Sortir
de la Banque des Réglements Internationaux ?
(connue sous le diminutif BRI, ou BIS en
anglais (Bank for International
Settlements)
I -
Historique
II -
Rôle
III
- Avantages
IV -
Inconvénients
Conclusion
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I - Historique
Dans l'après-guerre 1914-1918 se sont posées les questions des
compensations entre réparations de guerre. La puissance à terre,
l'Allemagne, n'était pas la seule à devoir de l'argent aux
"vainqueurs", sur ce point la France en devait à
l'Angleterre, la Hollande à la Belgique, etc. La complexité de ce
chassé-croisé de devises (il fallait déjà préciser lesquelles)
outrepassait les compétences des comités constitués pour
l'occasion (Plan Dawes, puis Plan Young). Les Directeurs des banques
centrales ont donc convenu de la création d'une "banque
chapeau" pérenne, chargée de servir de pivot à l'ensemble.
Chacune apporta un montant identique pour les plus importantes,
Angleterre, France Italie, Japon, Reischsbank, Belgique, plus un
consortium de banques étatsuniennes sous l'égide de la Banque
Morgan. La Réserve Fédérale ne s'y est pas associée directement,
les américains prenant leurs distance avec le système. Pour des
raisons de neutralité, et après bien des tractations, ce fut la
Suisse plus neutre qui fut choisie pour le siège, et singulièrement
Bâle, plus neutre encore que Genève où résidait alors la Société
des Nations, ou Zürich trop allemande.
Cette banque dès le départ disposait d'un matelas de liquidités en
nombreuses monnaies, généralement basées sur l'or. Déjà à
l'époque, le dollar en était en partie découplé. Pour rappel, les
accords de Bretton-Woods après la seconde guerre mondiale avaient
fixé la parité à 32 dollars l'once (environ 28,35 grammes) :
dans les faits aujourd'hui la même quantité d'or correspond (n'en
déplaise aux cours officiels) à environ 4000 dollars !
II - Rôle de cette "banque
des banques centrales"
A - Le rôle de la banque en
tant que telle
Dans les faits aujourd'hui, la BRI (nous l'appellerons toujours
ainsi) sert toujours de plaque tournante pour des réglements
internationaux. On estime (elle est assez discrète) que dans ses
comptes sont entreposées environ 7 %, voire plus, des
liquidités mondiales. Elle possède aussi une réserve d'or :
on parle de 712 tonnes... ce qui est loin de paraître négligeable.
Son capital était libellé dans un franc suisse parallèle,
fortement lié à l'or, et légèrement différent en parité du
franc suisse habituel. Maintenant c'est un panier des monnaies les
plus marquantes (US$, Yen, Euro, Livre sterling) qui tient lieu
d'unité de change. Elle ne crée pas de monnaie, mais le fait que
des transactions passent par elle entre monnaies plus ou moins fortes
peut créer une certaine inflation : ses statuts et réglements
s'efforcent de modérer ce genre de tendance. Elle est en mesure de
peser beaucoup, en raison des liquidités qu'elle peut injecter, ou
pas, à tout moment dans l'escarcelle d'une banque nationale.
Reprenons un extrait de fiche publiée le 12/12/2009 par un certain
Sébastien Dufil :
« Les Banques centrales ont un rôle majeur dans les économies
nationales »… « La Banque Centrale fixe les taux
directeurs et la masse monétaire du pays. Mais il arrive que deux
banques centrales de deux États se concurrencent et annulent donc
leurs propres actions. La BRI est ainsi chargée de coordonner les
actions des banques centrales. »
Dans les faits aussi, cette banque des banquiers est une sorte de
"juridiction mondiale" informelle où les grands argentiers
internationaux viennent tous les deux mois "faire le point"
sous la présidence de fait du plus important d'entre eux, le patron
de la Bank of England. Même aujourd'hui, Londres est plus important
que Wall Street, Hong Kong ou Francfort.
