(seconde partie)
Arrivée de l'équipe “fraîche”…
L'équipe fraîche arrive de Paris et
il me faut jouer les G.O. à l'aéroport militaire. Un casque bleu
pakistanais fouille notre voiture et trouve un revolver planqué sous
le siège du chauffeur alors que le garde du corps avait remis sa
Kalach ! Le Casque Bleu m'incendie, j'incendie le chauffeur sous
l'oeil goguenard des Pakistanais… finalement, grâce à mon statut
de femme, on a évité un gros incident diplomatique… le gradé
étant vraiment monté sur ses grands chevaux : cet incident prouvait
que les femmes sont incapables de gérer… Le repas du soir autour
de la bouffe infâme (il n'y a pas grand chose sur le marché) est
consacré aux discours “j'étais en coopération en Ethiopie donc
je connais bien la Somalie” du journaliste et aux silences du
cameraman, qui fut otage au Liban, et sirote son scotch
tranquillement. J'essaie d'expliquer que la Somalie est un pays
musulman, que c'est l'anarchie qui dirige tout et que, même si la
crise passe, l'insécurité règne partout dans la ville… mais rien
n'y fait : il connaît, il était en Éthiopie.
Essayons malgré tout de le briefer sur
“comment ça fonctionne à Moga, dans la maison, à l'U.E.R. ainsi
qu'à la délégation française”. Écoute distante et goguenarde
des nouveaux. Ils ont baroudé, eux…
Comme Noël approche le journaliste se
vante d'avoir apporté du foie gras pour la circonstance ! Une
minuscule boîte alors que nous sommes 4. Le cameraman, lui, a fait
le plein de whisky… Il était temps que la maison se remplisse car
je me sentais un peu seule… même si, un soir, un dîner avait été
organisé à la maison d'à côté par la monteuse, restée elle
aussi sur place pendant que ses hommes étaient aussi en voyage avec
l'armée française. La nôtre, monteuse, partie quelques jours avec
l'ancienne équipe, est revenue avec une équipe de troufions… nous
allons donc pouvoir fournir des reportages quotidiens à Paris.
Nouveaux journalistes, nouvelles
exigences…
Mes contacts divers et variés
permettent d'avoir du grain à moudre. L'UNICEF me propose deux
places à bord d'un vol humanitaire qui va à Baidoa. Je bondis sur
l'offre et préviens le plus vite possible le journaliste et le JRI
qui jouent les baroudeurs et veulent absolument aller tourner au
marché aux armes de Moga.
Il y a deux marchés “off” : le
marché aux armes et le marché aux caméras et matériel photo
piqués aux journalistes. Un cameraman d'une équipe polonaise s'est
fait trancher l'avant bras car il refusait de donner sa caméra aux
bandits de grands chemins qui avaient coincé leur voiture hors de la
ville, dans la zone “dangereuse”. Toutes ces marchandises sont
revendues bien sûr à des prix complètement inattendus… car il
faut à la majorité des habitants mâles de Mogadiscio de quoi
s'acheter du qat. Si les réfugiés ont besoin d'aide humanitaire,
faute de denrées comestibles, le commerce du qat est florissant. Il
vient du Yémen par on ne sait quel biais… et tous les soirs, à la
tombée du jour, tous les Somaliens mâles de Moga commencent à
mâchonner et à baver de plus en plus vert, tout en s'endormant sur
leur natte.
Les femmes elles, sont rares en ville,
elle sont à l'intérieur des maisons… plus souriantes et belles
que les hommes trop “secs” et embusqués derrière leur répulsion
de la femme occidentale. Elles portent des voiles légers et colorés
et me font comprendre qu'elles m'aiment bien parce que je porte
toujours un turban sur la tête (j'ai testé pour vous : le coup de
chaleur… on se sent mal, très mal… mais pas le temps de
défaillir).
