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jeudi 9 février 2012

La passion Mélenchon (suivi d’un extrait des Misérables)

Citoyens de France et du Monde, prenez le pouvoir

La passion Mélenchon (suivi d’un extrait des Misérables)

Ariane Walter
 
« Chabot et Ferrari sont deux perruches médiatiques ! »

Le temps est loin déjà, en 2010, où, par cette phrase, Mélenchon entrait en lumière sur la scène des medias. Là où se concocte la politique spectacle. Désormais on allait l’inviter plus souvent. Même si c’était pour le traiter avec mépris ou curiosité pensant tenir un bon client, un clown, une sorte d’animal qui ne sait pas se tenir et que l’on va chatouiller pour le faire rugir.

Le titre de son livre « Qu’ils s’en aillent tous » confortait ses adversaires : Quel rustre ! Quel type excessif !

Ainsi à Philippe Besson qui l’interroge sur la violence de son langage, il répond : "Écoutez, j’ai choisi de faire comme ça et si ça ne vous plait pas, vous pouvez aller vous faire voir ! Je ne me mettrai pas à genoux. Votre système (médiatique) est détesté par une majorité de français ! »

Arlette Chabot, devient une « vache sacrée » décorée de la guirlande suivante : « Je ne l’admire pas. Elle est nulle. Ses émissions sont bordéliques. Elle fait le singe. »

Ferrari a droit aux mêmes douceurs : "Quand je dis de quelqu’un que c’est une perruche, on crie à l’insulte. Mais quand un journaliste me traite de poisseux (...) ou dit que je n’ai ni idée, ni programme, on trouve ça élégant. Il y a une différence de classe entre nous (les médias), comme entre moi et la dame (Laurence Ferrari) qui m’insulte et qui gagne 1.000.000 euros par an pour lire un prompteur. Si Ferrari me déteste c’est que elle sait que je lui prendrai 760.000 euros sur son million si j’arrive au pouvoir." Ouf ! Wouaf !

Il y a dans cette entrée en scène de Mélenchon une audace terriblement dangereuse.

La France est une vieille dame. Elle se réfugie à droite. Le mouvement l’inquiète.

Elle vient déjà de se taper un excité avec ses « Casse-toi pov’ con ! » . Elle aspire à un peu de dignité. Entendre, tout à coup, ce révolté qui parle (presque) un couteau entre les dents, voilà qui ne va guère le servir. Et sûrement pas inquiéter les maîtres de ce temps.

Ils doivent se dire : « Parfait ! Laissons-le grogner. Il divertit ! Sa présence dans la campagne laisse croire à cette démocratie multipartite qui est morte, enterrée depuis longtemps ! Si on le laisse faire, pas besoin de le diriger, c’est un nerveux, il fera vite comprendre que ceux de gauche doivent voter pour un socialisme plus policé ».

Un socialisme qui surmonte l’affaire DSK pour présenter cette merveilleuse machine des primaires. Si bien huilée, si bien mise en scène par les medias mainstreams. Que toute la clique qui se présente soit néolibérale, soumise à l’Otan et à Israël, engagée dans les guerres de l’empire, qui s’en soucie ? Ce mot « socialiste » qui ne veut plus dire « socialiste », on le répète sans cesse pour attirer des électeurs qui seraient prêts à noyer Sarkozy pour ne plus le voir. On est comme aux US : Deux partis. L’un ou l’autre qui sont les mêmes. Tel est ton choix.

On en est donc là et l’aventure continue.

Mélenchon a obtenu l’aval des communistes. On le compare à Marchais. C’est folklorique. Il est candidat à la présidence de la république. Petit candidat. Quantité de Français, habitués de TF1 ignorent même son nom.

Mais Mélenchon par la force de sa conviction, par son immense talent d’orateur, par la passion de son verbe, par la nouveauté de sa campagne qui, tout à coup va redonner une voix à la véritable gauche, celle du peuple, va créer une dynamique inattendue.

Le web va jouer son rôle. Son rôle de fouille-merde qui ne se satisfait d’aucune vérité révélée.

Je suis très amusée quand on me dit : « Oui, mais sur le web il y a beaucoup à trier ! On y lit souvent n’importe quoi ! » Parce que quand on lit le Nouvel Obs, le Monde, l’Express, quand on écoute TF1 et F2, il n’y a pas à trier ? On n’y lit pas n’importe quoi ? Mdr !

Donc, sur le web, des extraits de presse circulent. On se délecte de son franc-parler imagé. "Nous, on nous a mis derrière le rideau parce que, nous, on est les pauvres, on vient pour le café, parce que les têtes d’oeuf du coin ont décidé que nous on était les petits". On passe et repasse des vidéos. On découvre ainsi que Mélenchon a vraiment été traité comme un plouc par Chabot. (Auprès de laquelle plus tard il s’excusera.) Et que son « Allez au diable » était une douceur à côté de ce qu’elle lui avait fait subir le traitant avec tout le mépris de sa caste.

