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mercredi 10 avril 2013

Les Français s'opposent de fait, par leur unité, au Capital représenté par l'union européenne

A vrai dire, après beaucoup de lectures, dont E. Todd, je remarque une chose, qui est esquissée dans le billet référencé par DPP ce matin sur mon billet d'hier. A la différence de la plupart de nos voisins (pas les plus petits, c'est encore autre chose), la France s'est soudée à la Révolution par le bas. Les autres pays n'ont pas eu cette chance. 

Ce sont les rois d'Espagne qui ont, depuis pourtant longtemps, tenté d'agglomérer autour de la Castille les rétives provinces périphériques. Ce fut fait en théorie en 1512, il y a donc cinq cents ans. Mais des "rois catholiques" de l'époque à aujourd'hui, c'est une alliance objective et pesante entre le sabre et le goupillon qui a maintenu vaille que vaille un semblant d'unité à des entités fortes et dissemblables, d'autant plus fortes qu'elle avaient gardé pour certaines leurs langues spécifiques, et parfois totalement originales comme le basque. Les mouvements centrifuges n'ont jamais cessé, surtout à mon avis parce que la brutalité de la répression en a cristallisé les exigences. Le passage à une Europe encore plus lointaine et désincarnée a lui aussi été imposé par la violence, à des administrés auxquels des programmes insensés ont désormais apporté la misère et le chômage. L'unité est de plus en plus précaire.

L'Italie ne date guère que du XIXe siècle, et les efforts de Victor Emmanuel II et Cavour ont partiellement porté leurs fruits.  Il n'empêche que, tout récemment encore, une tentative de sécession du nord plus développé a failli réussir. La fusion entre la Ligue Lombarde et la Ligue de Vénétie en Ligue du Nord a tenté de créer la Padanie, afin de détacher le nord des provinces du sud plus déshéritées, donc "moins rentables". Malgré tout, l'Italie garde son unité, sans doute parce que de gros efforts tentent de libérer le Mezzogiorno (le sud) de ses grandes difficultés. Elle n'a d'ailleurs qu'une langue, excepté des dialectes locaux.

La Grande Bretagne....n'a jamais été vraiment unie. Si la reine (actuellement) est nominalement souveraine de toutes les îles (ainsi que du Canada, de l'Australie, etc...), chaque constituant du Royaume Uni est autonome sur bien des points. Chacun a sa langue, en particulier le Pays de Galles. Le Mur d'Adrien reste une belle frontière. Seul le fait de vivre sur une même île empêche plus d'éclatements. D'une certaine façon, chez ses voisins, l'Anglais est l'intrus.

La Belgique n'a pas eu de chance au long de son histoire. Ses frontières ont fluctué terriblement au cours des siècles. Entre Flamands et Wallons, l'animosité est parfois palpable. Les langues sont un support stable pour la différence, et en revanche le pays n'a guère pour dénominateur commun que le roi. Avoir choisi Bruxelles pour "centre" de l'Europe est à la fois paradoxal en raison de l'instabilité de son entourage, et logique parce que c'est le symbole d'une Europe imposée de haut à des Européens qui voudraient une Europe à leur hauteur.

Quant à l'Allemagne, unifiée plus tard encore que l'Italie, par un processus brutal, "prussien",  elle digère encore, mal, le fait d'avoir été longtemps coupée en deux par le Rideau de Fer. Dans les faits, elle n'a guère que 23 ans, depuis la chute du mur de Berlin. Pourtant, la poigne de fer de ses dirigeants, dont la chancelière actuelle, assure à ce pays une suprématie économique (malgré la pauvreté des habitants) qui le protège provisoirement de velléités de scission. Fait marquant, ces Länder disparates ont une langue commune, depuis longtemps.

Les autres pays plus à l'est ont une histoire bien différente, liée à des empires relativement souples, avec des langues (excepté l'Autriche) slaves, souvent écrites avec l'alphabet cyrillique.  C'est "une autre Europe", que ceux plus à l'ouest ne connaissent guère. Elle a été ajoutée au pot commun dans le simple but d'empêcher tout vrai consensus dans les décisions européennes.  Décider sereinement à 27, voire plus, est tout simplement impossible.

fête de la Fédération - 14 juillet 1790
La France fait cavalier seul dans ce concert disparate, en raison de son passé révolutionnaire nourri, de ses positions laïques évitant l'hégémonie de toute religion, de son unité affirmée par tous et réaffirmée dans sa Constitution même. C'est d'ailleurs ce qui fait sa force, car être français est d'abord, avant le sol, avant la langue, une adhésion personnelle et naturelle de chaque citoyen. C'est ce qui a conduit notre pays pendant longtemps à s'affirmer comme un refuge pour les opprimés venus d'ailleurs, malgré les horribles dérives du colonialisme, puis aujourd'hui du racisme "maison" exacerbé par des politiciens irresponsables ou soucieux, précisément, de faire éclater cette unité.