B Cette banque est devenue une
sorte de Conseil exécutif mondial
Dans la banque elle-même un comité permanent, le Comité de Bâle,
étudie et préconise des accords en vue de dompter le coursier
sauvage qu'est la Finance internationale. Actuellement est en place
l'accord N°2, le suivant est prévu de se mettre en place en 2018.
TOUTES les banques mondiales (pour les pays dont la banque centrale a
adhéré au système) sont tenues de s'y conformer, sous peine
d'empêcher le pays concerné de commercer avec les autres.
Ainsi ont été institués des outils tels que le Ratio Cooke, et le
Tier One. Le premier définit le minimum de fonds propres que doit
posséder une banque, en fonction de ses engagements (les prêts
qu'elle a accordés, en somme). Il a depuis été pondéré par le
ratio McDonough, en fonction des structures mêmes du pays considéré.
Le second précise ce que sont ces fonds propres, selon leur
structure qui les rend plus ou moins « solides ». Le
Comité de Bâle serait, à l'échelon mondial, un peu ce qu'est la
Commission Européenne à Bruxelles : la source des
réglementations qui régissent les mouvements mondiaux de
liquidités.
La banque est aussi chargée de dresser des statistiques sur les
activités bancaires mondiales et les marchés financiers. Ces
données ne sont pas forcément accessibles au public.
III - Les avantages de la
présence de cette "superbanque"
Nous l'avons déjà souligné, la BRI exerce un rôle modérateur
dans la course à l'inflation, ceci est dû au "matelas" de
devises diverses qu'elle a en caisse, qui lui permet d'infléchir les
pics dus aux spéculations sauvages, aux poussées de fièvre
d'investisseurs inquiets qui mettent en difficulté les économies et
les monnaies de pays membres. Ce rôle n'est naturellement
qu'indirect, puisque la BRI n'a affaire qu'avec les banques
nationales, jamais avec des entreprises ou des particuliers. On
notera cependant que les banques nationales sont sauf exception des
établissements privés, qui sont théoriquement indépendants des
pays où ils exercent.
C'est aussi un lieu neutre où dégagés de toute politique
politicienne, les grands argentiers "se lâchent" dans le
secret d'une salle douillette et discrète. Ils se diront des choses
qu'ils n'oseraient aborder ailleurs. A quoi cela sert-il ?
Revenus dans leur siège doré, ils n'appliqueront pas ce qu'ils ont
précédemment admis.
Placée dans un lieu le plus neutre possible d'un pays "neutre",
la BRI est un établissement indépendant, où seuls ses actionnaires
principaux peuvent décider de changements à la majorité des deux
tiers. Treize de ses soixante points de règlement sont même soumis
à la loi suisse, ce qui renforce leur impact. Appartiennent à cette
catégorie des décisions stratégiques comme un changement de siège…
Il faut tout de même préciser que les actionnaires principaux de
ces banques centrales sont, en particulier aux États-Unis, des
banques d'affaires appartenant à très peu de grandes familles :
les Morgan, Lehman (a fait faillite en 2008), Kühn (repris plus tard
par Lehman avant la chute de celui-ci), Rockefeller, Rothschild
(présent à New York, Londres, Paris), Lazard (à Paris), Warburg (à
Hambourg), Israel Moses Seifs (à Rome), Goldman et Sachs.
IV - Les inconvénients de
l'indépendance de la BRI
Par son rôle de plaque tournante, et de lieu de discussion secret
(personne ne sait ce que se disent les gouverneurs au cours de leurs
colloques semi-mensuels), la BRI assume un rôle directeur de premier
plan. Or, elle influe ainsi sur la vie de tous dans le monde, alors
que ses intervenants ne sont en rien porteurs de mandats des peuples
qu'ils dirigent ainsi. Elle peut bloquer des investissements pour
cause de « concurrence » entre politiques monétaires de
plusieurs pays, ou pour contrer une possible inflation, terreur des
grands argentiers.
