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dimanche 21 mai 2017

Mon langage est une arme, qui s'attache à notre âme et celle de la nation

Quand fut bâti pour la première fois le château fort de mon village natal, c'était semble-t-il pour tenter d'arrêter les incursions des Vikings dans le Golfe des Pictons pas encore envahi d'alluvions. C'était aux VIIe-VIIIe siècles.

De ce château fort, aujourd'hui il ne reste que des ruines partiellement habitables, et la poterne avec sa grille de fer. Il est toujours là. Curieusement, c'est un Anglais, fort sympathique d'ailleurs, qui en a récemment fait l'acquisition.



Les Anglais, les Poitevins en ont connus fort souvent : les routiers de la Guerre de Cent Ans ont parcouru cette région dans des sens multiples, en fonction des aléas guerriers. Au point d'ailleurs que le moulin à vent près de l'ancien prieuré se nomme toujours le Moulin des Anglais. Il n'en reste guère que deux mètres d'assise. Au point également, que les dames de la région légèrement plus au sud portaient jusqu'à peu la coiffe sévère et empesée nommée quichenotte ( "kiss not" ) pour éviter des débordements de soudards. Elle évitait aussi les coups de soleil, parfois redoutables en Saintonge.



Voilà qu'aujourd'hui c'est une autre invasion tout aussi brutale, mais plus insidieuse, qui se développe : celle d'un avatar très abâtardi de l'anglais. Elle est portée par ce qu'on appelle les médias, où commentateurs, supposés journalistes et autres prescripteurs s'ingénient à en utiliser les mots souvent incompréhensibles. Elle est portée par "les publicités" qui se décarcassent à inventer des associations de mots tout aussi incompréhensibles (même pour les vrais Anglais, souvent).

La langue est le support de l'esprit d'une nation. Si le siècle de Louis XIV, si celui des Lumières furent si flamboyants, c'est parce que notre langue fut affûtée comme une lame par des lettrés parfois intransigeants. Certains de ceux-ci n'hésitèrent pas à tailler et défricher, à jeter de très nombreux vocables, de très nombreuses tournures de phrases, quitte parfois à exagérer un peu. On pense à Boileau, à Malherbe, à Vaugelas.....

Il est vrai que, d'un parler parfois hirsute et manquant de vocabulaire, les poètes et écrivains du siècle précédent, Rabelais, les poètes de la Pléiade, n'avaient pas hésité pour leur part à inventer des mots nouveaux dérivant de ceux existants (par "provignement" comme ils disaient), ou de termes grecs, latins, voire issus de dialectes. Ces créations parfois un peu brouillonnes nécessitaient un peu de mise en ordre, pour ne pas tomber dans l'incohérence.

Toujours est-il que sur ces bases, s'est affiné un langage choisi. Toujours est-il que des auteurs divers se sont emparés de cet outil, pour le porter à un haut niveau de précision et de beauté. En sont sortis des pièces de théâtre fabuleuses, des fables (La Fontaine) ciselées à la virgule près, des écrits de droit sans ambiguïté. C'est sur ce terreau magnifique, que les Encyclopédistes, que Voltaire, que Rousseau bâtirent de grandes œuvres, dont l'impact demeure aujourd'hui. L'Europe entière, du moins celle qui savait lire et écrire, parlait français. Même les Grands Électeurs  de ce qui deviendra plus tard l'Allemagne s'essayèrent à cet exercice, poussés par l'épouse du duc de Brunswick, d'origine poitevine, qui tenait cour à Celle (Basse-Saxe). Sa fille épousa le futur George 1er de Grande Bretagne, et en eut deux enfants dont la mère du Grand Frédéric avant d'avoir une funeste liaison. La cour de Celle se voulait être une "fontaine de beaux esprits" comme Nicolas Rapin, co-auteur de la Satire Ménippée.

C'est bien ce bel outil de la cohérence française que des esprits ô combien malveillants veulent détruire, avec le concours plus ou moins conscient et volontaire des Français eux-mêmes. Qu'on ne s'y trompe pas : toutes les langues du monde sont attaquées, car il s'agit d'une guerre. La guerre d'un charabia, d'un jargon où seuls les termes concernant la finance sont précis et sans ambiguïté, en vue de sa domination mondiale. Domination du langage, domination de la finance dont il est le support exclusif. Régression des façons de s'exprimer qui pourraient avoir des accents révolutionnaires (ô sacrilège !), qui pourraient aider à comprendre les pièges de ces nouveaux soudards que sont les obscurs utilisateurs du Globiche. Puisqu'il faut l'appeler par son nom.

Maintenant, que vont faire les Français ? Vont-ils baisser les bras, et s'enrôler volontairement dans la cohorte des esclaves d'une certaine domination, avec des milliards d'autres ? Vont-ils réagir, parce que des esprits restés éveillés les ont titillés, leur ont fait conscience du chemin sans retour où Les Maîtres veulent les conduire ? Les Éveillés sont bien seuls, ils ont bien peu de moyens, il va leur falloir beaucoup de persuasion pour en réveiller d'autres. En auront-ils le temps, avant que les nouvelles générations devenues ignares par la volonté des Maîtres ne prennent une relève diablement faussée ?





2 commentaires:

  1. Beau billet.
    Certains mots disparaissent aussi et comme on pense avec les mots, ce phénomène n'est ni fortuit, ni sans incidence

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  2. Le politiquement correcte dit souvent: "Laissez dormir celui qui est bien dans son sommeil. Il y aura tout un travail pour les éveilleurs de conscience. bonne journée et continues ton beau travail.

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