Carte de Noël…
Le soir de Noël se passe entre
journaliste, cameraman, monteuse et moi-même… whisky et foie gras…
et viande-semelle faite par le cuisinier (mais vu l'état vétérinaire
des bêtes, il vaut mieux qu'elle soit trop cuite). Les journalistes
râlent parce qu'il n'y a pas grand chose à manger ! Mais on n'est
pas dans un hôtel 3 étoiles… on est à Mogadiscio, dans une
maison de 6 chambres dont seulement 4 sont occupées, et les dollars
filent à une vitesse grand V. Heureusement nous avons touché une
nouvelle régie. Il était temps… la mienne avait fondu comme neige
au soleil. Triste Noël à devoir écouter les réflexions quelque
peu “enfant gâté” sur la qualité du repas, les rodomontades de
l'ex coopérant à Addis, et à penser qu'on n'est pas sorti de la
galère en tartinant son cm2 de foie gras sur du pain ranci.
Envie de départ…
Nous sommes le 29 décembre et
j'explique à Paris que la mission est “béton”. J'ai tout
circonscrit et le boulot devient routinier. Je m'ennuie même et les
rodomontades de l'équipe ne me font même plus sourire. Je
souhaiterais rentrer pour le 31. Le chef du service me donne le top
départ à condition que je rapporte le téléphone satellite qui est
définitivement out, et qu'il faut rendre le plus vite possible vu
qu'on loue très cher même s'il ne marche pas. Mon retour via
l'armée de l'air s'organise de Paris. C'est l'accrédité-défense
qui me pistonne.
Enfin…
Je dois partir par le vol du lendemain
matin 9h sur Djibouti. J'ai un retour open Djib-Paris en poche. La
chaîne voisine s'en va elle aussi, et c'est le chef d'état-major
des troupes italiennes et ses troupes qui viennent s'installer à la
maison d'à côté. Grâce au manager du compound qui a fini par
consentir à me parler (tout en me disant que j'étais impure puisque
non musulmane), j'apprends que, le lendemain, les Italiens doivent
aller à l'aéroport accompagner le grand chef qui part pour Rome. Le
manager me présente au gradé italien, à qui je pose ma requête…
Rendez-vous est donc pris pour le lendemain matin à 5h car son avion
part pour Rome à 6h.
De retour à la maison, je vais
m'entretenir avec le journaliste ex coopérant. Je le briefe sur ce
qu'il faut faire pour avoir les infos que “maman pélican”
(c'est-à-dire moi) lui donnait en becquée. Il prend des notes et
s'affole devant tout ce qu'il y a à faire. Il est vrai que j'étais
sur la brèche de 6h du matin à 23h, avec un break/sieste pour se
ressourcer (et puis la chaleur est insupportable à ces heures). Il
râle parce que je l'abandonne (avec son équipe et bientôt l'autre
qui va revenir de la campagne française) et me demande de lui donner
mes dollars. Alors là non, j'ai besoin de garder quelque monnaie au
cas où… “Pas question, me rétorque-t-il, tu me donnes tout ce
qu'il te reste en dollars, moi je te donne des francs djiboutiens
puisque tu fais escale là-bas”. Je suis donc rackettée (y compris
de mes frais de mission personnels s'il m'en restait, ce que je n'ai
pas eu le loisir de calculer sur place) de quelque 200 dollars. Je
lui demande alors de me signer une attestation. J'ai expérimenté
l'insouciance journalistique en ce qui concerne les frais de mission
et les régies : je me suis déjà fait voler sur la régie par nos
prédécesseurs partis sans payer le loyer. En prime ils avaient
laissé une kalachnikov -probablement achetée au marché aux armes
dans l'espoir de la rapporter en France- planquée sous un matelas.
Payée par la régie, la Kalach ! Découverte aussi le lendemain de
leur départ par une femme de ménage. Sympa comme cadeau n'est-il
pas ?
Le (faux) départ…
Le lendemain matin, arrivée au
compound voisin, les Italiens me proposent un café ! Un bon, un vrai
! Fait avec une cafetière italienne ! Un délice… une petite
madeleine de Proust dans cet enfer que je vais bientôt quitter. Nous
montons sur la jeep, le chef d'état-major et moi, et nous mettons en
route pour l'aéroport. Nous sommes précédés par une autre voiture
avec 4 soldats italiens, il y en a 2 dans la nôtre. A plusieurs
reprises, et c'est pourtant le petit jour, des enfants somaliens
poursuivront la voiture et cracheront dans notre direction. La haine
de l'ancien envahisseur est très résistante… Arrivée à
l'aéroport, j'ai trois heures à perdre et no duty free où traîner
ses savates. Je dépose la valise du téléphone satellite au Q.G. de
l'armée française et vais me promener… le soleil commence à
darder ses rayons, pas d'ombre, si ce n'est quelques épineux dans un
coin. C'est là-bas qu'il faut aller.