Malheureusement, le simple fait d'obliger toutes les banques
commerciales de la planète (jusqu'à un certain point, seules 58
banques centrales ont accepté de faire partie des adhérents) à
posséder un certain volant de capitaux propres est l'un des facteurs
qui déterminent leur politique. Cela explique leur prudence, qui se
traduit souvent par une grande frilosité à prêter aux
entrepreneurs. Cela se traduit, comme actuellement, par une déflation
rampante, le chômage, les emplois précaires, etc.
S'y ajoutent les désirs de tel ou tel, des « économistes »
placés au plus haut des responsabilités dans un pays, et
complètement déconnectés des vrais problèmes de la base. Citons
ici Bruno Bertez *:
« Bernanke *
et Geithner *
veulent ce qu’ils appellent « un dollar fort ». Mais dans leur
pensée et dans leur conception, un dollar fort ce n’est pas comme
on le croit un dollar cher. C’est un dollar qui impose sa loi,
c’est un dollar que l’on force à accepter, un dollar que l’on
continue de stocker. Bref, un dollar qui, négativement, faute
d’alternative et à la faveur de la puissance militaire, continue
de bénéficier de son rôle de monnaie impériale, de safe-haven.
Ils veulent un dollar à la fois faible en prix mais en même temps
roi ».
Créée par des banquiers, la BRI
pense comme un banquier. Un banquier par sa seule présence crée une
monnaie virtuelle, qui ne profite qu'aux banquiers. Rappelons que
Bernanke est un des banquiers siégeant à la BRI. La présence d'un
faux gendarme comme cet organisme "apatride" (il ne rend de
comptes à personne) peut rassurer, il n'en est rien. Les bulles
enflent et éclatent, à chaque fois les plus humbles subissent, les
plus intouchables le deviennent de plus en plus. Comme la BRI et tous
ses agents sont rigoureusement inattaquables par quiconque,
particulier, banque ou État, tout peut arriver pour qui fait appel à
elle directement ou non.
Un diagramme fascine : le
décalage entre les liquidités qui circulent dans le public, et la
masse monétaire qui circule au niveau des banques et créée par
elles pour le meilleur, et le plus souvent pour le pire.La BRI ne
s'intéresse bien entendu qu'à la grande courbe, celle du
« hors-sol ».
On note la ligne du bas, qui
décolle à peine, correspondant à un vrai mouvement de biens et
marchandises « réelles », et l'autre qui escalade les
sommets, et correspond aux mouvements fous des échanges permanents
de sommes colossales, et vides de sens.
CONCLUSION
Il est manifeste que la BRI ne
joue aucunement le rôle de régulateur soucieux des réalités
sociales, que l'on pourrait attendre d'elle. Ce n'est qu'un banquier
de plus, encore plus frileux que d'autres encore dès qu'il s'agit
d'investir pour le bien des populations, mais capable de mobiliser
des sommes inimaginables (créées par d'autres banques) afin de
corriger des tendances inflationnistes certes, mais souvent
salvatrices pour le commun des mortel.
Nous l'avons signalé, les règles
qu'édicte la BRI sont appliquées par toutes les banques
commerciales des pays qui l'acceptent, elles-mêmes cornaquées par
leurs banques nationales. Le seul moyen de contrer ces diktats, est
de rompre le lien avec la BRI en s'adressant directement au pays avec
lequel l'on veut commercer, mais aussi de modifier les statuts mêmes
de la banque centrale, en l'occurrence la Banque de France. Dans son
Conseil général doivent pouvoir prendre place des personnes de "la
société civile", délégués d'associations de consommateurs,
délégués de PME, chargées de rappeler ce qu'est "la vraie
vie" à des personnes trop souvent coupées de celle-ci. Bien
entendu la BdF ne devrait plus avoir aucun compte à rendre ni à la
BRI, ni à la BCE, ni aux institutions de Bruxelles, ni bien entendu
à la Banque Mondiale ou au FMI. Pour cela, aussi bien qu'avec
l'union européenne, la France doit quitter cet organisme
contraignant, banque des banquiers centraux qui en sont aussi les
membres.
