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mardi 15 mai 2012

Les 64 ans de la Nakba

N'oublions jamais. Ici, c'est mon ami Ziad Medoukh qui prend la plume à cette occasion, relayé par Al Oufok. Ziad est directeur du département de français à l'université Al Aqsa de Gaza. La Nakba et moi, nous avons le même âge. Il faut que les nouvelles générations sachent à leur tour, et transmettent le message aux suivants.

Les 64 ans de la Nakba

lundi 14 mai 2012, par Ziad Medoukh

"Nous ne partirons pas. Nous poursuivrons notre résistance. Nous serons toujours attachés à la Palestine."
15 mai 1948, 15 mai 2012, soixante-quatre ans déjà, soixante-quatre ans depuis le début du drame des Palestiniens, soixante-quatre ans de souffrance, de malheurs et de massacres pour un peuple digne, soixante-quatre ans depuis le début de la plus grande injustice imposée à un peuple sur sa terre, soixante-quatre ans de déportation d’un peuple pour le remplacer par un autre peuple.

Soixante-quatre ans d’une occupation illégale de territoires toujours reconnus occupés par le monde entier.

Soixante-quatre ans, et les forces de l’occupation violent les droits les plus fondamentaux de notre peuple, soixante-quatre ans de politique d’apartheid, du terrorisme d’Etat d’Israël.

En 64 ans, Israël a appliqué toutes les mesures inhumaines illégales possibles à l’encontre des Palestiniens, il en a emprisonné plus d’un million, il en a massacré et assassiné des milliers, il a occupé tous leurs territoires.

L’Etat d’Israël a créé le problème des refugiés Palestiniens qui vivent dans des conditions humanitaires épouvantables dans les pays voisins.

L’Etat d’Israël est le seul Etat qui n’a jamais appliqué aucune résolution des Nations-Unies, et cela, encouragé par les grandes puissances internationales.

En 64 ans, Israël a toujours été un Etat terroriste, un Etat hors la loi, un Etat d’apartheid, un état colonial, un état qui considère les citoyens arabes dans les territoires de 1948 comme des citoyens de seconde zone, un état qui construit un mur de la honte en Cisjordanie et impose un blocus inhumain à la population civile de Gaza, un état qui érige tous les jours de nouvelles colonies dans les Territoires, un état qui vole tous les jours les ressources naturelles appartenant aux Palestiniens.

Maints exemples de l’histoire noire de cette occupation contre les Palestiniens : massacres, crimes contre l’humanité, crimes de guerre, la liste est longue, très longue, trop longue.
64 ans de résistance remarquable de toute une population qui poursuit son combat pour retrouver sa liberté et vivre digne sur sa terre.

64 ans après cette catastrophe, nous, Palestiniens, sommes plus que jamais déterminés et avons un message à délivrer au monde entier, un message clair et précis. Nous sommes toujours attachés aux principes suivants :

Non, nous ne partirons pas d’ici, nous resterons attachés à notre terre. Ici, notre terre, ici notre vie, et ici, notre Palestine !

Oui, le droit au retour est sacré, et tous les réfugiés palestiniens doivent pouvoir retrouver leurs villes et leurs villages d’origine.

Oui, nous poursuivrons notre résistance sous toutes ses formes afin de vivre en liberté sur notre terre, cette terre appelée Palestine et qui s’appellera toujours Palestine.

Oui, nous avons le droit de créer notre Etat libre et indépendant avec Jérusalem comme capitale.

Soixante-quatre ans après cette catastrophe, nous lançons Trois appels :
1-Aux dirigeants Palestiniens, en Cisjordanie et dans la bande de Gaza :
unissez-vous, notre dur combat pour la liberté a besoin de l’unité nationale, soyez à la hauteur des sacrifices des milliers de martyrs, de blessés, de déportés, n’ayez pas honte de la grève historique des prisonniers dans leur combat des estomacs vides, regroupez vos efforts pour affronter cette occupation aveugle afin d’arracher nos droits et notre liberté.

2-Aux Israéliens :
Quelles que soient les mesures d’apartheid et de terrorisme d’état pratiquées, nous poursuivons le combat et les sacrifices pour notre liberté et nous sommes prêts à vivre en paix, mais une paix dans la justice.

3- A la communauté internationale :
64 ans de violation de nos droits ne suffisent-ils pas ? Le temps n’est-il pas venu de réagir et d’imposer à Israël l’application du droit international ? Le temps n’est-il pas venu d’instaurer la justice en Palestine ?

(14 mai 2012 - Ziad Medoukh)

lundi 14 mai 2012

Résister à l'extrême-droite

Sympathique, ce billet de Léo sur son blog De Cinq à Six !

 