Il faut attendre… de temps à autre,
passent un bonhomme et son troupeau de chèvres qui m'observent
curieusement. Mon foulard autour de la tête doit l'intriguer : une
toubab “voilée”… A 9h, je vais vers le coin du tarmac où les
avions militaires français atterrissent… J'y découvre l'équipe
complète de la chaîne concurrente et anciennement voisine ! Cinq
personnes et tout leur équipement, y compris le banc de montage !
Aïe ! Cela prend beaucoup de place et je commence à angoisser… Ne
vais-je pas être éjectée pour cause d'avion trop plein ?
L'accrédité-défense de Paris m'ayant
certifié la veille que j'embarquerais à bord de l'avion, je me dis
que j'ai une chance de pouvoir embarquer vu le peu de place que je
prends. Eh bien c'est une erreur : le pilote de l'avion, qui a
débarqué une petite grappe de journalistes français sur le tarmac
de Moga, refuse de prendre tout ce monde à son bord. Même si je lui
explique que c'était d'accord avec sa hiérarchie et que je suis peu
encombrante, j'essuie un refus : “le pilote est maître à bord,
madame, si je ne veux personne à bord, il n'y aura personne à bord.
Je ne fais pas du tourisme”. Me voilà sur le tarmac, sans voiture,
sans chauffeur, sans un dollar en poche… sans avion pour Djib. Je
suis sur le point de m'effondrer : recalée si près du but. Pas un
sou en poche, pas de chauffeur, pas de téléphone, pas moyen de
prévenir l'équipe que je suis en rade et qu'ils appellent Paris
pour me dépanner.
Qu'à cela ne tienne, j'avise des
membres de la presse française, débarqués du zinc de l'armée
française. Ils sont complètement perdus sur la piste et je leur
propose de leur montrer où est la délégation française et
l'U.E.R. à condition qu'ils me prennent à bord de leur taxi car je
n'ai pas un rond pour payer. Quatre heures après m'être levée pour
partir, je me retrouve à la case départ.
A la délégation française je
rencontre un pilote et copilote américains d'un avion de l'UNICEF en
partance pour Nairobi, dans l'après-midi. Comme je leur demande
s'ils ont une place pour moi et ma valise-téléphone (laissée aux
bons soins des troufions français à l'aéroport) dans leur avion,
le délégué français répond très vite “non, il n'y a pas de
place pour vous”… Le pilote lui rétorque alors que c'est lui qui
décide qui monte à son bord et me demande la taille de la valise…
Réponse positive ! Yessss ! Je vais enfin sortir de cet enfer…
Je vooooole…
Vers midi, nous nous mettons en route,
le délégué français et sa compagne (voilà pourquoi il ne me
voulait pas à bord), le pilote, le copilote et moi. Quelques minutes
plus tard, me revoilà sur le tarmac… Toujours pas d'ombre et les
gros zincs ne cessent d'atterrir et de décoller dans un vacarme
assourdissant. Je ne sais pas où me mettre, le petit Cessna qui va
m'emporter vers Nairobi est sur la piste, à quelques encablures de
la piste principale. Je me mets du coton dans les oreilles parce que
je n'en peux plus du bruit. Le délégué français décide de partir
pour Nairobi avec un Tupolev d'aide humanitaire qui repart à vide.
Bon débarras.
Le soleil brûle, il me faut m'abriter
sous la petite aile de l'avion… nous commençons à être
quelques-uns sous cette aile protectrice. Quelques journalistes, un
Espagnol, une Suédoise, deux fonctionnaires de l'UNICEF, et moi. Sur
le coup de 16h, on va embarquer. Je vais vite récupérer ma
valise-téléphone et enfin nous décollons : il est bientôt 17h.
