Aujourd'hui c'est dimanche. Certaines
personnes plus très nombreuses dans notre pays vont "s'endimancher"
pour satisfaire à des traditions et préceptes, selon leurs
convictions et ce qu'elles pensent être des obligations. Cela me
fait repenser à cette polémique qui s'est élevée à propos d'un
groupe de parlementaires français qui sont allés à Rome en
délégation, ont été reçus par le chef du Vatican et à qui
celui-ci a tenu un discours manifestement "à clef".
Le pape François a invité samedi un
groupe de parlementaires français à "amender et même abroger"
les lois contraires à leur conscience. Une exhortation générale
qui, selon eux, pourrait s'appliquer à différents thèmes éthiques,
du mariage homosexuel à l'euthanasie.
S'ensuit donc une polémique sur
certains blogs. Avec parfois des dérives avec des condamnations ad
hominem assez regrettables. Voyons un peu ce qu'il faut en dire (sans
parler des propos vifs, mais du fond). Voir pour cela le blog de
Corto éventuellement. Non, je ne propose pas le lien.
Selon Koltchak91120, "[l'État] ne
refuse pas aux religions de prendre partie aux débats publics sur je
ne sais quels sujets"
Je pense à une autre interprétation.
Les personnes ayant des convictions religieuses peuvent intervenir
dans un débat, pour donner leur avis. Pas les religions en tant que
telles qui dans notre République ne sont que des associations loi
1901, avec juste une nuance apportée par la loi de 1905 pour les
associations dites cultuelles (pour des raisons surtout fiscales).
Actuellement ces personnes ayant des
convictions religieuses ont dans certaines branches (je pense en
particulier à l'Ordre des Médecins, mais il y en a d'autres) un
poids démesuré par rapport à l'ensemble de la population, d'où
cette aberration qu'est la loi Léonetti sur la fin de vie que j'ai
mesurée de très près à sa juste mesure. Mais aussi je pense à la
loi Gayssot, qui a la très mauvaise idée (j'insiste) d'empêcher de
polémiquer sur certains sujets publiquement, donc de ne pas donner
la possibilité de clouer le bec à certains détracteurs en étalant
devant eux les vraies preuves les discréditant définitivement.
Les États, et le nôtre en
particulier, se doivent de promouvoir en particulier en direction des
enfants les valeurs républicaines, de liberté, d'égalité, de
fraternité, de laïcité puisque c'est l'ordre où l'on peut les
lire dans nos textes fondamentaux. J'ajoute qu'à mon avis l'égalité
est primordiale, parce qu'elle évite les dérives de la liberté que
l'on constate de plus en plus, en particulier à propos de la liberté
commerciale et financière, énorme boulet.
J'ai appris à connaître Rosaelle sur
le Net, précisément parce que nos préoccupations et nos opinions
étaient fort proches. Pas du tout nos positions géographiques, en
revanche, si j'ai bien compris. Et je réponds à Pangloss : le pape
(puisqu'il faut l'appeler par son nom) peut fort bien en tant que
chef d'État faire une déclaration devant des représentants du
Peuple français. Pas en tant que chef d'une religion. Là, c'est
non. La Nation française reconnaît des personnes et reconnaît leur
liberté entière de pensée, pas des religions. Pas plus qu'elle ne
reconnaît comme interlocuteur privilégié une entité nommée
Football-Club de Tarnac. C'est exactement la même chose. En revanche
le Président de la République peut trinquer avec le capitaine de
l'équipe, d'homme à homme. C'est sans doute une grosse différence
d'appréciation avec ce qui se passe dans les pays de droit
anglo-saxon.
Déjà, une délégation de
parlementaires français ne peut avoir une entrevue avec un chef
d'État que s'il s'agit de politique. Ou, tout simplement, elle ne
vient pas. C'est aussi simple que cela, et pas du tout compliqué.
Rappelons que si pareille délégation
se déplace, c'est aux frais du Peuple français. Donc de façon
nécessairement neutre, religieusement parlant. Ou alors, il s'agit
d'un voyage privé (à leurs frais) où ils ne peuvent pas se
prévaloir de leur titre de représentants du peuple pour solliciter
une audience. Et s'ils l'obtiennent, les propos échangés
éventuellement le seront à titre privé. On ne mélange pas les
genres.

Il
s'agit en l'occurrence de respecter les personnes et leurs opinions
et croyances.
Quant aux religions, l'État se fait un devoir
de ne pas les connaître, ce qui lui évite d'interférer dans leurs
affaires. A elles - ce qui n'est justement pas le cas, mais de façon
plus insidieuse - d'en faire autant de leur côté, en évitant de
ramener leurs opinions sociétales quand tout le monde est concerné.
Leurs interférences musclées, par personnes interposées, ont
gravement perturbé le débat sur un mariage pour tous qui tout
simplement ne les concernait pas. Faux problème, puisqu'il aurait
été plus simple de supprimer le mariage, et de le remplacer
désormais par un PaCS mieux adapté à la réalité sociale
d'aujourd'hui, mais un PaCS bien entendu amélioré.
Pour résumer, il y a bien eu
interférence manifeste entre deux domaines incompatibles :
celui des représentants du Peuple, qui doivent tenir compte de notre
législation ; et celui d'un chef d'État étranger, qui est en
même temps considéré comme le chef d'une certaine religion, et qui
a tenu des paroles trop ambiguës pour que ce soit une coïncidence.
C'était une incitation à faire entrer des considérations
religieuses, donc personnelles, dans le domaine public dont ils sont
les représentants. Comment des députés, des sénateurs peuvent-ils
amalgamer ce qui les concerne personnellement (et pour cela ils ont
toute liberté) et ce qui concerne des personnes d'autres religions,
ou pire, qui n'ont pas de religion du tout, et dont le nombre
augmente sans cesse ?
L’outre-passation de mandat se
sanctionne d'une façon très simple : la démission. Je
rappelle que les représentant du Peuple représentent TOUT le
peuple, et non seulement quelques électeurs. C'est une grande
responsabilité.