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lundi 19 mai 2014

De Kerviel à la chute de l'Empire

Jérôme Kerviel, ancien trader, a donc été appréhendé à minuit, à Menton. Revenu de Rome à pied, il n'a pas opposé de résistance, et doit s'attendre à purger la peine décidée par le tribunal.

Ne doit-on pas s'interroger, en pleine offensive des banques, et de leurs larbins les politiciens, à propos de ce procès ? Certes, emporté par l'engrenage, il a fauté. Mais de redoutables questions restent posées.

Aussi longtemps qu'il gagnait, malgré des irrégularités qui n'ont pas pu ne pas être décelées, la banque qui l'employait a couvert ces irrégularités. Pourquoi ?

A un moment, les opérations qu'il a initiées n'ont pas aussi bien fonctionné, ce qui est fatal dans ce genre de travail. Or les affaires de la banque, indépendamment de lui, n'étaient plus aussi florissantes non plus : n'était-ce pas un bon moyen de détourner l'attention sur un lampiste, en soudain faisant mine de découvrir ses agissements, et en les soldant au débotté, à perte, "'sans réfléchir" ? Dans ce genre d'opération, il y a toujours des hauts et des bas.

Chic, l'État a bien dédommagé la banque, dont il s'agit pourtant aujourd'hui de son boulot, de prendre des risques. Ce sont nos impôts, au lieu de faire œuvre utile, qui ont "récompensé" la banque en faute.

Cette banque est-elle si transparente ?Est-elle plus puissante que l'État ? Elle a décidé qu'il n'y aurait pas d'enquête approfondie dans ses comptes, et il n'y en a pas eu. Qu'a-t-elle fait ? N'a-t-elle pas enfreint lois et réglements par des manœuvres douteuses ? Quelles furent exactement les pertes, s'il y en eut, et d'où provenaient-elles exactement ?

Jérôme Kerviel, ne le cachons pas, exerçait un métier certes à risques, par définition, mais surtout un métier intrinsèquement malhonnête. Quand il faisait gagner de l'argent à son patron, cet argent provenait nécessairement de pertes chez d'autres personnes, physiques ou morales.  Quand un forgeron prend un  morceau de fer, et en fait quelque chose, un cadre de vélo réparé, ou une œuvre d'art en fer forgé, il crée de la valeur. Un financier se contente de déplacer de la valeur, de préférence de la poche des travailleurs-créateurs, à celle de simples parasites, banquiers, assureurs, spéculateurs, commentateurs, agents de propagande.

C'est pourquoi je déplore pour Kerviel qu'à un moment de sa vie, il ait gaspillé son intelligence à des occupations aussi futiles et dangereuses pour l'ensemble de ses compatriotes. Manifestement, il l'a maintenant pleinement compris. Ses ex-patrons, non. Eux restent des agents du $¥$T€M€, pleinement et sans remords. Ce sont eux, par conséquent, de ce fait même, qui devraient être condamnés, eux et tous ceux de leur espèce. Voler par le biais de la finance les travailleurs devrait être considéré comme un crime. Il est symptomatique qu'il n'en soit rien, comme si les législateurs et les robins étaient complices de cette lacune.

Voilà. Il va falloir soutenir Jérôme Kerviel, qui se brûla les ailes dans un ensemble très vaste, sorte de caverne des Nibelungen pleine de bruits et de fureurs. Il va falloir œuvrer tous pour qu'un tel Système disparaisse : il s'agit d'une escroquerie à l'échelle planétaire, où des personnages ivres de Pouvoir se vautrent aux dépens des vrais humains.

Une façon de poser quelques pierres d'une nouvelle donne pourra consister en un boycott massif d'un scrutin chargé seulement de sanctifier la forfaiture du 4 février 2008, et tout ce qui a suivi. Cela sera un soutien à l'action de Kerviel désormais, de même que le fait de s'efforcer de trouver sa subsistance dans les marchés locaux, et non dans les grandes surfaces ; de limiter ses déplacements non professionnels en voiture ou en avion ; de réparer quand on le peut, au lieu de jeter. Ces petites choses minuscules, si ce sont des millions qui les mettent en œuvrent, pèseront lourd.

bab

9 commentaires:

  1. tout est bon pour appeler à l'abstention donc à renforcer le FN

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    1. Je rigole.... le FN craint l'abstention ! C'est le type de raisonnement que les merdias cherchent à implanter, contre la réalité. Le FN ne fait de bons scores que quand les gens se déplacent beaucoup. Il suffit de lire les chiffres.

