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dimanche 18 août 2013

La République Arabe Unie à nouveau unie... dans le désordre

Souvenons-nous : il y a 55 ans avait été créée une union entre l'Égypte, la Syrie, le Yemen sous le nom de République Arabe Unie. C'était peu de temps après que les Anglais eurent été chassés du Canal, malgré de multiples bombardements des civils. C'est ainsi qu'un ami dont le père travaillait au Canal se retrouva sous les bombes, et qu'il perdit un copain (c'était un gosse, à l'époque).


Dans l'esprit, cette union était louable. Elle faisait serrer les coudes entre des pays qui avaient subi des "protectorats" amicaux (hum) pendant des années. En fait, elle ne put perdurer : le nord-Yémen et son roi restaient unis à l'Arabie, sous la coupe étatsunienne évidemment (pétrole), donc le Sud était isolé. Trop vite l'Égypte voulut se prendre la part du lion, ce qui indisposa Damas où pourtant le parti Baas ne jouait qu'en sourdine. L'Irak n'eut pas le temps de se joindre à cette union, ce qui aurait pourtant rééquilibré les influences. Et puis, en raison du pétrole, toujours lui, "les Occidentaux" n'allaient pas laisser s'instaurer une force unie capable de leur dicter exigences et... tarifs. Donc au bout de quatre ans de tumultes divers l'union fut dissoute.

Aujourd'hui on s'aperçoit que les anciens protagonistes sont chacun à sa façon, mais avec des analogies, dans un même pétrin. L'Irak, envahi par les anglo-étatsuniens il y a dix ans, est aujourd'hui détruit, exsangue, annihilé sans espoir de remonter la pente avant très longtemps.  Le Yémen est secoué presque constamment, depuis qu'il est réunifié, par de violents heurts entre les factions "légitimes", donc soutenues par les États-Unis, et  leurs opposantes "à la Tunisienne". La situation est bloquée, les violences continuent.

En Syrie, le parti Baas et l'armée qui en est le fer de lance, voire le moteur, campe sur ses positions face à des islamistes accourus de partout à l'instigation des États-Unis, de la France, de la Grande Bretagne, avec l'aide des financements des tyrans du pétrole : entre les deux le peuple n'a pas son mot à dire, et subit les assauts des deux factions. Ses propres forces de résistances sont bien maigres. Qu'en sortira-t-il ?

En Égypte, là encore les grandes violences se développent entre une armée grassement rémunérée par les États-Unis, et des islamistes financés pas les États-Unis : les gens du peuple, quel que soit leur statut social antérieur, sont désormais la cible volontairement ou pas des deux grandes factions.

Le bilan est catastrophique : grâce à l'appui intéressé de la "Communauté Internationale" (voir les noms plus hauts), le Moyen-Orient est à feu et à sang. On ne saurait oublier le sultanat de Bahrein (sunnite) dont la grande majorité chiite de la population subit un joug violent et ne réussit pas à s'imposer comme ces jours-ci encore : le grand voisin de Riyad ne répugne pas à envoyer ses propres troupes pour juguler tout soulèvement.

L'impression générale est celle d'une immense marmite dont le couvercle est agité de soubresauts continuels sous la pression intérieure. Et l'on peut s'interroger : comment relâcher cette pression ? En détruisant les fauteurs externes qui apportent fonds et  mercenaires dopés au Wahhabisme forcené ? Ou......

Washingto delenda est


6 commentaires:

  1. Voilà un billet qui fait du bien en ce que, contrairement à tout ce qu'on lit par ailleurs sur les évènements égyptiens, il nous aide à y réfléchir avec au moins une mise en perspective ; merci !

    Je me permets de le reprendre ici:
    http://sarkostique.fr/index.php?topic=846.msg41389#msg41389

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  2. Merci à tous les deux ! S'obnubiler sur les évènements franco-français ne suffit pas : tant de choses se produisent ailleurs, qui ont des incidences plus ou moins directes chez nous !

    L'avenir est assez sombre...

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  3. Article très intéressant, merci de l'avoir fait. Dont je précise juste quelques points historiques (je suis l'ami-de-Suez que tu évoques en début d'article).
    Oui, le Moyen-Orient est une région cruciale du monde, lui-même "immense marmite sous pression", celle des révolutions qui couvent... et éclatent çà et là "de travers", vu les complexités locales et internationales, puis espérons-le fermement, "pour de bon" : pour la liberté des peuples, partout !

    Il me souvient dans mon enfance égyptienne, d'un événement régional colossal, celui de la nationalisation des puits de pétrole iraniens (1951) par le premier ministre Mossadegh... avant qu'il ne soit destitué par son souverain le Shah, vendu aux Anglo-Saxons. Pourtant l'Iran n'est pas plus arabe que la Turquie, mais ces deux puissants empires régionaux, musulmans, eurent périodes de domination sur de très vastes pays voisins arabes. Ou arabisées - cas du « peuple nilotique » d’Égypte pluri-millénaire, distinct du « peuple bédouin », d'égyptiens venu d'Arabie. Cette révolution éphémère iranienne enthousiasmait les égyptiens, comme, auparavant, la révolution turque qui mit fin, durablement cette fois, à l'Empire Ottoman (dominatrice de l’Égypte et de bien d'autres pays arabes).

    Il me souvient aussi de la colère de la rue égyptienne face à la déroute (1948) de l'armée du roi égyptien Farouk (vendu aux Anglais) en Palestine. Colère se retournant contre l'armée britannique qui occupait encore la zone de Suez : à juste titre, on accusait les Anglais d'avoir beaucoup gêné l'armée égyptienne en guerre, mais à tort, on pensait que la création d'Israël serait éphèmère.
    Au centre de la zone du canal de Suez, la ville nouvelle d'Ismaïlia fut berceau premier des Frères Musulmans. Et c'est là aussi que des fedayins égyptiens harcelaient les troupes anglaises, en attendant de libérer la Palestine... le 26 janvier 1952 (il y a 61ans et non en 55, comme tu l'indiques) les Anglais bombardèrent et occupèrent Ismaïlia, faisant une centaine de morts civils, dont mon copain de jeu Mahmoud... S'en suivit 6 mois d'émeutes dans tout le pays, et la destitution de Farouk, par Nasser, officier de la campagne de 1948... Puis vint le départ des anglais, et le nationalisme pan-arabe de la RAU, création artificielle invivable...

    En résumé, Peuples, Religion, Pétrole, Israël sont les 4 bases de l'Histoire du Moyen-Orient, depuis.
    J'ajoute, ironie de l'Histoire, qu'Israël a bénéficié (pour sa création et sa jeunesse) du gros soutien diplomatique et d'armes tchèques de la part de l'Empire Stalinien, en rivalité – comme Poutine en Syrie – avec l'Empire Anglo-Saxon...

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    1. Merci, Rem*, d'avoir corrigé mes erreurs. Tu étais bien placé pour savoir ce qu'il en était !

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