Je lisais hier soir un article du grand Soir, intitulé La Grèce ne peut plus différer sa sortie de la zone euro et tiré d'un
billet du périodique allemand Der Spiegel.
On pourrait presque dire que ce (long) article en raconte plus sur
le Spiegel et les autres journaux "officiels", que sur la
Grèce elle-même. Considérer comme catastrophique que la
libéralisation des emplois ne fonctionne pas dénote clairement
combien ces périodiques sont obnubilés par le TINA : les
exemples ne manquent pourtant pas, ils abondent, des effets
ultra-pervers de cette option. Qu’une réorganisation en Grèce soit nécessaire, chacun peut en convenir. Que
celle-ci passe en fait par la libéralisation, soit l’institution
même de la pagaïe, dénote un lamentable exemple d’humour
totalement involontaire.
Une reprise en main socialiste (dans le vrai sens du mot
socialiste) intelligente peut fort bien sauver une situation que
l’Europe bruxelloise et francfortaise rend de jour en jour plus
difficile. Il suffit d’un homme à poigne qui emploie de force les
pléthoriques hauts fonctionnaires à se rendre sur le terrain pour
recenser gens, possessions et entreprises sous peine de leur couper
les salaires.
J’imagine assez la tête d’Angela Merkel, si de telles mesures
voient le jour. "Oh, shocking !" comme déploreraient
les compassés habitués de la City of London...
Quant à l'euro...
A mon avis, les autorités US ont
intérêt à un euro fort : cela leur permet d'écouler leur camelote
à des prix plus compétitifs (comme leurs avions théoriquement, comme leurs armes aussi).
C'est une stratégie similaire à celle de la Chine qui s'accroche
pour garder un yuan faible (avec de plus en plus de difficulté
d'ailleurs).
Un rouage grince : j'ai lu récemment
que loin de tout fabriquer, la Chine assemble beaucoup de pièces
conçues et fabriquées ailleurs, y compris en Allemagne. Cela amène
les produits finis avec un coût dont la part de marge chinoise
devient de plus en plus ténue. Comme la part du marché intérieur
augmente, les rentrées de devises se raréfient à moins de trouver
de nouveaux débouchés. De plus en plus difficile, là aussi.
Comme tout est lié (imprudemment) sur
cette planète, il est assez clair que tout le monde fonce dans le
mur, y compris l'Allemagne, y compris la Chine. Le Grand Marché
Global se prépare à être un désastre. Merkel en est-elle
consciente ? Les pontes de Bruxelles, Van Rompuy, Barroso, l'ont-ils
mieux compris ?
L'euro peut rester, par commodité, la
monnaie commune. En revanche, il ne peut plus prétendre à garder
son statut de monnaie unique. Le "gardien du temple" à
Francfort ne défend plus qu'un système condamné. Se contenter de
bloquer l'inflation est ridiculement insuffisant. La FED a une
stratégie plus souple, s'appuyant sur une politique unique loin des
énormes disparités européennes. L'euro tel qu'il a été institué
est déjà mort. Qui osera l'annoncer ?
C'est pourquoi il importe peu que la Grèce conserve l'euro. Ce qui importe, c'est la façon dont celui-ci va évoluer, ou pas, dans sa zone de référence. S'il reste avec ses spécificités actuelles, il va éclater sous peu au grand jour. Il a déjà rendu le dernier souffle.
L'euro est mortifère. Achevons-le !
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