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mardi 6 novembre 2012

Casser l'utopie

Avec son aimable autorisation, j'ai la joie de répercuter ici un texte limpide d'une personne qui signe Gédicus. Merci pour la confiance !


Casser l’utopie

Casser l’utopie, voilà ce qu’ils veulent. Ils ne veulent pas que l’on prouve que ce qu’ils nomment « utopie » peut exister. Il ne faut pas que des preuves concrètes viennent démontrer qu’on pourrait vivre autrement ; que les tentatives « utopiques » ne débouchent pas forcément sur des dictatures (Comme la propagande de leurs « historiens » nous l’assure depuis que les bolcheviques et staliniens ont transformé le rêve communiste en camp de concentration). Il ne faut pas que l’idée puisse se répandre dans les esprits que l’on pourrait faire autre chose que ce à quoi tous leurs rouages nous obligent.

Ils sont les gardiens cyniques et féroces d’une organisation sociale conçue pour que les grands faiseurs de fric en fassent toujours plus et que les pauvres en chient toujours plus. Ils n’ont pas « d’états d’âme » (comme ils disent dans leur jargon méprisant). Pas la peine de s’offusquer de leurs méfaits ; d’essayer de leur faire entendre « raison ». Ce ne sont pas des gens « raisonnables » bien que ce soit le déguisement qu’ils préfèrent. Ils ne veulent qu’avoir raison de ceux qui refusent de se plier à leurs décisions : par la matraque et les lacrymos, les flash-balls et les procès, les amendes et la prison, et autres vacheries moins officielles. Ils n’en sont pas encore aux tanks et aux missiles (ça ne fait pas « démocrate ») mais, s’il le faut, ils se souviendront que leurs ancêtres ont su faire tirer sur les dangereux utopistes d’hier, communards et spartakistes, makhnovistes et zapatistes, et autres« collectivistes ».

Ce qui les inquiète c’est que l’utopie reprend du poil de la bête. Confrontés à leurs impasses (Paye la banque et crève en silence) des gens de plus en plus nombreux, partout, se disent qu’ils peuvent essayer de s’en sortir, quitter la machinerie écrasante du tous contre tous ; agir ensemble pour sortir du labyrinthe piégé. Voilà ce qui leur fait peur. Ils savent que leur feuilleton du bonheur technocratique et marchand fait de moins en moins applaudir les spectateurs et que, sans cette adhésion du public, leur force est à la merci d’un renversement de perspective, comme cela s’est vu plus d’une fois dans l’histoire. Ils savent que leur force est faible malgré ses uniformes, ses carapaces, ses cons dévoués et toutes ses machines.

Voilà pourquoi ils mettent le paquet contre tout ce qui prouve, que la soumission à leurs règles n’est pas le seul comportement possible. Voilà ce qui est en jeu à Notre Dame des Landes comme à Marinaleda ou au Chiapas. A Notre Dame des Landes, les jeunes « squatters » au lieu de mendier à Pôle emploi ou de s’affliger de la prétendue crise du logement, ont démontré que si l’on veut on peut sortir de la dépendance au fric roi et aux rois du fric. Avec de très maigres moyens et une énergie phénoménale, ils ont rénové des maisons ; construit des cabanes de rêve (mieux que celles vendues en kit pour les parcs des riches) ; cultivé des jardins inventifs et produisant des légumes sains (sans « label » bruxellois) ; créé une boulangerie, une bergerie et, surtout, développé des relations solidaires et chaleureuses, à l’opposé du « chacun pour soi, écrase ton voisin» qui est la bible des « gagneurs » malheureux confondant bonheur et Bling-Bling.

Voilà pourquoi les majordomes du capitalisme, en livrée « socialiste », ont lancé leurs soudards et leurs bulldozers contre leur œuvre. Voilà pourquoi ils démolissent des maisons, des corps, des vies, des espoirs.  Parce qu’ils veulent démolir la preuve qu’un autre monde, une autre vie sont possibles. Mais leur hargne montre leur trouille. De plus en plus, cette société échappe à leur maitrise. L’utopie est leur chardon : Écrasée, étouffée, assassinée, elle renait toujours. Et toutes les bourses se recroquevillent en le constatant.
Gédicus (1er novembre 2012)

4 commentaires:

  1. C'est amusant, je retrouve beaucoup d'arguments d'Elie Arié dans ce descriptif, ces gens sont dangereux par leur soumission aux règles qui les arrangent.

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  2. Rosa Elle, pour certains il n'existe qu'une seule valeur : le fric. Alors qu'il n'est qu'un banal outil, ils l'ont déifié, et considèrent tout le reste comme négligeable. Il est vrai aussi que dans la même logique, oseille = pouvoir. Faute d'être en harmonie avec la Terre, ils veulent la dominer parce qu'elle leur échappe. Et elle leur échappera toujours, sauf s'ils réussissent à vraiment la détruire.

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  3. Oui, au niveau de l'argent comme outil, tu sais que je suis d'accord avec toi, et je suis contente que cette idée se popularise de plus en plus.
    Nous ne sommes pas si inutiles que cela

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  4. Pour casser le capitalisme, il sera sans doute nécessaire de casser l'outil. Mais d'abord, casser les banques. Et pour cela, interdire de prêter l'argent que l'on n'a pas. Corollaire, bien entendu l'intérêt est interdit (comme le recommande l'Islam).

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