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vendredi 30 mars 2012

Une France en campagne surréaliste, vue d'outre-Manche

Ce matin, une dépêche AFP souligne que l'hebdo financier britannique, "The economist", juge "les candidats" fort peu capables de diriger la France d'aujourd'hui. Ah ?

Sous le titre "La France dans le déni", l'éditorial du numéro à paraître vendredi juge qu'il y a "plus inquiétant encore que la mauvaise foi" de l'un ou l'autre des candidats: "la possibilité qu'ils pensent vraiment ce qu'ils disent" dans leurs programmes.
A l'attentisme prêté aux deux candidats face à la situation économique de la France qu'il juge "particulièrement sombre", The Economist oppose "la rafale de réformes" conduites en Italie, en Espagne ou en Grèce. "Une France léthargique et non réformée pourrait bien se retrouver au centre de la prochaine crise de l'euro", met-il en garde.

On notera que pour cette respectable publication, il n'y a que DEUX candidats. Les autres sont déjà à la trappe, dans une logique "fort démocratique" (euh...). Ces deux candidats ont la particularité, UN, de ne pas avoir de vrai programme écrit, DEUX, de faire entendre par leurs déclarations ici et là (y compris à Londres)  qu'ils vont continuer exactement dans la direction actuelle, en accentuant sous les ordres de "l'Europe" la pression sur le pouvoir d'achat des plus défavorisés, donc en obérant les possibilités de relance. Il est vrai que, vu de Londres, les deux candidats les plus en vue ne semblent pas prêts à oser "en faire plus", sous-entendu comme ce qu'ont fait leurs homologues grecs, ou portugais.....

Soyons réalistes. Ces deux-là restent encore relativement peu hardis face à des Monti ou Papademos, Hollande "par construction" et par goût pour le consensus, et Sarkozy par inculture économique vraisemblablement. La candidate la plus à droite aura un profil économique similaire, parce qu'elle aussi n'est pas une "pointure" au niveau économique, tout en étant exactement sur la même ligne. Elle aura sûrement un certain succès au premier tour, pour avoir gommé dans la vision populaire les outrances de son père. Elle y perdra une partie de ceux qui entretenaient un vote protestataire, justement par son côté plus consensuel, tout en récoltant en contrepartie quelques voix de ceux que les écarts verbaux de son géniteur pouvaient choquer.

Le plus hardi dans ce sens d'accentuation de la pression serait, semble-t-il, le "centriste habituel", pourtant peu assidu aux réunion du Parlement si on en croit les statistiques. Mais dans la conjoncture actuelle son score final semble voué à se faire laminer par les forces en présence.

Quant au candidat de la gauche, Londres l'a oublié. Trop différent, trop éloigné des doxas internationales, trop prêt à justement lancer des mesures radicales, il est invisible. Car les idées exprimées dans son programme (écrit, lui) ont bien une hardiesse qui le singularisent nettement vis-à-vis des autres. Pire, ces idées, claires, chiffrées, cohérentes, il sait les expliquer patiemment au cours des réunions où il est invité. Et parce que c'est clair, cohérent, et réellement social, ces idées font mouche et entraînent l'adhésion de citoyens de plus en plus nombreux. Non, pas ceux des beaux quartiers, mais justement ceux des lieux oubliés du Pouvoir, géographiquement ou "culturellement".

Un scénario se dessine de plus en plus. Une marée d'espoir monte. C'est un homme, mais c'est surtout un immense ras le bol qui s'exprime avec acuité et prégnance. C'est une révolution citoyenne, qui s'exprime dans un cadre légal, mais avec une force qui doit inquiéter l'Establishment par son côté universel, irrésistible, rappelant l'immense "Vive la Nation" de Valmy. Le Peuple Souverain, bafoué depuis toujours, relève la tête que les tyrans successifs ont voulu rabaisser.

The Economist saura-t-il voir ce qui se passe ? Ou restera-t-il confit dans ses schémas libéraux comme les affectionne Albion depuis si longtemps ? Se rend-il compte que cela pourrait changer la donne dans l'Europe entière, si la France redevenait elle-même, phare éclairant le monde (du moins celui du nord) et refusant les diktats des stupides financiers ? Car la victoire du Peuple, personnalisée par celle du tribun qui lui éclaire la voie, n'est pas du tout invraisemblable. Redoutable défi à cette inhumaine Europe des gros sous qui hait les citoyens, surtout éclairés.

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