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lundi 30 décembre 2013

2014, et un renouveau radical ?

Le Parlement Européen à Strasbourg
L'année 2014 sera une année d'élections. Nous allons nous vautrer dans le municipal jusqu'à plus soif. Les uns par tactique assureront qu'il ne s'agit là que de scrutins locaux. Les autres, plus futés, concèderont que cet évènement a une importance bien plus grande qu'on ne veut bien le dire. C'est d'autant plus vrai, que cette fois, contents ou pas, nos votes désigneront en même temps les administrateurs des communautés de communes, ces entités que le Pouvoir impose souvent en dépit du bon sens. Cela aura aussi une incidence directe, quoique pas immédiate, sur la composition de la Chambre Haute.  Pour le moment son existence a peu d'importance, en raison de la prééminence totale d'un seule parti à la chambre basse. Toutes les tentatives de bloquer des lois mauvaises se heurtent ainsi  aux avals automatique d'une Chambre Introuvable. Inutile de prendre la peine d'imaginer combien la démocratie est entre parenthèses avec pareille situation.

L'année 2014 sera une année d'élections. Des listes de circonstance, par grandes régions, parfaitement arbitraires, seront censées envoyer à Strasbourg et Bruxelles des députés, dont on oubliera le nom avant même d'avoir voté. Pour un Parlement évanescent et au pouvoir négligeable malgré des aménagements cosmétiques. Ce pouvoir est d'autant plus érodé, que de puissants lobbies (y compris français, ne nous y trompons pas) font tout pour que la vision des dossiers soit biaisée, tronquée, rendue indistincte et mensongère.

Les votes, dans ces cas de figures, revêtent plutôt un aspect folklorique qu'une vraie démarche citoyenne. "La vérité est ailleurs". Là où se décident les vrais facteurs d'avenir.
Pas d'illusions. Un vrai renouveau passera par la casse de l'ancien, qui est allé trop loin. Il passera par la destruction physique des réseaux financiers comme SWIFT, des banques d'affaires, et sans doute entendrons-nous parler alors de bombes à la City. Voilà ce que se passera, si un renouveau se lance sans regarder en arrière. Je rappelle que la City, c'est la superficie de l'île de Bréhat, avec presque autant de banques que l'île n'a d'habitants. C'est le nœud mondial de toutes les transactions : elles aboutissent toutes là, via souvent une dizaine d'étapes dans des paradis fiscaux du monde entier. Si l'on veut abattre le PROFIT (et ce détail est essentiel), c'est là qu'il faudrait frapper. Le Lord Mayor a plus de pouvoirs que le président des États-Unis d'Amérique. C'est la différence entre une entité où convergent toutes les fortunes du monde, et la nation la plus endettée du monde.

Toujours d'accord avec mes élucubrations ? Alors, il faut bien se dire que nos petits conflits de personnes dans un hexagone devenu négligeable ne pèsent pas lourd. La seule donnée intéressante est la volonté de se déconnecter de ce système mondial. Des pays moins riches que le nôtre y ont réussi. S'il faut voter, ce sera le plus à gauche possible, donc toute compromission avec le PS serait UNE FAUTE. C'est tout ce qu'on peut dire malheureusement. Si : comme VGE
Bon choix Mesdames, bon choix Mesdemoiselles, bon choix Messieurs

Et l'année 2014 sera ce que nous voudrons (ou pas) en faire.

vendredi 27 décembre 2013

Chez les politiciens, le sexisme reste-t-il prégnant ?

Sur RTL, Florian Philippot aurait prononcé ces paroles : 

"Il n'y a aucune restriction du droit à l'avortement dans le projet du Front national", mais "ce n'est pas une préoccupation des Français"

Son mentor, l'ancien patron du groupe, est semble-t-il encore plus catégorique en parlant du "souci à respecter la vie".

La polémique se relance, alors que le gouvernement de droite espagnol a ramené les conditions de choix des femmes aux beaux jours du franquisme. Le droit des femmes est décidément cruellement malmené partout. Car on le notera, ce sont des hommes qui prennent ces sortes de décisions, des mâlhommes, comme je les appelle. 

Peut-être le droit à l'avortement n'est-il pas "une préoccupation des Français",  mais assurément il est une préoccupation des Françaises, en particulier de celles qui n'ont guère les moyens de financer les soins nécessaires à ce choix. Car il est clair que, si pénalement l'avortement est devenu une chose acquise en France, son coût si les soins ne sont pas pris en charge par la Sécurité Sociale peut amener à des situations de grande détresse, voire comme autrefois à des expédients nocifs, voire mortels pour la mère en devenir.

La bien-pensance "religieuse" relève la tête, elle que l'on avait cru enfin maîtrisée. Mais à la différence des propos que l'on peut remarquer ici et là, ce n'est pas la religion fustigée par une certaine "droite" qui pose problème, mais bien celle qui a pignon sur rue depuis environ l'an 496, et la promesse du païen Clovis de se convertir au cours d'une bataille difficile.  Le sexisme en politique reste une certitude, que la "parité" devenue obligatoire souligne encore bien davantage. On sombre là, n'hésitons pas à le dire, dans le ridicule.




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vendredi 20 décembre 2013

Hiroshima, Lampedusa, Fukushima : le crépuscule des gueux (et de TINA)

 On va dire : ce qui se passe à Lampedusa est révoltant. La prison à l'envers s'est déployée, pendant que l'Afrique, l'Asie sont en coupe réglée par les mêmes qui ont fermé leurs frontières.

Dirait-on qu'il s'agit là d'humains sacrifiant d'autres humains ? Il est à craindre que ce soit plus complexe que cela. Il y a là des robots programmés par une logique où l'humain n'a pas sa place, comme dans une usine où des robots fabriqueraient d'autres robots - ce qui est déjà presque vrai dans la réalité. Ces robots que le hasard, ou peut-être pas lui après tout, a réunis à Bruxelles au nord de la Vieille Ville, ne connaissent que la logique financière, celle du Premier Robot qui l'a appliquée à la lettre. Voilà l'évidence.

Malheureusement cette évidence pourrait en cacher une autre : sous des dehors affables, ou plus musclés, combien de "nos semblables" accompagnent cette logique, en prônant l'air dégagé une "préférence nationale", en chuchotant "Ces gens-là.... (mettez ce que vous voulez) y sont pas com'nous", en fustigeant des chômeurs parasites ou des Roms voleurs de poules...... Oui, c'est ainsi que Les Robots sont confortés dans leur croisade libérale (tu parles) visant à mettre en prison ou à expulser presque tout le monde. Prenez une entreprise bien proprette, innovante, qui a besoin d'argent, ce qui est naturel. Faites mine de lui donner ces fonds, qui par la difficulté de les rembourser AVEC INTÉRÊTS vont vous revenir sous la forme d'une entité désormais exsangue. Reprenez-la pour une bouchée de pain, recueillez le savoir-faire, exportez l'usine là on d'autres crèvent de faim, mettez sur le tapis tous ceux qui avaient contribué à créer ce savoir-faire, et recommencez plus loin. C'est ainsi que fonctionnent "les libéraux". Cerise sur le gâteau, les biens ainsi faits ailleurs vont revenir, au même prix ou presque, mais sans le savoir-faire, sans ce PLUS qu'avaient apporté les anciens créateurs. Ceux-ci devront payez pour utiliser de pâles copies de ce qu'ils fabriquaient. Les auteurs de ces crimes, eux, sont intouchables, malgré des procès parfois retentissants et à épisodes multiples (pas de noms !) : ils auront un passeport français, ou étranger, peu importe.

Lampedusa n'est que la façade visible et écœurante de ce qui se fait partout dans le monde sous différentes formes. Les Robots tuent les Humains, par petites touches, deux ici, trente plus loin, un million quand une guerre aura pu se déclencher avec la bénédiction des fabricants d'armes. Surprise : ce sont encore les mêmes ! Petit à petit, les Robots grignotent les Humains.

Mais cette fois, ils ont gagné : il ne s'agit plus d'Humains noyés devant la Forteresse de la Honte, mais de la totalité des Humains. A Fukushima se crée petit à petit une arme insidieuse, qui nous aura tous. Il s'agit seulement de l'empoisonnement de l'eau de la Planète. Pas grand-chose, quoi. Détail amusant, c'est désormais inéluctable, car aussi bien les Robots que les Humains n'y peuvent plus rien. L'eau passera, encore et toujours : et avec elle, le poison, qui a aussi envahi les poussières de l'atmosphère.

Hiroshima, Lampedusa, Fukushima. Sur cette planète-ci, les Robots ont gagné, et mourront avec les Humains qu'ils ont voulu pressurer. Heureusement, comme disait Giorgio de Santillana, "Il pense, dans l'Univers". Une autre Terre, quelque part, beaucoup d'autres Terres, ont déjà pris la relève.

mercredi 18 décembre 2013

Lettre ouverte de Monsieur le Maire de Quelneuc (56) à Jacques Auxiette, président des Pays de Loire

Jacques Auxiette
Un ami vient de m'envoyer le lien vers une lettre qui pourrait faire du bruit, si elle est diffusée partout. C'est une lettre ouverte de Monsieur le Maire de Quelneuc (56) à Jacques Auxiette, président du conseil régional des Pays de Loire. Elle est parfaitement éloquente, et qui plus est, ce qu'elle dénonce est parfaitement exact. Son seul défaut ? Elle semble n'avoir pas touché du doigt tous les points entachés de litiges. Il est vrai que ce qu'elle dénonce ici est largement suffisant pour.... embarrasser un élu même aguerri.

René Leblanc, maire de Quelmeuc
Je me permets d'en donner quelques extraits. Et encore bravo, Monsieur le Maire.

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Alors qu’à longueur de colonnes de la presse régionale quotidienne, des lettres d’information de la Région Bretagne, du Conseil Général 35, de la Ville de Rennes ou du magazine de Rennes Métropole, ces élus mettent en garde nos concitoyens sur les conséquences dramatiques du réchauffement climatique et notamment sur l’impérieuse nécessité de limiter les émissions de gaz à effet de serre (CO2 notamment, voire CH4), ils voudraient,en parfaite contradiction avec leurs grands principes, faire rêver les citoyens électeurs en ne jurant que par des décollages toujours plus nombreux, dans des jumbos toujours plus gros, leur promettant tellement d’emplois et de bonheur à la clé avec NDDL.


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Nous ne sommes pas les apôtres de la décroissance dont vous nous accablez. Bien au contraire, nous voulons des investissements massifs, fut-ce au prix fort, dans les technologies d’avenir qui produiront à terme suffisamment d’énergies primaires totalement non polluantes pour la satisfaction légitime de milliards d’êtres humains, à savoir : géothermie, photovoltaïque, énergie des océans (hydrolien, houlomotrice, marémotrice) etc... Nous ne sommes pas les criminels que vous décrivez. Vos propos sont méprisables et dénotent votre fébrilité et votre mal être dû à vos mensonges et vos incohérences. Nous ne sommes que de bons citoyens qui ont réfléchi et qui, en dehors de tout intérêt personnel, n’ont que la force de leur conviction pour alerter des dangers niés ou cachés par ceux qui n’ont pour tout horizon que leur aura, leur mégalomanie ou leurs intérêts très personnels et à court terme. Stéphane Hessel, tant louangé par toute la classe politique au moment de sa récente disparition, ne disait pas autre chose et comprenait fort justement notre profonde et légitime indignation. Il n’était pas criminel, que je sache.

