Politique. Nouvelle donne, dans le monde ?

Et voilà. Les acteurs sont en place.Le Palais Bourbon va bientôt bruire de l'invasion de nouvelles têtes (40%), dont la benjamine n'a que 22 ans. Le gouvernement entièrement confirmé dans sa légitimité, parfois dès le premier tour comme le premier ministre lui-même, va pouvoir commencer à pratiquer "sa" politique, sans aucune interférence des deux Chambres.

N'est-il pas inquiétant, de se dire qu'en cas d'outrepassation des limites démocratiques, rien ne pourra le faire dévier de ses résolutions ? Même la rue, on l'a bien vu en 2010 à propos des retraites, n'a pu modifier la trajectoire de lois inopportunes malgré une très forte mobilisation. Il est vrai que les syndicats jouent dans ces cas-là un rôle peu clair, démobilisateur et objectivement collaborateur.

En Grèce, la détermination de tous ceux qui descendaient, eux aussi, dans la rue, n'a pu réussir à vaincre dans les urnes ceux qui réussissent suffisamment à profiter du système d'une façon ou d'une autre, plus ou moins légale probablement. C'est donc l'équivalent de l'UMP qui bénéficie des 50 sièges de bonus, une mesure établie pour stabiliser les majorités, sauf que cela ne fonctionne pas comme les rebondissements récents l'ont démontré. Et l'annonce non confirmée encore que le PASOK refuserait de participer à un gouvernement de coalition sans la présence de Syriza pourrait bloquer le processus à nouveau.

Grèce - "les colonels"

 Que se passerait-il dans ce cas-là ? La Troïka ne risque-t-elle pas d'imposer un cabinet technique, comme en Italie, avec un banquier "du sérail" à sa tête ? L'armée, si puissante, ne serait-elle pas tentée de refaire le coup de la sinistre "dictature des colonels" de 1967 à 1974 ?

En Égypte, là aussi l'armée semble bien déterminée à garder le pouvoir envers et contre tous. Évincer Moubarak, au prix de tant de morts, n'aura servi à rien. Quant à lui, son état de santé présumé lui évite de subir les affres de l'emprisonnement. Seul Ben Ali a intérêt à ne pas sortir la tête de sa retraite dorée en Arabie Saoudite, autre magnifique démocratie, car cette tête, il pourrait bien la perdre sur un coup de vent un peu inopportun.

siège de la CIA

Ainsi s'étale l'état du monde. Les étudiants québécois réussiront-ils à faire entendre raison à leur bien-aimé Charest ? Les Indignés de Wall St sont-ils rentrés dans le rang ? Les puissants médias du Venezuela, coalisés contre Chavéz, vont-ils enfin lui laisser la possibilité de poursuivre ses intéressantes réformes dans la sérénité ? Combien de personnalités dans le monde, jugées indésirables par l'hôte de la Maison-Blanche, seront-elles assassinées cette année ? Voilà ce que vos journaux ne prendront guère la peine de vous en informer.

Nous vivons dans un monde formidable. Dans le sens premier du terme, hélas ! Consultons le Wiktionnaire :

Emprunté au latin formīdābilis (« formidable, terrible »), dérivé de formido (« peur, terreur, effroi »).

CQFD