Douze heures sur un tarmac d'aéroport africain sans aucune
infra-structure, c'est dur. Coup de soleil sur le nez et le coup de
pied… le journaliste espagnol est cramoisi. Je lui propose de la
crème apaisante… il accepte avec un grand sourire. On gèle dans
l'avion mais on est tellement content d'avoir pu quitter Moga qu'on
ne s'en aperçoit même pas ! J' essaie de communiquer : le
journaliste espagnol ne parle pas l'anglais, et moi pas l'espagnol.
Je comprends qu'il est content lui aussi de quitter Moga.
Nairobi, avec des francs djiboutiens en
poche…
Après une escale à Baidoa, l'avion
finit par atterrir sur la piste de Nairobi, mais dans un garage très
éloigné des installations aéroportuaires officielles ! L'Espagnol
m'aide à traîner la valise, et il connaît bien cet aéroport, ça
n'est pas son premier atterrissage en zone non éclairée sur ce
tarmac. Nous arrivons enfin devant un officier de police kényan qui
me demande 5 dollars pour mon visa ! L'Espagnol étant passé sans
visa, lui… Il est huit heures du soir, je n'en peux plus de
fatigue, de crasse, ma peau brûle, et un petit fonctionnaire kényan
me dit qu'il faut que je paie pour mon visa ! Mon nouvel ami espagnol
paie pour moi et comme je demande le pourquoi de ce visa au policier
kényan, il me répond candidement : ” l'Espagne n'est pas un pays
colonialiste”. J'hésite entre le rire et le pétage de plomb. Et
opte pour un : “mais avez-vous entendu parler de Cortès au Mexique
?” L'Espagnol est mort de rire. Je lui explique ma déroute : pas
un dollar, une carte bleue personnelle, un billet d'avion
Djibouti-Paris en poche, Il me fait comprendre qu'il va me prendre en
charge, qu'il a plein d'argent car il n'a rien dépensé à
Mogadiscio… Arrêt au desk d'Air France où je réserve un siège
sur le vol Nairobi-Paris qui part le lendemain et dis attendre un
prepaid de Paris.. et au poste douanier pour laisser le téléphone
satellite sous douane. Ouf, le douanier est compréhensif. Comme le
départ pour Paris est prévu pour le lendemain soir, ça me laisse
le temps de souffler : une nuit et une journée à Nairobi. Mon
compagnon espagnol m'a gentiment attendue et nous prenons un taxi
pour aller à l'hôtel Hilton.
A l'hôtel, c'est surréaliste : nous
arrivons desséchés, brûlés, épuisés, d'une ville où tout
montre que c'est la guerre dans un décor de Noël, sur fond de
petite musique père-noelisante dans le lobby. Les employés du front
desk sont souriants, affables… j'avais presque oublié que des
êtres humains pouvaient être cordiaux. On se donne rendez-vous au
bar avec le journaliste espagnol. Douche rapide, vêtements de
rechange, coup de fil à Paris : le téléphone satellite est resté
sous douane, j'ai réservé une place sur le vol de demain soir,
merci de m'envoyer un pre-paid et des gens à Roissy pour venir me
récupérer ainsi que cette valise. On me prévient que mon
prédécesseur a oublier de me laisser les papiers de douane du
téléphone satellite ! On verra bien à Roissy.
Rendez-vous au bar… nous sommes deux
sortis de l'enfer et complètement décalés. Le taxi qui nous a
attendus nous propose de nous amener à un restaurant très
touristique de la ville : le Carnivore ! Il nous propose aussi ses
services en tant que guide pour le lendemain. Qu'à cela ne tienne,
mon chevalier servant me dit que nous n'avons rien d'autre à faire
que du tourisme… Au Carnivore, on peut manger toutes sortes de
viandes : crocodile, singe, etc… mais nous n'avons envie que de
légumes, de salade, et de vin… vin d'Afrique du Sud, délicieux.
