Rechercher dans ce blog

jeudi 20 août 2015

Morale, capital et travail

Essayons de répondre à quelques considérations.

La « morale », voilà un terme auquel je ne trouve aucun sens, même si les religions tentent d’y introduire des évidences dites « naturelles » de ce qui se fait, et ce qui ne se fait pas. S’y enchevêtrent des interdits à peu près communs à des civilisations très différentes, et d’autres prescriptions bien fluctuantes. C’est dire l’intérêt pour cette notion. On va pourtant oser parler, parfois, de « morale capitaliste » : le mot est gros, tant il peut prêter à caution.
Oui, pour un capitaliste, le seul critère valable est « ce qui se vend », ce qui veut dire qu’un gadget parfaitement inutile pour les simples individus, mais qui se vend bien grâce à des artifices de propagande, est utile pour le chiffre d’affaires, donc pour l’actionnaire. On voit là combien la notion « d’utilité » peut avoir des impacts différents. Toutes ces choses dites « utiles » sont créées par le travail.

Le travail est-il un concept utile ? Pour l’actionnaire, oui, s’il accroît son profit - sachant que ce n’est pas lui qui l’accomplit. Pour le travailleur, astreint à donner son temps, ses efforts, une partie non négligeable de sa vie à un actionnaire que la plupart du temps il ne connaît pas (et réciproquement), c’est bien plus discutable. Même si une petite partie de sa contribution lui est restituée sous forme de salaire, différé ou non, la frustration la plupart du temps inconsciente est grande. Ce n’est pas pour rien que le mot travail renvoie à des notions de torture, de pénibilité, loin de l’effort librement consenti en vue d’un but que l’on s’est fixé. Bien entendu, le pire des travaux est celui du chômeur astreint à des attentes interminables au Pôle Emploi, inutiles mais obligatoires, qui augmentent ses frustrations tout en le gardant conscient que ces efforts contraints n’ont d’utilité pour personne. Sauf que pendant qu'il est astreint à ces obligations, il ne peut contribuer par désespoir à des désordres qui pourraient perturber Messieurs les Actionnaires. Un bel exemple de contradiction susceptible de rendre fou.

Je ne sais pourquoi les capitalistes continuent à obliger les gens à travailler, ou à tenter de décrocher une place d'esclave, puisque cet argent qu’ils révèrent se multiplie à l’infini par la grâce des banquiers et des "montages financiers", sans recourir à la main du travailleur. Qu’ils aillent donc s’installer dans un coin, pour jouer tranquillement, et que les travailleurs enfin libérés puissent vaquer aux tâches importantes pour eux, pour leur famille, pour leur voisinage, pour des projets "régionaux" (géométrie très variable) devenus nécessaires... Au lieu d’échanger, partageons les fruits de la Terre et des efforts de tous selon leurs moyens, pour tous selon leurs besoins. Là, les capitalistes n’ont point accès à un système pareil, où la notion de profit individuel disparaît.

4 commentaires:

  1. Tu as complètement raison -
    Ni le fric ni le travail ne peuvent être des références -
    Seul compte " que l ' autre soit heureux-se " .
    http://mondeindien.centerblog.net/

    RépondreSupprimer
  2. En gros, d'accord avec ton billet sur l'utilisation du concept "morale" par le capitalisme, mais pourquoi le limiter à l'aspect "exploitation du travailleur", alors qu'il y a pire, ou le pire :
    LA GUERRE. Toujours "masquée" derrière des slogans "moraux" (les bons bénis de Dieu - les méchants du Démon, et autres attrapes-gogos)...
    La logique du profit est là, dans la guerre, c'est bien connu, de "détruire pour reconstruire" (villes, stocks, etc.) jusqu'à la prochaine sur-production, d'où crise etc. et nouvelle guerre destructrice...
    Ces guerres épisodiques (entre pays capitalistes en concurrence barbare) se combine avec une guerre permanente contre les marchés locaux non-ou-peu-intégrés au "Libre-Marché Mondial": guerres de destructions à l'agriculture vivrière, l'artisanat, le commerce et la petite industrie traditionnelles, etc. ainsi qu'aux cultures...

    Désespérées, désormais, après l'échec planétaire du rêve communiste versions Staline-Mao, bien des révoltes populaires sont au comble de l'erreur : le retour à "la morale rigoriste" des Fous de Dieu, etc.

    Pourtant, on peut espérer la vérité : celle, libertaire, qui se fonde sur la Nature. La Nature Humaine, résumée dans les trois concepts de notre devise. Qui ne relèvent pas de la "Morale", opportuniste, mais de l'ÉTHIQUE, immuable : naturelle... où le labeur-créatif abolit le travail-prolétaire...

    RépondreSupprimer
  3. Qu'ajouter à vos deux réponses ?

    RépondreSupprimer
  4. Grèce. Le troisième mémorandum va augmenter la part de l'économie non-monétaire qui n'est déjà pas négligeable.

    Le toit de la mamé menace ruine ? Le village, sous la direction d'un couvreur au chômage, va démonter et refaire le toit. Un papé voisin va donner les tuiles et bois manquants avec la démolition d'un bâtiment qui ne lui sert plus. Les murs de son bâtiment vont servir à réparer un bout de chemin communal qui en avait besoin. Les ados vont en casser les pierres au marteau pour en faire un concassé utilisable pour le chemin. Les agriculteurs, pêcheurs et jardiniers vont fournir légumes, poissons et viandes pour les repas. Pendant les travaux la mamé garde les petiots dont les mères font la bouffe pour tout le monde. Etc. Et c'est comme ça qu'avec zéro euro échangé tout le village aura quand même œuvré pour le bien commun... au grand dam de l'Europe tireuse d'oreille grecque.

    RépondreSupprimer