lundi 14 mai 2012

Résister à l'extrême-droite

Le Front de Gauche à Strasbourg, pour le 1er mai. Rémy Blang
L'INTERNATIONALE NEO-NAZIE
Voici un communiqué publié sur le site internet du petit groupuscule néo-nazi français RENOUVEAU FRANCAIS: 
Le Comité directeur du Renouveau français adresse ses vives félicitations au mouvement nationaliste l’« Aube dorée », qui a fait ce dimanche une entrée fracassante au parlement grec avec 7% des voix.
Partenaire du Renouveau français depuis des années, l’Aube dorée a montré qu’un nationalisme sans concession,  défiant radicalement le Système politico-mediatique, pouvait, à force de travail, obtenir des résultats concrets et prometteurs.
Une délégation de l’Aube dorée sera présente à Paris cette fin de semaine et rencontrera les responsables du RF. (http://renouveau-francais.com/)
On retient le terme "fracassant". Sur ce site, nous apprenons que ces catholiques intégristes sont constitués dans "une communauté importante et soudée de militants et de cadres". Tout cela en toute légalité...
Nous savons le comportement d'Aube dorée, qui est purement et simplement un mouvement nationaliste, violent et xénophobe. La presse s'en est fait l'écho, en oubliant que SYRIZA (qui n'est pas une mouvance d'extrême gauche, mais une coalition de gauche radicale) a fait plus de 16% aux dernières élections législatives. Pour cause, les saluts fascistes, les gueulantes des chefs de cette association de malfaiteurs, provoque une fascination chez les petits-bourgeois médiatiques qui - associée à ce conformisme qui les caractérise - traduit la réalité à travers un prisme particulier: le parti qui fait 7% dans les urnes fait 60% d'audience, le parti qui en fait 16% dans les urnes fait 30% d'audience, les 10% restant vont aux autres qui - il est vrai - sont bien moins dignes d'intérêt.
Pendant que la volaille médiatique jase sur la montée de l'extrême-droite en Europe, en gesticulant sans cesse dans "un nuage de plumes"* autour du caractère spectaculaire de tels évènements, et que notre "très important et très intéressant camarade" François Hollande pavane, englué dans les troupeaux de journalistes qui le suivent partout, l'internationale nationaliste poursuit son oeuvre en nouant des rapports très étroits dans toute l'Europe.
Quand nous voyons de tels résultats et de telles déclarations, plutôt que de faire l'autruche (comme le Parti socialiste et ses satellites) ou de faire l'andouille (les médias), qu'attendons-nous pour réagir et décider que l'action des groupuscules d'extrême-droite est incompatible avec la loi républicaine? S'il y a danger, et il y a danger lorsque des groupes conspirent contre la république et mandatent une délégation pour aller boire un raki avec des néonazis Grecs, il faut agir. J'attendrais donc du Président de la République, celui que j'ai élu, qu'il décide de mettre des bâtons dans les roues à ce genre de groupes.
Bien entendu, nous serons juges de son incompétence le moment venu. Il est en effet notoire que la majorité des citoyens, les plus honnêtes et les plus dépolitisés, ira dire que ce Monsieur Hollande est fort sympathique, et qu'il faut attendre qu'il agisse avant de juger. Encore faut-il qu'il ait même la prétention d'agir. Une certaine méfiance - ou dirais-je une certaine lucidité - peut en effet s'inviter à la table: les énarques prétentieux ont en effet pour habitude de masquer leur total manque d'intuition politique, de virtù, ou (pour ainsi dire) d'action, en abusant de techniques administratives qui leur servent de fontaine à respectabilité: commissions à l'anglaise, conférences**, réunions et autres "machins". Ils donnent ainsi à voir toute l'apparence de l'action qui ne débouche toujours que sur des apparences. Et il est vrai que tout le programme de François Hollande s'appuie quasi-exclusivement sur des mesurettes ou des propositions de réunions qui seront un lieu de débat sur les mesurettes en question.
Nous espérons que pour lutter contre l'extrême-droite, nous ne serons pas seuls et que nous aurons l'appui du législateur! Car il est scandaleux que l'on retourne fréquemment les lois anti-terroristes et toutes celles qui sont destinées à protéger l'ordre public, contre les Indignés de France, les Anonymous et tous les activistes démocratiques et autres lanceurs d'alertes, tandis que l'on laisse les vrais terroristes en liberté, courir dans toute l'Europe pour construire le fascisme. D'autant plus que nous le savons, c'est l'extrême-droite qui provoque l'essentiel des attentats terroristes en France, dans sa branche régionaliste. Nous avons donc tous les moyens pour classer les activités de ces groupes comme terroristes.
Il y a encore quelques années, Jean-Luc Mélenchon (un peu seul) était favorable à la dissolution pure et simple du Front national. Aujourd'hui, l'audience accordée à ce parti et la mollesse des partis au pouvoir nous interdisent d'imaginer que cela puisse se produire. Mais tout au moins pourrions-nous prendre de telles mesures pour des groupes comme Renouveau Français, spécialement quand ils vont tranquilles en avion, saluer leurs amis nazis.
STRATEGIE FRONT CONTRE FRONT
Quant à la stratégie front contre front***, j'entends beaucoup de camarades dire que - peut-être - le Front de Gauche accorde plus d'audience au Front national qu'il n'en aurait si nous l'ignorions totalement. Il me semble pourtant que c'est toute la stratégie des dirigeants au pouvoir depuis 30 ans que de laisser s'installer ce "diable de confort". La terreur qu'ils entretiennent adroitement en jouant de la culpabilité des électeurs et de la politique de l'autruche a montré que le Front national peut se passer de ce genre de raisonnement. Car en termes d'efficacité, nous avons vu mieux. Manifestement, les médias se sont en effet occupés eux-mêmes de placer le Front national sous leurs projecteurs, là où les partis politiques ont pratiqué la politique de l'autruche depuis des décennies. 
Par conséquent, le Front de Gauche est à peine responsable du surcroît d'audience accordé au FN. Et si nous incriminons les médias, nous verrons bien vite que - comme par hasard - aucun journaliste ne se dira jamais personnellement responsable, que c'est "l'actualité objective" qui est maîtresse. Fait scientifiquement prouvé, par l'expérience du Front de Gauche qui en fait les frais: on ne contrôle pas directement le système médiatique; on l'utilise comme on peut, compte tenu du fait qu'il est très bien installé et jouit du pouvoir que leur accorde leur conformisme et le caractère de masses des médias modernes.
Ces arguments portés à l'endroit du Front de Gauche, même à titre "constructif", méconnaissent l'effet d'aubaine que produit notre action sur le Front national. "Plus vous les attaquez de front, plus les médias braquent leurs projecteurs sur le combat, plus ils sont plus visibles, plus ils gagnent. Parce que Mélenchon va à Hénin-Beaumont, il redonne à Marine le Pen une forte visibilité, plus ils gagnent." Le raisonnement s'appuie sur une hypothèse forte: que nous perdrons la bataille sur le long terme. 
Sauf que, si Mélenchon ne va pas se présenter à Hénin-Beaumont et que Marine le Pen passe députée à l'Assemblée nationale, nous nous retrouvons dans un cas où le FN est tout de même sous les projecteurs. Par conséquent, nous sommes coincés dans une alternative: soit nous ignorons le FN et nous refusons d'en parler (choix du PS), et alors le FN est toujours victorieux, soit nous attaquons et nous sommes front contre front sous les projecteurs, tantôt victorieux tantôt à perte, mais en tout cas nous agissons. 
Le fait est que la stratégie qui consiste à ignorer le FN, que faire la politique de l'autruche et appeler au "vote utile" - qui est la conséquence directe de l'unique stratégie employée par les partis centristes (PS-UMP et satellites qui tournent autour) - a échoué. Nous pourrions envisager l'hypothèse inverse: plus nous les attaquons de front, plus les médias braquent les projecteurs sur le combat, plus NOUS sommes visibles, plus NOUS gagnons, aussi... C'est un risque à prendre, moins risqué que la stratégie de l'autruche employée depuis des décennies. Mais cela ne suffit pas.
Toute la stratégie du Front national, concoctée initialement par Bruno Mégret et reprise par Marine le Pen, consiste à "dédiaboliser" le FN (en fait à mentir sur le fond de leur programme), pour pouvoir agir par derrière en toute impunité. La stratégie du Front de Gauche, la seule possible (à moins qu'on ne démontre le contraire) est la "rediabolisation" du Front national (en fait, à rétablir la vérité du fond de leur programme). Aucun centimètre carré ne peut être gagné face au FN si l'on ne laisse pas derrière eux les boules puantes qu'ils méritent, assavoir la révélation au grand nombre de leurs grandes idées sur l'émancipation des femmes, l'économie, les droits des travailleurs, la laïcité ou la tolérance. La seule manière de faire retomber le Front national dans l'obscurité d'où il est sorti.
Nous avons donc un problème: la montée de l'extrême-droite, liée à la stratégie du FN qui s'appuie sur trois éléments, ou plutôt trois étapes (voir *** en fin d'article):
  • Radicalisation du débat public;
  • Dédiabolisation;
  • Passerelles avec la droite.