      D'ailleurs, entre certains du PS ou de l'UMP et d'autres du FN, où est la différence ?

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  2. En effet, Bab, assez joué aux moutruches, dociles , tête dans le sable et fesses offertes. Assez de voir ces oligarques qui ont capté le pouvoir et offrent un petit grelot - l'assemblée européenne - , et une petite farce - l'élection européenne - pour faire croire qu'il y a démocratie , tandis que ces oligarques ont capté tout pouvoir de décision des peuples des états européens

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    1. La démocratie.... ce mot qu'on ressort poussiéreux de temps en temps....

      Voter tous les 5 ans pour des gus qui en feront à leur tête et à celle de leurs fournisseurs de fric, c'est çà, la démocratie ? Voir les référendums bafoués l'un après l'autre, c'est çà la démocratie ?

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    2. En effet ce n'est pas ça, du tout, la vraie démocratie ! Qui est bafouée dans ce système régalien d'une pseudo République (et d'une pseudo U.E., pire) d'oligarques dignes des nobles d'antan...

      Autre chose : Je suppose que ce nom (digne de la novlangue de Big Brother!) de "Société Générale" que vole cette banque à notre société générale civile, signifie légalement "S.G. de banques", un truc comme ça? Je me souviens, à mes 20 ans en 59, avoir découvert, stupéfait, qu'en Algérie Coloniale, le vrai pouvoir était à la "Société Algérienne" : non, pas celle du peuple, celle de la "Société Algérienne" de banques, mot non-dit!...
      J'ignore ce qu'il est advenu, juridiquement, de cette pieuvre en 1962 : elle a sûrement basculé en France ses rapines colossales... comme le firent la Banque d'Indochine et la Compagnie de Suez, devenant ensemble la holding Suez puis l'actuel Suez...
      Est-ce qu tu sais, si, de même, il y a filiation entre l'ex "Société Algérienne" et l'actuelle "Société Générale" ?
      Toujours est-il que la méthode colonialiste de rapines des riches dans les poches des pauvres continue... derrière le paravent d'une pseudo-démocratie entretenue pour la règle d'or de la "concurrence-libre-et-non-faussée", vaste blague !!

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  3. Je partage ton analyse. Il fallait un bouc émissaire pour permettre au capitalisme néolibéral et financier de perdurer. La pièce de Lordon met en scène l'entourloupe.

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  4. cela rejoint mon billet de ce matin : quand Kerviel, sous-fifre se trouve en tôle durant 3 ans, Jean Marie Messier l'oligarque financier se retrouve avec du sursis...

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  5. Moi , je ne défendrai pas ce mec , tant que çà a fonctionné , c'était du pain béni pour lui , combien de boites il a mis en difficultés , les conséquences de ses clics de souris ! ces gens là sont les bras armés du systéme !! il a fallu qu'il perde une fois , pour qu'il se rende compte !! trop facile !!! s'il n'avait pas perdu ce jour là , il en serait encore à jouer au bingo , sans mesurer les conséquences de ses actes !!! c'est curieux que Méluche soutient ce mec !!!

    Cependant , effectivement , c'est un lampiste ! la Société générale a fait tout porter le chapeau sur lui ! alors qu'il est avéré qu'elle pouvait ne pas savoir !!! il manque de nombreuses piéces au dossier ! Médiapart parle de cette affaire mieux que moi ! Eva Joly souléve aussi pas mal d'interrogations !!

    Une révision du procés s'imposerait ! je ne comprends pas que les indemnités à verser au civil ont été cassées , et que dan le même temps la décision pénale est restée la même ( 3 ans de prison ) , alors que la faute pénale était liée au préjudice ! préjudice qui a été cassé ! ( il n'a plus rien à payer ) ...

    Mais de là à le défendre , parce qu'il est le seul à avoir payé , non ! lui, et ce systéme , ils font un tout ! ok , il s'est repenti auprès du pape ! et y'a le pére Gourrier , qui le suit !! bon ! çà fait même drole que pour une fois , les curés et Méluche , même combat ! enfin !! :-)

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    1. Kerviel ? un pôv'type, qui a cru, qui a cru... sortant de sa Bretagne profonde.

      Oui, ordure, et victime à la fois. Ce que ne sont pas les grands pontes, qui savent très bien ce qu'il en est.
      Tiens, j'ai essayé de t'avoir au tél : rien à faire. Les ondes ne passent pas.

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