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A entendre votre propagande (payée par nos impôts), il n’y aurait pas encore d’aéroport dans le Grand Ouest. Je crois avoir remarqué qu’il y en a un à Bouguenais et que c’est un pieux mensonge de prétendre qu’il serait saturé. Pour ma part, je m’y suis présenté à deux reprises. Le 25 novembre 2012, au buffet situé à l’étage, sur les 130 places disponibles, seule notre table (2 personnes) fut occupée pendant l’heure du repas. Cet été, le 16 août précisément, en pleine période estivale, je dus reconnaître une sensible progression puisque 6 tables représentant 16 couverts sur les 130 dressés furent servis (soit 12% de taux de remplissage). Pas le moindre embouteillage dans l’aérogare naturellement. L’émission TV de Benoît Duquesne sur l’A2 faisait remarquer identiquement l’atmosphère paisible de Nantes Atlantique International (NAI). Je voudrais encore ajouter qu’une de mes connaissances séjournant, en juillet, à Essaouira, au Maroc, dût pour son retour sur Royal Air Maroc, attendre un jour supplémentaire pour embarquer finalement vers Roissy, la destination vers Nantes ayant été annulée faute de passagers (15 réservations pour un boeing 737), donc trop coûteux pour ce vol. Alors, pour la saturation, laissez- moi rire. Comment en serait-il autrement, puisque l’aéroport de Cointrin (Genève) comptabilise, avec une seule piste et emprise au sol identique (soit 270 ha) 198.000 emports et 14millions de passagers annuels, soit près de quatre fois le trafic de Nantes Atlantique International (NAI).



lundi 16 décembre 2013

L'Union Européenne veut imposer un changement de gouvernement en Ukraine : sanctionnons l'Union Européenne

L'Agence Ria Novosti le dévoile :

17:06 15/12/2013
MOSCOU, 15 décembre - RIA Novosti

L'Union européenne se serait fixé pour objectif de renverser les autorités ukrainiennes actuelles à l'aide du "Maïdan orange" pour imposer ensuite son accord d'association à Kiev, considère le chef de la commission des affaires internationales de la Douma (chambre basse du parlement russe), Alexeï Pouchkov.
"Selon toute probabilité, une ligne dure contre le président Ianoukovitch et le gouvernement ukrainien prévaut au sein de l'UE. Jusque-là deux approches prédominaient. Les uns affirmaient que l'UE n'envisageait pas d'apporter des changements à l'accord d'association et que si l'Ukraine souhaitait le signer, elle devait accepter l'accord qui lui avait été proposé. Les autres, notamment l'ancien président polonais Alexandre Kwasniewski, disaient qu'il était indispensable d'octroyer d'urgence à Kiev 20 milliards de dollars d'aide financière. Mais ces derniers se sont retrouvés en minorité", a expliqué le député russe dans une interview à RIA Novosti.


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En somme, le "machin" de Bruxelles, qui n'a aucune existence démocratique, voudrait s'immiscer dans les affaires internes d'un État souverain, en déclenchant une sorte de "coup d'État".  En somme, cet organe bruxellois de la volonté de Washington pousse l'arrogance au point de faire fi des instances internationales les plus solides. Si l'Ouganda se permettait de pareilles privautés, il essuierait un tollé "international" et  devrait s'attendre à de dures sanctions. Donc les satrapes bruxellois doivent endurer ce qui arriverait à d'autres.

Notre pays DOIT quitter ce machin minable, auquel des politiciens français irresponsables ont voulu donner les coudées franches chez nous.  Notre pays doit dénoncer haut et fort TOUS les accords qui nous lient à cet organisme félon. Et il faut le faire tout de suite, malgré les hommes du gouvernement, et leur tête de liste élyséenne qui n'a cessé de nous tromper. Bien entendu, ils doivent tous démissionner, et accepter de ne plus jamais intervenir dans les affaires de l'État. C'est un minimum.

Nous, citoyens, devons exiger ces mesures, afin de reprendre un processus plus démocratique. Même si la démocratie est un idéal à atteindre, rien n'empêche d'y tendre le mieux possible, ce qui n'est actuellement absolument pas le cas.

Mesdames, Messieurs "nos représentants", qui ne représentez que vous-mêmes, démissionnez. Tous.

dimanche 15 décembre 2013

Chercher à torpiller un accord de paix pour la Syrie : le but du sioniste Fabius ?

Une info d'Assawra me fait bondir


Laurent Fabius assez pessimiste sur la Syrie et Genève II

dimanche 15 décembre 2013, par La Rédaction
Laurent Fabius, le ministre français des Affaires étrangères, s’est déclaré samedi "assez pessimiste" sur l’évolution de la situation en Syrie et a dit nourrir "beaucoup de doutes" sur les chances de succès des négociations prévues à partir de fin janvier à Genève.

Une trentaine de ministres représentant les grandes puissances et des pays du Proche-Orient doivent se réunir le 22 janvier à Montreux, en Suisse, pour donner leur aval aux négociations entre le gouvernement du président syrien Bachar al Assad et l’opposition syrienne.

Lakhdar Brahimi, l’émissaire des Nations unies et de la Ligue arabe pour la Syrie, doit donner le lendemain le coup d’envoi des discussions entre Syriens à Genève.

"En Syrie, je suis malheureusement assez pessimiste", a dit Laurent Fabius à propos de la conférence de Genève II. "Nous travaillons à son succès mais on peut avoir beaucoup, beaucoup de doutes", a-t-il ajouté en marge d’une conférence sur la gouvernance mondiale à Monaco.

"Et si, malheureusement, le succès n’est pas au rendez-vous, cela signifie que ce pays martyr va continuer de souffrir, et les pays voisins aussi."

Le chef de la diplomatie française a également déclaré - pour la première fois - que l’opposition syrienne modérée, que soutient Paris, était en "grande difficulté".

La France a été la première puissance occidentale à apporter une aide militaire non-létale à l’Armée syrienne libre, qui combat le régime de Bachar al Assad, et le premier pays occidental à reconnaître la Coalition nationale syrienne (CNS) comme seul représentant du peuple syrien.

Le but affiché de la conférence "Genève II" est un accord sur un gouvernement de transition censé mettre fin au conflit armée qui dure depuis bientôt trois ans en Syrie et dont le bilan dépasse 100.000 morts, auxquels s’ajoutent plusieurs millions de réfugiés et déplacés.

(15-12-2013 - Avec les agences de presse)




Pour ma part, je suis très, oui, très dubitatif, sur Laurent Fabius. Sioniste, il est de ce fait contre les Juifs. Il ne pense qu'en tant que sioniste. Il oublie peut-être que le problème en Syrie est très essentiellement celui des membres d'Al Qaïda  (mouvement terroriste "inventé" par la CIA  pour contrer les opposants à ses desseins propres, instruit et armé par elle). Ou peut-être ne l'oublie-t-il pas, mais cherche-t-il à bloquer toute solution selon les desiderata de ses amis du gouvernement de Tel Aviv. Contre la volonté et les intérêts des Israéliens. Et bien entendu des Syriens.

Ne surtout pas oublier que le sionisme est une invention anglo-saxonne, dont un élément essentiel fut la déclaration Balfour, après les élucubrations de Theodore Herzl.  De nombreux chercheurs (et non des illuminés) comme Schlomo Sand, ont démontré combien cette notion était erronée et perverse : elle subsiste encore un peu, cependant. Certains, dont des intégristes protestants étatsuniens pour la plupart, y ont un intérêt idéologique, voire financier.

vendredi 13 décembre 2013

L'affaire des classes préparatoires et l'abolition des privilèges

Cela a l'air anodin : des profs de classes prépas se plaignent de l'intention du ministre de geler à dix heures non "déchargeables" en partie le temps d'enseignement hebdomadaire.

Voilà ce que nous dit un site officiel concernant les horaires d'enseignement dans le secondaire  (c'est un PDF, d'où le formatage bizarre) :


Un enseignant à temps complet est rémunéré, en moyenne, pour 19 h 20 de  cours, dont 18 h 46 en enseignement et 0 h 34 de décharge. Ces heures de cours dépendent fortement des obligations réglementaires de service (ORS) : il s'agit en général de 15 h pour un professeur agrégé et 18 h pour un certifié. Elles sont complétées par des heures supplémentaires pour 58,8 % des enseignants et, en moyenne, il s'agit de 1 h 26 supplémentaire par semaine, dont 1 h 07 en heure supplémentaire année (HSA) et 0 h 19 en heure supplémentaire effective (HSE). Les agrégés en effectuent le plus, avec 1 h 48 supplémentaire par semaine


École Polytechnique à Palaiseau
On notera la différence de traitement. Le but n'est-il pas de créer dans ces "prépas" une "élite" qui ira plancher dans les Grandes Écoles ? 

Or, l'expérience de chaque jour indique que les personnes passées par ces Grandes Écoles se retrouvent ensuite, soudées par des liens de fraternité (c'est important), dans la haute administration, dans l'encadrement supérieur des grandes entreprises plus ou moins multinationales. En somme, il s'agit là de renouveler cette "élite nationale" dont on dit pourtant tant de mal. Bien entendu, ces filières coûtent très cher au budget de l'État, au détriment des filières normales que sont les universités.

Au nom de l'égalité, c'est bien déjà en faisant disparaître ces Grandes Écoles et leurs classes prépa que l'on s'acheminera vers une meilleure éducation pour tous.  D'autant que les plus prestigieuses de ces Écoles, sont aussi les plus dangereuses. On le voit bien avec l'ENA, qui apporte à la haute administration ces personnes très correctement rémunérées (!!!) dont la politique nous fait si mal chaque jour. On le voit avec ces polytechniciens férus de nucléaire, qui avec leur courte vue sont en train de nous tuer tous. Leur lobby tapageur écrase toute contestation, quitte à causer de gros ennuis à leurs détracteurs pourtant armés de lourds dossiers à charge. Je ne parle même pas de la Caste des Phynances à genoux devant les diktats de Bruxelles, et qui ne peut même pas avouer son incompétence, puisqu'en principe "c'est elle qui sait".

Pour résumer, plus de grandes écoles, mais un recentrement des budgets vers la filière commune. Plus de corps de prestige, mais des citoyens plus ouverts qu'une caste imbue de ses privilèges. En somme, c'est à une nouvelle Nuit du 4 Août qu'il faut s'acheminer, dans le domaine de l'enseignement, mais à coup sûr dans bien d'autres domaines. Il y aura moins de prestige pour certains, mais un meilleur enseignement pour tous avec un budget global inchangé.

Quelque chose me dit, que ce que j'avance là ne plaira pas à tout le monde.

jeudi 12 décembre 2013

De quoi se faire un sang d'encre

Ziv Mediacal Center
Elle s'appelle Pnina Tamano-Shata. Elle est députée à la Knesset. Elle s'indigne : « J'ai 32 ans, je suis arrivée à l'âge de trois ans en Israël, j'ai effectué mon service militaire et j'ai deux enfants, il n'y aucune raison de me traiter de la sorte ».  Seul "problème", elle est d'origine éthiopienne, et noire. Quand elle a voulu donner son sang à la filiale commune de la Croix Rouge et du Croissant Rouge, elle s'est fait rembarrer par la personne qui l'a reçue.


« selon les directives du ministère de la santé, il n'est pas possible d'accepter le sang spécial d'origine juive éthiopienne » 


Voilà la raison, ou le prétexte, qui est invoqué, pour ce refus. Si cela était arrivé dans l'Afrique du Sud du temps de l'apartheid, le tollé "international" * aurait été unanime. Qu'en sera-t-il cette fois ? 

Affaire à suivre. C'est d'autant plus grave, que cette discrimination entre autres à propos du sang, mais de bien d'autres aspects de la vie quotidienne, est chose habituelle dans "le pays le plus démocratique", au choix du Moyen-Orient, ou du monde.  On notera qu'il ne s'agit aucunement de religion. Y aura-t-il un Mandela pour essayer de secouer ces anomalies ? Est-il déjà dans les geôles du régime, avec tant d'autres ?

Pendant ce temps-là, pour des raisons finalement fort proches, Georges Ibrahim Abdallah est "libre" selon la Justice française, mais toujours en prison par la volonté du ministre de l'Intérieur, pour combien d'années encore ? Il est sous les verrous depuis le 24 octobre 1984. Pour raisons politiques (il n'a pas de sang sur les mains), il vient d'entamer sa trentième année de captivité.

L'arbitraire est total dans "les Grandes Démocraties", au moins autant que dans ce que ces mêmes "Démocraties" appellent des dictatures.



* Ce qu'on appelle "international" n'est que la volonté de quelques dirigeants politiques dits "Occidentaux", eux-mêmes conseillés par quelques banquiers tout aussi internationaux.

mardi 10 décembre 2013

Viré par un procureur, pour avoir rendu au public le service public (Colombie)

Encore une aberration du néolibéralisme échevelé ! Une dépêche nous apprend ce matin que :

Bogota (AFP) - Le maire de Bogota Gustavo Petro a été destitué et privé de fonctions publiques pendant 15 ans par le procureur général de Colombie, qui a jugé l'édile coupable d'avoir causé un dommage à sa ville avec une passation de marchés de collecte des ordures.