Bien entendu, comme dit dans un précédent billet, le PS ne s'inquiète vraiment du Front national que lorsque c'est son propre pouvoir qui est menacé. Nous avons en effet vu la réaction des éléphants roses en 2002, qui firent grand cas du danger que représente le FN; et nous avons vu leur inquiétude de façade cette année, alors que le FN s'est maintenu dans une situation tout à fait dangereuse. Le PS et ses satellites ont donc eu une seule stratégie (résumée par le terme "vote utile") pour maintenir le FN sous un certain seuil:
  • Dénonciation morale des "dérives" de la droite (union sacrée des "humanistes");
  • Silence total sur le contenu programmatique du Front national;
  • Faire confiance à la droite pour ne pas faire alliance avec le FN.
Autrement dit, depuis la chute du missile FN en France en 2002, le PS s'est contenté de mettre un grand rideau noir autour du cratère (en ignorant qu'il s'étend). Tout cela s'appuie et débouche en même, bien entendu, sur le "vote utile" manière de conserver le monopole du PS à gauche; en réalité l'injonction du vote utile repose sur l'hypothèse fausse que le PS a perdu les élections de 2002 en raison des divisions à gauche, là où - en réalité - c'est la faiblesse (et pour ainsi dire la mollesse) de la gauche - c'est-à-dire du PS lui-même à l'époque - qui en était la première cause. 
Cet argument repose sur un tissu de faits établis: les électeurs se tournent vers le Front national lorsqu'ils ne font plus confiance à l'alternance pour répondre à leurs frustrations, directement liées au fait qu'ils sont sous-payés et maltraités comme travailleurs, et ignorés comme citoyennes et comme citoyens. Leur absolue défiance à l'égard du système politique républicain vient du fait que le PS a laissé tombé la bataille sociale. Autrement dit, que la gauche a été affaiblie par l'incompétence des membres du Parti socialiste de l'époque. Seuls ceux qui ont pris conscience de ce problème - et parmi eux tous ceux qui n'avaient pas la culture du pouvoir des sociaux-démocrates - sont partis au Front de Gauche.
Résultat: la stratégie du PS a réussi à donner le pouvoir à François Hollande, en culpabilisant les électeurs sur le vote utile. Mais l'extrême-droite, elle, a progressé globalement en termes de respectabilité. Le débat public s'est radicalisé à droite (étape 1), la dédiabolisation a fonctionné (étape 2). Quant aux passerelles avec la droite, il semblerait bien que des doutes subsistent sur le fait que nous puissions éviter la recomposition de la droite autour du FN...
Le Front de Gauche, parlons-en, a décidé de se lancer dans une stratégie front contre front, qui repose sur trois piliers, constituant l'exact opposé de la stratégie de Mégret:
  • Radicalisation de débat public à gauche;
  • "Diabolisation" (la thèse "Dracula: allumez la lumière, il retombe en cendres")
  • Défiance à l'égard de la droite, et attaque directe du FN.
Loin de prétendre justifier a posteriori une stratégie politique, celle du Front de Gauche comporte un risque. C'est vrai. La radicalisation du débat public à gauche vise à retirer au PS son monopole sur la gauche, à détruire l'argument du vote utile qui pollue le débat depuis des décennies. Mais il faut agir, et agir en force autonome. De ce point de vue là, le Front de gauche et sa stratégie "front contre front" peut s'avérer payante pour le pays tout entier, dès lors que nous nous attaquons directement à l'ennemi public n°1: l'extrême-droite.
Toutefois demeure une question, pour l'heure sans réponse. En porte-à-porte, lorsque des électeurs du FN nous ouvrent leur porte, les militants subissent insultes et autres portes qui se claquent devant nos yeux. Comment parler à ces gens et faire qu'ils ne se trompent pas de colère? Comment les sortir de leur isolement qui leur fait penser que - par principe - l'Autre est l'ennemi, et que les frontières de l'humanité s'arrêtent au seuil de leur porte? Mystère... C'est une affaire qui touche au coeur humain.
LE COEUR HUMAIN DE L'ELECTORAT D'EXTRÊME-DROITE
Une chose est certaine. Il est hors de question de faire culpabiliser les électeurs du Front national. Ils ont peu de morale bien-pensante qu'on leur impose en les ignorant simplement, et ont pour habitude de toute façon d'être exclus de la respectabilité ordinaire, des sentiments d'honneur ou de vertu dont ils n'ont que ramement eu le bonheur de ressentir les effets. 
Ils mènent généralement une existence de fantôme, ou bien se bercent d'illusions en se cloîtrant soit dans un idéalisme chevaleresque, soit dans une auto-présentation victimaire. Ils croient que le FN s'adresse à des victimes comme eux, de tout le système politique tel qu'il leur est présenté (les juges laxistes, les politiciens corrompus, la France défigurée par l'immigration, le chômage de masse lié à l'opinion précédente). La clef du vote FN, c'est le ressentiment.
De fait, en se plaçant sur le terrain de la raison, en leur expliquant que, non, les juges ne sont pas laxistes, que, non, le "tous pourris" est un argument inexact (quoique pas totalement faux) et que, non, les immigrés ne sont pas un problème, nous en venons à leur retirer leur qualité de victimes qu'ils affectionnent tant, parce que c'est la seule qualité qui leur est reconnue. Et de fait, nous leur retirons tout espoir de trouver réparation.
Toute l'élite médiatique et politique social-démocrate se contente de s'adresser à ces victimes de l'ordre capitaliste par une condescendance que les électeurs du FN jugeront probablement, et à juste titre, déplacée. Hors de question de les prendre en pitié. Parce qu'ils savent bien que - de l'autre côté de la porte - c'est de pitié dont il s'agit. La pitié les révulse plus que tout. La peur qu'ils inspirent, dès lors qu'ils assument leur position, leur donne un rôle, produit une reconnaissance qui leur permet au moins d'avoir une existence sociale, de s'appuyer sur quelque chose. Dès lors, ils retournent l'argument condescendant de la pitié par la peur et l'élément de menace qu'ils prétendent représenter par leur qualité d'électeur FN.
Il n'y a pas de solution "clef en main" pour s'adresser à l'électorat du FN. La pitié et la condescendance sont une stratégie inefficace et simplement dégoûtante. Cet électorat est en effet composé d'êtres humains qui sont tout autant des êtres humains que nous. C'est peut-être Camus qui nous amène à penser le ressentiment, dans l'homme révolté, dans lequel il explique que cet affect est le produit d'une impuissance prolongée. Ils se reconnaissent dans le vote FN, précisément parce que ses représentants se placent eux-mêmes dans une posture victimaire, d'impuissance prolongée, en usant le discours du ressentiment (le fameux martyr de Marine le Pen) auquel ils ne peuvent que répondre positivement.
La soumission, le sentiment d'injustice produit d'une situation vécue subjectivement, peut conduire soit à la révolte, soit au ressentiment. Or, l'impuissance qui produit le ressentiment est elle-même le fruit d'un isolement, corollaire de l'hypothèse selon laquelle la puissance est elle-même le fruit de l'association à l'autre. En les prenant en pitié, nous ne faisons que renforcer leur isolement pour les faire retomber plus bas encore. Là où nous cherchons à inspirer l'esprit de révolte dans le corps social.
Grande interrogation: que faire? Y penser toujours, en parler tout le temps!
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* La métaphore de la volaille médiatique qui court en tous sens dans un nuage de plumes - que je n'ai pu m'empêcher de reprendre - est de Frédéric Lordon: "A quelque chose malheur est bon et, au milieu de si nombreux motifs d’accablement, le spectacle de la volaille éditocratique courant en tous sens dans un nuage de plumes pourrait presque être divertissant — s’il n’était destiné à finir aussi brutalement, et inutilement, qu’il a commencé." http://blog.mondediplo.net/2012-05-02-Front-national-memes-causes-memes-effets
** C'est en juin que se tiendra la "conférence sociale" proposée par François Hollande. L'occasion de négociations. A ce jour, nous ne connaissons pas exactement les personnes qui seront invitées à la table des négociations. La logique de la "République contractuelle" de François Hollande voudrait qu'il organise une conférence, prenne la mesure du rapport de force en se plaçant au-dessus des négociateurs, en tierce personne, et bien entendu, puisque le rapport de force nu entre le patronat et le salariat est absolument en défaveur des salariés, nous n'avons que peu d'espoir de voir de véritables augmentations de salaires, là où l'augmentation du SMIC est la première mesure à prendre pour relancer l'économie et - surtout - soulager les travailleurs. Car la première réalité, la seule pour beaucoup de gens, appelée "crise", c'est le fait que la plupart des personnes qui touchent le SMIC manquent d'argent pour simplement vivre. Ce dont se moque le patronat.
*** Voir l'article du Monde, 26.04.12, "Marine Le Pen, fille de... l'ex-frontiste Bruno Mégret". Extrait:
"La méthode Mégret se décompose en trois points : radicaliser le débat public par un travail de sape idéologique et sémantique ; faire du FN un parti respectable en le "dédiabolisant" ; établir des passerelles en vue d'alliances futures avec la droite classique. Cette alliance, le délégué général ne la conçoit qu'à une seule condition : que le FN, au moment de négocier, soit en position de force. Pas question de servir de béquille à une majorité UDF-RPR."

