Un aspect du programme "L'Humain
d'abord" du Front de Gauche m'interpelle d'emblée. Sachant
combien ce volet du projet était essentiel, indispensable à qui
voulait vraiment avoir les coudées franches, j'ai cherché où le
collectif qui a conçu ce manifeste parlait d'Europe. Selon une
logique qui était la sienne, je ne l'ai trouvé que dans le chapitre
7, après la création d'une VIe République. Le souci de ce
collectif est effectivement de solliciter l'avis de tous les Français
afin d'aller à Bruxelles plaider sa cause, fort de ce soutien
populaire. J'encourage tout le monde à (re)lire les pages 67 à 71
du fascicule.
C'est effectivement une option. A mon
avis, si elle se présentait ainsi, elle se heurterait à des
intérêts parfaitement divergents non des peuples (leur avis ne
serait pas pris en compte, comme celui des Français et des
Néerlandais en 2005, ou pas sollicité du tout), mais des
gouvernants. Ceux-ci ne sont pour la plupart pas élus, et ont une
tout autre démarche, celle de ne pas déplaire aux financiers qui
leur prêtent de l'argent. Effet néfaste de l'article 123 du traité
de Lisbonne, celui qui est mis en cause précisément dans le
chapitre 7 de "L'Humain d'abord".
L'Allemagne, en premier chef, mais
d'autres pays aussi, en particulier les plus à l'est pour des
raisons diverses, vont sérieusement tiquer.
En cas de refus (acquis d'avance, on
peut s'en douter), alors seulement, serait envisagé un retrait du
Traité de Lisbonne, une sortie de l'euro-monnaie unique qui lui est
liée, et une nouvelle donne avec appel à la banque centrale
française (la BdF) pour financer à taux quasi-nul les réformes et
aménagements nécessaires. Temps perdus en palabres inutiles ?
Au moins deux ou trois ans. Sans doute bien plus.
Depuis longtemps je préconise une
sortie simultanée de tous les traités européens depuis 1957
(traité de Rome), et aussi de façon logique de l'OTAN auquel les
traités les plus récents assujettissent de façon plus ou moins
explicite tous les États européens, zone Euro ou pas. Sortie
totale : en 1958 De Gaulle avait entériné une OTAN strictement
défensive, à laquelle il n'avait adhéré que du bout des lèvres.
Aujourd'hui cet assemblage monstrueux n'est plus qu'offensif, et ses
intérêts ne sont que ceux du pays situé entre le Rio Grande et les
Grands Lacs. Il n'est pas question de lui fournir subsides et troupes
supplétives. Ses intérêts sont généralement antagonistes avec
ceux des Européens. En politique extérieure il n'y a pas d'amis, il
n'y a que des intérêts plus ou moins convergents.
Actuellement, un bon quart de ce que
verse notre pays au budget de l'Europe bruxelloise et libérale est
perdu pour notre budget national. Il se produit une péréquation
vers les pays les plus pauvres, ce qui est une bonne idée
humainement parlant, si c'est judicieux. Mais également il faut
penser à ces milliers de fonctionnaires européens aux énormes
avantages (dont des retraites auxquelles la plupart de nos
compatriotes n'oseraient jamais rêver). Rien que le budget
traduction et interprétation de ces 27 pays, parlant 21 langues,
utilisant 3 alphabets écrits, est colossal. Ceux induits par la mise
en application des directives ne l'est pas moins. Il faut savoir
que, d'anecdotique, le volume de nouveaux documents juridiques de
l'Union en est arrivé aujourd'hui à un rythme de cent pages par
jour. Ces cent pages doivent être ingurgitées par les
administrations des États, transcrites en lois, appliquées par les
multiples entreprises, administrations locales, etc... de tous les
territoires, engendrant un surcoût inchiffrable. Car tous les pays
doivent appliquer toutes les directives, contents ou pas. Que cela
soit adéquat, ou pas. Peut-on imaginer la gabegie budgétaire que
cela représente ? Les plus faibles s'écroulent, et c'est
logique.
Voilà pourquoi la sortie de ce
galimatias est urgente, pas question d'attendre encore une année,
voire bien plus, pour appliquer une nouvelle donne. Imaginons les
économies engendrées pas cette simple donnée : malgré une
sortie concomitante obligée de l'Euro-monnaie unique, des économies
très importantes peuvent se dégager immédiatement. On peut
parfaitement continuer à utiliser les billets, les automates de
paiement, les distributeurs sans rien y changer, et apporter une
simple correction aux relevés de banque avec par exemple une colonne
en euros (indicative), et une colonne un peu différente en monnaie
interne, avec une mise à jour quotidienne de la parité. Coût :
presque rien.
L'euro fut une belle idée, mais
appliquée en tant que monnaie unique et obligatoire à des pays aux
contextes et aux motivations complètement différents, c'était
l'échec assuré. Ceci dit, il peut parfaitement rester une monnaie
commune, applicable à tous les pays hors-Europe (géographiquement).
Sans doute ce compromis contentera-t-il moyennement l'Allemagne, mais
ce sera le prix à payer pour une trop grande hégémonie refusant de
considérer les contextes des autres pays de la zone euro.
Voilà ce que, concurremment à la
position du Front de Gauche, je propose. Cette proposition
sera-t-elle un jour mise en application ? En tout cas prenons
date : voici UNE solution à la situation actuelle, qui n'est
brillante nulle part.
Bien entendu, de pair à cette
initiative, il s'agira de mener une sévère audit de la prétendue
Dette (celle qui a démarré son ascension le jour où les banques
privées furent le seul recours de l'État pour ses financements
légitimes). Mais cela, le Front de Gauche en était conscient, et
l'a inscrit dans ses prévisions.
Bien que modérée, très modérée, la
réforme que le Front de Gauche voulait instaurer était encore trop
pour les hommes de Finance et de Pouvoir. D'où cette énorme
publicité (qui a dit propagande?) pour des hommes qui ne
dérangeaient pas les lignes, y compris dans une pseudo-gauche qui a
pris bien soin d'aller à Londres assurer les banquiers que tout
allait bien, que la situation était maîtrisée.
Preuve irréfutable de cette
allégeance : les Marchés n'ont pratiquement pas bougé
à la lecture des résultats des élections françaises. Tout va
bien, les intérêts des Maître du Monde sont bien gardés.
Beurk.
merci de ce très bon point de vue critique ; oui, on peut bien parler de "propagande" à propos des manœuvres des eurocrates qui REGNENT sans avoir été élus ; d'où le vice premier et fondamental du recours aux banques privées pour les prêts qui sont du ressort, normalement, des banques nationales ;
RépondreSupprimeren fin de ton texte, tu évoques la "réforme modérée" proposée par le front de gauche : c'est vrai, mais les vrais pouvoirs bruxellois y ont déjà vu "rouge"!!!
c'est dire que les manœuvres en cours contre nos amis grecs au bord du pouvoir légal vont bon train : la dictature des banques vit de la crise créée par elles sur le dos des pouvoirs populaires en lambeaux !
c'est pas gagné, mais
ah ça ira, ça ira, les spéculateurs à la lanterne !!!
Pour approfondir, si tu n'as pas lu le bouquin
RépondreSupprimerhttp://www.despasperdus.com/index.php?post/2010/02/02/l-Europe-sociale-n-aura-pas-lieu
Merci pour la référence, DPP !
RépondreSupprimerTon intervention est MAJUSCULE, Rem* : comment va le coude ce soir ?