Au hasard des recherches, quelle surprise ! on ne sait guère ce qui s'est passé à la fin de la grande Guerre, quand l'Alsace-Moselle est redevenue française avec la bénédiction (!+!) de la bourgeoisie locale. Merci au PG 67 pour cette page d'histoire.
30/08/12
Dans le Bas-Rhin, les jeunes du Parti de Gauche sont motivés
De retour du Remue-Méninges, la frange la plus mobilisée et la plus
volontaire du Parti de Gauche, dans le Bas-Rhin, composée de jeunes
militant-e-s, a décidé de prendre les devants. Ayant compris assez
rapidement le combat qu'il fallait mener sur le front du TSCG, ils ne se
sont pas ménagés: dès le lendemain du Remue-Méninges, ils fabriquaient
des pancartes, des panneaux, ils planifiaient une véritable campagne
d'action et d'éducation populaire dans toute la ville. De retour d'une
réunion avec eux (et elles), je me retrouvais sur le chemin, les
accompagnant, avec des pancartes autour du cou ("non au TSCG"), nous
braillions, bras-dessus, bras-dessous, en parcourant la commune. La
carmagnole et la Marseillaise revisitées...
Les gens s'arrêtaient en ouvrant les yeux (et les oreilles) pour
comprendre ce que cette bande enthousiaste de joyeux citoyens voulait
dire. Un coup de klaxon par ici et sur le chemin, deux veuves retraitées
nous interpellent avec un sourire. "C'est pour le TSCG." On explique...
Elles témoignent: "Vous avez bien raison! C'est qu'avec la crise,
bientôt, on va nous couper les retraites! C'est pourtant pas grand chose
pour vivre quand on est veuve." Plus loin, un homme sur son vélo: "Oh
hé, qu'est-ce que vous faites?!" Il posa des questions. Bien vite, on
comprit que c'était une sorte de libertaire: "plus à gauche que vous."
(On attend des preuves...) "Vous savez pourquoi la rue du 22 novembre
s'appelle la rue du 22 novembre?" Quelques uns d'entre nous le
savaient... à sa grande surprise.
C'est le nom d'une rue de Strasbourg qui fait référence au 22 novembre 1918,
pour célébrer l'entrée de la troupe française dans la ville. La
bourgeoisie alsacienne et ses amis de la social-démocratie concordataire
y voient là un évènement national, où l'Alsace a retrouvé sa place dans
le giron français. En fait pas du tout: Strasbourg était en fait
devenue indépendante politiquement du Reich allemand qui était en pleine
décomposition: les institutions centrales du Reich n'avaient plus en
pratique aucun contrôle sur ce qui se passait en Alsace-Moselle. Après
la guerre, comme partout dans le Reich, à Strasbourg, un gouvernement
des conseils (l'équivalent de la commune) a été décrété: l'elsässische Räterepublik.
Les soldats formèrent à Strasbourg un conseil de soldats. Un soviet! Le
9 novembre, le drapeau rouge était hissé sur la flèche de la
cathédrale. Autant vous dire que la bourgeoisie commerçante et
industrielle, la paysannerie réactionnaire de la campagne, commençaient à
s'inquiéter. On imagine volontiers le rôle de l'Eglise. Après quatre
années de guerre, la défaite, maintenant un gouvernement des
travailleurs, c'était de trop!
En Allemagne, de l'autre côté du Rhin, le pays commençait à sérieusement
tanguer: des républiques des conseils étaient proclamées d'un bout à
l'autre du pays. Cette insurrection se déploya sur tout l'ancien
territoire du Reich, qui voyait fleurir des conseils ouvriers d'un bout à
l'autre du pays, les drapeaux rouges hissés sur les plus hauts
bâtiments de nombreuses villes. On l'oublie souvent: mais l'Allemagne de
1918 était au bord de reproduire ce qui s'était passé quelques mois
plus tôt en Russie. A Berlin, en janvier 1919, trois mois après que le
drapeau rouge a été hissé sur la cathédrale, la révolte spartakiste,
guidée par Rosa Luxembourg et Karl Liebnecht aboutit à la proclamation
de la république des conseils, qui fut bien vite réprimée dans le sang
par la bourgeoisie allemande, avec le soutien de la sociale-démocratie.
Quoiqu'il en soit, la situation insurrectionnelle en Allemagne ne
plaisait évidemment pas aux classes dominantes qui cherchaient, par tous
les moyens, de s'en débarrasser.
La bourgeoisie alsacienne - dans les territoires ruraux notamment, mais
aussi dans les quartiers riches de la commune de Strasbourg - ne pouvait
pas compter sur le Reich allemand en pleine décrépitude après la
capitulation et l'armistice du 11 novembre 1918. Il fallait donc compter
sur l'annexion à la France pour réprimer le régime conseilliste. Dans
les quartiers bourgeois, on criait: "Plutôt Français que Rouges!"
Jacques Peirotes, un social-démocrate strasbourgeois, supplia le Grand
Quartier Général d'intervenir rapidement, de "hâter leur entrée à
Strasbourg, la domination des rouges menaçant de prendre une fin
tragique." La république des conseils ne fut pas réprimée dans le sang.
Première action de la troupe: la prise du Palais de Justice où siégeait
le Conseil, qui dut rendre le pouvoir à l'armée, laquelle abrogea toutes
les décisions prises par le régime conseilliste. L'Alsace a réintégré
la nation française, après de rudes négociations qui ont vu, notamment,
le refus d'abolir le Concordat qui s'applique toujours, avec le soutien
des mêmes sociaux-démocrates.
Pour plus de détails: http://www.lalanterne.fr/images/film_pdf/DP%20Quand%20le%20drapeau%20rouge.pdf
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