Vitrolles pour comprendre Hénin-Beaumont (Le Cri du Peuple)

Notre ami du Cri du Peuple, excellent blog, nous sert ce matin un plat délectable. Pour le soutenir (n'oubliez pas de lui rendre visite souvent), je me permets ici de répercuter sa dernière œuvre. A déguster lentement.....


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Vitrolles pour comprendre Hénin-Beaumont

Pour commencer ce billet, une fois n’est pas coutume, je veux me rendre agréable à l’héritière de Montretout. Depuis des années, elle est affublée d’un quolibet qui la rend vague. Aussi, j’entends lui restituer son patronyme en entier : Marion Anne Perrine Le Pen, née à Neuilly-sur-Seine, résidant au manoir de Montretout à Saint-Cloud. Héritière, de manière indirecte, de la fortune de M. Lafargue, patron décédé des ciments éponymes. Voilà, je pense qu’une injustice est réparée : Marine, c’est vraiment trop « peuple » quand on a une aussi belle ascendance. A l’heure où nous nous battons pour que la classe ouvrière retrouve ses symboles, je veux contribuer à ce que la grande bourgeoisie, dont est issue la Le Pen, retrouve les siens. Voilà donc le retour de Marion Anne Perrine Le Pen.

Les vrais parents politiques de Marion Anne Perrine Le Pen

Ceci, étant posé, je veux revenir à ce qui n’est pas la propriété de Marion Anne Perrine héritière millionnaire Le Pen : Hénin-Beaumont et la 11e circonscription du Pas-de-Calais. Beaucoup s’émeuvent des hauts scores de la châtelaine, fière défenseure des intérêts du capital, dans une circonscription éminemment ouvrière, puisque nous sommes là au cœur du bassin minier. Qui s’intéresse à l’histoire du mouvement ouvrier connaît ces noms : Carvin, Wingles, Noeux-les-Mines… Ce sont sites de hautes luttes sociales, de combats à mort avec le fascisme appuyé, comme de juste, par le grand patronat minier. Alors, que vient faire l’héritière de Montretout dans ce pays noir (de charbon) et rouge (du sang des ouvriers) ? Je vous propose, pour comprendre, un détour par Vitrolles, à l’opposé géographique de Hénin.

La ville de Vitrolles a été prise par l’extrême-droite, incarnée par Catherine Mégret, en 1997. Pourtant, cette cité, connue à l’époque pour sa plateforme logistique et son équipe de hand-ball, est un fief socialiste de longue date. Le maire en est Jean-Jacques Anglade. On croise de tout à Vitrolles à l’époque. Et pourtant, la ville va s’offrir à cette tendance de l’extrême-droite qui se voit, déjà, en fer de lance d’une droite autant recomposée que décomplexée. Ce n’est pas le moindre des paradoxes de la Le Pen que celui-ci : près de 14 ans après la scission qui donnera naissance au Mouvement national républicain, Marion Anne Perrine a repris et fait triompher, au sein du Front national, la ligne initiée par Bruno Mégret.
Mais comment Vitrolles a donc pu basculer dans le camp de celles et ceux qui défendent la « préférence nationale » ou point de créer une prime pour les « bébés français » ? La responsabilité du parti dit « sérieux » n’est pas mince dans cette histoire. Sur sa fin, le « système Anglade », du nom de celui qui est encore le maire socialiste, mêle arrogance, clientélisme, affairisme. Jean-Jacques Anglade c’est : gestion opaque, goût démesuré pour la comm’ et ce qui n’est pas encore le « bling bling », plus des démêlées avec la justice dont une mise en examen pour fausse facture… Ah… il y aurait des similitudes avec l’état du Parti dit « sérieux » dans le Pas-de-Calais ? Ah bon…

La comparaison peut ne pas s’arrêter là. Nous sommes dans deux départements où, selon la croyance populaire, dès le moment où elle est floquée du poing et de la rose, une chèvre peut être élue. Dans les Bouches-du-Rhône comme dans le Pas-de-Calais, le seul obstacle à l’élection c’est le petit baron d’à côté qui peut aussi prétendre à la légitimité des urnes. Les aspirations des citoyens, trouver des solutions à leurs problèmes de tous les jours, là n’est pas l’important puisque, à la fin, ils voteront pour vous. Du coup, on peut se permettre de promettre à qui un emploi, à qui un logement, en échange de quelques voix. Et, pour financer tout cela, quelques belles factures sur-dimensionnées. Peu importe…
Or, parfois, les électeurs, même pauvres, ont envie qu’on s’occupe d’eux - vraiment. Or, parfois, les électeurs, même pauvres, aiment avoir des élus sans casserole. Or, parfois, les électeurs, même pauvres, aspirent à ce que les élus qui les représentent leur permettent de rester dignes. Il y a de la morale, dans l’aspiration des électeurs, même pauvres. Or, l’incapacité du Parti dit « sérieux » à faire le ménage, dans les Bouches-du-Rhône comme dans le Pas-de-Calais, va détourner certains de leurs supporteurs. Et, « puisque tout est pourri », autant filer la clé de la baraque à ceux qui ne les ont jamais eues. C’est ainsi que Catherine Mégret arrive à l’hôtel de ville de Vitrolles en 1997. Ouvrant une parenthèse d’un peu plus de cinq ans, au cours de laquelle l’extrême-droite montrera son vrai visage. Elle est, encore plus que d’autres, capable de se mettre hors la loi. Pour en avoir le détail, je vous suggère la lecture du blog de mon ami Didier Hacquart, avec qui j’ai eu le plaisir et l’honneur de militer, quand nous avons ramené Vitrolles dans le giron de la République.

Donc voilà un bref rappel historique qui permet de mieux comprendre pourquoi il est essentiel, pour la gauche, d’être elle-même - « sans complexe et sans casserole ». Ce n’est qu’à partir de ce moment-là que les militants peuvent à nouveau refaire de la politique et poser les vraies questions : qui a fermé les mines, l’immigré ou le banquier ? Pourquoi on ne trouve plus de boulot, parce que c’est le voisin qui l’a pris ou parce que la financiarisation de l’économie transforme l’être humain en variable d’ajustement ultime ?
Au final, ma conclusion est bien celle-là : si nous sommes contraints d’aller porter le fer en première ligne une nouvelle fois face à l’extrême-droite, c’est bien parce que le parti dit « sérieux » a failli. Comme à Vitrolles, il a connu la débâcle : l’état-major a refusé de prendre ses responsabilités et de mener le nettoyage de ses propres positions. C’est une faillite morale autant que politique qui nous met en première ligne, quand nous aurions pu nous contenter de nous occuper de nous mêmes. Mais, une fois de plus, nous sommes incapables de nous satisfaire de gérer nos bons résultats électoraux : nous sommes habités par l’esprit de responsabilité politique.

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Manifestation des catholiques "tradi" contre les promesses "destructrices" de Hollande

AFP  le 13-05-2012 à 08h45- Mis à jour à 19h16

Mille cinq cents personnes selon la police, 6.000 selon les organisateurs, ont défilé dimanche à Paris à l'appel de l'institut Civitas, proche des catholiques traditionalistes, contre les "promesses potentiellement destructrices pour la patrie" de François Hollande.
"François Hollande a fait une série de promesses que nous jugeons potentiellement destructrices pour la patrie française, notamment en ce qui concerne le mariage homosexuel, l'euthanasie, l'avortement, l'Education nationale et le droit de vote des étrangers", a déclaré à l'AFP le secrétaire général de Civitas, Alain Escada.

Merci de lire la suite de cette dépêche ici.


Au nom de leurs convictions (politiques, ou ? ? ?), des personnes veulent ainsi régir les comportements et les façons de vivre des citoyens français. Il s'agit là d'intolérables atteintes à nos valeurs républicaines. C'est bien pourquoi j'ai parlé de personnes, et non de citoyens, car elles bafouent l'égalité de tous, et la liberté qui, rappelons-le, s'arrête où commence celle d'autrui.

Au nom de LEUR religion (qui n'est plus pratiquée de cette façon que par quelques nostalgiques), au nom d'une conception fort particulière de l'Histoire de notre pays, ces gens-là s'attaquent encore et toujours à la laïcité, pourtant une vieille dame plus que centenaire. Seuls des ennemis de notre pays peuvent ainsi attaquer ses valeurs, qui pourtant ont fait le tour du monde et éclairé les peuples.  Ces agissements rappellent ceux du Tea Party aux USA, une secte qui a fait bien du mal à ce pays-là en répandant des pensées funestes, et en ayant des positions contraires aux intérêts de tous.

Oui, les intégristes sont nos ennemis. Mais ces intégristes-là ne viennent pas de pays du moyen-orient comme des personnages et des publications le proclament, ils ont le teint clair de ceux qui ne connaissent même pas le monde où ils vivent,  cloîtrés qu'ils sont dans des demeures aux relents de passéisme mortifère. Ces gens sont dangereux.