Cette décision a été lue devant la presse par le procureur général de Colombie Alejandro Ordoñez, qui a estimé que M. Petro avait nui au patrimoine public et aux principes constitutionnels de libre entreprise et de concurrence en retirant la concession de la collecte d'ordures dans la capitale à des entreprises privées au profit de la Compagnie de l'aqueduc (publique).

Ainsi donc, rendre aux services publics leur vraie qualification de publics, serait une faute suffisante pour démettre arbitrairement un édile, et pas n'importe lequel : le maire de la capitale d'un pays. Heureusement, les citoyens du pays ont décidé de réagir. Heureusement, le maire peut faire appel.  Pour autant, ce genre d'agissement de la part d'un homme qui est à peu près l'équivalent du président du Conseil d'État en France interpelle.  On sait que la Colombie est très dépendante des États-Unis, même si le président actuel, Juan Manuel Santos, est moins haïssable que son prédécesseur Alvaro Uribe de sinistre mémoire (les escadrons de la mort). On sait que ce pays est dans l'orbite néolibérale, alors que la plupart des autres pays d'Amérique Latine commencent à s'en dégager plus ou moins.

La Colombie finira-t-elle, à l'instar de son voisin le Venezuela, par changer d'option ? On peut l'espérer, si les autres pays de la région exercent une pression amicale, mais ferme, pour que des changements s'opèrent.

lundi 9 décembre 2013

Municipales : que se passe-t-il au Venezuela ?

Nicolas Maduro, Président du Venezuela
Ce dimanche, le Venezuela votait. Il s'agissait de renouveler le tissu municipal du pays.

Depuis quelque temps, l'opposition financio-industrielle, soutenue en sous-main par les États-Unis, s'est déchaînée afin de mettre en difficulté les forces sociales, en place depuis l'arrivée de Chavéz. C'est pourquoi, courageusement, la nouvelle direction du pays n'a pas hésité à utiliser les forces de l'Ordre, afin de pourchasser les fraudes à l'import au niveau des prix souvent multipliés artificiellement par mille par les grandes firmes. La chasse a également été ouverte aux stockages bloqués, créant de toutes pièces une pénurie de produits essentiels. Tous ces efforts pour rétablir la situation porteront, espérons-le, leurs fruits au cours de ce scrutin.

Au Chili également, avant ce Onze Septembre tragique qui avait vu la mort du Président Salvador Allende, l'opposition riche avait organisé pénurie, pagaille, troubles. Excellent prétexte pour l'intervention des troupes du futur dictateur Pinochet. C'est bien pourquoi le Président vénézuélien Maduro a tout fait pour éviter ce piège.

Il est à peu près minuit à Caracas. Par rapport à notre heure d'hiver officielle, le décalage horaire est de 5h30. Le scrutin  a été clos à 18h, heure locale.  Nulle part on n'a encore d'indications même sur la participation finale (50% à la mi-journée). Nos chers médias se piquent-ils eux aussi de rétention... d'information ? Hypothèse.

Ne serait-ce pas que le grand mouvement bolivarien enregistre de beaux succès ? Cela pourrait expliquer le black out. Les forces du Capital pourraient élaborer une stratégie médiatique pour contrer cet échec de leur part quand il ne sera plus possible de celer les résultats.

Nous le saurons bientôt. En tout cas, il convient d'être vigilants : nul doute que, quelles que soient les nouvelles forces en présence et leurs rapports, les serviles médias Occidentaux vont gloser sur l'échec de la Révolution.

samedi 7 décembre 2013

L'opposition de Gauche n'existe pas, hurle en tremblant la Presse

Je ne peux renoncer au plaisir de répercuter ici la magnifique prose d'Ariane Walter, que je découvre ce matin sur Cap 2012, et après. Savourons. 

Jean-Luc Mélenchon, pour moi, est dans ses prises de position pas assez énergique sur le fond. Il est cependant le seul porteur d'une autre voie face au Front de la Nation PSFNUMP. En serait-il donc arrivé à avoir trop de succès face à eux, donc à devenir dangereux ? 

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06 décembre 2013

C'est fou ce que ça débloque dans les presses "officielles" depuis quelques jours... Mais que se passe-t-il donc!

C'est fou ce que ça débloque dans les presses "officielles" depuis quelques jours... Mais que se passe-t-il donc! Trop amusant: on a l'impression de voir quelques gamins tenter de tremper discrètement les doigts dans le pot de nutella quotidien dont ils ont été privés!!!! 
Quelques exemples (entre autres):

etc.....
 
.... et tout ça, la faute à qui?...
 
Je vous le donne en mille: ME-LEN-CHON !
 
Sur MEDIAPART :  Mélenchon superstar!

Je ne sais pas quels sondages étudient la progression de Mélenchon pour qu’il soit à ce point la cible des fauxcialistes et de leurs medias.

A mon avis, vu l’énergie qu’ils dépensent, il doit être au moins à 35 % !!

Suite à sa marche du 1 décembre, Bingo ! On ne parle que de lui! On dit partout  que c’est un « has been » bon pour la retraite à 60 ans, que plus personne ne s’intéresse à ce "tigre de papier" , que c’est un naze patenté et avéré.

Réfléchissons un peu : à quoi bon démolir quelqu’un qui ne tient  pas debout ? … Que de munitions dépensées en vain. On comprend cependant  les tenants et les aboutissants. Il est le seul à canonner le PS et comme ce même PS se sent horriblement mal avant les municipales, je ne parle même pas des Européennes où ils vont être écorchés vifs, il faut limiter sa zone d’influence. 

D’où de multiples excès.  

Je passe sur les «  7000 »  de Valls, cet homme qui appartient à un gouvernement qui  sait tout juste additionner 1 bonnet rouge+ 1 chômeur = une déculottée aux Municipales.

C’est le gouvernement qui a pleuré de désespoir quand Cahuzac a quitté ses fonctions, tant il était un ministre du budget merveilleux. Comme ils le serraient dans leur bras, Cazeneuve et Moscovici ! Pourtant c’est un peu un « salopard » , non ? Même si voler l’Etat pour se faire des îles  en or à l’étranger  est un must de la High Society ! 

C’est ce gouvernement qui a pour président l’homme à la prostate , chef de guerre émérite qui a baisé le peuple français de la manière la plus éhontée, la plus violente, lui faisant un trou d’obus dans le fondement de son code social !

C’est ce gouvernement qui a pour ministre de l’Intérieur, un immigré de fraîche date, Valls, qui parle certes notre langue, mais qui a encore des lacunes en ce qui concerne l’esprit de la Nation. Ce même   Valls qui a suggéré aux Français de dénoncer les arabes qui paraissaient dangereux, et qui estime qu’un Rom ne peut s’épanouir  chez nous. 

C’est ce gouvernement qui est adoré par la noble « European Round Table » et autres Bilderberg qui trouvent qu’il est fabuleux pour dépouiller son pays et  pour nourrir l’establishment des grosses boîtes et des banques. 

En face de ce conglomérat , Mélenchon, qui n’intéresse plus personne, avait osé appeler ses ouailles , douze  aux dernières nouvelles, à manifester du côté de Bercy.

Échec total. 

Je voudrais étudier  dans le détail un article paru sur le Nouvel Obs, le journal de Joffrin, pour faire un démonstration du haut niveau « journalistique » de notre temps. Il s’agit d’une interview. « La stratégie du Front de gauche est illisible. » Le journaliste qui signe, hélas pour lui, Mathieu Cantornet, pose sept  questions. Les voici :

Première question :L'appel du Front de Gauche à manifester pour une révolution fiscale dimanche 1er décembre a mobilisé 7.000 personnes, selon la police. Un échec ?  

Deuxième question : L'appel du Front de Gauche à manifester pour une révolution fiscale n'a mobilisé que 7.000 personnes, si l'on en croît les chiffres de la préfecture de police de Paris. Pouvait-on s'attendre à une si faible mobilisation ? (Au cas où on n’aurait pas compris la première.)

Troisième question : Comment expliquer cette faible mobilisation ? (Au cas où on n’aurait pas compris la seconde.)

Cinquième question : Le nombre de 7.000 manifestants est assez faible, y compris rapporté aux scores du Front de Gauche à Paris, peut-on en conclure à une démobilisation de ses militants et sympathisants ? (En poésie , on appelle ça un pantoum. Ou on reprend le même vers en début et en fin de strophe. Ici « faible » est un écho romantique d’une situation  Baudelairienne. On note au passage que le « 7000 d’après la police » est devenu « 7000 »  tout court. je passe sur la lourdeur "y compris rapporté au...")

Sixième question : Cette faible mobilisation laisse-t-il présager d'un échec du Front de gauche aux échéances électorales de 2014 ? (Je laisse la faute :  « laisse-t-il » . Pour le Nouvel Obs , « mobilisation » est masculin. « Un mobilisation de jardin. »)

Septième question : Quelle stratégie pourrait adopter le FDG pour remobiliser ? (Faible mobilisation, démobilisation , remobilisation » étant un des thèmes favoris du passage, si l’on tente une étude stylistique.)

Mais ce qui est intéressant, ce sont les réponses aux questions. Je me contenterai des deux dernières . L’interviewé étant Eddy Fougier, « un expert » du système. 

Je relève des conseils subliminaux.
 « Il n’est pas certain que le rejet du gouvernement profite au FDG. » (Donc vite, tous, dans le giron du PS !)

« Si François Hollande parvient à inscrire la baisse du chômage dans la durée, jusqu’aux élections, on peut imaginer que certains électeurs de gauche, déçus par le gouvernement, renonceront à se tourner vers le FDG ! (Compte là-dessus et bois un coca !)

« Pour remobiliser, la constitution d’un front, débarrassé des fissures entre communistes et membres du Parti de gauche, pourrait remobiliser les électeurs. » (Fissures anales ? C’est douloureux, ces trucs-là…)

Il faudra quand même que le PS, membres du gouvernement et chef de la propagande y compris, comprennent bien qu’une immense majorité du FDG NE VOTERA PAS PS ! PLUS JAMAIS ! EN AUCUNE CIRCONSTANCE ! Et ne nous menacez pas de la droite car vous êtes pires que la droite !

Et puisqu’on parle du PC et de ses fissures , félicitons Pierre Laurent, cet admirable négociateur, qui a obtenu ,non seulement des sièges d’élus, un siège de sénateur mais , un effacement de 4 millions de la dette de l’Huma.  
Merci papa Noël.
 http://lexpansion.lexpress.fr/entreprise/le-gouvernement-tire-un-trait-sur-les-dettes-du-quotidien-l-humanite_419066.html

Je terminerai par une impression que j’ai eue en participant à la marche du premier décembre. 

Arrivant en vue de Bercy, la foule étant nombreuse et serrée , les drapeaux  figurant des lances, le ciel, tout à coup, se déchirant et dévoilant au bout de la rue les hautes murailles de Bercy, j’ai été saisie de ce qui avait dû tant de fois se produire, ces armées, conduites devant d’immenses forteresses, et ces hommes, leur pauvres armes à la main, voyant, au sommet de la colline, ce monstre de pierre qu’ils allaient devoir défier. Se disaient –ils : « C’est peut-être mon dernier jour. »  Leur cœur  bondissait-il à l’idée de défendre la patrie et de se battre pour les leurs...  

 Je dois avouer que j’ai été fière ce jour-là d’appartenir à cette élite qui, en ce 1 décembre frisquet, n’était ni au lit, ni au ciné, ni devant  la télé, ni dans un supermarché, mais dans la rue, en se disant  que la patrie était en danger et que l’inquiétude de treize personnes dans la rue, (les douze et moi) n’en inquiétait pas moins, beaucoup, vu la suite, la Grande Salope Oligarchique qui règne sur nos vies. 

 Les avalanches ne sont d’abord que de petits  flocons…Qui croirait, à la première chute, qu’elles puissent ensevelir des montagnes ?

