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dimanche 5 août 2012

Le Grand Jeu afghan, les USA et l'OTAN


le gros trait noir indique l'ancienne route de la soie
C'est une nouvelle Route de la Soie que les Puissances veulent remettre en place, à leur profit (pétrole, gaz), à partir du gisement très prometteur de Mary, au Tukménistan (l'ancienne Merw).

Bien entendu, pour eux pas question que cette manne profite à l'Iran, à la Russie, ou pire encore à la Chine dont le déficit en sources d'énergie est bien connu. C'est à la fois stratégique, et bénéfique. Or, cette ville qui fut l'un des jalons de la Route de la Soie au Moyen Âge est profondément continentale, dans un pays enclavé entre le Kazakhstan et l'Iran, qui contrôle la mer Caspienne. Impossible par exemple de raccorder un oléoduc sous-marin à Bakou. Et au sud-est, c'est l'Afghanistan...

Par ce pays-là, il est possible d'accéder à l'océan, en l'occurrence le Golfe d'Oman, via un Pakistan plus ou moins favorable (oui, les mains tordues dans le dos, cela existe aussi en relations internationales). La solution fut donc de s'assurer au moins une certaine neutralité de l'Afghanistan, au cours de manœuvres plus militaires que diplomatiques, dignes de ce Grand Jeu dont Rudyard Kipling avait révélé les méandres plus ou moins saumâtres dans Kim. Il s'agit toujours de contrer la Russie, mais aussi une Chine plus dangereuse encore. Et bien sûr l'Iran, qui prend bien de la place aussi bien de ce côté-là que face à l'Arabie Saoudite, aux Émirats, Bahrein, le Qatar...

Le prétexte fut donc de donner aux Afghans, en particulier Patchounes, des armes pour lutter contre un envahisseur russe qui voulait recouvrer l'influence qu'il avait auparavant sur ce pays, influence menacée par un coup d'État. La nature montagneuse du pays signera l'échec des Russes, échec qui ne sera pas pour rien dans la chute de l'URSS.

Cependant, les Patchounes armés, souvent très religieux (Talibans, "étudiants" des madrassas), reprirent la lutte à leur compte, galvanisés par Oussama Ben Laden, saoudien en fuite, et le Mollah Omar, l'un des principaux chefs religieux. Ils s'opposaient aux combattants du nord, plus pro-occidentaux, et au commandant Massoud qui fut assassiné. Les USA, sentant ce pays et ses possibilités géostratégiques leur échapper, envahirent alors l'Afghanistan avec les autres troupes de l'OTAN. Ils établirent alors un régime fantoche, qui perdure malgré son peu d'influence dans le pays. Mais les troupes étrangères commencent à en partir désormais... et rien n'est vraiment résolu pour les ambitions US.

Les oléoducs et gazoducs doivent passer impérativement (dans l'esprit des dirigeants US) par l'Afghanistan pour rejoindre au sud le port pakistanais de Gwadar, à deux pas de l'Iran. Les puissances occidentales pourront-elle, au mépris du droit international, continuer à contrôler suffisamment un Afghanistan où les Patchounes sont majoritaires qui, objectivement, les rejette, et un Pakistan dont les zones limitrophes avec ce pays, sont un no man's land ouvertement hostiles ?

oléoduc en Asie centrale
Le cas est d'autant plus difficile, que l'Afghanistan est producteur de pavot. Quand les Talibans s'en étaient rendus maîtres, ils avaient massivement détruit ces plantations qui les horrifiaient pour les effets pernicieux de leurs produits. Envahissant le terrain, les autorités US avaient obligé les paysans à recommencer cette culture, à leur propre bénéfice (CIA contre FBI, qui lutte contre la drogue). Les Marines partis, cette source de fonds pour les activités subversives de la CIA pourrait bien se tarir.

Malgré leur échec patent aussi bien sur le terrain que politiquement, les USA abandonneront-ils cette contrée ? Eux partis, le Pakistan pourrait bien leur fermer la porte lui aussi. Et le gouvernement de Karzai, le président "élu" mais contesté, saura-t-il conserver suffisamment d'influence pour obliger les Afghans à coopérer à l'acheminement d'un carburant dont ils ne peuvent attendre aucun bénéfice ? Il est permis d'en douter.

Le "Grand Jeu" continue. La Route de la Soie nouvelle formule ne peut plus passer par les contrées d'autrefois. Malgré sa puissance armée, Washington pourrait connaître l'échec. Allons, les paris sont ouverts : Uncle Sam ne pourrait-il pas concocter un de ces petits attentats délicieusement orchestrés dont il a le secret, afin d'avoir un prétexte pour rester ? Quand il s'agit de sa stratégie militaro-financière, le beau pays de Lincoln sait ouvrir largement les cordons de sa bourse, quitte à laisser mourir de faim ou de violences policières ses propres habitants.


2 commentaires:

  1. Après tout, bien qu'il subsiste encore en partie sous une autre forme, l'Empire britannique s'est bien écroulé, comme l'AOF, l'AEF, les possessions belges et allemandes...

    Face aux BRICS, la donne est désormais différente pour le colonialisme "blanc" (il ne s'agit pas de couleur, mais de style de mainmise). L'arrogance est désormais plus difficile à afficher.

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