Un veilleur attentif de Fukushima, nuckelchen, a remarqué un dégagement de fumée ou de vapeur au sud du réacteur n°2 sur la vidéo de la webcam TBS. Cet
évènement a eu lieu le 4 septembre 2012 entre 10h57 et 11h20. Voici son enregistrement :
Un panache similaire avait également été aperçu au même endroit le 28 février 2012, de 10h52 à 11h58. Le voici pour rappel :
Or, la vidéo du 4 septembre est cette
fois suffisamment nette pour distinguer deux objets larges et clairs à
la base de ce dégagement.
Il est même clair que le dégagement s’échappe de l’objet situé à droite.
Grâce à cette nouvelle vidéo, il ne
fait plus aucun doute que ces objets sont des cheminées de la piscine
commune, cheminées que j’avais repérées en étudiant
ce bâtiment de
près au début de l’année. Voici un cliché réalisé sur le site, montrant l’ensemble de ces cheminées.
On y voit un ensemble de 4 cheminées verticales sur la gauche et un
autre de 2 cheminées coudées sur la droite. Comme la caméra TBS est
située de manière inverse à cette prise de vue, les deux
objets visibles doivent être considérés comme les 2 cheminées
coudées. Ceci est confirmé par une autre photo de début 2012 qui montre
bien que les cheminées droites sont dans l’axe de la tour de
ventilation, donc les cheminées coudées sont logiquement situées à
gauche des cheminées verticales dans l’image de la webcam TBS.
Nous avons donc là une information
inédite : Tepco procède à des dégazages réguliers à partir de la piscine
commune. Il faut exclure l’idée d’un incendie. Il
s’agit là plutôt d’un panache de vapeur qui se condense au contact
de l’air extérieur à moindre température. Sans doute ces effluents
gazeux sont-ils habituels dans une telle installation
nucléaire, puisqu’il existe au moins 6 cheminées dans ce bâtiment.
Mais il serait intéressant de savoir pourquoi ils sont si chauds au
point de produire un panache visible à des kilomètres. Autre
question en suspens, sont-ils radioactifs ?
Les cheminées coudées semblent être reliées à un système de ventilation motorisé
En attendant d’en savoir plus, il
faut revenir à cette date du 4 septembre 2012 car un autre évènement a
eu lieu ce jour-là : à 10h30, Tepco a commencé à
injecter de l’azote dans la chambre de suppression du réacteur n°1,
suite à une augmentation de la teneur en hydrogène et en krypton 85. Cet
évènement était loin d’être anodin, car le taux de
krypton était 2000 fois supérieur à celui relevé en novembre 2011,
lors de la dernière alerte sur le réacteur n°2. Alors, krypton piégé ou
krypton frais qui indiquerait une reprise de criticité
du corium ? La question est clairement posée
ici.
Et aujourd’hui, une question
supplémentaire s’impose : une petite demi-heure séparant le début des
deux évènements du 4 septembre, l’effluent atmosphérique du
bâtiment de la piscine commune ‒ contenant plus de 1000 tonnes de
combustible il faut le rappeler ‒ a-t-il un rapport avec la soudaine
activité gazeuse du réacteur 1 ?
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Addendum
Un 3èmeévènement a eu lieu le 4 septembre 2012, mais cette fois-ci dans le réacteur n°2. Voici une copie de la traduction française de l’article de Fukushima Diary :
FUKUSHIMA DIARY FR - La température augmente à un haut niveau dans le
RPV2Par Mochizuki, le 7 septembre 2012 (traduction Mimi Mato).
Une forte augmentation de température a été observée dans le RPV (= enceinte de confinement du réacteur) du réacteur 2.
Elle a été détectée le 4 septembre 2012 mais Tepco ne le rapporte que le 7 septembre 2012. Tepco décide si un thermomètre doit être considéré comme fiable ou hors d'usage.
Tepco a publié ceci (lien) :
Le 4 septembre vers midi, une forte augmentation de la chaleur (par pas de 1,6℃) a été détectée par le thermomètre de contrôle de la température à la base de l'enceinte de confinement de l'unité 2 (inclus dans la spécification technique de surveillance (Article 138/143), VESSEL BOTTOM ABOVE SKIRT JOT (TE-2-3-69F2)). A cause de ceci, une mesure directe de résistivité a été faite sur le thermomètre, le 6 septembre de 11:15 AM à 11:24 AM. En conséquence, la résistivité directe (209.34Ω) s'est révélée à 30 % et plus de la résistivité minimale mesurée après l'accident (117.84Ω). Une évaluation de la tendance des températures (deuxième évaluation) sera faite pour déterminer si le thermomètre peut être utilisé comme référence ou doit être considéré comme hors d'usage.
Vous pouvez le voir sur le graphique suivant. La température relevée par ce thermomètre est en vert (lien).
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Le
4 septembre 2012, il s’est donc passé quelque chose à l’ex-centrale de
Fukushima Daiichi,
quelque chose qui a provoqué une production anormale d’hydrogène
et de krypton 85 dans le réacteur 1, qui semble avoir provoqué une
augmentation soudaine de la température dans le réacteur 2,
et qui a nécessité une ventilation de gaz chauds dans le bâtiment
de la piscine commune. Et si on reparlait des coriums ? Toujours pas localisés 19 mois après leur disparition ?
juste un petit moyen pour vous signaler que je sévis de nouveau sur la blogosphère, et plutôt deux fois qu'une, même si vous pourrez constater que la nouvelle formule est plus allégée. Les nouvelles adresse :
RépondreSupprimer- La semaine de Leunamme : un seul billet par semaine, une sorte de commentaire de l'actualité de la semaine.
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En espérant vous y retrouver nombreux.
Leunamme