Posté par Jocegaly à 22:11

vendredi 6 décembre 2013

Madiba, au revoir !


C'était hier soir, à 21h30 GMT, que le monde a appris que l'un des plus grands hommes qui ont fait la seconde partie du XXe siècle nous a quittés.

Nelson Mandela, 95 ans, passa 27 ans dans les geôles de l'Apartheid. Le fondateur de l'ANC réussit à susciter l'admiration de Frederik de Klerk, le président blanc de l'époque qui avait succédé à un Botha bien plus obtus et revanchard, en même temps que celle du monde entier par sa lutte irréprochable et digne.

Comme son ami l'évêque Desmond Tutu, il pratiquait une sorte de philosophie de la vie très africaine, très ancrée dans les tradition de ses ancêtres, l'Ubuntu. Desmond Tutu explique ainsi cette notion, tellement éloignée des canons du capitalisme triomphant, individualiste, élitiste, mortel :
« Quelqu'un d'ubuntu est ouvert et disponible pour les autres, dévoué aux autres, ne se sent pas menacé parce que les autres sont capables et bons car il ou elle possède sa propre estime de soi — qui vient de la connaissance qu'il ou elle a d'appartenir à quelque chose de plus grand — et qu'il ou elle est diminué quand les autres sont diminués ou humiliés, quand les autres sont torturés ou opprimés. »

De tels mots dont je partage les significations depuis longtemps, c'est au monde entier qu'il faudrait qu'ils s'appliquent. Peut-être alors pourrions-nous tous, sans rougir, porter le nom d'humains.

Ne crains pas, Madiba : tes continuateurs vont œuvrer pour que ton idéal non seulement ne soit jamais perdu, mais qu'il soit enfin celui de tous.  Avec Albert Schweitzer, Martin Luther King,   Mohandas Gandhi ,   Aung San Suu Kyi tu auras apporté à ce monde un message au-delà toutes les frontières, tous les clivages, toutes les haines que suscitent les accapareurs partisans du diviser pour régner. Les imbéciles !

Ne pleurez point, amis. Au contraire chantez, répandez l'Ubuntu et l'amour de nos frères humains, surtout ceux que tenaillent l'âpreté du gain et le goût de la puissance au détriment de tous. Chacun sait combien ce combat pacifique sera long encore, il suffit de voir ce qui se passe en Somalie, au Mali, en Palestine occupée ou prisonnière, mais aussi plus près de nous ces Rroms que des têtes de pays se renvoient comme s'il s'agissait de pestiférés. La honte en rejaillit sur tous.

mercredi 4 décembre 2013

La République 6.0

Bonjour, lecteurs, blogueurs, passants, blêmes humains désemparés. Ces quelques mots n'engagent qu'un blogueur, et c'est très bien car chacun peut apporter sa pierre, son minuscule caillou, son grain de sable on son monolithe étrange et péremptoire.

La démocratie est un piège tendu par ceux qui ne veulent surtout pas la permettre, un leurre où des "représentants du Peuple" ne représentent que ceux qui les ont présentés au même peuple pour qu'il acquiesce. Beau piège, n'est-ce pas !

Pour accomplir une véritable transformation des rapports de force, certes une Sixième République sera nécessaire, mais combien elle sera singulière pour qui n'a pas songé à ce qu'elle doit représenter de seuils en regard de ce que chacun connaît ! La Sixième République doit être la Chose Publique à part entière, ce qui signifie que chacun doit chaque jour s'en emparer, chaque jour qu'il vit. Quelle désillusion pour ceux qui penseraient s'y reposer sans le moindre effort !  Certes, un Maire sera sans doute parfois nécessaire, car entre plusieurs choix se tenant de front il faudra trancher "à la Salomon" : mais ce sera un cas fort rare.

Makhno
La République 6.0, ce n'est pas une ressortie d'un projet mort-né, même se croyant "sérieux" parce que jailli d'une Révolution dont chacun sait ce qu'elle fut : l'appropriation par une bourgeoisie avide des aspiration d'un Peuple à la fois exsangue et naïf. Non, la République 6.0 doit se révéler comme une notion toute neuve, une nouvelle donne réelle où les profiteurs n'ont pas place : c'est dire combien le seuil est énorme. Il faut ce seuil, ou tout simplement il n'est aucunement nécessaire de faire effort, pour un résultat vain. La République 6.0, il faut en rechercher les prémisses à Marinaleda, sur la ZAD de Notre Dame des Landes, et plus loin encore dans la Commune Insurrectionnelle de Paris. Elle s'est appliquée en Ukraine, grâce à Makhno, mais les Bolcheviks ne pouvaient supporter une telle présence du Peuple lui-même aux longerons de sa destinée. Ne pas oublier que le vrai politicien d'une République 6.0 ne peut être jusqu'au bout qu'un humble tâcheron comme les autres, soumis à la vraie volonté de ses semblables : il faut être" un grand homme", pour se faire petit à ce point.

La République 6.0, œuvrons à sa naissance officielle, battons-nous pour elle, et puis, à l'heure où enfin "le Peuple souverain s'avance", retournons dans l'ombre de ceux qui ont simplement fait leur devoir. Ce qui n'empêche pas de rester encore plus vigilants, pour éviter qu'un autre ne se prenne pour un nouveau Bonaparte, et ne tue une Grande cause au nom de sa propre ambition.

Il faut s'avouer que, parmi les formations politiques officielles, même relativement confidentielles, aucune y compris le Front de Gauche, le NPA, LO.... ne présente une telle perspective. Il s'agit de quelque chose de réellement nouveau,  dérangeant comme un moustique obstiné, mais nécessaire.

Signé : un Égalitaire (déjà, çà craint !)


samedi 23 novembre 2013

Miko Tsukamoto témoigne de la tragédie de Fukushima (témoignage reçu grâce au Blog de Fukushima)

transport du premier container
A Fukushima, rien n'est résolu encore. Seul progrès, un premier container de 22 assemblages de combustible neuf a pu être extrait du réacteur N°4. Celui-ci en contient 1511, dont 1100 environ sont de produit usé, donc très dangereux et très radioactif. Si tout va bien, ce transfert dans une piscine de longue durée prendra plus d'un an. Mais personne n'en parle plus, ni des fuites qui surgissent de partout, ni des risques d'effondrement en cas d'un nouveau séisme d'importance. Tout le Japon est concerné par les retombées, en particulier des cendres de déchets : car les autorités, ces malheureuses, continuent à incinérer sans vraies précautions ces déchets dont elles ne savent que faire, et les vents font le reste, polluant la nourriture, pénétrant dans les poumons. Quant aux déchets incinérés mais toujours un peu radioactifs, ils sont incorporés dans des dalles de ciment, dans les routes... Vous étiez au courant ?

En quelque sorte, le Monde a déjà passé le Japon entier pour profits et pertes. Une pensée pour ceux que nous connaissons, et qui vivent désormais là-bas depuis des années. Et bien entendue la pensée envers tous les autres, ceux que nous ne connaissons pas, ne doit pas quitter notre esprit.

Japon = Titanic : mais , ô horreur, les humains vont assister petit à petit à un navire qui sombre pendant que les officiers de bord, mais aussi tous les autres capitaines, ne font rien. Il y a peut-être une raison à ce cynisme : s'agissant d'un pays doté d'une telle population, ils ont déjà considéré qu'ils ne pouvaient rien faire. Ce n'est pas vrai bien sûr : évacuer tous les enfants, au moins, serait encore possible. Je suis persuadé que bien des personnes seraient prêtes à les accueillir. Mais une évacuation de dix ou vingt millions d'enfants coûte cher, et les chefs d'États ne veulent pas payer. Alors on ne dit rien, et une belle civilisation, très délicate, va disparaître. Dans cinquante ans, il n'y aura plus de Japon.

Et pendant ce temps-là, une autre centrale aura fait des siennes : peut-être en France, qui sait ! Et probablement l'une de celles qui existent actuellement.

Tout cela est vrai. Le cynisme ou la résignation prédominent. Pourtant quelques-uns ou quelques-unes se battent toujours. Voici un témoignage, recueilli et transmis grâce au Blog de Fukushima. Il est dur !


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19 novembre 2013
Miko Tsukamoto témoigne de la tragédie de Fukushima
Miko Tsukamoto vivait dans la ville d'Iwaki, à 42 km de la centrale de Fukushima Daiichi, avec son mari et ses deux enfants. Après avoir longtemps hésité, elle a décidé de déménager avec sa famille à KitaKyusyu, dans la préfecture de Fukuoka. Elle est depuis très engagée dans une association qui tente d'enseigner aux résidents les notions élémentaires pour se protéger de la radioactivité.
Dans une vidéo mise en ligne à la fin du mois d'octobre, elle dénonce les informations erronées diffusées par les autorités et par les médias. Elle témoigne surtout de son ignorance passée et de la nécessité de s'informer et d'agir pour protéger ses enfants.
Des informations officielles erronées

Depuis le début de la catastrophe qui a affecté la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi, les autorités japonaises n'ont eu de cesse de minimiser les répercussions pour les populations, en faisant croire que la vie en territoire contaminée était possible. Les réfugiés qui ont du fuir la zone d'exclusion sont d'ailleurs maintenus dans l'illusion d'un retour prochain, empêchant la plupart d'entre eux de reconstruire une vie ou du moins un foyer digne de ce nom. Pour ceux qui vivent dans les zones les plus contaminées, aucune compensation financière n'est prévue et le Fukushima Collective Evacuation Trial n'a toujours pas réussi à obtenir justice devant les tribunaux japonais.
Relevé de radioactivité dans un parc de Fukushima : la mesure officielle indique 0,186 μSv/h alors que le Radex enregistre 0,49 μSv/h.

Dans ce contexte, il est toujours extrêmement difficile pour ceux qui souhaitent se protéger d'obtenir des informations fiables. Les mesures de radioactivité officielles sont régulièrement suspectées d'être minimisées pour rassurer artificiellement la population.

La semaine dernière encore, une jeune maman postait un article sur le site Internet de l'association World Network For Saving Children From Radiation pour dénoncer les écarts entre les mesures de radioactivité officielles et ses propres mesures dans les parcs de la ville de Fukushima.
La connaissance comme seul moyen de protéger ses enfants

Face à ce constat, de nombreux citoyens japonais se sont organisés pour procéder à leurs propres mesures de radioactivité, comme par exemple pour analyser la nourriture au sein de laboratoires citoyens. D'autres se regroupent en associations pour apprendre et aider leurs concitoyens à trouver les informations nécessaires pour se protéger efficacement. Face à la perte de légitimité d'une grande partie des autorités politiques, mais aussi médicales (rappelons que le Professeur Shunichi Yamashita, président de l'Association Japonaise de la Thyroïde et Conseiller de la préfecture de Fukushima pour les risques radioactifs, considère que les gens qui sourient sont moins affectés par les radiations), les citoyens japonais n'ont d'autres ressources que d'apprendre par eux-mêmes.

L'artiste japonais 281_Anti nuke dénonce aussi le mensonge officiel qui entoure la tragédie de Fukushima.
C'est toute la force du témoignage de Miko Tsukamoto, qui vient rappeler la difficulté pour les personnes qui vivent au Japon de trouver des informations fiables. Elle témoigne aussi et surtout de la difficulté de résister à la pression sociale pour faire entendre une voie différente et affirmer ses propres positions face au discours ambiant. Dans l'introduction de son témoignage, Miko Tsukamoto précise qu'elle n'a pas pu tout dire, car la vérité est tellement dure que certains refuseraient de la croire. C'est ce qu'elle nomme "la tragédie de Fukushima" : la réalité est tellement insupportable qu'il n'est pas possible de la dire entièrement...
Vidéo du témoignage de Miko Tsukamoto

La vidéo est en japonais, sous-titrée en anglais. La traduction française se trouve sous la vidéo.

Le témoignage de Mme Tsukamoto est accompagné d'un texte introductif :
"J'essaie de me limiter à décrire ce que j'ai vu ou vécu personnellement, ou à ce dont j'ai parlé avec une autre personne. Donc c'est assez limité.

