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lundi 5 décembre 2011

Le tyran suprême est déjà là

Réflexion sur l'article de Pierre Verhas dans le Grand Soir, aujourd'hui 5 décembre 2011, "Le Marché contre la démocratie

Dans les sous-sols secrets des banques, des organismes de compensation financière, semblent dormir de simples armoires, discrètes. Automatiquement elles se parlent au moyen des nœuds de communication terrestres, sous-marins, satellitaires, en un système redondant et sûr.  Automatiquement elles sauvegardent périodiquement leurs données. Automatiquement elles réajustent leurs paramètres en fonction de signaux que leur donnent des terminaux humains, des données météo ou financières, des statistiques économiques. Tout est intégré, comparé, digéré, interprété et transformé en de nouveaux signaux. Le facteur humain est devenu dérisoire, il se résume le plus souvent en l'ajout physique de nouveaux centres de traitement semblables à ceux existant. C'est devenu un monde à lui tout seul, capable de démarrer instantanément les générateurs électriques de secours lui évitant de stopper en plein travail. 

A quoi sert-il ? C'est par là, dans le secret des synapses (comment les appeler autrement ?) de ces "cerveaux électroniques" comme on les appelait fort justement il y a  bientôt cinquante, que se font et défont les dizaines, les centaines de milliards de la spéculation. Ces machines se font la course, à partir de données similaires, pour réaliser tel achat ou telle vente de "titres" fictifs, de montages financiers et souvent sales. Ce sont des courses au millième de nanoseconde près, une compétition hallucinante à laquelle nul humain n'est convié. Elles règlent pourtant le sort de milliers d'entreprises, d'États mêmes, donc de centaines de millions de personnes à leur insu.

Des humains révèrent cet ensemble herculéen, discret, effacé, terriblement efficace, et terriblement dangereux par sa logique qui n'est pas humaine.


Le $Y$T€M entier étant essentiellement tenu par des machines, ce sont donc les machines qu'il faudra tuer. Toutes à la fois, pour qu'il n'y ait pas de solution de rechange qui perpétue l'impétueuse cyberarchie (™), terme que je viens d'inventer, et qui n'est sans doute pas plus faux qu'un autre.


Comment des humains peuvent-ils se révéler si aveuglés, qu'ils projettent ainsi dans une pseudo-réalité où de vraies personnes meurent, une confiance en un processus mené par des trains de bits dans des câbles optiques ? Assiste-t-on à un remake de Frankenstein, où un organisme artificiel de silicium, d'argent et d'or, aux vaisseaux et nerfs de verre, deviendrait le Grand Vizir Mondial ? Organisme dont les constituants seraient répartis sur la planète entière, en un réseau faussement intelligent, et pervers par construction...


Sans tomber dans les excès ridicules (ou pas ?) des Amish, les humains se doivent de garder la haute main sur les machines, afin que ce ne soient pas elles, et ceux qui leur ont laissé les rênes, qui deviennent les maîtres du monde. Comme ce sont ceux-là qui possèdent pouvoir, argent, influences, force armée et de persuasion tous azimuts,  la gageure est difficile, mais nécessaire.

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