Incidemment, je ne sais pas comment ces personnes-là peuvent dire ceci ou cela de François Hollande, car son programme n'a toujours pas été clairement énoncé. Espérons seulement que, sur ces questions-là (et les autres aussi), il décidera de mesures proches de celles que préconisait Jean-Luc Mélenchon dans "L'humain d'abord" (comme l'abrogation du Concordat pour l'Alsace-Moselle par exemple, au nom de l'égalité inscrite en tête dans la Constitution).

dimanche 13 mai 2012

Mélenchon croisant le fer avec Le Pen : PS et EELV veulent saper ses efforts ?

Les couleurs des circonscription du Pas de Calais en 1993
Dans une circonscription aussi cruciale que la Onzième du Pas-de-Calais, Jean-Luc Mélenchon  vient apporter les vraies valeurs de la gauche là où celle-ci fut si importante.  Il semble que les forces qui ont gagné (par défaut) la présidentielle ne l'entendent pas de cette oreille.

Ainsi la Première secrétaire du parti ayant gagné la présidentielle maintient-elle une candidature probablement peu souhaitable, vu les enjeux et les soupçons qui pèsent sur les barons de sa formation dans la région.

Ainsi la candidate EELV se maintient-elle mordicus. A mon avis, ses chances sont minces. Il s'agirait donc plutôt de pomper des voix au héros de la Bastille, du Prado et du Capitole. Est-ce très "sport" ? Voire.....

Le $¥$T€M entend-il se perpétuer ainsi, en sciant les efforts de ceux qui veulent un vrai changement ? En tout cas, les faits pourraient donner raison à cette hypothèse. Il s'agirait alors d'agissements graves, et anti-républicains, puisqu'ils faciliteraient l'implantation d'un mouvement identitaire délibérément.

Il faut dénoncer ces manœuvres, effectuées sous couvert de l'origine locale de tel ou tel, alors que les enjeux sont au Palais Bourbon. Un député n'est pas un conseiller général, mais un législateur au nom de tous les français.

Dans le pire des cas, il restera le fait que, pendant trois semaines, les bretteurs se retrouveront face à face, sans écran d'interposition : cela, c'est intéressant, et cela peut avoir des conséquences dans la durée en redonnant du lustre à une Gauche que des partis semblent avoir malmenée par leur comportement, notamment dans cette région particulièrement sinistrée.

Mesdames, messieurs du parti sérieux, les citoyens se souviendront. Ce sont eux qui jugeront.

Alternative économique et sociale : il faudra choisir

Ils sont terribles, ces capitalistes : c’est le fameux TINA, ils n’acceptent aucune alternative à ce système déjà obsolète, parce qu’ils sont formatés pour penser ainsi par d’autres capitalistes tout aussi obtus. Capitalistes ou économistes : c’est la même chose. Excepté que certains, comme Jorion par exemple, visent d’autres solutions, radicalement différentes, des solutions où la « concurrence libre et non faussée » parfaitement théorique et aberrante est remplacée par la solidarité et l’entraide. Il faudra bien y venir, à moins d’en arriver, au fond du fond, à un nouvel esclavage généralisé qui ne résoudra rien, mais poussera l’absurde un peu plus loin encore.

L’exemple grec est là : la bascule entre ces deux solutions est déjà sur la table maintenant. Le néant programmé, ou le dur renouveau qui obligera beaucoup de mentalités à changer vraiment.

Certains ne l’accepteront jamais. Petits chefs ou grands chefs, ils ne voudront pas lâcher leur part d’un gâteau qui n’existe plus guère. Cela pourrait causer la perte de toute l’humanité. Ils devraient pourtant savoir que des gens « providentiels » comme ce qu’ils s’imaginent être peuplent les cimetières depuis la nuit des temps.

Merci à Annie pour le lien !

vendredi 11 mai 2012

IMPORTANT Le photographe de la guerre du Vietnam Horst Faas est mort

Pour les jeunes générations, ce nom ne dira rien. Horst Faas a été particulièrement rendu célèbre  par sur engagement au Vietnam.  Cette photo, prise par Nick Ut, à mon avis a beaucoup joué pour que l'opinion publique US fasse tellement pression sur le gouvernement qu'il se retire du Vietnam, elle montrait une petite fille de neuf ans courant sans but, brûlée vive par le napalm. Sans compter bien sûr ceux qui avaient un fils (c'était encore la conscription) sur le front là-bas, et qui redoutaient de le voir tué dans un conflit qui ne les concernait en rien. Il faut montrer, montrer toujours, malgré les pressions de plus en plus vives aujourd'hui.

Depuis (mais il n'y avait plus que des professionnels) ont eu lieu des guerres aussi honteuses que celle d'Afghanistan, celle d'Irak, celle de Libye où les USA ont envoyé au casse-pipe leurs supplétifs italiens, français... Il s'agissait du même processus d'agissement tous azimuts en vue de contrôler toute la planète, qui petit à petit est de moins en moins efficace malgré les budgets alloués, presque équivalent à ceux de tous les autres pays du monde réunis (on dirait en français familier "Ils sont bargeots").

Non, les "patrons" de l'empire US sont seulement paranoïaques, et font tout pour rendre leurs "sujets" aussi foldingues qu'eux-mêmes. C'est inquiétant ?  Oui, mais c'est aussi monstrueux.

BAB

 

Le photographe de la guerre du Vietnam Horst Faas est mort

vendredi 11 mai 2012, par La Rédaction d'Al Oufok
Vietnam, April 1969 (AP Photo/Horst Faas, File)
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Horst Faas, photographe de guerre ayant notamment couvert le Vietnam, est mort jeudi à l’âge de 79 ans, a annoncé l’agence Associated Press (AP) pour laquelle il avait longtemps travaillé. Né en Allemagne, Horst Faas a notamment coordonné pendant plus de dix ans, à partir de 1962 depuis Saïgon, le travail des photographes d’AP en Asie du Sud-Est.

En cinquante ans de carrière, il a accumulé les oeuvres marquantes dans l’histoire du photojournalisme et obtenu à deux reprises le prix Pulitzer. En 1965, recevant son premier Pulitzer, il avait expliqué que son travail avait constitué à "enregistrer les souffrances, les émotions et les sacrifices des Américains et des Vietnamiens dans ce petit pays lointain taché de sang".

Son travail sur des tortures et des exécutions au Bangladesh lui avait valu en 1972 un second Pulitzer. Horst Faas avait pris sa retraite en 2004. Présent en 2008 au Festival Visa pour l’image de Perpignan, dans le sud de la France, il expliquait que son travail et celui des autres photographes de guerre étaient nécessaires pour que les opinions publiques voient à quoi ressemblent des guerres menées en leur nom.

(11 mai 2012 - Avec les agences de presse)

L'anaphore de Nicolas Sarkozy

De Témoin du Temps Présent :




Moi président de la république j'ai contribué à l'enrichissement de mes amis

Moi président de la république j'ai bénéficié de financements occultes

Moi président de la république j'ai refusé de réguler les marchés financiers

Moi président de la république j'ai dressé les Français les uns contre les autres

Moi président de la république j'ai augmenté le déficit de mon pays

Moi président de la république j'ai multiplié le nombre des chômeurs

Moi président de la république j'ai dilapidé le patrimoine industriel de la France

Moi président de la république j'ai permis la délocalisation des usines

Moi président de la république j'ai soumis mon pays à l'autorité Américaine

Moi président de la république j'ai trahi mes amis sans aucun état d'âme

Moi président de la république j'ai renié mes promesses au peuple Français

Moi président de la république j'ai fabriqué plus de pauvres dans mon pays

Moi président de la république j'ai menti, j'ai trahi, j'ai déçu mes électeurs

Moi président de la république je me suis vautré dans la fange du front national

Moi président de la république je n'ai pas œuvré pour le bien de mon pays

jeudi 10 mai 2012

L'Humain d'abord


Sanctionné par les urnes, un homme est parti. Compte tenu des inimitiés, voire des haines qu'il a suscitées par ses positions, ses provocations et ses actions, on aurait même pu s'attendre à une plus grande différence de résultat avec son adversaire. Les chiffres ont pu être truqués, au niveau de la collecte nationale ( "délocalisée" dans le Colorado ? ). L'essentiel est qu'il quitte ses fonctions dans cinq jours.