Nous sommes complètement décalés, à 2h d'avion de Moga pourtant
mais on a encore la tête là-bas… nous planons toujours au-dessus
du sol kényan et parvenons mal à nous plonger dans cette ambiance
occidentalisée… sans nous comprendre, on prend des fou-rires
incroyables juste en se regardant. Cette complicité fait qu'on nous
prend pour un couple et on nous suggère d'aller en boîte de nuit,
là, à côté ! Quelle horreur ! Non, nous sommes toujours entre
deux mondes mais “débarqués de Mogadiscio”, ça nous suffit
pour être heureux. Ce repas, le vin, le taxi et le petit tour de
ville du lendemain se feront aux frais de son journal puisque lui n'a
presque rien consommé de ses frais de mission (pas de voiture, pas
de matériel lourd puisqu'il est de la presse écrite, une chambre
d'hôtel miteuse), en attendant mon vol du soir. Rentrée à l'hôtel
je regarde CNN cinq minutes et ricane en voyant le briefing du
Général Peck.
Le lendemain donc, un peu remis de nos
émotions, nous allons visiter la maison de Karen Blixen, un marché
typique, notre guide-taxi est content… nous planons toujours dans
le surréalisme… le contraste est trop énorme pour pouvoir
vraiment réaliser… je suis constamment prise de fou-rires parce
que je me vois en train de jouer aux touristes dans une ville
africaine moderne.
J'ai dû rendre ma chambre à midi et
mon compagnon me propose de faire une sieste dans la sienne pendant
qu'il rédige son article car sa direction lui en réclame un. Il a
acheté le journal concurrent dans un kiosque et s'inspire du récit
du concurrent pour rédiger son article “en direct de Mogadiscio”…
en fait, il doit rester encore une dizaine de jours à Moga, mais il
s'aménage des “pauses” à Nairobi quand il a sa dose de Moga.
C'est lui qui paye tout, sauf la chambre d'hôtel que je règle avec
ma carte personnelle… il paye même le taxi qui va m'accompagner à
l'aéroport le soir. Il m'explique que je vais lui manquer… et me
voilà dans l'avion rempli de Français de retour de La Réunion…
bronzés, insouciants, insupportables avec leur côté gâté-râleur.
Le 31 décembre, j'arriverai au petit matin… et comme je le
redoutais, serai harassée de question par le douanier antillais de
Roissy. “Mais qu'est-ce que c'est un téléphone satellite ?
Pourquoi n'avez-vous pas les papiers ? Etc.” Il finit par me lâcher
et je vois, derrière la porte qui s'ouvre, des collègues du
planning son venus m'attendre, ainsi que le téléphone satellite !
Paris et le retour dans les dures
réalités…
Au retour dans la rédaction, il a
fallu faire des déclarations sur l'honneur, sur le conseil de la
responsable des missions… sans quoi j'aurais été redevable de
milliers de dollars à la boîte ! L'ardoise des prédécesseurs
aurait pu m'endetter… mais visiblement c'était le dernier de leur
souci.
Après le retour de la journaliste avec
laquelle j'étais partie, nous avons un peu parlé de la Somalie,
échangé nos points de vue, puisqu'elle était allée à l'intérieur
du pays. Elle s'empresse de me dire : “oh, ça va s'arranger, j'en
suis sûre”… ce qui me fait sursauter. Les échanges que j'ai eus
avec les locaux, les humanitaires, ce que j'ai vu du comportement des
Américains, me font au contraire envisager le pire pour les
Somaliens… Puis, comme elle me dit que les équipes vont toucher
une prime de risque, je lui dis qu'en ce qui me concerne, je n'ai
rien eu depuis mon retour. Après être monté voir l'administrateur
de la rédaction, elle descendra en me disant : “il dit que tu as
assez d'argent en heures supplémentaires et que ça suffit, tu n'as
pas besoin d'une prime de risque” ! Ben voilà ! Visiblement,
j'étais suspectée d'avoir eu la main lourde en heures sups non
faites : 3 semaines de 6h du matin à 23h, je ne les ai pas
inventées… Quant aux risques, visiblement, je n'en ai pas courus…
Du coup, on est peu surpris d'apprendre
par le Canard Enchaîné qu'un ancien preneur de son pigiste, retenu
presque trois ans en otage au Liban, n'a jamais été déclaré en
“accident du travail” par la chaîne qui l'employait… De même,
lorsque les techniciens doivent, pour les longues distances, voyager
en seconde alors que les journalistes sont en classe affaire.
Publié il y a 27th May 2010 par
clomani
edifiant!
RépondreSupprimerEt bien entendu parfaitement authentique. J'ai des noms.
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