Cette caste, celle des journalistes des grands medias, mais aussi celle des politiques, ses pairs, Mélenchon va les affronter avec un talent qui va les exploser.

Le temps n’est plus où Lelouch, alors que Mélenchon essayait d’expliquer la réalité de l’Otan, l’avait traité comme un paillasson, lui coupant la parole cent fois, le menaçant même d’un duel !

Peu à peu, Mélenchon déploie sa stature, comprend les règles du jeu et ne se soumet à rien ni à personne. Avant on le traitait de haut. A présent, il survole des visages muets. La chique coupée.

Il faut dire que journalistes et hommes politiques vivent entre eux depuis longtemps .Ils se connaissent. Ils savent par cœur ce que va dire l’autre. Ils ont tous des éléments de langage mais ne savent pas prendre de court un homme qui à son tour leur parle de haut. Ou de loin. De ces anciens temps de la Commune ou du Conseil National de la Résistance où le caractère unique et éminemment social de notre pays s’est formé. Toute parole détruite, laminée par le libéralisme. Mélenchon en cette fin 2011 et début 2012 tient un langage qui sèche toute tentative de bla-bla. Les noms de ses meetings, Nantes, Metz, Besançon, Villeurbanne avec dix mille participants, sonnent comme des victoires d’empire. Aucun écho dans les medias bien sûr. Que des foules se déplacent pour l’écouter, chut ! Black out !

Quand on pense que ce dimanche, BFMTV retransmettait en direct un meeting de Marine Le Pen devant cinq cents personnes ! Les mêmes qui vont s’indigner parce que Marine Le Pen n’a pas ses voix ne vont pas s’indigner parce que Mélenchon n’a pas ses images ! Avec Mélenchon, pour une fois, les Français écoutent de la politique.

L’ambiance de ses meetings n’a rien à voir avec celui du Bourget où Hollande se la joue à l’Américaine dans un vacarme de flons-flons et de cris. Le public de Mélenchon est silencieux et attentif. Nourri d’une phrase qui le soigne et le fait espérer. Les Français veulent être Français. Ni Américains, ni Allemands, ni Grecs, dépouillés de tout ! Et c’est cet enjeu, que tout le monde connaît, bien voter ou sombrer dans la dictature, qui crée les visages fascinés de ses meetings.

Pas fascinés par lui-même. Mélenchon n’est ni une icône, ni une rock-star. Aucune groupie ne va lui lancer son string. Lui-même prend soin de s’effacer, de dire à chacun de ses meetings : « Je vous remercie de ne pas crier mon nom. Vous êtes ici pour une cause. La cause du peuple. Je n’ai que l’honneur d’être votre représentant. »

Mais il a l’art des phrases qui vont frissonner, portées par une voix rocailleuse qui n’en finit pas de monter en puissance. Ses discours, il les vit. Il les fait naître. Il a sous les yeux un fil conducteur qu’il consulte rarement. Il n’a rien d’un Hollande qui reste attaché à sa feuille et ne la quitte pas plus des yeux que Laurence Ferrari la sienne. Il se laisse emporter par l’actualité, les thèmes récurrents, il vit une indignation qui est celle de tous. « Je suis le bruit et la fureur ». Non. Je suis la justice et la résistance ! Au nom de la Justice résistons tous ! Et les Français l’écoutent.

Il faut dire qu’ils reviennent de loin, ces Français. Quelle année ! Tant de raisons de se désespérer. Les affaires contre la clique Sarkozy qui n’aboutissent pas, les révolutions douteuses, vite reprises en main par l’Otan, l’abominable camp de concentration grec, les indignés bastonnés par une police qui les traite en terroristes et face à cela, l’impossibilité de dire ce que l’on ressent, la peur terrible, dont personne ne parle, de ne plus arriver à se dépêtrer de cette dictature soft qui se tisse autour de nous ; Obama, cette illusion signée Brezinski, qui autorise l’arrestation de tout citoyen américain soupçonné d’aider le terrorisme sans qu’aucun moyen légal de défense ne soit autorisé, il avait parlé de fermer Guantanamo, ce sont les US tout entiers qui deviennent Guantanamo- city ; le coup d’Etat de Goldman Sachs , ceux-là même qui ont trafiqué les comptes grecs, et qui, au lieu de se retrouver en prison, se retrouvent à la tête de trois pays européens ; ces boîtes de nuit espagnoles où l’on a convaincu des jeunes de se faire greffer sous la peau des puces rfid, parce que comme ça ils n’ont plus à sortit leur portefeuille pour payer ; cette impression d’encre de pieuvre qui se dépose partout autour de nous. TINA ! There Is No Alternative !

