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dimanche 5 mai 2013

Etat du monde : un scénario que rien ne dément (LGS)

Vu ce matin sur le Grand Soir , une analyse courte, mais percutante de ce que les fous de l'argent mijotent jour après jour. Fous, hélas, au strict sens du terme, tant ce qui régit leurs actions est parfaitement insensé tout en restant d'une grande logique.

Etat du monde : un scénario que rien ne dément


Et si la Libye, l’Irak et des pays à venir devaient constituer le champ expérimental de privatisation de la violence en détruisant le monopole qu’en avaient les États ? En tout cas, cela en a tout l’air...
La situation internationale donne l’impression que les stratèges de la reconquête des espaces perdus ont trouvé la solution qui leur économise une implication coûteuse en matériels et en hommes. De même qu’elle a l’avantage de ne rien laisser au hasard d’une reconfiguration du pouvoir politique qui leur serait hostile.

Le chaos, établi et maintenu loin des centres de profit, fixe la menace d’une résistance à la prédation, qui peut prospérer à son aise.

Dans le même temps, les revendications économiques et sociales se dissolvent dans la lutte pour la survie ou de la guerre de tous contre tous. Une lutte qui pousse au regroupement identitaire ou mafieux, au refuge dans le groupe protecteur, quand la société, la nation, qui jouait ce rôle, s’est effondrée.

On aura atteint l’étape décisive de démantèlement des projets nationalistes ou communistes, qui allaient à l’encontre du déploiement des « forces du marché » et leur soustrayaient des richesses indispensables à leur logique d’accumulation. Sinon, cette entreprise ne serait pas compréhensible.

Le processus, observé dans la périphérie, prend des formes plus subtiles en Occident où les peuples voient leurs « acquis » fondre, sans trouver les formes traditionnelles d’organisation pour les protéger. Alors que, face à la rupture du « contrat social » et à l’affaiblissement de l’État, le développement de la délinquance et le recours à l’émeute servent d’argument à la mise en place d’un discours sécuritaire musclé, on s’achemine vers une exacerbation des conflits sans qu’une alternative ne se profile, autre que fascisante si tant est qu’elle puisse triompher.

Les ingrédients sont le profond discrédit qui frappe la démocratie en vigueur et les personnels politiques qui alternaient au pouvoir : les attaques frontales contre les conditions de vie de la majorité de la population, la dérégulation du marché du travail, l’expansion du chômage et de la précarité, et une communication qui sème la peur de l’autre.

Autant de facteurs qui laissent entrevoir une confrontation majeure entre les États et la société, sur fond d’exploitation du communautarisme, au premier chef, et de violences qui pourraient entraîner des ruptures irrémédiables de groupes sociaux entiers, constitués en riposte à la répression qui ne manquera pas de se généraliser.

Un remake de la « République de Weimar » (Allemagne) est à l’œuvre, avec, en principe, l’expérience en plus.

En ce sens, les soubresauts internes aux puissances industrialisées peuvent, toutefois, être canalisés dans une « solidarité nationale » vers la consécration d’un retour aux empires coloniaux, qui ont été à la base du boom économique et de la prospérité. Ils en sont certainement l’un des moteurs, même si la ploutocratie bancaire ne se préoccupe pas de la stabilité des pouvoirs en place et maintient sa dictature budgétivore qui produit pauvreté et révolte.

A. H.
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2 commentaires:

  1. Hello, je crois qu'on se méprend sur la culture, la mentalité et les comportements de ces peuples.
    Il y a une incompréhension profonde sur les pays arabes.
    Tiens, c'est comme l'expression "fascisme vert", les intégristes salafistes n'ont rien à voir avec le nazisme ou le fascisme, mais plus avec les régimes socialistes ou communistes de l'ancien bloc soviétique. Mets l'Islam traduit à la sauce salafiste à la place du marxisme à la sauce stalinienne et tu as exactement ce qui se passe dans les dictatures salafistes : Somalie, provinces Afghanes etc...
    Partant de ce postulat, il faut heureusement rajouter la notion de clan et de conseil des sages qui régit encore la société dans de nombreux endroits comme en Irak, ce qui fait qu'en ce moment, il y a une guerre civile qui est en train d'éradiquer le pouvoir mis en place par les Américains, ce qu'on ne veut pas dire, dans nos médias.
    Tu prends la Libye: ce pays est encore en pleine guerre civile, coupée entre les tribus différentes de ce pays, entre ceux qui sont toujours des fidèles de Khadafi malgré sa mort et son fils en prison, avec différentes factions salafistes. Certaines tribus ont fichu les belligérants hors de leur territoire.
    Cet attachement à la structure familiale et clanique reste encore très fort, et renforcé par l'Islam qui encourage à sauvegarder ses racines.
    L'entreprise de saccage des pays du Moyen-Orient et du Maghreb ne marchera pas. C'est un fait qu'il y a essai de destabilisation mais comme l'Occident libéral ne comprend pas la langue de ces pays, soit sa culture et son identité profonde, ces pays s'en relèveront. De plus, tout ce que cela va susciter, et ce que cela suscite déjà, c'est un rejet de tout ce qui est occidental, et ça, c'est bien plus problématique pour la suite.
    Les structures libérales occidentales sont moribondes, c'est un facteur qu'il ne faut pas négliger, le monde a changé, on assiste au chant du cygne, aux dernières batailles qui se livrent avec l'énergie du désespoir, mais surtout chez nous, en Europe, en France, par exemple, et cela fait vraiment mal.

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    1. Merci de la réponse.
      Je ne sais pas qui a écrit cet article, le nom ne me dit rien. Certaines idées-forces me paraissaient intéressantes, d'autres moins. "Le Grand Soir" donne à lire, et à réfléchir. L'auteur est-il français ? Je ne sais.

      En tout cas sa préoccupation était davantage axée sur ce que nous ressentons en Europe. L'expression d'un bilan d'usure, d'un échec en devenir, de ressorts de plus en plus mous et inutilisables.

      Je pense comme toi qu'au contraire la résilience du Maghreb et du Mashreq est intacte, que sa vitalité couve dans des pays où souvent la moitié de la population a moins de vingt ans. Et si l'ogre washingtonien s'écroule, comme tant d'autres empires avant lui, peut-être l'Arabie à son tour rejettera-t-elle le joug si pesant qui l'étouffe en la "personne" d'un seul clan, d'une seule famille tyrannique, obsolète et autiste.

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