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vendredi 4 novembre 2011

Collège collège

mardi 1 février 2011




Il faut avoir une idée de ce que voulait dire, il y a plus de 50 ans maintenant, "aller en Sixième". Seuls quelques-uns, ceux qui avaient les meilleures notes, pouvaient espérer sauter le pas. Les autres continuaient après le Cours Moyen, à suivre ce qu'on appelait le Cours Supérieur pendant trois ans, jusqu'au légendaire Certificat d'Études Primaires. Dans le cas le plus simple les gamins se retrouvaient au Cours Complémentaire, au chef-lieu de canton, pour quatre ans. Un car de ramassage faisait donc le tour de toutes les communes, une douzaine, qui le composaient.

Pour ceux, nettement moins nombreux encore, qui "optaient" (comme si on leur demandait leur avis) pour "l'école libre" (traduisez confessionnelle, qui de toute façon dans ma région n'existait pas en Primaire), il fallait aller jusqu'à la ville, en l'occurrence le chef-lieu du département (mazeeeette). Vingt kilomètres, le bout du monde, quoi, pour des enfants qui ne connaissaient au mieux leur environnement qu'à sept ou huit kilomètres de rayon, ce qu'on peut faire en vélo.

Ce fut pour mes parents, qui ne démordaient pas de leur "école libre", l'occasion d'acheter leur première voiture, une 4CV d'occasion. Ce fut pour moi, à qui il fallait toutes les chances de mon côté, l'occasion de découvrir l'anglais chez une fille qui en connaissait un peu plus, et qui m'a fait des cours pendant toutes les "grandes vacances" deux fois par semaine. Je dus aussi, sur le conseil appuyé du directeur en soutane du futur collège, m'astreindre à des pages et des pages d'écriture, que dis-je, de calligraphie, en anglaise droite, seule façon d'écrire correctement selon ses dires.

Pendant ce temps-là, tout le "trousseau" imposé fut avec minutie étiqueté avec mon nom en toutes lettres, par ma mère qui souvent râlait à ce propos. Il y en avait, des pièces obligatoires !

Arriva le jour de l'emménagement. Arrivée dans ce vieux collège froid et encore désert (il était tôt). Les rares parents déjà arrivés montrèrent à des parents plutôt désorientés les différents endroits où aller, la "salle des chaussures" aux relents indélébiles, le dortoir immense avec les lits tout petits (quelque chose comme 140x70) alternant avec de petits meubles à vêtements, le réfectoire aux noms déjà indiqués sur une pancarte, par tables de 6...

Tout ce chambardement terminé, il ne resta plus qu'à prendre congé, avec des au revoir un peu mouillés. Direction la cour de récréation, où déjà je portais la tenue obligatoire, la grande blouse grise si gaie et si sympathique. Tout le monde se regardait avec curiosité, sachant que les habitués arrivaient plus tard.

C'est ainsi que je me suis retrouvé en pension. Tout était minuté par la sonnerie déclenchée par la grande horloge électrique. Tous les matins à 6h30, c'était le réveil et la toilette, à 7 heures la descente en étude jusqu'à 7h30 : direction la messe. A 8 heures, c'était le petit déjeuner, puis la récréation. 8h30, les cours commençaient jusqu'à midi, avec une pause d'un quart d'heure. Dès le déjeuner fini, c'était le retour en étude pour encore une heure. Une demi-heure de récréation faisait la coupure, jusqu'à la fin des cours à 17h. Encore une "récré" d'une demi-heure, et c'était la "grande étude" jusqu'à 19h. Le repas du soir terminé, soit on repartait en étude, soit une fois par semaine (le jeudi) c'était le retour à la chapelle (du couvent?) pour les Complies. Puis à 21 heures, après une brève toilette, c'était l'extinction des feux. Été comme hiver.

Le samedi était un jour comme les autres. Le jeudi (pas le mercredi), après les cours du matin et le déjeuner, certains profitaient d'une brève sortie avec les parents qui pouvaient venir. A 17h 30 il fallait être rentré. Il y avait aussi la possibilité d'une sortie pour le dimanche, après 17 heures le samedi, avec rentrée là aussi pour 17h 30 le dimanche.

Ceux qui ne partaient pas avec leurs parents avaient "droit" à aller jouer au football le jeudi après-midi, sur un stade assez proche. Je détestais le "foot". Je préférais me geler sur le bord du terrain. Je n'étais pas le seul. Le dimanche, c'était le matin la grand-messe, et l'après-midi la promenade. Elle nous emmenait un peu n'importe où. Parfois on atterrissait au stade de foot où des "grands" jouaient "pour de bon". L'équipe locale était selon les années en première ou seconde division amateur. Il arrivait aussi que nos pas nous portassent au stade de Rugby : c'était déjà plus amusant. Mais bah ! je n'ai jamais été sportif.

Quand on sortait le dimanche, il fallait enfiler l'uniforme : costume bleu, chaussures noires type "richelieu". Parfois on croisait le troupeau des filles, d'un autre collège-lycée voisin, en bleu elles aussi avec une sorte de... bouse ? bleue sur la tête. Gloussements de part et d'autre. Mais attention ! Pas trop fort, sinon on rentrait directement au pas cadencé à l'étude !

Une fois par an, c'était la fête, les Portes Ouvertes. Stands débiles, musique... on connaît la chanson ! Nous étions tous ce jour-là en culotte courte, chemise blanche, petit ruban bleu noué en guise de cravate. Cette fête permettait de financer des améliorations, comme la télévision qui est apparue un jour, vers la fin de mon "séjour". Le matin, comme c'était en mai, le collège entier défilait en ville, par rangs de trois espacés de deux mètres en largeur et en profondeur, au pas cadencé. Un petit orchestre placé en tête, que les méandres des rues ne permettaient pas toujours d'entendre, donnait la mesure comme il le pouvait. Heureusement, les voitures étaient encore assez rares.

Je ne garde pas du tout un souvenir ému de mes quatre ans chez les "frères Quat'Bras", comme on les appelait. C'est au contraire pour une sorte de catharsis que je rapporte ici ces quelques souvenirs. Brrrr...

1 commentaire:

  1. Un prêté pour un rendu : mon mari lui aussi a eu droit aux "frères Quat'Bras", en pension sans sortie, sauf aux fêtes "carillonnées".... et en est encore tout traumatisé quand il en parle ! Il est vrai qu'il n'avait que 6 ans à sa première rentrée, c'était beaucoup trop tôt pour un petit.
    Quant aux filles avec ... une bouse ? sur la tête, nous portions effectivement ce béret horrible dans les collèges religieux ^^ et le pantalon n'était permis qu'en hiver ... sous la jupe d'uniforme ! Autant dire que j'ai tout fait pour me faire virer ^^

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