L'Europe des banquiers n'aime pas ce pays trop monolithique, difficilement accessible aux divisions et jaloux de sa culture commune et spécifique. Le grand "égalisateur" a minima qu'est le néolibéralisme a besoin de diviser pour régner. Assez curieusement, ce sont des "nationalistes" par opportunité politique qui tentent de diviser, en voulant dresser les unes contre les autres des "communautés" qui n'existent pas. Face à eux, se dressent fièrement les républicains, laïcs, qui se fichent des couleurs, des croyances, des modes de vie sédentaire ou itinérant, au risque de se heurter à la seule communauté constituée, affirmée, mais dont on ne parle guère : celle des Chinois en France.

Être français, à la différence d'autres, c'est justement ne pas être nationaliste, mais pleinement citoyen du monde. Décidément, le Nouvel Ordre Mondial doit détester. Des "gens" qui se serrent les coudes, malgré des efforts de propagande pendant des dizaines d'années, face à lui, quel grand danger ! Et puisqu'il faut à nouveau parler de langues, rappelons que la nôtre, précise, non agglutinante, fut jusqu'à une période récente LA langue de la diplomatie, à comparer au brouet internationale et jargonnant d'une langue anglaise "normalisée" riche en termes économiques, mais bien pauvre sur le reste, y compris l'articulation des phrases. C'est pourquoi certains politiciens de notre pays font tout pour éradiquer le français pour le remplacer mot par mot par "l'autre", comme d'autres le font avec peut-être plus de succès dans d'autres pays. La culture, c'est la langue. Tuez celle-ci, ne restera que l'anti-culture du fric.

Ne nous trompons pas d'adversaire : l'ennemi (oui, l'ennemi), ce n'est pas l'immigrant de bonne volonté, ce n'est pas le Rom pourchassé par ceux qui devraient protéger notre spécificité, et font l'inverse, l'ennemi c'est le financier international, apatride et pervers. Celui qui s'enrichit à nos dépens à tous, et qui par des moyens détournés paye nos "dirigeants" pour qu'ils nous imposent sa loi.

10 commentaires:

  1. En général j'aime beaucoup votre blog et vos commentaires sur de nombreux sites! Mais alors là je me demande si vous avez fumé!
    Moi qui suis sans exagérer désabuser par le contact avec mes concitoyens, cette impression qu'on me recrache BFM TV quand on essaye de discuter avec les gens.
    Et pourtant je ne connais que des gens normaux comme notre "président", un échantillon représentatif de la population,comme pour un sondage. Habitants de la banlieue, Essonne, Val de marne, de la province Rhône-Alpes:Haute Savoie, Isère. Mais je n'ai jamais rencontré un français comme vous les décriver. Je rencontre des gens racistes, haineux qui méprisent les étrangers. Qui regardent c'est dans l'air! C'est pour dire. Qui défendent Notre Dame des Landes, qui approuvent le nucléaire(on va pas s'éclairer à la bougie quand même!). Qui croient que Fukushima c'est fini! Que c'est une invention des écolos. C'est pour vous dire, "ah les écolos! des empêcheurs de tourner en ronds"!
    Des étrangers qui nous piquent nos sous, nos allocs! Vivement Le Pen! Ah Manuel Valls quel Homme! Je les ai vu au journal! Comme ils parlent bien!
    "On m'a dit qu'il fallait voter Hollande" "Alors ni une, ni deux j'ai voté Hollande.
    Le français il n'est pas mieux que les autres, il n'aime pas les étrangers, il n'aime pas les fonctionnaires, il n'aime pas les syndicats! ETC...
    Le Breton veut etre breton, le basque, basque. Le marseillais n'aime pas le parisien, même le savoyard n'aime pas le parisien.
    Et vous pouvez me croire je me fâche avec tout le monde à essayer de défendre une autre vision, un autre monde!
    Alors non qu'on ne vienne pas me faire un portrait aussi idéal du français!
    Le français c'est juste quelqu'un comme les autres qui n'a pas choisi là où il est né.Et qui se moque complètement de la république ou de la laïcité sauf quand ça embête les musulmans!
    J'ai fait d'autres pays Italie, Croatie,Grèce, Canaries et je n'ai pas vu des gens différents.


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  2. Ah bah si Isabelle a "fait" tous ces pays... je peux même lui donner raison. Pour avoir trimballé pendant des années des cars entiers de touristes venus des quatre coins de l'Europe qui "faisaient" les circuits des villes d'art italiennes au pas de course, je peux affirmer qu'ils sont bien tous pareils, et je ne doute pas qu'Isabelle connaisse ces pays "aussi bien" qu'eux si elle les a visité de la sorte. Mais j'imagine qu'elle les connait "en profondeur" et qu'elle lit le croate dans le texte...