A quoi servirait de continuer à
"faire des messes basses" à Bâle, ce temple du
capitalisme dominé de fait (évidemment) par les anglo-saxons qui y
apportent à la fois leur envergure mondiale et délétère, et leur
langage si particulier (un tiers au moins de leur jargon particulier
consiste en termes relatifs au commerce, à la finance, à
l'argent) ? A quoi servirait de deviser gravement de
considérations dictées par les superprofits, alors que ceux-ci se
construisent sur le moins-social ? A quoi servirait de voir une
partie des avoirs français en dépôt dans une banque étrangère,
alors que la totalité des efforts doivent concourir à un mieux-être
ensemble dans le cadre de l'Hexagone et d'autres pays aux volontés
sociales tout aussi affirmées comme le Venezuela ou l'Équateur ?
Si les forces qui veulent défendre
les classes dominées, et en particulier les classes opprimées,
réussissent à imposer leurs vues, leurs aspirations, leurs
objectifs, un changement radical devra s'opérer, ne serait-ce que
par la nationalisation des banques. Cela impliquera qu'elles ne
seront plus des "opérateurs" de la grande braderie du fric
pour le fric, mais redeviendront par un équivalent d'une sorte de
Glass-Steagall *
plus contraignant, uniquement des banques de dépôt et de prêt aux
PME, des sortes de simples guichets déportés de la Banque de
France. La spéculation en sera alors non seulement séparée, mais
bannie. Plus question de faire valoir les "effets de levier" :
la banque avancera l'argent, moyennant un loyer fixe correspondant à
ses frais de fonctionnement : remboursée, la somme sera
annulée, et on repartira à zéro avec un autre emprunteur. C'est un
dispositif totalement différent de celui qui actuellement et depuis
des siècles prévaut, et dont on connaît les effets pervers. En
quoi avec de telles dispositions la BRI devrait-elle avoir la moindre
incidence sur la vie économique de notre pays, jouant avec ses
règles propres ?
DOCUMENTATION
BRI :
Les marchés sont découplés de l'économie
Oligarchie
financière - La Banque des Réglements Internationaux ossature du
Nouvel Ordre Mondial
La
Banque des réglements internationaux (BRI)
Banque
des réglements internationaux
Banque
des Réglements Internationaux (BRI)
La
Banque des règlements internationaux, dernier bastion de
l'orthodoxie financière ?
Annales
d'histoire économique et sociale - la BRI
*
Glass-Steagall :
dispositif qui fut créé en 1933 aux États-Unis sous l'égide du
Sénateur Glass de Virginie, et du Représentant Steagall de
l'Alabama, et qui, de plus en plus contourné, fut abrogé en 1999
par l'administration
Clinton. Il
interdisait à un organisme d'être à la fois banque de dépôts et
officine d'affaires.
*
Bruno Bertez est un éditeur de publications financières, rédacteur
habituel de L'Agefi (publication suisse) et fondateur de La Tribune
après avoir dirigé La Vie Française et Le Nouveau Journal. Il
s'exprime aussi, avec talent, dans le
Blog à Lupus.
*
Ben Shalom Bernanke a assumé deux mandats de président à la
Réserve Fédérale des États-Unis. Économiste, il a désormais
intégré comme dirigeant un des ces Think
Tanks
qui sont les boulets néolibéraux de la politique économique US,
The Brooking Institution.
*
Timothy Franz Geithner était jusqu'en 2013 le Secrétaire au Trésor
des États-Unis (le Ministre des Finances, en somme), après avoir
été le président de la plus importante implantation de la Réserve
Fédérale, The Federal Reserve Bank of New York, lieu bien avant
Fort Knox où sont entreposées les plus importantes quantités d'or
de la planète.
bab
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