Honnêtement, je pourrais parler indéfiniment des problèmes de santé qui ont nécessité un traitement médical. Par exemple, je pourrais parler du cousin d'une connaissance qui a eu un bébé plusieurs mois après le séisme - ce bébé est né avec un trou dans le cœur. Ou d'une connaissance, de ma sœur et de son mari, et d'un autre parent qui ont tous eu un cancer et ont dû subir une intervention chirurgicale. Et il y a eu près de 20 «Nii-bon» l'année dernière [service célébrant les morts de l'année précédente].

Il y aurait de nombreux cas similaires à partager, mais je les omets à dessein - sinon les gens me traiteront comme si j'étais "mentalement affectée" par les radiations. Je ne peux pas en parler, même si je le voulais. C'est la tragédie de Fukushima."

Miko Tsukamoto
Réseau pour la protection des enfants du Kitakyu




Témoignage de Miko Tsukamoto, évacuée de la ville d'Iwaki
"J'ai évacué volontairement de ma ville natale d'Iwaki pour la ville de Kitakyushu en janvier dernier, à cause de la catastrophe de la centrale nucléaire de Fukushima du 11 mars. Aujourd'hui, je voudrais parler de ce que j'ai vu, vécu et ressenti pendant les 9 mois avant mon déménagement à Kitakyushu, ainsi que de ma situation actuelle.

Je vivais dans la ville d'Iwaki, à 42 km de la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi. Je donnais des leçons de piano et mon mari travaillait comme employé municipal. Avec nos 2 enfants et mes étudiants, nous vivions heureux. Après le 11 mars, notre vie a complètement changé .

La partie nord d'Iwaki était dans la zone des 30 kilomètres, mais le maire a créé l'expression de "rumeur nocive", et la zone d'exclusion a été étendue à notre secteur. Le niveau de rayonnement, qui était de 0,05 microsieverts par heure avant l'accident, est passé à 23 microsieverts. C'est 460 fois [le niveau normal].

Le Professeur Shunichi Yamashita de l'Université de Nagasaki a lancé une campagne de masse indiquant qu'un niveau de 100 millisieverts [par an] était sûr, et cela a été largement accepté par la télévision, les journaux, la radio, les écoles et les conférences. À l'époque, les écoles ont jugé que les activités de plein air étaient sûres, même si le niveau de radioactivité était de 0,5 microsieverts, 10 fois la valeur normale.

Comme 100 millisieverts étaient considérés comme "sûrs", les repas des écoles ont d'abord été préparés à partir de produits locaux (1 mois après l'accident). Nous avons travaillé dur pour recueillir des signatures pour annuler immédiatement la règle de la "production locale pour une consommation locale". Il a fallu attendre le deuxième semestre universitaire cependant pour que la commission scolaire reconnaisse la liberté de refuser les repas scolaires. En d'autres termes, ceux qui ont fait confiance au "principe de sécurité" ont continué à laisser leurs enfants manger les repas scolaires. Il était inutile d'essayer de discuter avec l'école ou les enseignants.

Le niveau de radioactivité extérieur n'est pas cohérent. A dix centimètres de distance, il peut varier de 2-3 microsieverts à 5 microsieverts, ce qui représente 46 fois à 100 fois le niveau de tous les jours. Ce que je n'arrivais pas à comprendre, c'est le fait que les employés municipaux et les enseignants n'ont rien fait pour protéger les enfants contre l'exposition à la radioactivité.

Maintenant, parlons du moment où la centrale nucléaire a explosé. Notre maison n'a subi que des dommages minimes du tremblement de terre du 11 mars. Mais nous n'avions plus d'eau courante dans Iwaki pendant 20 jours. Mes enfants et moi avons fait la queue pendant deux heures le lendemain pour obtenir notre approvisionnement d'eau au camion de distribution.

La première explosion a eu lieu le 12 mars. Les données que nous avons vues plus tard indiquaient 23 microsieverts, 460 fois le niveau normal. Il n'y a eu aucune annonce publique locale pour nous prévenir de rester à l'intérieur, et nous sommes restés dehors pendant 2 heures entières, ignorant l'explosion.

On nous a dit que le Japon était sûr, mais les tests sanguins ont montré que mes deux enfants et moi avons des problèmes de thyroïde, et mon fils a une pustule de 5 millimètres. De nouvelles études disent maintenant que le cancer de la thyroïde est une maladie liée au mode de vie. Si nous développons un cancer, je suspecte que l'on va nous dire que c'est à cause d'une négligence et que le gouvernement refusera d'admettre tout lien avec l'exposition à la radioactivité.

Je voulais que mes enfants aient une anthropogammamétrie [analyse de la radioactivité du corps permettant de déduire la contamination interne, aussi appelée whole body counter] immédiatement après l'explosion. Mais je n'ai pas pu trouver une seule installation qui nous admette. Certaines personnes sont allées aussi loin que Tokyo pour se faire examiner, mais n'ont pas pu obtenir leurs propres données. J'ai appelé plusieurs endroits pour vérifier, mais aucun d'eux ne fournissait les données. J'ai donc fait une enquête au sujet des tests sanguins pour vérifier l'état de la thyroïde, et j'ai été choquée d'entendre qu'il n'y aurait pas d'examens de la thyroïde en masse à Iwaki. J'ai demandé à la préfecture de Fukushima comment je pourrais obtenir des preuves sur l'endroit où nous avons été exposés aux rayonnements, et on m'a dit que "il n'y a aucun moyen".

Mon mari est employé municipal. Il a dit que s'il y avait quelque chose à savoir, il aurait un accès immédiat à ces informations. Mais personne ne nous a informé de l'explosion et mes deux enfants et moi avons été exposés à la radioactivité alors que nous étions à l'extérieur. Mon mari a traité un flot d'appels téléphoniques, même s'il n'a nulle connaissance de la radioactivité, et il a pratiquement mémorisé le contenu des documents distribués par le gouvernement.

Cinq mois après l'accident, le niveau de radioactivité annoncé par la municipalité d'Iwaki était de 0,12μSv par heure. Mais quand j'ai emprunté un compteur Geiger de l'hôtel de ville, je me suis rendu compte que c'était en fait entre 0,24 et 22,14μSv par heure. Des bénévoles ont inspecté les arbres taillés et le sol, et le niveau de radioactivité était de 20 000 Bq / kg. Après avoir vu ces chiffres de radioactivité, mon mari et moi avons tous deux convenu que le gouvernement n'allait pas pour nous protéger.

Par exemple, l'eau du robinet est "ND" [non détectable] selon le site officiel de la ville d'Iwaki. J'ai donc demandé des données sur les radionucléides tels que le strontium et le plutonium, mais on m'a refusé l'accès à ces informations détaillées sur le motif que cela pourrait "perturber les résidents". Au lieu de cela, ils nous ont donné un document expliquant que l'iode et le césium n'étaient "pas dangereux". Cela m'a rendu furieuse parce qu'ils profitaient de notre manque de connaissance.

Ma décision d'évacuer a moins à voir avec la peur des radiations qu'avec l'attitude du gouvernement et des écoles, les mesures de radioactivité que nous avons vu de nos propres yeux, et les problèmes de santé dont ma famille a commencé à souffrir : diarrhée tous les jours, saignements de nez, aphtes, excroissances anormales à l'intérieur du nez... Ce sont les symptômes que ma famille et mes amis ont commencé à ressentir après l'explosion de la centrale nucléaire. J'ai réalisé beaucoup plus tard qu'il y a des problèmes de santé autres que le cancer qui peuvent être causés par la radioactivité.

Ce que l’État annonce est différent de la réalité. L’État espère évidemment que les gens n'accepteront aucune violation de la loi, tandis que les employés publics ne font que suivre les ordres d'en haut. Le système d'information publique vise à nous tromper avec des informations déformées - rien n'est divulgué et rien n'est mis sous forme écrite, le tout pour gagner du temps.

Les écoles ne protègent pas leurs élèves, nos enfants. Ils sont impitoyables envers les parents et les tuteurs qui sont préoccupés par cette radioactivité. Si je fais un panier repas pour protéger mes enfants de l'exposition à la radioactivité, ils sont victimes d'intimidation par d'autres camarades de classe. Même lorsqu'il y a eu violence physique, l'école n'a rien fait pour réprimander les intimidateurs et leurs parents, mais a préféré m'appeler pour m'"apprendre" à ne pas réagir de façon excessive à la radioactivité.

J'ai décidé d'évacuer quand ma fille a développé une phobie scolaire. J'ai essayé de chercher des solutions pour continuer à vivre à Iwaki et j'ai envoyé de nombreuses lettres de demande au gouvernement, mais je n'ai obtenu que des réponses évasives. J'ai essayé de convaincre mes parents âgés d'évacuer, mais ils ne voulaient pas quitter leur ville natale. Mon mari pensait que c'était suffisamment sûr. Ma belle-mère refusait que nous évacuions et disait que je "dépassais les bornes". Je me suis battue contre le gouvernement, j'étais en détresse, et quand mes parents m'ont dit de considérer le bien-être des enfants d'abord, j'ai choisi d'évacuer à Kitakyushu, en laissant mon mari et mes parents âgés à Fukushima.

Comme je vous l'ai dit, ce que disent les médias et les faits sont 2 choses tout à fait différentes. L'autre jour, un rapport intermédiaire sur l'élimination des déchets industriels a été rendu public. Il déclare qu'une entreprise de Fukushima a accepté la boue et la poussière contaminée de Fukushima, Ibaraki, Yamagata et même Kanagawa. Cette société a commencé à fonctionner avant que la ville de Kitakyushu accepte de recevoir des débris, et continue de le faire maintenant. Il y a un tollé concernant l'acceptation des débris, et pourtant les substances radioactives sont incinérées sans rechigner, même s'il n'y a pas de filtre à particules fines installé.

Les médias sont préoccupés par les polluants atmosphériques PM2,5 [particules fines de moins de 2,5 micromètres de diamètre] en provenance de Chine, mais est-ce vraiment vrai ? Les usines de traitement des déchets industriels et les usines de ciment de Kitakyushu recyclent la cendre de charbon de Fukushima. Selon un document officiel de Kitakyushu, la pollution en PM2,5 a été multipliée par plus de 230 fois en avril de l'année dernière, et le niveau a souvent dépassé 100 fois durant les autres mois. Il ne fait aucun doute que la pollution provient du Kyushu ; en d'autres termes, c'est "domestique".

Ce qui est arrivé aux habitants de Fukushima va bientôt affecter tous les Japonais. Je pense que ça va commencer à cause de l'air que nous respirons et de la nourriture que nous mangeons. L'autre jour, il y avait un article dans un magazine d'information local "Donna Mamma" avec les déclarations faites par des professeurs et conférenciers d'université ainsi que par des agents administratifs qui soutiennent que le niveau de radioactivité n'est pas une menace. L'affirmation selon laquelle le niveau de radioactivité n'est pas dangereux est complètement répandue au Japon.

Alors que certains disent que la radioactivité s'est "dispersée" et que nous sommes maintenant en sécurité, les gens sont en fait en train de mourir à Fukushima. Le lendemain de la mort de mon cousin, le mari de mon amie est décédé. Je ne dis pas que tout est causé par les radiations... Mais il y a l'exemple de Tchernobyl...

L’État refuse de l'admettre. Mais nous avons le "droit de choisir" - à partir de ce que nous entendons et voyons, et en examinant les deux arguments selon lesquels la radioactivité est dangereuse ou pas.

Je n'étais pas au courant des dangers des centrales nucléaires, et c'est la raison pour laquelle je me trouve dans la situation actuelle. J'étais ignorante du fait que la radioctivité ne disparaît pas simplement et je tentais de décontaminer l'avant de ma maison - tout en inhalant de l'air contaminé.

Il y a des gens qui vivent à Fukushima, en ce moment. Ils disent tous :
"Nous sommes des cobayes après tout, et si nous essayons d'évacuer nous ne serons pas en mesure de gagner notre vie car il n'y a pas de compensation du gouvernement."
"Je ne veux pas perdre mon style de vie."
"Si l’État dit que c'est sans danger, alors c'est sûr."
" Beaucoup de gens sont en train de mourir , hein ?"
" Il n'y a rien que nous puissions faire, c'est inutile, alors pourquoi s'embêter ?"
"Je ferais mieux de me concentrer sur des choses positives."
Et ils continuent leur décontamination, mais les eaux usées contaminées se transforment en boue et en cendres d'incinération, qui à leur tour produisent des déchets hautement radioactifs. Les gens refusent de faire face au fait qu'ils finiront par revenir les hanter
.

