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mercredi 18 juin 2014

Du haut de cet Empire, deux siècles vous contemplent


"Waterloo, Waterloo, Waterloo, morne plaine..."

Cette commune belge se situe un peu au sud de Bruxelles. L'Histoire ne se répète pas, cependant parfois les analogies forcent l'admiration. Waterloo est à peu près sur le tiers de la distance entre le siège du proconsulat administratif Bruxelles-Europe et du proconsulat militaire OTAN de Mons. Un lieu privilégié, en somme, pour l'administration déportée de Washington.

18 juin 1815 : une "coalition européenne" (traduisez : de souverains d'Europe géographique) réussit (enfin ?) à assommer une "Grande Armée" napoléonienne déjà affaiblie par la campagne de Russie et autres broutilles. Il faut se souvenir qu'à l'époque, la France est l'un des rares pays de quelque importance déjà constitués, unifiés avec l'assentiment populaire. Les USA ne couvrent encore que la côte nord-est de ce qu'ils sont aujourd'hui. L'Allemagne n'existe pas, l'Italie ne sera unifiée autoritairement que cinquante ans plus tard. L'Espagne peine à calmer les mouvements centrifuges, qui existent toujours deux cents ans plus tard. L'Autriche-Hongrie impériale est en voie d'écroulement. Seule l'immense Russie fait illusion, grâce à la poigne de fer du gouvernement tsariste.

On apprend ainsi aujourd'hui que la cérémonie de commémoration de cet événement est en bonne voie. Nul doute qu'à cette occasion-là, dans un an l'Eurostar fera le plein depuis St Pancras jusqu'à Bruxelles-Midi. Ce serait un anniversaire magnifique, si à cette occasion nous assistions à l'écroulement du nouvel Empire.

Celui-ci est au fait de sa gloire. Il contrôle "les Sept Mers" avec ses majestueuses Flottes. Il possède mille bases et points d'appui dans le monde. Il a déployé partout ses agents de déstabilisation, agents quasi-officiels de la CIA, agents "souterrains" de la filiale baptisée Al Qaida™, elle-même vendeuse de franchises, mercenaires "d'agences privées" tels qu'on en voit en Ukraine, ne parlant qu'anglais (oups)... Il utilise des drones partout également pour éliminer ses opposants au mépris de tous les droits - et tant pis si les "dégâts collatéraux" abondent. Une telle puissance militaire au moins apparente lui permet d'imposer (presque) partout sa monnaie de singe, en particulier pour ce qui est du commerce du pétrole et du gaz.

Cette force est également sa faiblesse. Voulant tout contrôler, il est obligé de disperser ses forces dans tous les domaines. Déjà les Flottes sont moins majestueuses qu'autrefois. Déjà il lui arrive de devoir faire appel aux gros lanceurs russes pour envoyer les plus grosses charges dans l'espace. Déjà un concurrent comme Airbus lui taille des croupières. Déjà sa capacité financière est plus limitée pour tenter de circonvenir un gouvernement. Déjà des accords l'évitant se nouent entre nations utilisant leurs propres monnaies. Son meilleur appui est encore cette Europe économique (et non politique) qu'il a inventée, entassement d'économies encore florissantes sur un projet politique à la mesure des personnages falots le représentant. Embourbé dans ses difficultés financières, cet appui sera-t-il pérenne ? Rejeté par une abstention massive, n'est-il pas bâti sur du sable ?

Un an avant l'anniversaire de Waterloo, L'Empire fait encore illusion. Il pourrait cependant s'écrouler d'un coup, si les accords financiers l'évitant entrent dans une phase pratique et prépondérante, si en même temps de multiples actions de mécontents se fédèrent afin de bloquer sa politique. Ses violents coups de boutoir économiques pourraient même lui revenir à la tête à la façon d'un boomerang, si sous la pression des Européens de base les négociations sur le Grand Marché Transatlantique TAFTA échouent en 2015 précisément.

Imaginons alors. A deux pas de Waterloo soudain c'est le clash en cette année anniversaire. Les émeutes se développent toutes à la fois dans le Vieux Continent et dans les rues de l'Empire inviolé. Le dollar s'écroule faute d'être encore la monnaie de référence. Le 18 juin 2015 l'Aigle jette l'éponge (tiens, encore un Aigle, comme celui de Napoléon). Des multinationales voient leur siège pillé leurs usines en grève. L'Empire romain avait mis des siècles pour s'écrouler complètement, parce qu'alors les communications étaient lentes. Aujourd'hui un processus analogue pourrait ne prendre que quelques jours, voire quelques heures. Si les conducteurs de drones ne sont plus payés, si les mercenaires boudent faute de solde, si les navires des fières armadas n'ont plus de mazout, que reste-t-il soudain ?





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