales ou à d'autres "idées géniales" du même tonneau comme le petit chéri d'A. Merkel, une nouvelle gare inhumaine par son grandiose à Stuttgart, sont comparés, analysés, décortiqués et critiqués par des délégués de l'Europe entière. Bien entendu cela se passe donc là, sur les lieux mêmes de la contestation.

Aujourd'hui, à midi, ils étaient trois mille volontaires, faisant la chaîne pour déclarer leur opposition à ces lubies de grands fonctionnaires, de politiciens désirant laisser leur marque dans le paysage, de non-démocrates en somme. Cela fera-t-il plaisir à celui qui est depuis devenu l'un des principaux personnages de l'État ?

1 commentaire:

  1. Très bel article, merci l'ami !

    Je regrette qu'il ne soit pas plus long et rentrant dans les détails : cela viendra sans doute dans quelques jours puisque le rdv européen de ND des Landes est toujours en cours, jusqu'à mercredi je crois...
    Dommage que ma santé m'ait empêché d'y venir, ce que tu fais... pour moi et nous, les absents-sinon-de cœur, merci !

    J'avoue avoir été un moment trompé par le suspense savant de l'entame de tes deux premiers § : d'abord un beau métier d'enseignant... puis un projet technocrartique-fou... fou... : je m'attendais donc à un affrontement entre ce David de la culture et ce Goliat du capitalisme !
    Mais non : à la fin de l'article on comprend (on devine) que l'utile pédagogue à son début de carrière, JM Hérault, est devenu le larbin zélé (trahison!) du caoital en tant que maire de Nantes, se sentant pousser des ailes (c'est le cas de le dire!) pour atterrir à Matignon :
    Mââ...y a des gnions qui se perdent !

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