    Sinon, oh c'est fou ce qu'il y a comme "immigrants de bonne volonté". ça ce voit au nombre de sacs et de porte-feuilles qui disparaissent pendant les excursions (de plus en plus) et aux emmerdements qu'on a et au temps qu'on perd pour régler ces problèmes. ça ne doit pas être très différents en France, j'imagine; il parait même qu'il y a des bandes organisées pour détrousser les gens faisant la queue au musée du Louvre, et même à l'intérieur, y compris les employés qui ont finit par se mettre en grève tellement ils en ont marre, et la trouille de se prendre des gnons. Ceci dit pour un domaine professionnel que je connais bien. Mais je suppose que ce n'est pas très différents dans les autres...

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  3. Parce que ceux qui ont "le profil Télépeuple", pour ne citer aucun nom, sont les plus voyants, il ne faut pas se dire "qu'ils sont tous comme çà, ma bonne dame", les réductions sommaires ne servent à rien.

    Tout n'est pas rose, tout n'est pas noir. On notera que la nouvelle majorité n'a absolument rien fait pour réhabiliter un outil comme la télévision, qui pourrait être un facteur d'enrichissement tout en restant ludique. Bien entendu, s'il n'y avait que la chaîne parlementaire ce serait un média fort peu utilisé.

    Déjà, si les journaux télévisés diffusaient des nouvelles exactes, ni tronquées, ni biaisées, au bout de quelques années beaucoup de choses s'assainiraient d'elles-mêmes. Cela coûterait peu, juste une volonté politique. Mais la volonté politique est précisément à l'inverse de cette tendance, sciemment et délibérément.

    C'est pourquoi.... je n'ai pas la télé.

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    1. Vous avez une conception antique et républicaine traditionaliste du pays sur papier glacé qui ne correspond pas à ce qu'il est. S'il est vrai qu'il possède désormais un aspect multiculturel qu'il ne possédait pas avant, il est aussi vrai que votre rhétorique républicaine universaliste se heurte à des communautés étrangères constituées au profil culturel clanique,tribal, archaïque, inintégrables sur le moyen terme dont rien ne permet de penser qu'elles le soient sur le long terme, et qui ne permettent pas l'unité que vous prétendez existante. On ne voit d'ailleurs pas pourquoi on devrait se heurter à la communauté chinoise,ce n'est pas celle qui pose le plus de problèmes.
      Il n'y a pas que le problème de la finance internationale apatride et perverse. Le nier, c'est à mon avis une erreur qui conduira à l'échec.

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    2. Pourtant, le problème, ce sont bien les chinois qui pourraient le créer : eux, à la différence des autres, n'ont pas besoin de s'intégrer. Eux ne paient pas d'impôts, ou fort peu. Eux sont particulièrement claniques. Pour moi, le seul dommage, c'est qu'ils ne cherchent pas à s'intégrer. Les autres, si, mais il faut du temps. Et il faut les y aider au lieu de les rejeter.

      Eh oui, je sais nous n'avons probablement pas la même conception de la république, et je suis fier de la mienne.

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    3. Bien entendu, le problème chinois est uniquement administratif. Nul racisme dans mon propos naturellement. C'est une notion qui m'échappe complètement.

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  4. J'aime bien ce billet (même si j'ai mis 48 heures avant de trouver le temps de le lire).

    Oui, nous avons un vieux et grand pays et la langue est importante. Dans le blog que je consacre à Marc Le Fur et dont tu aimes le nom, on parlait de la Bretagne. C'est bien à la langue que se raccrochent des traditionalistes qui confondent la Bretagne historique et la Bretagne administrative alors que ce qui compte c'est la Bretagne du coeur (pour transformer l'expression que tu as utilisée).

    Ce qu'il y a de délirant, c'est qu'il veulent imposer une espèce de breton purement universitaire (d'après la rumeur et ma mémoire défaillante elle aurait été "définie" par des gens favorables aux nazis qui voulaient la propulser pour diviser les Français - j'ai oublié la version exacte) y compris dans l'Est de la Bretagne (au moins jusqu'à mon patelin, Loudéac) où le breton n'a jamais été parlé.

    Le français est bien la langue de la France (et d'autres pays, s'ils veulent !).

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  5. C'est vrai que la page est longue, et parfaitement documentée. Je suis particulièrement sensible au dernier paragraphe.

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    1. Ma remarque sur la longueur n'est pas une critique ! Bab me connait : je lis essentiellement les blogs avec un iPhone et je ne peux pas lire les longs billets avec un tel truc.

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