En revanche, les idées et pulsions qu'il a véhiculées sont toujours là, ainsi que ceux qui en furent les vecteurs, politiciens, chroniqueurs, grands patrons, "philosophes". C'est désormais cela qu'il va falloir attaquer avec abnégation, avec détermination, et ce quelle que soit l'étiquette de celle ou celui qui répand ces informations biaisées, ces "éléments de langage", ces positions néolibérales.

Plus que jamais, ce sera "l'humain d'abord". Et c'est dans tous les domaines bien entendu. Donc, il va falloir de l'argent. Il sera fourni par ceux qui ont bénéficié des largesses de nos représentants au Parlement, des exemptions de taxes de ceci ou cela, du plafond fiscal, de centaines de niches créées et utilisées par tous ceux qui ont les moyens de s'offrir un conseiller fiscal. Il sera fourni par les taxes prélevées sur les entrées de produits non européens.Il sera fourni par ceux qui ont fui à l'étranger, pensant ainsi échapper aux impositions françaises.

Avec cet argent , la priorité sera de redonner à nos enfants le cadre éducatif qui leur est nécessaire, sans pour autant dégarnir en postes d'autres pans du fonctionnariat, souvent déjà bien dégarnis. A cette occasion, une remise en cause de l'existant sera indispensable, tant cet existant est dégradé et inadéquat. Cela vaut aussi pour les universités, contraintes à une stupide concurrence dont les victimes sont aussi bien les étudiants que les chercheurs. A partir du moment où l'on revient à une notion de service public, cela change tout. L'humain d'abord !

Le constat est le même pour la Santé, délibérément sinistrée, là aussi, par des patrons-gestionnaires qui font passer le profit avant le service. Ils ne sont pas directement en cause, ils font le boulot pour lequel ils ont été nommés. Députés et sénateurs ont une grande part de responsabilité dans cet état de fait. Il faudra s'en souvenir, très bientôt. Il faudra aussi que les praticiens les plus célèbres ne cumulent pas le salaire dans l'hôpital public, et les grasses prébendes de la clinique privée chargée des cas les plus juteux, mais pas les plus risqués. L'adoption de la facturation à la tâche a d'ailleurs fait exploser les factures, en incitant à multiplier les actes inutiles.

Ces actes inutiles ont grevé lourdement, et pour rien, la sécurité sociale, que les néolibéraux se sont jurés d'abattre. Celle-ci ressent également de façon cruelle le manque à gagner des heures supplémentaires "gratuites" pour les patrons, le manque à gagner des chômeurs, de plus en plus nombreux quand les tâches non accomplies sont de plus en plus nombreuses également. C'est le cercle vicieux. Il va falloir le casser par la remise en route de l'économie : l'augmentation substantielle du SMIC en sera l'un des éléments. Cela permettra à ceux qui se nourrissent de machins improbables venus de loin grâce au dumping, d'acheter local ce qui remettra en selle les producteurs du coin. Et ainsi de suite.

En revanche, des économies intéressantes pourront être faites, en rapatriant les militaires perdus dans des "missions" improbables issues de l'indégonflable Françafrique aux relents sinistres, ou issues aussi de l'appartenance à une OTAN qui ne nous concerne en rien, bien au contraire. Arrêter ces deux sources de dépenses allègera allègrement nos finances. C'est seulement une question politique. Mesdames, Messieurs les politiciens, à vous de jouer.

Il reste encore beaucoup de dossiers sur lesquels se pencher. Renationaliser les transports (dont les autoroutes bien entendu), l'énergie, les communications (Poste, téléphonie) est une priorité qui rapportera de l'argent nécessaire au financement des travaux devenus plus que nécessaires, urgents. Voir l'état de délabrement croissant du réseau ferré. Quant à l'énergie, une question brûlante va se poser la concernant. Depuis le 5 mai, c'est donc récent, le dernier réacteur nucléaire encore en fonction sur 54 vient d'être arrêté au Japon. Dans notre beau pays, seule la centrale de Fessenheim, la plus ancienne de celles en service, sera peut-être mise à l'arrêt et démantelée "bientôt" . Sachant que celle de Brennilis, pourtant peu importante, et arrêtée déjà depuis longtemps, n'est encore que fort peu démantelée, on peut imaginer les délais. Les réticences sont tenaces.

Quelqu'un va poser la question, celle qui brûle la langue de tous les financiers : et LA DETTE ? Quelle dette ? Il va falloir déjà sérieusement la justifier, ligne par ligne, jusqu'au dernier sou, et que les citoyens soient au courant de l'avancement des travaux adéquats, quitte à en être parties prenantes. Et bien entendu, comme tout pays souverain, la France pourra décider de la partie de la Dette qui est indue, et qu'elle ne paiera pas. Quitte à renationaliser les Banques, et à se débarrasser des filiales uniquement spéculo-financières. Quitte aussi, désobéissant à l'article 105 et suivants du traité de Lisbonne, à se tourner vers une banque centrale pour assurer l'avance des financements nécessaires, à un taux correspondant aux frais de fonctionnement de cette institution.

Voilà ce qu'il FAUT faire. Est-ce ce qui va être fait ? C'est une autre histoire. Chacun, par son vote, peut aider à la réalisation de ces dispositions, en amenant au Palais Bourbon une majorité qui soutienne ce programme, soit le Front de gauche. C'est une initiative qui est de la responsabilité de tous, et de chacun. L'Humain d'abord. C'est trop important. Ne laissons pas les forces néolibérales imposer une fois de plus leurs exigences, alors qu'elles ne promeuvent que le bien-être d'une fraction bien mince de la population. L'Humain d'abord. Pas les banques.

mercredi 9 mai 2012

Ce que respecter voudrait dire

Que l'on me permette de reporter ici une tribune de Rue89, ou plus exactement le texte initial et intégral. Ce manifeste, écrit avant les résultats de l'élection de dimanche, n'en a que plus de prix. Rédigé par un jeune homme déjà érudit, il a un poids certain. Je vous laisse juges. Comme Le Grand Soir, je vous "donne à lire".

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Je m’appelle François Corbisier, je suis né le 8 Février 1991 à Quimperlé dans le Finistère, fils de crêpiers, je suis citoyen français, breton et parisien de cœur. Comme d’autres longtemps j’ai déclaré ne pas vouloir voter tant que le vote blanc continuerait à ne pas être retenu dans le décompte des voix. Je n’ai donc jamais su ce que prendre parti voulait dire. Je ne me suis d’ailleurs jamais vraiment senti ni de droite ni de gauche. Je me souviens que quand j’avais dix-sept ans je me disais anarchiste. Depuis je suis devenu majeur. Ou plutôt je travaille chaque jour à faire l’effort de le devenir. Une certaine franchise envers moi-même m’a avec le temps fait sentir que nous étions plus d’un à l’intérieur de ma tête et qu’à tout moment un enfant, un fils, un père, une mère, un vieillard, un homme, une femme, un trou, un loup, un juge, une langue, une histoire, une libido, une culture, un chrétien, un juif, un musulman, un bouddhiste, un chaman, un roumain, un héritage, un secret, une angoisse, une mort, une naissance peuvent parler en moi sans que je ne puisse rien y faire. Un jour, fatigué de relativiser le sens de la vie mais conscient de l’impossibilité pragmatique d’unifier toutes ces voix, j’ai pour la première fois fait un pacte avec moi-même. Un pacte citoyen : le choix politique du respect de cette diversité qui m’habite, l’ériger en valeur, même si pour cela il m’a fallu sacrifier le confort du positionnement et de l’exactitude que sont celles des frontières lorsqu’elles sont cristallisées entre soi-même et le monde. J’ai décidé de me construire une identité non pas enracinée dans mon passé mais bien plutôt comme un territoire aux démarcations floues et instables où le passé féconde perpétuellement de nouveaux sens dans sa rencontre avec l’actualité. Épousant les valeurs humanistes de Montaigne et d’Érasme, j’ai fait le choix du doute et du questionnement plutôt que celui de la certitude et de la suffisance. J’ai fait le choix de l’imprudence qu’est celle de penser par soi-même. Bref, j’ai fait le choix du changement.

