le gros trait noir indique l'ancienne route de la soie |
C'est une nouvelle Route de la Soie que
les Puissances veulent remettre en place, à leur profit (pétrole,
gaz), à partir du gisement très prometteur de Mary, au Tukménistan
(l'ancienne Merw).
Bien entendu, pour eux pas question que
cette manne profite à l'Iran, à la Russie, ou pire encore à la
Chine dont le déficit en sources d'énergie est bien connu. C'est à
la fois stratégique, et bénéfique. Or, cette ville qui fut l'un
des jalons de la Route de la Soie au Moyen Âge est profondément
continentale, dans un pays enclavé entre le Kazakhstan et l'Iran,
qui contrôle la mer Caspienne. Impossible par exemple de raccorder
un oléoduc sous-marin à Bakou. Et au sud-est, c'est
l'Afghanistan...
Par ce pays-là, il est possible
d'accéder à l'océan, en l'occurrence le Golfe d'Oman, via un
Pakistan plus ou moins favorable (oui, les mains tordues dans le dos,
cela existe aussi en relations internationales). La solution fut donc
de s'assurer au moins une certaine neutralité de l'Afghanistan, au
cours de manœuvres plus militaires que diplomatiques, dignes de ce
Grand Jeu dont Rudyard Kipling avait révélé les méandres plus
ou moins saumâtres dans Kim. Il s'agit toujours de contrer la
Russie, mais aussi une Chine plus dangereuse encore. Et bien sûr
l'Iran, qui prend bien de la place aussi bien de ce côté-là que
face à l'Arabie Saoudite, aux Émirats, Bahrein, le Qatar...
Le prétexte fut donc de donner aux
Afghans, en particulier Patchounes, des armes pour lutter contre un
envahisseur russe qui voulait recouvrer l'influence qu'il avait
auparavant sur ce pays, influence menacée par un coup d'État. La
nature montagneuse du pays signera l'échec des Russes, échec qui ne
sera pas pour rien dans la chute de l'URSS.
Cependant, les Patchounes armés, souvent
très religieux (Talibans, "étudiants" des madrassas),
reprirent la lutte à leur compte, galvanisés par Oussama Ben Laden,
saoudien en fuite, et le Mollah Omar, l'un des principaux chefs
religieux. Ils s'opposaient aux combattants du nord, plus
pro-occidentaux, et au commandant Massoud qui fut assassiné. Les
USA, sentant ce pays et ses possibilités géostratégiques leur
échapper, envahirent alors l'Afghanistan avec les autres troupes de
l'OTAN. Ils établirent alors un régime fantoche, qui perdure malgré
son peu d'influence dans le pays. Mais les troupes étrangères
commencent à en partir désormais... et rien n'est vraiment résolu
pour les ambitions US.
Les oléoducs et gazoducs doivent
passer impérativement (dans l'esprit des dirigeants US) par
l'Afghanistan pour rejoindre au sud le port pakistanais de Gwadar, à
deux pas de l'Iran. Les puissances occidentales pourront-elle, au
mépris du droit international, continuer à contrôler suffisamment
un Afghanistan où les Patchounes sont majoritaires qui,
objectivement, les rejette, et un Pakistan dont les zones limitrophes
avec ce pays, sont un no man's land ouvertement hostiles ?
oléoduc en Asie centrale |
Le cas est d'autant plus difficile, que
l'Afghanistan est producteur de pavot. Quand les Talibans s'en
étaient rendus maîtres, ils avaient massivement détruit ces
plantations qui les horrifiaient pour les effets pernicieux de leurs
produits. Envahissant le terrain, les autorités US avaient obligé
les paysans à recommencer cette culture, à leur propre bénéfice
(CIA contre FBI, qui lutte contre la drogue). Les Marines partis,
cette source de fonds pour les activités subversives de la CIA
pourrait bien se tarir.
Malgré leur échec patent aussi bien
sur le terrain que politiquement, les USA abandonneront-ils cette
contrée ? Eux partis, le Pakistan pourrait bien leur fermer la
porte lui aussi. Et le gouvernement de Karzai, le président "élu"
mais contesté, saura-t-il conserver suffisamment d'influence pour
obliger les Afghans à coopérer à l'acheminement d'un carburant
dont ils ne peuvent attendre aucun bénéfice ? Il est permis
d'en douter.
Le "Grand Jeu" continue.
La Route de la Soie nouvelle formule ne peut plus passer par les contrées d'autrefois. Malgré sa puissance armée, Washington pourrait connaître l'échec.
Allons, les paris sont ouverts : Uncle Sam ne pourrait-il pas
concocter un de ces petits attentats délicieusement orchestrés dont
il a le secret, afin d'avoir un prétexte pour rester ? Quand il
s'agit de sa stratégie militaro-financière, le beau pays de Lincoln
sait ouvrir largement les cordons de sa bourse, quitte à laisser
mourir de faim ou de violences policières ses propres habitants.
La fin de l'Empire ?
RépondreSupprimerAprès tout, bien qu'il subsiste encore en partie sous une autre forme, l'Empire britannique s'est bien écroulé, comme l'AOF, l'AEF, les possessions belges et allemandes...
RépondreSupprimerFace aux BRICS, la donne est désormais différente pour le colonialisme "blanc" (il ne s'agit pas de couleur, mais de style de mainmise). L'arrogance est désormais plus difficile à afficher.