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jeudi 10 mai 2012

L'Humain d'abord


Sanctionné par les urnes, un homme est parti. Compte tenu des inimitiés, voire des haines qu'il a suscitées par ses positions, ses provocations et ses actions, on aurait même pu s'attendre à une plus grande différence de résultat avec son adversaire. Les chiffres ont pu être truqués, au niveau de la collecte nationale ( "délocalisée" dans le Colorado ? ). L'essentiel est qu'il quitte ses fonctions dans cinq jours.

En revanche, les idées et pulsions qu'il a véhiculées sont toujours là, ainsi que ceux qui en furent les vecteurs, politiciens, chroniqueurs, grands patrons, "philosophes". C'est désormais cela qu'il va falloir attaquer avec abnégation, avec détermination, et ce quelle que soit l'étiquette de celle ou celui qui répand ces informations biaisées, ces "éléments de langage", ces positions néolibérales.

Plus que jamais, ce sera "l'humain d'abord". Et c'est dans tous les domaines bien entendu. Donc, il va falloir de l'argent. Il sera fourni par ceux qui ont bénéficié des largesses de nos représentants au Parlement, des exemptions de taxes de ceci ou cela, du plafond fiscal, de centaines de niches créées et utilisées par tous ceux qui ont les moyens de s'offrir un conseiller fiscal. Il sera fourni par les taxes prélevées sur les entrées de produits non européens.Il sera fourni par ceux qui ont fui à l'étranger, pensant ainsi échapper aux impositions françaises.

Avec cet argent , la priorité sera de redonner à nos enfants le cadre éducatif qui leur est nécessaire, sans pour autant dégarnir en postes d'autres pans du fonctionnariat, souvent déjà bien dégarnis. A cette occasion, une remise en cause de l'existant sera indispensable, tant cet existant est dégradé et inadéquat. Cela vaut aussi pour les universités, contraintes à une stupide concurrence dont les victimes sont aussi bien les étudiants que les chercheurs. A partir du moment où l'on revient à une notion de service public, cela change tout. L'humain d'abord !

Le constat est le même pour la Santé, délibérément sinistrée, là aussi, par des patrons-gestionnaires qui font passer le profit avant le service. Ils ne sont pas directement en cause, ils font le boulot pour lequel ils ont été nommés. Députés et sénateurs ont une grande part de responsabilité dans cet état de fait. Il faudra s'en souvenir, très bientôt. Il faudra aussi que les praticiens les plus célèbres ne cumulent pas le salaire dans l'hôpital public, et les grasses prébendes de la clinique privée chargée des cas les plus juteux, mais pas les plus risqués. L'adoption de la facturation à la tâche a d'ailleurs fait exploser les factures, en incitant à multiplier les actes inutiles.

Ces actes inutiles ont grevé lourdement, et pour rien, la sécurité sociale, que les néolibéraux se sont jurés d'abattre. Celle-ci ressent également de façon cruelle le manque à gagner des heures supplémentaires "gratuites" pour les patrons, le manque à gagner des chômeurs, de plus en plus nombreux quand les tâches non accomplies sont de plus en plus nombreuses également. C'est le cercle vicieux. Il va falloir le casser par la remise en route de l'économie : l'augmentation substantielle du SMIC en sera l'un des éléments. Cela permettra à ceux qui se nourrissent de machins improbables venus de loin grâce au dumping, d'acheter local ce qui remettra en selle les producteurs du coin. Et ainsi de suite.

En revanche, des économies intéressantes pourront être faites, en rapatriant les militaires perdus dans des "missions" improbables issues de l'indégonflable Françafrique aux relents sinistres, ou issues aussi de l'appartenance à une OTAN qui ne nous concerne en rien, bien au contraire. Arrêter ces deux sources de dépenses allègera allègrement nos finances. C'est seulement une question politique. Mesdames, Messieurs les politiciens, à vous de jouer.

Il reste encore beaucoup de dossiers sur lesquels se pencher. Renationaliser les transports (dont les autoroutes bien entendu), l'énergie, les communications (Poste, téléphonie) est une priorité qui rapportera de l'argent nécessaire au financement des travaux devenus plus que nécessaires, urgents. Voir l'état de délabrement croissant du réseau ferré. Quant à l'énergie, une question brûlante va se poser la concernant. Depuis le 5 mai, c'est donc récent, le dernier réacteur nucléaire encore en fonction sur 54 vient d'être arrêté au Japon. Dans notre beau pays, seule la centrale de Fessenheim, la plus ancienne de celles en service, sera peut-être mise à l'arrêt et démantelée "bientôt" . Sachant que celle de Brennilis, pourtant peu importante, et arrêtée déjà depuis longtemps, n'est encore que fort peu démantelée, on peut imaginer les délais. Les réticences sont tenaces.