Je rédige aujourd’hui cette tribune après avoir entendu mardi soir le discours de Nicolas Sarkozy au Trocadéro face à 200 000 personnes. J’ai été profondément bouleversé par un malaise comme j’en avais rarement connu auparavant. Je souhaite vous raconter ici une histoire, celle de ce sentiment qui m’a envahi avant-hier, car certains sentiments méritent qu’on les exprime par une histoire même si pour chacun d’eux il en faudrait des milliers. .

Loin de moi l’idée de critiquer la personne de Sarkozy ou de m’inscrire dans le débat de la présidentielle. Je ne m’intéresse qu’à des voix et des fonctions, je ne m’élève jamais contre ou pour quelqu’un mais toujours contre ou pour une idée ou un acte. Je ne vous cacherai pas que je n’ai jamais en effet porté le style et la personne de Nicolas Sarkozy très haut dans mon cœur, et même si ce dégoût aura certainement une influence sur mon propos, ce n’est pas sur ce point que mon propos tiendra. Je ne m’adresse donc pas ici à une personne ou à une idéologie, mais aux idées d’un discours émit par l’homme qui porte entre autre comme fonction celle de me représenter.

« Je veux une école où l’on apprendra à nos enfants à tracer la frontière entre le bien et le mal, entre ce qui se fait et ce qui ne se fait pas, entre la vérité et le mensonge, entre le beau et le laid : une école qui leur inculquera le goût de l'effort ».

Le malaise a surgit dans cette phrase. Ces mots non seulement ne me représentent pas mais sont en désaccord avec l’unique valeur que j’ai érigé en principe : le respect de cette diversité qui m’habite comme elle habite le monde.

Les images du discours m’ont accablé. Le palais de Chaillot représente pour moi les relents d’une époque (celle des années 30) qui était en train de se perdre et qui pour faire face aux complexes agencements arachnoïdes de la moderne Tour Eiffel, près de cinquante ans après sa construction, n’avait rien trouvé de mieux qu’un retour au néoclassicisme de la symétrie monumentale, le retour à la sublimation du même que notre cher Gustave avait participé à détruire en construisant un intrus, un autre, au beau milieu de Paris. Lorsque je flâne sous la Tour Eiffel je suis emporté par la foule de possibilités d’avenir que cette construction m’inspire, des ondes radios aux lignes de métal. Lorsque je me ballade sur la terrasse du Trocadéro, je suis figé par la perfection et la rigueur presque aliénante des énormes surfaces planes et presque sans ornements de la terrasse du palais de Chaillot, comme un humanisme sans contrastes ni variations.

Entendre ces paroles-là dans ce lieu précis face à une foule si immense m’a littéralement soulevé le cœur. Pas de peur ni de haine envers qui que ce soit, du dépit et de la lassitude plutôt, celle de mener un combat contre un ennemi invisible : ce n’est pas contre Nicolas Sarkozy ni les conservateurs en général que je m’exprime, mais plutôt contre des idées et des attitudes d’un autre temps qui, alimentées par la faiblesse d’un monde en pleine déconstruction, ressurgissent –et ce de manière croissante depuis la chute du mur- comme si aucun travail ni effort de deuil n’avait été mené depuis maintenant 67 ans dans quelques jours. J’ose espérer qu’il s’agit seulement du moment toujours un peu douloureux où l’on retire le pansement et où la croute de la cicatrice est fragile, pas encore habituée à la lumière du soleil. Ces idées je tiens à dire que je suis en mesure de les respecter parce que je fais chaque jour l’effort d’envisager d’où elles viennent et de chercher certains des processus complexes par lesquels elles se mettent à germer à nouveau aujourd’hui. Cela ne m’empêche pas de penser qu’elles sont très dangereuses et qu’elles risquent de s’enraciner trop profondément, contaminant le l’abîme sans fond de la plaie toujours fragile de l’atomisme et de l’holocauste. C’est pourquoi il faut en prendre soin de ces idées, et raconter des histoires à leur propos plutôt que de les stigmatiser, de les juger et de les haïr.

Humainement, ces propos me sont tout simplement insupportables et les premiers instincts qu’elles provoquent en moi sont ceux de la révolte et de l’opposition frontale. Mais je suis trop profondément républicain et attaché aux valeurs de la citoyenneté pour avoir jamais cru aux révolutions autres que celles de la terre autour du soleil et d’elle-même. Je respecte trop la diversité des hommes et je suis trop touché par la violence du monde contemporain pour leur imputer la responsabilité totale de leurs idées. Dans les voix d’un homme moderne il ne faut jamais oublier que ce sont aussi toutes les voix d’une époque qui se trouvent exprimées. Et de ce fait lorsque l’on juge une idée dangereuse il faut bien plutôt la considérer comme le symptôme d’un virus qu’il faut soigner que comme le positionnement d’une identité contre laquelle il faudrait converger.

Alors qu’il y a-t-il derrière cette phrase ? Purement et simplement la négation de plus de 550 ans d’histoire depuis l’invention de l’imprimerie et la découverte de l’Amérique, ce lien si longtemps recherché et enfin établit entre l’Orient et l’Occident. Ces dates marquent le début du long apprentissage de la différence et de l’altérité pour les européens qui tout au long du Moyen-Âge s’étaient enfermés dans l’âge sombre et cyclique de la scolastique aristotélicienne, prônant la répétition du même et la beauté divine de la mimesis. La culture européenne c’est alors construite dans un retour à l’Antiquité accompagné par l’abandon des certitudes et de l’idéologie du même pour investir le terrain flou de l’incertitude et de l’altérité. Depuis Érasme et son Éloge de la folie, en passant par le doute cartésien jusqu’à la critique transcendantale de Kant et la phénoménologie de Husserl, toutes ces immenses cathédrales de notre culture philosophique ont pour terreau le doute, la question, la relativité des choses humaines et de l’accès direct et positif à la connaissance et au réel.

Dire qu’il faut apprendre aux enfants à tracer des frontières entre le bien et le mal, le vérité et le mensonge ou pire, le beau et le laid ; c’est proclamer le retour à peine voilé d’une éducation théologique. Comme si quelqu’un pouvait un jour affirmer quelque chose de définitif sur la vérité, le beau ou le bien, un jour sans avoir à y revenir le lendemain ; comme si le bien et le mal n’étaient pas enchevêtrés et liés l’un à l’autre depuis le péché originel ; comme si le laid ne pouvait être moteur de la sensation du beau ; comme si les mythes et les fictions n’avaient pas de conséquences véritables ; comme si Baudelaire n’avait pas sublimé la charogne ; comme si Céline n’avait pas été à la fois un antisémite et probablement le plus grand écrivain du XXe siècle ; comme si présenter des certitudes à nos enfants en leur apprenant à tracer comme on marquait au fer rouge des esclaves la frontière entre ce qui est humain et ce qui ne l’est pas avait un sens ; ce qu’il y a d’inhumain dans l’homme n’est-il pas après tout ce qu’il a de plus profondément humain ? Un tel propos détruit la pensée esthétique dans sa totalité, elle qui avec Baumgarten puis Kant et Hegel avait compris qu’une pensée sur l’art était avant tout une pensée sur la sensation de la beauté plutôt qu’une catégorisation entre ce qui est beau et ce qui ne l’est pas ; et détruire l’esthétique c’est détruire toute la pensée moderne et les épistémologies qu’elle a mis en place, rendant possible les progrès de la science dont on oublie parfois qu’elle est d’abord question et spéculation, manipulation et rencontre, avant d’être affirmation et certitude, encloisonnement et construction. Tracer des frontières sans chercher à comprendre que leur existence même induit leur franchissement nécessaire. Les frontières sont des passages. Il n’y a pas de frontières mais des déserts, des montagnes, des fleuves, des deltas, des continents, des histoires, des corps, des meutes, des troupeaux, des forêts, des amours et des dieux. Ces mots détruisent la laïcité comme si de rien n’était.

