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samedi 19 mai 2012

L'euro est mort


Je lisais hier soir un article du grand Soir, intitulé La Grèce ne peut plus différer sa sortie de la zone euro et tiré d'un billet du périodique allemand Der Spiegel.

On pourrait presque dire que ce (long) article en raconte plus sur le Spiegel et les autres journaux "officiels", que sur la Grèce elle-même. Considérer comme catastrophique que la libéralisation des emplois ne fonctionne pas dénote clairement combien ces périodiques sont obnubilés par le TINA : les exemples ne manquent pourtant pas, ils abondent, des effets ultra-pervers de cette option. Qu’une réorganisation en Grèce soit nécessaire, chacun peut en convenir. Que celle-ci passe en fait par la libéralisation, soit l’institution même de la pagaïe, dénote un lamentable exemple d’humour totalement involontaire.

Une reprise en main socialiste (dans le vrai sens du mot socialiste) intelligente peut fort bien sauver une situation que l’Europe bruxelloise et francfortaise rend de jour en jour plus difficile. Il suffit d’un homme à poigne qui emploie de force les pléthoriques hauts fonctionnaires à se rendre sur le terrain pour recenser gens, possessions et entreprises sous peine de leur couper les salaires.

J’imagine assez la tête d’Angela Merkel, si de telles mesures voient le jour. "Oh, shocking !" comme déploreraient les compassés habitués de la City of London...

Quant à l'euro...

A mon avis, les autorités US ont intérêt à un euro fort : cela leur permet d'écouler leur camelote à des prix plus compétitifs (comme leurs avions théoriquement, comme leurs armes aussi). C'est une stratégie similaire à celle de la Chine qui s'accroche pour garder un yuan faible (avec de plus en plus de difficulté d'ailleurs).

Un rouage grince : j'ai lu récemment que loin de tout fabriquer, la Chine assemble beaucoup de pièces conçues et fabriquées ailleurs, y compris en Allemagne. Cela amène les produits finis avec un coût dont la part de marge chinoise devient de plus en plus ténue. Comme la part du marché intérieur augmente, les rentrées de devises se raréfient à moins de trouver de nouveaux débouchés. De plus en plus difficile, là aussi.

Comme tout est lié (imprudemment) sur cette planète, il est assez clair que tout le monde fonce dans le mur, y compris l'Allemagne, y compris la Chine. Le Grand Marché Global se prépare à être un désastre. Merkel en est-elle consciente ? Les pontes de Bruxelles, Van Rompuy, Barroso, l'ont-ils mieux compris ?

L'euro peut rester, par commodité, la monnaie commune. En revanche, il ne peut plus prétendre à garder son statut de monnaie unique. Le "gardien du temple" à Francfort ne défend plus qu'un système condamné. Se contenter de bloquer l'inflation est ridiculement insuffisant. La FED a une stratégie plus souple, s'appuyant sur une politique unique loin des énormes disparités européennes. L'euro tel qu'il a été institué est déjà mort. Qui osera l'annoncer ?

C'est pourquoi il importe peu que la Grèce conserve l'euro. Ce qui importe, c'est la façon dont celui-ci va évoluer, ou pas, dans sa zone de référence.  S'il reste avec ses spécificités actuelles, il va éclater sous peu au grand jour. Il a déjà rendu le dernier souffle.

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