La décontamination est inutile. Je l'ai essayée moi-même et je le sais. Le niveau diminue de 0,5 à 0,2, puis revient à 0,5 deux semaines plus tard. C'est la réalité. Où vont ces énormes quantités de sols pollués après la décontamination ? Si l’État voulait gérer de façon responsable les déchets, ils les auraient fait prendre en main par des entreprises d'élimination des déchets industriels ... mais là encore, ils seront recyclés en ciment, en poteries et en boues, et finiront par nous revenir.

C'est important pour nous de nous reposer et de récupérer, mais cela n'aidera personne de manière fondamentale. Je crois que la seule façon de nous en sortir est de mesurer les niveaux de radioactivité et de divulguer les faits, ce qui garantit une compensation suffisante, et ensuite permettre aux résidents de Fukushima de prendre leurs propres décisions.

Ne dispersez pas la radioactivité, mais contenez-là à l'intérieur de Fukushima. Le tombeau de mes ancêtres est à 2 kilomètres de la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi. S'il vous plaît, laissez les déchets radioactifs là-bas. Il y a beaucoup de résidents de Fukushima qui pensent ainsi, bien qu'ils y aient des tombes d'ancêtres, des maisons ou de grandes propriétés terriennes. Mais ils sont ignorés.

En mars de cette année, je suis allé au village de Samekawa dans la préfecture de Fukushima pour arrêter la construction d'une installation expérimentale d'incinération de paille de riz, dans laquelle on a mesuré un niveau de radiation de 8 000 bq[/kq]. Une conférence de presse était prévue et tout ce que nous avions à faire était de soumettre certains papiers, mais au dernier moment, un individu qui était ostensiblement contre la construction est intervenu et nous a empêché de continuer. Un opposant s'est avéré être un partisan. C'est la réalité que j'ai vécue.

Même pendant la campagne contre l'acceptation de débris contaminés à Kitakyushu, il était convenable de s'inscrire à la manifestation, mais pas de soutenir la conclusion de l'accord sur la prévention de la pollution.

J'avais entendu dire que notre dernier espoir était une réclamation de la coopérative de pêche de Kitakyushu, mais quand nous avons demandé à voir le document officiel, j'ai découvert que la coopérative n'avait pas présenté de réclamation. Ou plutôt, la «réclamation » n'a pas été faite en termes clairs. Les manifestants se réunissaient dans le village de tente après que l'incinération des débris contaminés ait commencé, et pendant ce temps, je me rendais auprès d'un certain nombre d'associations de pêche pour leur demander de déposer une "réclamation", mais seulement 2 ont accepté de me rencontrer, et aucune d'entre elles n'a fait de réclamation.

Si seulement une seule association avait déposé une réclamation, ou si seulement 2 résidents vivant à proximité de l'incinérateur avait fait une demande d'accord sur la prévention de la pollution... Il y avait tellement de pression pour empêcher les gens de prendre de telles mesures, et moi, évacuée de Fukushima, je me sentais en situation d'échec. Après avoir vu la réalité de cette prétendue campagne de "protestation", j'ai perdu tout espoir que Fukushima ne soit jamais "sauvée".

Tout comme le mensonge éhonté qu'un filtre à particules fines peut éliminer pratiquement 100% du césium, je pense que [le gouvernement] va installer un filtre HEPA et déclarer que Fukushima est sûr, puis construire des usines d'incinération à 8 000 bq[/kg - taux de radioactivité dans les cendres d'incinération] à travers le Japon et des centrales biomasses utilisant le bois de Fukushima.

L’État a beaucoup d'argent pour empêcher les gens de poser des questions en manipulant les médias, créer une certaine «humeur» dans le pays en publiant de fausses informations, et soutenir des campagnes pour convaincre ceux qui ne sont d'accord, et "encore une fois, nous nous retrouvons sans le savoir par n'être qu'une partie du troupeau".

Ce que je crois être un véritable lien ne peut être fait en suivant aveuglément les paroles de ceux qui sont "au sommet". Au contraire, il s'agit de nous apprendre les uns aux autres ce que nous ne savons pas, en partageant l'information et en continuant d'apprendre, puis en passant cette connaissance à ceux qui nous entourent. Avec plus de courage, nous pouvons informer les associations de pêcheurs et les personnes résidant à proximité des installations d'élimination des déchets, des incinérateurs de déchets industriels et des cimenteries - établissements que l’État va tenter d'influencer et de contrôler.

De la même façon que la ville de Kitakyushu a organisé des "rencontres explicatives pour une personne" pour le président de l'association des résidents quand ils ont décidé d'accepter les débris, nous avons besoin de "sessions d'étude pour une personne" pour les résidents locaux, car c'est la seule façon de protéger nos enfants.

J'ai été trompée par les médias et cela a permis que mes enfants soient exposés aux radiations. Parce que j'étais ignorante et que je n'avais que des connaissances superficielles, je ne pouvais pas protéger mes enfants, malgré que nous ayons évacué. La seule chose que je peux faire, c'est dire aux autres ce que j'ai vécu. J'espère que cela vous aidera à faire les bons choix. Si cela est possible, apprenez et partagez avec les autres.

Ne vous trompez pas sur les faits. Les faits deviendront évidents si vous avez le courage et prenez l'initiative de penser et d'agir par vous-même.

Notre dernier espoir se trouve dans la municipalité locale. Nous devons commencer par "l'éducation de résidents", puis la formation des enseignants et des employés municipaux par des résidents informés. C'est le seul choix que nous ayons. J'ai appris de première main qu'il n'y a aucun moyen de protéger mes enfants tant que je n'agis pas, quel que soit le fardeau que cela puisse représenter.

Peu importe ce que cela me coûte de prendre soin de mes enfants, j'espère continuer à faire du mieux possible."

Ce texte a été traduit depuis sa version rédigée en anglais. Il s'agit donc de la traduction d'une traduction, ce qui peut entraîner de légers écarts avec l'original.

Vous pouvez retrouver la version écrite en japonais ici et la version écrite en anglais ici.

jeudi 21 novembre 2013

"La pensée est le langage de la vie réelle" (Karl Marx) - Le Grand Soir

Grâce au Grand Soir, découvrons ensemble les arcanes de la pensée, de son siège, de ses mécanismes : en avoir cette connaissance aide à comprendre bien des situations. L'auteur du texte nous amène à des découvertes surprenantes.


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20 novembre 2013

"La pensée est le langage de la vie réelle" (Karl Marx)

Yann LARGOEN

Digressions iconoclastes sur l’autonomie conquérante et autres sujets qui fâchent ... Mais au fait, d’où nous viennent nos idées ?

Voilà une question intéressante en soi, mais plus encore pour ceux qui entendent faire partager leurs idées au grand nombre dans une visée politique. La réponse qu’apporte le sens commun à cette question est que notre esprit ferait une sorte de tri entre toutes les idées disponibles et assemblerait méthodiquement, avec une sorte d’honnêteté intellectuelle, celles qui seraient les mieux fondées, étayées et documentées.

La conséquence qui découle de cela est que pour diffuser nos idées, il faudrait se montrer imparable du point de vue de l’argumentation, batailler pied à pied pour démontrer l’infériorité objective des idées contraires, les battre aux points en quelque sorte, sur le ring de la Raison. Le débat politique serait alors une sorte de match sans fin entre les idées dont seules les « meilleures » d’entre elles auraient les plus grandes chances de sortir vainqueurs de la confrontation.

La victoire du non au referendum sur le Traité constitutionnel a ainsi souvent été présentée comme résultant de l’extraordinaire qualité critique des analyses du texte, menées notamment sur internet, lesquelles sont entrées dans chacun de ses détails techniques pour en montrer la nocivité. Cette vision, défendue le plus souvent par les militants sur-scolarisés qui avaient méritoirement mené ce travail à bien, est assez mal fondée.

Les analyses en question ont sans doute joué un grand rôle, mais davantage par l’image générale de sérieux qu’elles donnaient des partisans du non et surtout par le fait qu’elles ont en partie privé l’adversaire du choix des thématiques de campagne. Mais elles ont davantage mobilisé (et donc incité à voter) un électorat déjà largement hostile à l’Europe telle qu’elle se faisait, qu’elles n’ont réellement fait changer d’avis ceux qui y étaient foncièrement favorables.

D’ailleurs sur un plan plus général et personnel, si on veut bien se souvenir de la manière dont nos idées nous sont venues à nous-mêmes puis on grandi et évolué en nous, on se rend compte qu’au départ nos grandes options fondatrices ne doivent pas grand-chose à l’analyse intellectuelle de notre environnement, quelques soient les efforts que nous ayons produits en ce sens. Mais que cette analyse est venue dans un second temps du développement de notre conscience politique, pour justifier et conforter des options que nous avions déjà prises.

Car contrairement à une conception répandue, notre esprit n’est pas rigoureusement séparé entre des lieux où s’exercerait la pensée rationnelle, pesant et soupesant les arguments réfléchis pour en faire la synthèse et produire des idées, et d’autres lieux qui seraient ceux des émotions des sensations et des rêves, bref des sentiments.

Lorsque nous sommes d’accord avec quelque chose, c’est d’abord parce que cette chose nous plaît et nous séduit, parce qu’elle trouve sa juste place dans l’environnement émotionnel que nous nous sommes construit depuis notre enfance pour nous protéger de l’adversité, parce qu’on est raccord avec elle comme on dit, qu’elle nous donne du bien-être intérieur en quelque sorte.

Ce n’est que par la suite que notre cerveau va construire des théories pour créer des rapports entre toutes les choses qui nous font du bien, fabriquer ainsi des idées dont c’est comme la raison d’être de nous permettre d’en parler aux autres dans un langage commun les faisant réagir, et ainsi peut-être de conforter nos sentiments pour se sentir mieux encore au monde.
Tant et si bien que sous cet angle aussi, pourtant très éloigné de ce que voulait signifier Marx « la pensée est le langage de la vie réelle ».
Mais au fond de nous-même et sans savoir pourquoi, quelque chose nous dit que c’est mal, on préfèrerait qu’il en aille autrement, que les idées ne soient pas polluées par les sentiments et c’est pour cela qu’on s’obstine dans cette croyance en leur caractère purement intellectuel et d’une certaine façon en leur altérité au sein de notre altérité. C’est peut-être parce qu’on nous a bien endoctrinés à l’école avec ces histoires à dormir debout de lutte entre la passion et de la raison, comme si les deux moteurs de la pensée travaillaient en opposition l’un à l’autre.

Pourtant, on n’hésite pas à dire qu’on « a le sentiment que » ou bien qu’on « aime cette idée » ou encore qu’on est « séduit par un raisonnement » alors même qu’on essaie de construire un discours intellectuel avec force arguments se défiant précisément de toute sentimentalité et de toute subjectivité. C’est que le cœur a ses raisons que la raison ignore, lesquelles finissent toujours par prévaloir dans la formation et l’expression de notre pensée.

Dans un registre assez voisin, il est mal vu de s’en prendre aux personnes quand on est en désaccord avec leurs idées. C’est considéré comme un signe de faiblesse, d’incapacité à démontrer le bien-fondé de notre position. Cependant on a tous fait l’expérience dans des discussions, que cette façon de procéder est bien plus efficace (en tous cas pour "convaincre" l’auditoire) que celle qui consiste à démonter l’argumentation de notre contradicteur à l’intérieur de son propre registre.

Lorsqu’on dit que Moscovici est un salopard quand il tranche comme on sait avec sa bande dans l’affaire de Chypre, chacun comprend qu’on est au cœur du sujet, bien mieux que si nous disputions tel ou tel aspect technique de la position qu’il soutient et dont on sent bien qu’elle nous ferait perdre notre âme si on s’y laissait enfermer.

