Le Monde ne change pas. Y prolifère le
mensonge dans sa plus verte nouveauté, s'y étale la propagande la
plus effrénée, s'y vautre l'atlantisme le plus décontracté. Tous
partis confondus, les politiciens de notre pays font allégeance au
$¥$T€M de façon plus ou moins allusive. A croire que ne
subsistent que les Indépendants, ceux qui n'ont pas été attaqués
encore par les suppôts plus ou moins vénaux de la Doxa
atlantiste-conspirationniste-confusionniste (celle qui accuse de ses
propres maux les autres, bien entendu).
Il arrive même que, de bonne foi, de
vrais militants de la gauche la plus radicale se fassent piéger, en
diluant leurs efforts de critique de façon trop dispersée. Certes,
les dirigeants de Beijing, Moscou, Damas ne sont pas sans reproche,
et n'hésitent pas à utiliser la violence. Il en était de même
pour ceux de Bagdad, Tripoli ou Abidjan qui ont été évincés de
façon plus ou moins définitive, toujours par les mêmes, ou leurs
ayant-droits. Mais on notera que la situation dite "pacifiée"
est très nettement pire : seule différence, les journaux "aux
ordres" n'en font plus état.
C'est l'armée de la Finance qui domine
le monde. La nationalité des soldats qui apportent la mort plus ou
moins rapide n'a pas d'importance, comme le soulignait déjà Anatole
France¹. Décéder d'une balle, de fragments de bombe, de
radiations, ou simplement de faim, naître difforme ou condamné par
le manque d'eau, tout cela revient au même. La nationalité de ceux
qui décident de cet état de fait n'a pas d'importance non plus,
qu'ils prêtent (en public) allégeance à la bannière étoilée, à
l'étoile bleue, aux trois couleurs horizontales ou verticales ne
change rien à leurs décisions inféodées aux puissances d'argent.
Il serait temps que se lève réellement
une opposition de Gauche qui sache se faire entendre, faire entendre
sa vraie différence en condamnant les vrais responsables de tous les
conflits et de toutes les situations, même là où ils
n'apparaissent pas au grand jour (voir AQMI par exemple). Mali,
Honduras, Nicaragua, Afghanistan, Somalie, Syrie, j'en oublie sans
doute, sont des théâtres d'opérations en vue du même but :
l'hégémonie mondiale plus ou moins coordonnée. Les maîtres du
monde se nomment Raytheon, Lockheed Martin, Boeing, Bouygues,
Northrop, Monsanto, IMI, Goldman Sachs, Dassault, Elta, Microsoft,
etc...
L'Europe telle qu'elle existe
officiellement n'est qu'un outil pour ces grands groupes de
production, de pression et de destruction massive. Ce sont
d'ailleurs les USA qui l'ont inventée, vers 1943-1944, et ont réussi
à placer de zélés propagandistes comme Schuman ou Monnet pour la
mettre sur les rails. Quant à l'État nommé Israël, il n'aurait
jamais vu le jour sans la volonté britannique (voir la déclaration
Balfour), mais aussi US et française, de soutenir sa naissance
jamais officialisée réellement. Il fallait prendre pied au milieu
des nations plus ou moins explicites du Moyen-Orient, riche de
pétrole et de confusion entre dictature et nomadisme, entre familles
régnantes et esclavage plus ou moins avoué. Les Israéliens ne sont
que des pions dans un jeu qui les dépasse, pions poussés à la
haine de différentes façons, posés là par hasard dans une contrée
qui n'est pas la leur². Autour d'eux, au statut contraire à toute
notion d'égalité, début de la sagesse, ne doivent surtout pas
émerger des entités démocratiques comme voudraient l'être les
Palestiniens (on ne parle pas de l'autorité fantoche de Ramallah
bien entendu), les Bahreiniens, les Égyptiens ou les Tunisiens.
Oui, il faudrait qu'enfin tous les
humains se reconnaissent comme des frères, mais aussi longtemps que
le noyau d'intérêts mondiaux constitué par des fous (les
adorateurs de l'Argent et du Profit, de la Puissance et de la
Hiérarchie) existera, rien ne pourra se faire. C'est pourquoi il
faut combattre ce régime qui englobe la Terre entière, mais dont le
point d'application se situe en fait à Washington.
¹ Anatole France : " On
croit mourir pour la patrie ; on meurt pour des industriels "
² Shlomo Sand, " Comment
fut inventé le peuple juif "
Excellent article ! Mais...