Les frontières ne sont pas des lignes que l’on trace au marqueur indélébile pour séparer et délimiter des espaces clos mais les territoires indéfinis et précaires de l’échange et de la rencontre qu’il faut faire l’effort d’habiter et d’arroser chaque jour. C’est dans cet écart que les nations en herbe poussent et deviennent, l’herbe pousse toujours entre les frontières et pas à l’intérieur des champs encloisonnés par les chiens de garde. Chiens de garde qui entretiennent la peur et préconisent l’usage artificiel des pesticides pour éviter aux abeilles étrangères de venir butiner dans leurs fleurs bien à eux, et ainsi assurer la production d’un stock pour le troupeau plutôt que de commettre l’imprudence de contribuer au devenir de la meute et au changement d’un écosystème, souvent synonyme de transformation d’une identité et donc de la peur de disparaître.

Le changement ne s’inscrira jamais à l’intérieur de frontières et de délimitations strictes. Je vous écris ces mots d’Italie où je suis en plein voyage en auto-stop. Je peux vous dire que je ne me suis jamais autant senti français qu’aujourd’hui, je ne n’ai jamais eu autant l’impression d’être à Paris qu’en ce moment que je passe au bord de l’Adriatique. Je n’ai jamais été aussi concerné par la vie politique de mon pays qu’en ne m’y trouvant pas. Parce que j’aime ma nation et que je ne cesserai jamais de me battre pour elle, j’irai toujours chercher à la faire devenir hors de ces frontières qui ne sont qu’instinct de conservation repli sur soi et peur de la différence.

Plutôt que de parler de Victor Hugo ou de Charles Péguy qui étaient encore trop en avance pour que nos pauvres esprits puissent les comprendre aujourd’hui, peut-être que nos représentants devraient-ils revenir aux racines de la modernité que sont Les Essais de Montaigne et cette invitation au voyage que constitue le texte ‘De l’institution des enfants’ qui n’a je crois jamais été autant d’actualité ‘dans ce monde où tout change’, où la nécessité d’intégrer l’altérité et la différence dans le devenir d’une nation est devenue fatale et plus seulement l’idéal d’un aristocrate bordelais illuminé et sceptique perdu au fin fond du XVIe siècle.

Pas des frontières, des histoires et des possibles qui s’écrivent et se dessinent dans les voyages de cartes en cartes, de territoires en territoires. Les frontières sont ce dont nous héritons, elles contiennent des secrets dont il nous faut chercher à raconter les multiples histoires, parce qu’il y a plus d’une histoire à raconter. Pour cela tracer une frontière ne suffira jamais, justement car un tel acte est un acte de suffisance. Chaque tracé de frontière de la main d’un homme est un génocide en puissance. Parce qu’une frontière n’est pas quelque chose que l’on trace, mais quelque chose que l’on respecte.

Un jour j’ai fait le choix du respect de moi-même, du renouvellement plutôt que de la reproductibilité, et je tiens à dire que cela peut aisément constituer le travail et l’effort de toute une vie, car se respecter soi-même cela fait déjà beaucoup de monde à respecter. Parce qu’un respect est avant tout la compréhension d’un irrespect, c’est à dire d’une frontière. Et c’est tout ce que respecter veut dire : non pas tracer de nouvelles frontières stigmatisantes, redondantes et despotiques, mais habiter celles déjà bien nombreuses de notre passé, prendre le temps de les adopter plutôt que de s’y adapter, faire l’effort de raconter des histoires à leur propos, et s’engager dans le labeur patient et émancipateur qu’est celui de ne plus les juger mais de contribuer à leur devenir ; pour lentement donner forme à l’impatience de la liberté du changement.

mardi 8 mai 2012

Italie: la débâcle de la droite de Berlusconi aux municipales marque la fin d'une époque

AFP  le 08-05-2012 à 14h49

Débâcle de la droite de Silvio Berlusconi, abstentionnisme et montée en force du mouvement populiste du comique Beppe Grillo: les Italiens ont exprimé à leur façon malaise social et ras-le-bol face aux partis traditionnels lors des municipales partielles de dimanche et lundi.
"Cet effondrement représente la fin d'une époque durant laquelle la droite avait Berlusconi pour chef et réussissait d'une manière ou d'une autre à remporter les élections en imposant sa vision du monde", résume le sociologue Antimo Farro dans un entretien avec l'AFP.

Les résultats encore provisoires du premier tour sont sans appel: le Peuple de la Liberté (PDL) du Cavaliere, en déroute, se retrouve exclu du second tour des 20 et 21 mai dans plusieurs villes, à commencer par la plus grande en jeu dans ce scrutin, Palerme, où deux candidats de gauche sont arrivés en tête.

Retrouvez ici la suite de la dépêche


La page tourne en Europe. L'an prochain, l'Allemagne à son tour se dote d'un nouveau Bundestag. Au vu des différents résultats au Bundesrat où elle a perdu beaucoup de sièges, la coalition d'Angela Merkel pourrait bien cette fois être battue par un sang nouveau. De pays en pays, le consensus néolibéral pourrait bien être battu en brèche à Bruxelles. Tant mieux pour les Européens. Tant pis pour Canary Wharf et pour la City.

lundi 7 mai 2012

Israël : les juges demandent à l’Etat de raser un quartier de colonisation

(sans commentaire : la Justice doit demeurer indépendante et souveraine dans ses décisions, partout dans le monde, et malgré les pressions, politiques et autres)

Israël : les juges demandent à l’Etat de raser un quartier de colonisation

lundi 7 mai 2012, par La Rédaction d'Al Oufok


La Cour suprême d’Israël a ordonné lundi de démanteler d’ici le 1er juillet un quartier érigé sur des terres palestiniennes privées dans une colonie de Cisjordanie, désavouant le gouvernement de Benjamin Netanyahu.

Les juges ont refusé de surseoir à cette mesure jusqu’au 1er août comme le leur demandait l’Etat d’Israël.

Selon un arrêt de la plus haute institution judiciaire israélienne, les cinq bâtiments de l’Oulpana, un nouveau quartier érigé sans autorisation officielle sur un terrain privé palestinien dans l’implantation de Beit El, près de Ramallah, auraient dû être démolis avant le 1er mai.

Ces habitations hébergent quelque 230 colons, et le mois dernier, l’Etat avait demandé à la Cour suprême de lui octroyer un délai supplémentaire de 90 jours avant de procéder à cette démolition, le temps de trouver une solution juridique permettant de préserver ces immeubles.

L’association israélienne de défense des droits de l’Homme Yesh Din, qui représente les intérêts du propriétaire foncier palestinien, s’est félicité lundi dans un communiqué de la "décision juste" de la Cour suprême.

"Les valeurs sur lesquelles s’appuie la société israélienne vont à présent être testées, et nous espérons sincèrement que cet arrêt va être appliqué sans nouveau délai", a ajouté ce communiqué.

Dimanche dernier, la Cour suprême avait vivement critiqué la demande présentée par l’Etat qu’elle a accusé de procrastination.

Selon le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, la démolition des cinq maisons est "un diktat que le public ne saurait accepter". De nombreux membres de la coalition de droite au pouvoir ont réclamé une solution pour empêcher l’évacuation des colons, une affaire potentiellement explosive qui survient au moment où commence la campagne électorale pour des législatives anticipées.

Aux yeux de la communauté internationale, toutes les colonies dans les Territoires occupés sont illégales, qu’elles aient ou non été autorisées par le gouvernement israélien. Plus de 340.000 colons israéliens vivent en Cisjordanie et plus de 200.000 dans des quartiers de colonisation à Jérusalem-Est.

(07 mai 2012 - Avec les agences de presse)