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samedi 9 février 2013

"Aujoud'hui, je marche avec les zadistes"

Notre-Dame des Landes, "il s'y passe toujours quelque chose", comme à la Samaritaine autrefois. Par exemple, récemment ce sont des ZADistes qui ont piloté des gens d'ailleurs sur l'emplacement présumé de l'hypothétique "barreau routier" sensé desservir ce marécage (plouf plouf plouf plouf) dans un avenir tout aussi hypothétique. Le courage à pleines mains, les bottes dans les autres, c'est parti !


      Aujourd'hui, je marche avec les ZADistes     

Vendredi 8 février, par Zadist

Témoignage d’une personne qui est venue participer à la ballade sur l’emplacement du projet de barreau routier le 2 février 2013.

Ce week-end, c’est décidé, même si le ciel pactise de nouveau avec les magnats de la botte caoutchoutée, j’irai marcher, guidé par les Zadistes, ces résistants au projet inutile d’un aéroport bétonné, au cœur du bocage de Notre Dame des Landes.

Comme toutes les luttes qui m’ont aspiré depuis ma 1ère manif ( avant 68 !), mes motivations restent les mêmes : une vie meilleure pour l’être humain sur notre planète . J’ai toujours trouvé indispensable d’associer ce rêve au combat de l’exploitation de l’Homme par l’Homme. Alors, quand un pouvoir d’état à coups de subtilité,fût-elle démocratique, impose et organise le pillage de 1500 ha de terre agricole..., quand des politiques , fussent-ils élus, délèguent la réalisation de leur projet mégalomaniaque à Vinci, société financière au modèle d’un capitalisme moderne, alors , je sens que participer à l’insurrection aéroportuaire me sera salutaire.

Aujourd’hui je marche avec les Zadistes. Au rendez vous , à Notre Dame des Landes, nous sommes 22... v’là les flics..... Non, Non, eux, ils sont bien plus nombreux. Ils bloquent toutes les entrées et sorties goudronnées de la Zone A Défendre. Évidemment, ils nous ont contrôlés avec toute la c........ de leur zèle. Aujourd’hui 2 février, ils ont même le droit, grâce à une photocopie d’un arrêté signé par le procureur(?) de fouiller les voitures et de contrôler l’identité des passagers . Des robots obéissant aux ordres des intérêts financiers , via l’État ! Çà pue ! Heureusement , fiers et joyeux, déterminés à faire reculer tous ces larbins nous sommes 22 dont la moitié vivant à plein temps intra-Zad. Nous partons du Nord-Est, bien au-delà du projet, sur la commune de Grandchamp, pour évaluer tous les aménagements, drains des consommateurs, soit, ronds points, échangeurs, déplacements des lignes à haute tension et tutti quanti. Le pillage de la terre, et la privatisation du vivant est aussi à l’extérieur des 1500 hectares. Notre guide, disons Zadig, nous l’explique cartes et bornages à l’appui.

Nous traversons le bocage, petites prairies, entourées de haies d’ajoncs et d’arbres, l’eau ruisselle partout, nos bottes fusionnent avec la boue.... elles adorent ! Heureusement nos mollets les ramènent à la décence, aidés souvent par nos compagnons de rando-zad, comme pour les passages de barbelés, moments précieux où les langues se délient. J’apprécie la spontanéité et la franchise des zadistes qui nous guident d’un lieu de vie à un autre, soit des installations précaires, groupées ou isolées dans la forêt, sur les collines ou même au bord des chemins ou routes entrant dans la zone. Ce sont des cabanes terrestres ou aériennes construites avec des branches, des planches, des tôles et des bâches. Certaines sont de vraies œuvres d’art, telle cette cabane en planches au toit de tôle, coincée dans un arbre à 15 mètres de hauteur en forme de nichoir pour oiseau géant qui aurait droit, comme ses collègues 15 fois plus petits, à son entrée circulaire ; ou bien ce palace sur palette, cabane ronde, rêve de Laponie. Elles sont isolées ou groupées. Quelquefois,après le passage des larbins pilleurs de terre, elles ont été exécutées. Restent leurs viscères et leurs squelettes. Alors la nostalgie de nos guides, anciens locataires apparaît. Mais cette mélancolie s’envole vite, la puissance du refus de ce projet inutile venant bétonner cette terre, est plus fort. Nos compagnons, squatteurs et squatteuses, feront corps avec l’environnement du pays jusqu’au grand soir de la victoire.

Cette noble cause est-elle seule responsable de cette volonté naturelle à nous transmettre leur humanité, leur chaleur, leur joie de partager leurs expériences de vie commune ? Ou bien est- ce leur volonté de vivre avec d’autres règles que celles de l’individualisme croissant de notre organisation sociétale officielle, qui les entraine à inventer une autre vie communautaire ? La marche remue les méninges, nos introspections s’extériorisent. Je suis surpris de l’ironie que déclenche ma confiance en l’Homme, que j’espère moins mauvais s’il vivait dans une société plus juste.

Cette idée m’a encore porté pour marcher avec les zadistes. J’intègre leurs luttes à tous les combats anticapitalistes. De leurs convergences et de leurs victoires, naîtront la conscience de nôtre force à imaginer une autre vie commune . Mes compagnons de marche l’ont déjà inventé à N.D.D.L.

Ils la pratiquent sous forme d’un collectif autonome et solidaire où déjà ils donnent l’exemple qu’une autre vie est possible. Sur la zone occupée règnent la multiculturalité, le partage des opinions et des savoirs, l’entraide, l’imagination, le rêve et même l’utopie (l’envie de la maison-nichoir ! ). Je me sens heureux et honoré d’être aujourd’hui avec eux. Je vois toutes ces résolutions dans leurs yeux. Ces grands enfants séduisent le grand-père que je suis. Leur détermination à sauver ce bocage peut symboliser tous mes espoirs. En même temps qu’ils caillassent un lobby financier, ils inventent un autre monde. Respect Mesdemoiselles, Mesdames et Messieurs les Zadistes. Vous êtes les Révolutionnaires du XXIème siècle, et je vous aime !

Aujourd’hui, en plus de marcher avec les zadistes, j’ai pris ma vie en main, en participant à la défaite certaine d’un lobby capitaliste. Merci

A Saint Clément, le 05 02 2013

2 commentaires:

  1. Magnifique récit, rondement mené.
    Un témoignage qui... témoigne aussi que ce type de lutte sociale exemplaire rassemble toujours des hommes et des femmes qui ont tout le talent utile à contribuer à bien construire collectivement. Soit "ma cabane au Canada" (dixit la chanson), soit ici "la cabane-nichoir en haut de l'arbre", bref à vivre son rêve, non à rêver sa vie...
    Certains viennent tranquilles, à pied, de Nice, nous le dire tranquillement à NDDL !

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  2. C'est bien de notre avenir, que les ZADistes tiennent les liens. Mais ce, à condition qu'un ministre de l'Intérieur tatillon et brutal ne provoque pas le massacre du mouvement. Nous devons tous les protéger, les encourager et les accompagner. Comme aujourd'hui encore.

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