Un peu comme bien souvent, alors qu’on ne partage pas le point de vue de notre contradicteur, la compréhension « d’où il parle » de même que la compréhension de « qui parle » nous permet de contrôler la situation dans laquelle sa rhétorique cherche à nous enfermer. Tel expert financier invité par la télévision est payé par le système bancaire à titre de consultant : cela nous suffit pour ne plus porter aucun intérêt à ce qu’il dit. Et l’on aura beau surmultiplier les arguments rationnels, c’est toujours le jugement de valeur final (Hollande est le caniche de l’Empire, par exemple) qui emporte l’adhésion, plus que les bavassages sans fin autour des idées.

Les luttes collectives pour des idées sont apparues en même temps que les luttes visant à libérer l’homme des croyances religieuses, condition et conséquence des progrès démocratiques. Mais on peut se demander si cette survalorisation du rôle des idées, dans la confrontation politique notamment, n’est pas devenue aujourd’hui instrumentalisée par l’idéologie dominante pour affaiblir l’impact de la contradiction qu’on lui oppose. Il est en effet beaucoup plus facile de contrôler les idées que les ressentis et les valeurs qu’elles expriment.

Cette façon de surprivilégier les idées en disqualifiant a priori ce que nous appelons ici les sentiments lui donne un avantage concurrentiel indéniable. Notamment en ce qu’elle favorise les milieux sociaux qui du fait de l’éducation qu’ils ont reçue, ont acquis la capacité de formuler leurs idées, l’interdiction de parole des autres étant dès lors définitivement actée.

La diabolisation du populisme procède de cet intérêt des puissants à circonscrire le débat à l’intérieur du champ qu’ils ont eux-même périmétré autour des seules idées et dans lequel ils sortent vainqueurs de toutes les controverses. La sacralisation de la réussite scolaire à l’inverse, et le recrutement de plus en plus exclusif des élites de toutes sortes dans le seul vivier des premiers de la classe (y compris là où on s’y attend le moins) constitue la garantie la plus sûre de la perpétuation sociale des représentations idéologiques qui assurent l’hégémonie de la pensée dominante.

Il ne peut en effet y avoir de réussite scolaire sans une grande capacité à se lover dans les constructions intellectuelles pures qui servent aux puissants à masquer la trivialité des intérêts qu’ils poursuivent. Et cette capacité ne peut généralement s’avérer sans un excellent niveau d’adhésion au référentiel psycho-affectif qui en constitue la petite musique sous-jacente. Car on ne peut réellement comprendre ces constructions sans entrer dans une sorte de relation de connivence avec ce terreau infra-politique sur lequel s’opèrent donc en dernière analyse les processus de sélection dans l’enseignement.

C’est l’intérêt du parler "cru et dru" que de faire une meilleure place aux sentiments et aux valeurs dans l’expression des conceptions qui ne sont plus alors des ectoplasmes asexués ressemblant comme deux gouttes d’eau au discours de l’adversaire, même lorsqu’on croit dire le contraire. Ce parler-là capte l’attention, fait réagir, parce qu’il s’adresse aux couches profondes de notre personnalité, celles qui abritent nos valeurs et les assument, contrairement au robinet d’eau tiède du parler conforme qui ne les atteint pas, ou seulement à raison de 1,9 % du corps électoral comme à la présidentielle de 2007. Sa musique est d’une certaine façon en harmonie avec ses paroles.

Arrêtons-nous un instant sur cet aspect. On nous dit parfois qu’on est assez d’accord avec ce que nous disons mais pas avec notre façon de le dire. Tout se passe alors comme si notre interlocuteur nous suivait dans notre cheminement intellectuel mais se trouvait arrêté par la forme de notre énoncé jugée excessive, voire agressive ou pis encore vulgaire. Au fond, il nous reproche essentiellement de ne pas solliciter de la grande bienveillance de notre adversaire le fait d’avoir l’obligeance raffinée de bien vouloir avec élégance et courtoisie nous céder sa place. Autant dire qu’en fait, il n’a rien saisi du fond de notre propos puisque celui-ci énonce fondamentalement notre intention de lui prendre sa place, au besoin de vive force démocratique.

On voit bien là qu’on est dans un dialogue de sourds dans lequel notre interlocuteur fait semblant de nous comprendre mais ne nous comprend pas. Il est en fait d’accord avec tout le monde [comme c’est extrêmement fréquent] et toute son activité intellectuelle est comme transcendée par son unique objectif d’apaiser les tensions entre les camps quels qu’ils soient. Et quel que soit le sujet de la controverse. Un autre jour, il défendra l’idée inverse parce qu’il lui apparaîtra à ce moment-là que la source principale des tensions vient de l’autre côté.

C’est d’ailleurs ce qui nous garantit à terme son ralliement à notre camp lorsque les rapports de forces auront changé, un peu à la manière [toutes choses égales par ailleurs] de ces gens acquis à Pétain qui ont volé au secours de la victoire au moment de la Libération.

Parce que le paradigme dans lequel il fonctionne lui enjoint de n’entrer en conflit avec rien ni personne de plus fort que lui, c’est l’alpha et l’oméga de tout le processus de socialisation qu’il a connu et il n’en démordra jamais. Ses idées superstructurelles ne lui servent, comme tout un chacun, qu’à conforter ses fondations infrastructurelles, lesquelles lui enjoignent ici de protéger sa relation à l’ordre établi, d’être « du côté du manche » comme dit le bon sens populaire dans l’infinie clairvoyance de son imaginaire.

Il s’agit bien sûr de beaucoup plus que quelques avantages ou indemnités qui corrompraient son jugement : c’est tout son rapport au monde qui est en jeu dans ce positionnement et tout le bien-être que celui-ci lui procure qui joue un rôle déterminant, bien davantage que les avantages matériels que peuvent lui conférer les fameuses places. Il n’est pas non plus déterminé par une conception intellectuelle ou une vision stratégique dont il est, de l’une comme de l’autre, assez largement dépourvu si ce n’est utilitairement comme habillage a posteriori et dans une forme socialement valorisante de ses besoins psycho-affectifs.

On perd son temps à vouloir le convaincre car son mode de pensée est le plus souvent aux antipodes du nôtre, alors que son expression nous donne au contraire l’illusion d’une grande proximité. En fait nous sommes victime d’un leurre qui nous fourvoie dans l’interprétation que nous avons qu’il appartiendrait à un segment de l’opinion facilement ralliable à nos conceptions et notre combat.

Il n’y a sans doute pas plus éloigné de nos bases que l’électeur moyen de Montebourg à la primaire socialiste, ni que les militant de l’aile gauche socialiste ou les tenants de la ligne Hue au sein du PCF. Ce qui nous différencie de la majorité d’entre eux et du même coup nous fédère, c’est que [sans qu’on puisse se l’expliquer] nous ne sommes pour notre part jamais parvenus à développer les stratégies mentales nous permettant d’être en osmose avec le monde tel qu’il est. La manière que nous avons de le comprendre ne nous a pas conduits à l’accepter.

C’est d’ailleurs également ce qui nous oppose aux membres de l’élite (et ne les y opposent pas) dont les positions sociales procèdent exclusivement de cette sorte de faculté mystérieuse qu’ils détiennent d’être « bien au monde », d’où notre façon extrêmement juste de les qualifier de « satisfaits ».

Nous faisons donc erreur en nous fiant à des apparences de cousinage idéologique alors que le discriminant essentiel, la rage que nous inspire le monde tel qu’il va et le besoin vital d’y résister qui va avec, les positionnent beaucoup plus loin de nous que d’autres groupes socioculturels auxquels nous hésitons davantage à nous adresser. Nous nous enfermons là dans une sorte de géographie politique finalement très superficielle et pour tout dire encore une fois platement scolaire, qui nous fait gaspiller en pure perte notre énergie.

Nous sommes beaucoup plus forts et efficaces dans nos campagnes républicaines radicales et dans nos combats frontaux contre les politiques libérales, antisociales, impérialistes, sécuritaires et racistes que dans nos tentatives de séduire cette gauche purement verbale qui n’a pas de parole. Et qui nous fera toujours défaut car elle plonge ses racines profondes dans l’acceptation de sa propre domination, vécue et pratiquée sans pour autant être pensée ni exprimée, comme procédant d’un ordre éternel des choses qui fondamentalement lui convient.

La conception mortifère selon laquelle les idées gouvernent les comportements politiques ne tient décidément pas et nous mène à des impasses. D’ailleurs la plupart des représentations politiques fondamentales se laissent difficilement enfermer dans des constructions intellectuelles. On peut sans doute démontrer avec force arguments rationnels que la justice sociale est la condition du progrès humain. Mais le contraire est également vrai dans certaines séquences historiques et on sent bien que ce n’est pas fondamentalement la Raison qui nous conduit à militer en sa faveur.

Nous ne sommes pas que des êtres rationnels, sinon les pauvres ne voteraient pas à droite. Le poète nous dit bien plus de choses sur nous-même que le psychiatre et celui-ci bien plus que l’éditorialiste. Et les plus grandes découvertes scientifique ont souvent été réalisées à partir de recherches fondées sur l’intuition que quelque chose d’important se cachait dans tel champ d’investigation, sans que les chercheurs soient en mesure d’énoncer rigoureusement pourquoi à partir d’une argumentation construite.

Et puis enfin, si nous étions tellement soucieux de fonder rationnellement nos engagements politiques, nous n’aurions de cesse de nous repaître des analyses qui les contestent alors que nous sommes spontanément enclins à les confronter dans l’entre soi des cercles qui en partagent l’esprit. Les idées et singulièrement les idées politiques sont des constructions intellectuelles nécessairement réductrices, qui nous permettent d’entrer dans une relation gratifiante au monde, telles des médiatrices bienfaisantes et protectrices entre lui et nous-mêmes.

Cela ne signifie évidemment pas que les batailles d’idées seraient inutiles. Elles permettent simplement (ce qui est très important) de cultiver les champs qui sont prédisposés à accueillir ces cultures mais n’ont aucune autre portée que celle-là. Pour rendre les grandes plaines propices à la germination de notre projet politique, c’est la bataille des valeurs qu’il faut mener (comme le font nos adversaires avec grand succès) les rapports de forces idéologiques et politiques suivront alors nécessairement.

Car nos idées politiques ne sont jamais que l’expression domestiquée de ce curieux bruit de fond qui nous habite, fait de bruit sans doute, mais aussi de fureur, de tumulte et de fracas ... et qui constitue au final l’identité même de notre camp.

Le Front de gauche est ainsi traversé par deux visions fondamentalement différentes de la situation politique, très largement masquées par des analyses convergentes sur l’essentiel, de même que par son unité de pensée et d’action autour d’un programme partagé.

L’interprétation de l’abstention électorale à gauche dans la période récente offre un terrain particulièrement propice à la compréhension de ce clivage quasi anthropologique qui ne tient pas tant à une analyse différente de la situation politique qu’à un différentiel profond du rapport au monde des divers protagonistes.

Pour les uns, les électeurs de gauche ne se déplaceraient plus car ils seraient déçus des politiques poursuivies par un pouvoir de gauche qui renierait toutes ses promesses, trahirait ses soutiens, lesquels ne les auraient pas élus pour ça, etc. Cette vision débouche logiquement sur l’idée qu’il faudrait et suffirait que le gouvernement opère un amarrage à gauche pour que se trouvent refondés des liens de confiance et un appui électoral qui ne demanderaient alors qu’à se réactiver au profit de toute la gauche dans une dialectique vertueuse pour chacune de ses composantes.

De là à penser qu’il faut exercer des pressions à la base pour mettre fin à cette dérive droitière « dans l’intérêt des populations (sic) » et l’on se retrouve avec la stratégie du rassemblement à gauche aux élections municipales, contre les politiques d’austérité.

(Notons au passage, le diable se cachant toujours dans les détails, à quel point l’usage de l’expression « les populations » nous parle à leur insu de la réalité du ressenti de ces sujets quant à leur présence au monde.)

Cette vision a sans doute le mérite d’une certaine cohérence interne et rend compte d’une sorte de compréhension de la façon classique dont on pouvait faire évoluer les rapports de force politiques dans les années soixante-dix. Elle pêche toutefois d’évidence par une sorte d’anachronisme en regard des mutations qui se sont produites dans la société depuis ces temps lointains de la politique.

