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samedi 9 février 2013

Grandes écoles, grands désastres

Sur le blog à Jef, un ami contributeur me pousse à préciser ce que j'entends quand je crie mon indignation :
Le grand truc, c'est déplacer les pions de tête, sans pour autant les mettre sur la touche avec une retraite d'agent d'exécution. Le poisson pourrit par les ouïes. Le principe de Peter fonctionne à fond. Les Grandes Écoles sont de magnifiques usines à décerveler.
 C'est parfaitement exact. Les Grandes Écoles, si elles "forment" des personnages, les formatent aussi à l'identique. Les grands commis de l'État, comme on dit, sont acquis à la mondialisation libérale parce qu'ils ne connaissent absolument rien d'autre, et que penser autrement peut leur valoir l'exclusion non seulement de l'école, mais de la fraternité de ceux qui en partent diplômés. Parmi eux sont recrutés à nouveau des professeurs révérant la même optique, ce qui pérennise ad vitam eternam le système d'éducation.

Sans doute de magnifiques ingénieurs sortent de l'X, sans doute un énarque a une belle somme de connaissances,  de la méthode, mais l'un comme l'autre sont prêts à accepter pour les autres, les petits, les sans-grade, les pires sacrifices, puisqu'ils n'en ont aucune idée.  Peuvent-ils imaginer ce qu'est survivre avec 400€ ? Non, bien sûr. Cela leur est inconcevable. Peuvent-ils comprendre la rage au cœur du paysan chassé de ce qui est sa vie : sa terre, pour laisser place à du béton, ou à du macadam où rouleront les poids lourds pollueurs ?

C'est pourquoi ces zombies seront prêts sans haine ni amour, sans compréhension ni empathie, à envoyer des hommes casqués, armés de boucliers et de grenades, pour défendre leurs projets. Ces projets sont inadéquats, obsolètes avant même le début des travaux, la facture finale dépassera l'évaluation initiale dans un facteur dix ? Peu importe, puisque ces planifications auront été faites dans les règles de l'art, et au passage donneront droit à quelques commissions. Cela peut être aussi bien une réforme des rythmes scolaires, que la pose d'un aéroport ou la fermeture d'un hôpital : ces personnages sont sensé tout connaître, avoir un avis autorisé sur tout, en théorie. La pratique doit suivre, de gré ou de force, même si c'est parfaitement aberrant.

Oui, les Grandes Écoles sont des machines à expérimenter le principe de Peter à très grande échelle. Le résultat est là, navrant, accablant. Encore n'a-t-on pas abordé ce qui va souvent de pair avec ce système : les pots-de-vin, que des scandales mettent en lumière (et quelle lumière !) de temps en temps.  Mais déjà l'incompétence institutionnalisée est un facteur déterminant pour la gabegie finale.

4 commentaires:

  1. j'ai eu quant à moi la chance de rencontrer un énarque atypique, convaincu des intérêts de l'économie sociale et solidaire, véritable homme de gauche. Mais c'est l'exception qui confirme la règle, effectivement. Tiens, à propos d'énarques, as-tu lu le rapport Tuot ? Voilà quelqu’un qui sort des sentiers battus par ces grandes écoles, également... Humainement rafraîchissant. je te le conseille.

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  2. Le rapport Tuot, je l'ai parcouru malgré l'actualité assez intense ici. C'est lui qui m'a incité à ce billet (merci à RosaElle, personne très remarquable, pour cette découverte ; et merci à Bruno, contributeur au blog de Jef, pour m'avoir incité à réagir).

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  3. tu l'as dit ! grandes écoles grands désastres ! Ils sont tous dans le même moule ! et encore une fois, y'a qu'en France , ce systéme !

    @Gégé duchmoll , moi, je lui conseille de rencontrer Chouard avant de le dénigrer et de débattre avec lui sur ses idées , il est aussi trés atypique , et assez original ! :-) et comme le rapport Tuot , çà dérange parfois les gens comme Chouard

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  4. Oui, il y a des personnes, comme çà, qu'on ne peut cataloguer nulle part. Chouart en est un. Asselineau aussi, pour sa pugnacité, et malgré le fait que je ne partage avec lui que certaines idées : le fait qu'embrigadés dans l'U.E. on ne pourra rien faire, et qu'il faut en sortir pour appliquer une autre politique.

    Après, lui est souverainiste, alors que je ne propose qu'une sortie pragmatiste couplée à une invitation aux habitants des pays alentours pour adopter la même démarche. Pourquoi les habitants ? Parce que les politiciens, eux, n'ont pas intérêt à ce changement ; et les industriels et financiers encore moins.

    C'est d'autant plus vrai, qu'on voit bien à quel point même Mélenchon hésite à sauter le pas. Il dit vouloir proposer un référendum, alors que le fait de réussir à se défaire des dirigeants actuel équivaut déjà à une prise de position claire des citoyens. La différence entre sa position et la mienne ? Rien que plusieurs années d'écart pour l'application de cette mesure de base. Et plusieurs années, cela peut être toute la différence pour ceux qui n'en peuvent plus.

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