RépondreSupprimerTu termines (avant-dernier §) par nommer les « Palestiniens, Bahreiniens, Egyptiens, Tunisiens » en en oubliant bien d'autres (Yémen, Somalie, Erythrée, Sud-Soudan...) involontairement, soient. Mais aussi, probablement volontairement (?) : Libyens, Syriens, comme s'ils étaient indignes de faire partie de la vague révolutionnaire (en motivation de Liberté) de tous ces pays révoltés !
Tu évoques l'autorité « fantoche » de Ramallah avec raison, certes. Mais, à mon avis les fantoches étaient aussi au pouvoir (amis de Sarko...) à Tunis, au Caire, à Tripoli et - bientôt?- à Damas !! : Pour Assad, le fait, pour des raisons politiciennes changeantes, de se proclamer « anti-impérialiste US » est un détail (Nasser le fut un temps, et il fut un temps où Assad(-père) envoya des troupes avec la coalition US pour la 1° guerre d'invasion en Irak!) : les frères ennemis » baasistes de Damas et de Bagdad ont démolis tous deux l'idéologie pan-arabe du Baas!, laissant la place aux USA et la Russie !).
« Le monde ne change pas » écris-tu en 1°phrase. C'est faux : il arrive parfois à basculer des tyrans locaux (cf. pays arabes, mais aussi ailleurs, par exemples hier le régime fasciste de Lisbonne, celui du Shah d'Iran, etc.) et c'est tant mieux, quelques soient les suites si tragiques. C'est faux aussi dans l'autre sens, qui est qu'il change en pire, côté impérialismes concurrentys-complices.
Une comparaison me saute aux yeux, entre Staline et Poutine :
En 1936, au prétexte de « l'internationalisme prolétarien » et en fait pour tester et consolider la capacité de manœuvres du Kremlin sur les PC, Staline soutenait les Brigades Internationales contre Franco... et s'en retira vite pour laisser la place à Hitler et Mussolini qui assurèrent la victoire de Franco puis la sinistre aventure de l'offensive de 39-40 (Pologne, France), et donc la 2° guerre Mondiale.
En 2012 (et depuis des années) Poutine, au prétexte d'un anti-impérialisme US, en fait pour ses appétits de grande puissance, soutient, lui, l'équivalent politique de Franco !!! : Assad et l'armée fasciste syrienne !!!
IL SERAIT TEMPS de quitter le manichéisme, les œillères des schémas « blanc-noir » : le monde réel est compliqué... la révolution aussi ! Mais arrive par des voies imprévues, toujours ! On vaincra !
Je sais, Rém*, tu n'aimes particulièrement pas Assad : il n'est pourtant pas pire que la plupart des politiciens de cette terre, et à l'instar des défunts Hussein, Kadhafi, il maintient une certaine modération aux velléités de tentations communautaristes et religieuses. Ce n'est pas le cas des dramatiques satrapes occidentaux. Là-dessus, nous pourrons discuter sans fin. Même Poutine, nouveau tzar, tente de calmer le jeu alors que d'autres font tout pour l'exacerber.
RépondreSupprimerA bas "l'Occident", terrible opposant à l'Internationale des travailleurs et des Humains de bonne volonté !
Mais la question n'est pas DU TOUT d'aimer ou pas Assad, mais d'aimer ou pas le peuple syrien révolté - de plus en plus - malgré les propagandes et la terreur d'un régime fasciste aveugle !
RépondreSupprimerJe sais bien la sociologie complexe des contradictions communautaristes et religieuses du peuple syrien, et des peuples irakien et libyen, eux-aussi... dont les Hussein et Kadhafi étaient d'ailleurs des tyrans !
Les 2 invasions US de l'Irak, avant le "printemps arabe", sont un fiasco sanglant... si ce n'est qu'indirectement, ils ont hâté la prise de conscience politique des opinions arabes, d'où ces révoltes contre les tyrans locaux - avec bien entendu les manœuvres de l'empire US et, pour la Syrie, de l'empire russe en prime...
Quant à la position chinoise, elle me fait penser à celle du chat, si patient, qui attend qu'on lui retire les marrons du feu, à son profit de (bientôt) 1° puissance mondiale : les chinois sont des joueurs de go, les amerlocks et les ruskofs des joueurs d'échec, beaucoup moins subtils...
Ne pas oublier que les USA déclinent, 60 ans après le déclin européen...