Car dans cette représentation, rien ne semble avoir changé dans la relation que le corps électoral entretien avec les institutions politiques et leurs représentants élus. On a toujours à faire ici à des représentants légitimes et respectables d’un système politique faisant relatif consensus, offrant toutes possibilités aux classes pauvres de jouer leur partie et finalement assez satisfaisant dans l’ensemble.

Cette adhésion plus culturelle que politique au système s’est manifestée dans la période récente sur d’autres plans. Par exemple dans les réticences à mettre en avant l’exigence d’une VIème république dans le programme « l’humain d’abord » qui s’est de fait retrouvée reléguée au sixième chapitre sans que cette décision fasse l’unanimité.

Il ne faut pourtant pas être grand clerc pour comprendre que les trois quarts des mesures préconisées par ce programme nécessitent des dispositions législatives contraires à la Constitution dans l’interprétation de classe qu’en fait le Conseil constitutionnel. Et que la disparition de celui-ci en tant que chien de garde juridictionnel ultime des intérêts des puissants est la condition-même de la mise en oeuvre de notre politique.

Mais pour eux ce problème ne se pose pas car dans leur "for intérieur", lequel n’est évidemment pas plus gouverné que le nôtre par l’analyse rationnelle des situations, ils ne se mettent pas dans une trajectoire de conquête du pouvoir d’Etat et encore moins dans la perspective de l’application du programme partagé. Le pouvoir local est le seul horizon borné de leur ambition politique, avec éventuellement une participation minoritaire au gouvernement, le jour où on voudra bien les appeler à ce qu’ils prendront pour un honneur.

D’où leur attachement extrême à conserver des positions municipales implicitement considérées comme des fins en soi et non pas comme des moyens de gagner des batailles politiques futures, fusse au prix de quelques pertes. Leur ébahissement affiché devant le succès populaire de la manifestation du 5 mai 2013 centrée sur ce mot d’ordre en faveur d’une VIe République, à laquelle ils ont fini par se rallier après avoir cherché à en infléchir le sens politique, offrait du point de vue de leur coupure d’avec les mutations sus-évoquées, un tableau clinique d’une éloquence rarement rencontrée.

Un autre moment révélateur de leur irrésistible adhésion au système a été la contestation très vive de l’antiélitisme assumé (« qu’ils dégagent tous ! ») qui parcourait les discours de notre candidat à la présidentielle ou encore plus nettement à propos du balai. Tout se passe comme si les tenants de cette vision se trouvaient émotionnellement à leur aise dans la représentation apaisée qu’ils se font du système politique et pour certains d’entre eux, de la valeur qu’ils attribuent à la place qu’ils y occupent. Ils croient sincèrement appartenir aux élites et la dénonciation de celles-ci retentit réellement en eux comme une remise en cause de leur propre identité. Ce n’est évidemment pas eux qu’il s’agissait de balayer, mais contre toute attente, ils l’ont pris comme ça et ce n’est pas fortuit, cela atteste de la nature des liens qui les unissent à leur environnement.

Cette sorte de fixation hystérique sur des modèles de représentation périmés pour des raisons de confort psychoaffectif touche dans notre camp au-delà des élus qui sont matériellement et psychologiquement intéressés par le maintien de leur position dans la représentation qu’ils se font de la hiérarchie sociale, au point que cette situation surdétermine leur positionnement politique.

Elle tend également à se maintenir marginalement dans le rapport sous-jacent que des militants apparemment désintéressés entretiennent avec un système politique qui d’une certaine façon répond finalement à toutes leurs attentes, exceptées leurs attentes politiques sans doute, mais là n’est pas l’essentiel à leur yeux.

Ce syndrome est encore plus répandu dans la masse des électeurs socialistes qui ont trouvé dans la gauche à une étape de leur construction personnelle (très éloignée pour certains d’entre eux mais pas toujours) un référentiel culturel dans lequel ils se sont sentis tellement bien qu’ils n’ont jamais pu se résoudre à s’en séparer. D’autant moins que les contenus réels grâce auxquels ils ont éduqué leur rapport intime au monde ont été jetés par-dessus bord par les pratiques du socialisme de gouvernement à mesure où eux-mêmes, la réussite sociale aidant, adoptaient les angles de vue adéquats à leur nouvelle classe.

En dedans du système qu’ils n’analysent d’ailleurs jamais en tant que système car ils n’en imaginent pas d’autre possible, « intégrés » et dans l’incapacité ontologique de penser qu’il existe un au dehors depuis lequel d’autres liens beaucoup plus gratifiants avec le monde peuvent être tissés en substitution à leurs anciennes amours. Ils poursuivent ainsi leur existence atemporelle en parvenant à se convaincre de la validité toujours vivante de leur engagement, tels des canards décapités qui poursuivent leur course longtemps avant que la mort ne finisse par les surprendre.

Chacun sent bien en lui-même que le « rassemblement le plus large de toute la gauche contre les politiques d’austérité » ressemble à l’union des poules avec le renard pour défendre la paix dans le poulailler, eux non. C’est qu’en-deçà de toute analyse cette image nous bouleverse émotivement, nous rend mal à l’aise, nous dérange et nous irrite au point de la récuser d’instinct, sans-même que nous ressentions le besoin d’échafauder dans l’immédiat une théorie explicative du renard, eux non.

C’est le sentiment qu’il faut être bienveillant avec le renard qui leur vient d’emblée, car il les rassure, les sécurise, ils finissent par prendre le renard sous leur protection dans leur intimité psychoaffective sans doute parce qu’ils redoutent encore plus la perspective et les conséquences, pour eux-mêmes et leur rapport intime au monde, de la guerre à mener contre le renard que le renard lui-même. Et se demandent en fait sans le savoir [peut-être à juste raison] s’ils n’ont pas plus à perdre qu’à gagner dans cette guerre-là.

Un peu comme ces enfants (ou ces adultes d’ailleurs) victimes de maltraitance qui conservent intact leur amour pour leur bourreau sans qu’on parvienne à se l’expliquer vraiment et encore moins à y remédier à la faveur de la cure. Se rattachant à des petits signes dérisoires [telles les prétendues concessions obtenues dans l’établissement du programme municipal parisien] pour s’autoconvaincre de la qualité d’un relationnel ("nous sommes entendus !") dont tout pourtant atteste de la lourde perversité. Et faisant comme si des périls encore plus grave les guettaient [la victoire de l’extrême droite à Paris ressemble beaucoup à ces appréhensions typiquement délirantes] en cas de transgression des liens d’assujettissement qui surdéterminent ici leur discernement jusqu’à l’abolir.

Si la démobilisation de l’électorat de gauche que l’on enregistre depuis l’élection présidentielle traduit comme on est fondé à le penser (exactement comme l’adhésion de l’électorat de droite aux thèses extrémistes) une accentuation nette de la désaffiliation d’avec le système politique, bien au-delà d’un simple désaccord avec les politiques poursuivies, ce n’est certainement pas leur présence sur la liste gouvernementale à Paris qui va l’enrayer.

 Bien au contraire, ce ralliement ne va faire qu’alimenter la défiance légitime qui grandit dans le peuple – pour le meilleur comme pour le pire – à l’égard du système politique dans son ensemble et de ce genre d’arrangements en particulier, clairement ressentis comme s’opérant dans son dos et destinés à le tromper. À cet égard, le soupçon de connivence entre les uns et les autres pour se partager les places et les avantages, les désaccords politiques affichés n’étant qu’un théâtre purement formel, est littéralement dévastateur et constitue bien sûr la cause première de la désaffection électorale.

Mais cela, nos sujets ne le voient pas car la perception intuitive qu’ils ont du paysage dans lequel ils développent leur activité politique leur interdit de le voir sauf à devoir remettre en cause toute leur relation vitale au réel.

Comme ils n’ont pas vu que l’affluence enregistrée lors des réunions publiques des élections présidentielles ne résultait pas tant d’une adhésion intellectuelle des participants à telle ou telle mesure du programme, que de la beauté de la fresque historique dont on nous invitait à poursuivre l’écriture, de la dignité nouvelle que nous nous découvrions et du grand bonheur que nous ressentions à être partie à cette renaissance-là. Et certainement pas d’une quelconque réconciliation avec les formes dépassées du jeu politique traditionnel, bien au contraire.

Comme ils ne voient pas que c’est du côté de l’abstention (laquelle est sans doute, notamment dans son importante fraction politisée, souvent beaucoup moins proche que cette droite complexée des formes de représentation idéologiques dominantes) qu’il y a lieu de rechercher le renforcement de l’influence électorale des idées nouvelles. Comme cela a commencé à fonctionner au 1er tour des présidentielles de 2012 et s’est en suivant complètement étiolé aux législatives (deux fois moins de voix) pour des raisons qu’on saisi mieux à présent, l’idée de faire renaître l’espoir (degré zéro de l’expression politique) n’étant manifestement pas parvenue à rassembler les électeurs en dépit de son caractère indéniablement (!) fédérateur et peu clivant.

A la lecture de toute la littérature rationnelle et argumentée qui a été produite ces derniers mois en faveur de l’autonomie conquérante, on se dit qu’on ne pouvait faire mieux. C’était parfait, tous les chemins ont été empruntés, tout a été dit. Il ne faut pas avoir de regrets, nous avons donné le meilleur de nous-même, on ne pouvait pas donner plus. La difficulté qui nous attendait à Paris ne pouvait être entièrement réduite par l’argumentation rationnelle et la confrontation des idées.

Celles-ci étaient impuissantes à bouleverser ce qu’à la lumière de ce qui précède nous appellerons le conformisme existentiel de survie auquel nous étions confrontés, lequel est insoluble dans les idées car il est enraciné dans des histoires personnelles et des habitudes de vie, des réseaux relationnels aussi, la quête éperdue de considération de la part de la société dominante, la sorte d’imbécilité heureuse et visiblement épanouie qui en découle, le conservatisme affligeant de la pensée et des conduites, la perte du sens historique, l’absence de vision de l’intérêt collectif, bref tout un référentiel psycho-culturel propre au vieux monde [et singulièrement à ses esclaves] dans lequel ils se sentent comme en état de béatitude et sur lequel le discours politique construit n’a pas de prise.

S’agissant des élus, les autres organisations du Front de gauche seraient au demeurant bien inspirées de prévoir dans leurs statuts que leurs candidats ne participent pas aux délibérations internes relatives aux élections auxquelles ils devraient comprendre qu’ils sont davantage présentés qu’ils ne se présentent. Car ce tropisme dévastateur les touchera inévitablement à un moment ou à un autre de leur développement, jusqu’à déboucher sur la stupéfiante liberté de vote des groupes parlementaires et de chacun de leurs membres.

On n’a pas assez analysé la signification du remplacement en 1994 de Georges Marchais par Robert Hue (Président de l’Association des Elus Communistes et Républicains) et de la mise à l’écart des syndicalistes au profit des élus locaux dans l’appareil dirigeant du PCF qu’il a politiquement impulsé, parallèlement aux blablatages sur la mutation qui sont venus l’épauler. Il s’est agi là d’un renversement extrêmement significatif quoique assez peu documenté du rapport de forces entre les deux versants du clivage exploré ici.

Mais aux régionales de 2010 il n’y avait déjà plus que 5 régions sur 22 pour faire des listes d’union PS / PCF au 1er tour. Nous assistons aujourd’hui aux derniers spasmes de cette ligne désespérée visant à conserver envers et contre tous des positions électorales consenties par l’adversaire sans se donner les moyens politiques de les défendre ou de les reconquérir. Il faut faire l’effort de lire ou d’entendre leurs déclarations totalement dépourvues de toute consistance politique [et même de toute consistance de quelque nature que ce soit] pour se rendre compte à quel point ces malheureux complètement dépolitisés sont désormais rendus.

Un peu à la manière de ces prélats d’Ancien Régime que la connivence avec la noblesse de Cour avait aveuglés au point d’en perdre cette foi qui avait pourtant gouverné dans le passé leur rapport à la vie. Mais qui n’en continuaient pas moins à faire étalage de grande piété au sein du diocèse, comme dans un rituel maniaco-compulsif célébrant avec dévotion ce qui les avait autrefois constitués au monde.

Yann LARGOEN
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