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samedi 25 août 2012

"Promenades d'un économiste solitaire" par Jacques Sapir (Ria Novosti)

"Promenades d'un économiste solitaire" par Jacques Sapir*
Une dissolution potentielle de la zone Euro, solution désormais défendue par un nombre croissant d’économistes, pose le problème des monnaies de réserve qui seraient utilisées tant par les Banques Centrales que par des agents privés. Le système monétaire international est passé d’une situation d’oligopole dominé par le Dollar à une situation de quasi-duopole, ici encore dominé par le Dollar avec l’introduction de l’Euro. C’est cette situation qui est en train de s’effondrer.
L’introduction de l’Euro, en 1999, s’est accompagnée initialement d’une forte montée de la part du Dollar dans les réserves des Banques Centrale et de l’effondrement de la part des « autres monnaies ». Cet effondrement est dû pour l’essentiel à la chute du Yen japonais et des autres monnaies européennes servant de monnaies de réserve (Franc Suisse, Livre Sterling). Ce sont ces monnaies qui ont le plus souffert de l’introduction de l’Euro.

Tableau 1. Part des différentes devises dans les réserves de changes des Banques Centrales (%)

Dollar américain Euro Deutsche Mark Franc français Autres (dont Livre et Yen)
1995  59.0    15.80  2.40  22.50
1996  62.1    14.70  1.80  21.10
1997  65.2    14.50  1.40  18.60
1998  69.3    13.80  1.60  15.00
1999  71.0  17.90      10.90
2000  70.5  18.80      10.50
2001  70.7  19.80      9.10
2002  66.5  24.20      8.80
2003  65.8  25.30      8.60
2004  66.0  24.90      9.00
2005  66.4  24.30      9.20
2006  65.7  25.20      8.90
2007  64.1  25.80      9.80
2008  64.1  26.40      9.90
2009  62.1  27.60      10.40
2010  61.8  26.00      12.10
2011  62.1  25.00      12.80
Source : FMI, Currency Composition of Official Foreign Exchange Reserves, Washington DC, 2012

La situation créée par l’établissement de l’Euro s’est donc caractérisée à la fois par la montée en puissance de cette dernière monnaie et par le renforcement du Dollar. Ce sont les « autres monnaies » qui ont fait le frais de la création de l’Euro. En 2007, à la veille de la crise, la part du Dollar dans les réserves des Banques Centrales était encore égale à 65,7% alors qu’elle n’était que de 59% en 1995. La création de l’Euro a donc abouti à la création d’un duopole asymétrique Dollar-Euro.
Depuis 2007, à la suite de la crise des « subprimes », la part du Dollar s’est mise à baisser régulièrement. Mais, cette baisse n’a que faiblement profité à l’Euro, jusqu’en 2010. À la suite de la « révélation » de la crise au sein de la zone Euro par l’enchaînement de la crise grecque, puis irlandaise, puis portugaise et enfin espagnole, l’Euro qui avait atteint une part de 27,6% a régressé jusqu’à 25%.
En fait, l’aspect le plus intéressant de l’évolution actuelle est que la chute de l’Euro depuis 2010 ne se fait pas tant en faveur du Dollar, comme on aurait pu s’y attendre et peut-être le craindre, que des « autres monnaies ». Mais, la composition de ce groupe a radicalement changé.

La fin de cet article se trouve ici.

1 commentaire:

  1. J'aime beaucoup Sapir, son livre sur la démondialisation est passionnant.Il est l'un des rares économistes qui montrent qu'une autre voie est possible.

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