Quelqu'un va poser la question, celle qui brûle la langue de tous les financiers : et LA DETTE ? Quelle dette ? Il va falloir déjà sérieusement la justifier, ligne par ligne, jusqu'au dernier sou, et que les citoyens soient au courant de l'avancement des travaux adéquats, quitte à en être parties prenantes. Et bien entendu, comme tout pays souverain, la France pourra décider de la partie de la Dette qui est indue, et qu'elle ne paiera pas. Quitte à renationaliser les Banques, et à se débarrasser des filiales uniquement spéculo-financières. Quitte aussi, désobéissant à l'article 105 et suivants du traité de Lisbonne, à se tourner vers une banque centrale pour assurer l'avance des financements nécessaires, à un taux correspondant aux frais de fonctionnement de cette institution.

Voilà ce qu'il FAUT faire. Est-ce ce qui va être fait ? C'est une autre histoire. Chacun, par son vote, peut aider à la réalisation de ces dispositions, en amenant au Palais Bourbon une majorité qui soutienne ce programme, soit le Front de gauche. C'est une initiative qui est de la responsabilité de tous, et de chacun. L'Humain d'abord. C'est trop important. Ne laissons pas les forces néolibérales imposer une fois de plus leurs exigences, alors qu'elles ne promeuvent que le bien-être d'une fraction bien mince de la population. L'Humain d'abord. Pas les banques.

3 commentaires:

  1. "Plus que jamais, ce sera "l'humain d'abord". Et c'est dans tous les domaines bien entendu. Donc, il va falloir de l'argent."
    Voilà ce que tu écris presqu'en tête de ton billet : ça commence bien mal, à mon avis et très probablement celui de Pierre Rabhi, dont tu nous a donné à lire récemment un fort bon billet !
    Un seul exemple d'actualité. En Grèce le parti local à peu près équivalent au FdG, après avoir largement battu les partis locaux équivalents à l'UMP et au PS, a été appelé à former une coalition gouvernementale et y a bien sûr échoué : la crise continue ...malgré le soudain déblocage de 4 milliards d'€ de la Troïka !

    J'admets tout à fait qu'il faille de l'argent, des expertises comptables, etc. Mais "l'argent d'abord" ce n'est pas "l'humain d'abord"...comme l'axe du billet le sous-entend !

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  2. Précisément, de l'argent, je démontre qu'il y en a sans aller quémander du côté du FMI ou de la BCE. J'en parle pour balayer tout de suite l'argument. C'est bien "l'humain d'abord", et non "les banques d'abord". Dans un premier temps, la circulation (mais non la thésaurisation) de l'argent sera encore nécessaire. Après, de plus en plus il deviendra superflu.

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  3. Je ne crois pas m'être fait explicitement comprendre, l'ami : Malgré la formule rhétorique "non les banques d'abord" en fin de billet, tout ton texte est axé sur "l'argent d'abord", certes au service de l'humain d'abord désormais...
    Je n'ai pas en tête du tout le temps lointain, utopique, ou l'argent sera superflu....!
    Ce que j'ai en tête ce sont d'innombrables mesures concrètes qui "coûtent rien" à mettre en place sinon de la bonne volonté : réhabilitation de l'importance de la gratuité dans nos rapports humains banals (sourire, menus services, échanges, etc.) et dans nos assemblées de quartier (favorisant par exemple les piétons et les commerces de proximité, les vrais marchés contre les "supers" et leurs CHAINES de distributions qui nous enchaînent) : bref la démocratie citoyenne élémentaire au jour le jour !
    C'est cela qui s'applique expérimentalement, maladroitement, dans diverses expériences "libérées", par exemple au Chiapas, en Islande, dans divers endroits des Andes, un temps en Argentine, sûrement ailleurs ! : bref la démocratie de la base vers le sommet, humaine, immense levier pour que l'État puisse IMPOSER aux banques la fin de leurs pouvoirs dictatoriaux - dont la corruption... Pour IMPOSER à la combine internationale "états & BM" etc. la fin du capitalisme d'abord !
    Bref la révolution citoyenne !

    Ou sinon ? les abîmes où s'enfonce la Grèce, avant et après d'autres ?...

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