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lundi 15 août 2011

Fin de vie, laïcité, Léonetti

Puisque nous parlons d'euthanasie, voici une lettre ouverte à l'attention de l'homme qui a toujours refusé de rendre la loi moins défavorable à son application.


de : babelouest


                         à


                                         Monsieur Jean Leonetti (personnel)
                                         Mairie d'Antibes
                                         06600 ANTIBES


le 14 août 2011


OBJET : la fin de vie


Monsieur le Ministre,


Jusqu'à présent la façon dont les patients sont pris en charge a été traitée selon les modalités dont, député, vous avez fixé les limites. Ces limites ont été promulguées selon les critères qui vous paraissaient, à vous, justes.

Il se trouve que ces critères, à mon avis, ne devraient plus être fixés par des considérations partisanes, dictées par des a priori religieux, mais par par la vraie prise en compte de la laïcité qui est de mise au moins implicite depuis plus d'un siècle. Chacun est maître de sa vie propre, c'est un minimum. Peut-être cela vous choque-t-il, dans ce cas c'est à vous de réfléchir à la séparation des Églises et de l'État.

Pendant vingt-cinq ans j'ai veillé de jour en jour davantage, sur une épouse dont le mal irrémédiable la rendait davantage vulnérable, et douloureuse. Donc , je sais. Je sais ce qu'est l'horrible torture de voir l'être aimé chaque jour devenir plus terriblement fragile, parfois terriblement agressif en raison des aléas de l'état de la personne.

Ensemble, nous avons tenu ainsi vingt ans inoubliables, à partir du moment où elle n'a plus pu se lever. Vingt ans d'aléas quotidiens entre la douleur incoercible, les horreurs dues à la démence dont le sujet se souvient, la crise passée, etc... devrais-je me justifier ? non.

A la suite d'un épisode particulièrement terrible, mon épouse à dû être hospitalisée en urgence, affectée d'une pneumonie où pendant cinq semaines (longues, je vous laisse imaginer) elle n'a ingéré que le glucose minimum par voie parentérale (environ une heure fut nécessaire, pour simplement poser la sonde adéquate, en raison de l'état des veines). Et bien sûr avec l'assistance respiratoire ad hoc.

Le jour de la naissance de sa première petite-fille, à deux cent cinquante kilomètres de là, elle est "revenue à la vie", a pu manger, et est repartie pour six mois de répit. Je vous laisse toute interprétation de ce qui a pu se passer. Six mois plus tard, donc, aidée jour après jour par l'Hôpital à Domicile, suivie minute par minute par mes soins les plus constants, aimants, elle a cessé de vivre.

A aucun moment elle n'a demandé d'en finir. Donc je n'ai rien fait en ce sens. Elle est partie quand il lui paraissait judicieux de le faire. Elle avait cinquante-sept ans.

En revanche, si elle m'avait dit " Je n'en peux plus, fais quelque chose", je n'aurais pas hésité à braver VOTRE loi, et à l'aider à partir dans l'amour et la compréhension mutuelle.

Veuillez agréer, Monsieur le Ministre l'expression de ma contribution à la meilleure façon de vivre pour tous.

2 commentaires:

  1. La lettre est partie....

    Y aura-t-il des réactions ?

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  2. bien sûr que la loi est insuffisante.
    il faut une loi qui a la fois permette le choix et empêche les dépassements.

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