Et soudain jaillit la voix de Mélenchon qui porte l’espoir de l’HUMAIN. Un homme qui dit au peuple dont nous sommes tous : « Prenez le pouvoir ! » Car les autres n’en sont pas dignes.

« Nos plaies ouvertes saignent parce que les gens voient des tas de connards à qui ils ne confieraient même pas un stand de hot-dogs diriger leurs vies. » Tim Willocks.

Trouvé sur le web. Ah ! Tiens, il n’y a pas que Mélenchon qui a un langage de bruit et de fureur !

Il a ses adversaires. On s’en doute. Les libéraux, bien évidemment, qui le prenaient à la rigolade et qui commencent à s’inquiéter. Sur le web, c’est Mélenchon qui est en tête des intentions de vote. Partout. Qu’est-ce qu’il va nous faire ? Les FN, mis à mal avec leur Marine qui risque de rester en rade. Les Hollandistes, bien sûr, qui, candidats du système, obligés de ménager la chèvre , le chou, le chat et le rat, sont obligés de le copier pour ne pas le perdre à la trace.

Certains disent pourtant qu’il est, lui aussi, un candidat du système.

Là, je l’avoue, je ne comprends pas très bien cette stratégie.

Le système, quand Mélenchon aura fini sa campagne, il n’en restera plus que des confettis ! On n’a pas dû lui donner les bonnes instructions. Ou alors il se la joue free lance !

Un autre argument : « C’est la voiture-balai de François Hollande » ! Sauf , comme il le fait sans cesse remarquer, qu’il lui sera très difficile d’appeler à voter pour un capitaine de pédalo qui est contre la retraite à 60 ans, qui laisse ses troupes s’abstenir dans les votes européens les plus importants, qui fricote avec Victor Orban, qui se fait sponsoriser par le Qatar, qui mange de la salade à 140 euros avec BHL et qui a des t-shirts « H for Hope. » !!!!

On imagine un mari qui, voyant sa femme riche s’apprêter à le quitter, inventerait de lui procurer un amant pour qu’il l’abandonne ensuite et qu’elle revienne contrite vers lui…

Dans ces cas-là il ne faut pas choisir un amant qui lui met le rouge au joue, le feu au ventre, qui lui fait retrouver sa jeunesse et courir les meetings politiques ! Non, messieurs Hollande et Bildbrothers ! Chaque jour qui passe votre nana vous échappe définitivement. Vous ne la reverrez plus jamais. Et si elle ne se fait pas la malle aux présidentielles, elle la fera aux législatives ou plus tard. Mais maintenant le goût de s’évader elle l’a dans le sang. Le rouge est de retour !

On dit de lui que c’est un comédien.

Mais alors un grand. De la race des Gabin et des Ventura.

Que c’est un tribun. Oui, un grand, de la race des Jaurès et des Louise Michel qui écrivait à l’époque de la Commune :

« Dans la nuit d’épouvante qui depuis décembre couvrait le troisième empire, la France semblait morte, mais aux époques où les nations dorment comme en sépulcres, la vie en silence grandit et ramifie ; les évènements s’appellent, se répondent pareils à des échos ; de la même manière qu’une corde en vibrant en fait vibrer une autre. Des réveils grandioses succèdent à ces morts apparentes alors et éclatent les transformations résultées des lentes évolutions. »

Il est le nouveau Jean Valjean. Celui qui veut sauver Cosette des griffes du couple Thénardier et de l’immonde Javert !

Voilà pourquoi, sans doute, il cite volontiers Hugo :
« Le plus haut symbole du peuple, c’est le pavé. On lui marche dessus jusqu’à ce qu’il vous tombe sur la tête. »

Combien de temps faudra-t-il à la Passion Mélenchon pour arriver au pouvoir et changer la France, l’Europe et le Monde ?

Car ce sera ça ou le sang.

Elle n’est que l’écho d’une révolte universelle qui court de New-York à Fukushima en passant par Le Caire, Barcelone et toutes les villes de tous les pays, toutes rumeurs étouffées qui bientôt crèveront les oreilles.

Il ne s’agit plus de s’indigner. Il s’agit de gouverner, de vous chasser et de vous juger, messieurs les voleurs. Vous ne vous en tirerez pas comme ça ! Il s’agit de fonder cette république de l’Humain qui a inspiré les plus grandes pensées et qui ne veut plus les trouver, seulement, sur les rayons poussiéreux des bibliothèques.

Citoyens de France et du Monde, prenez le pouvoir !

Ariane Walter


L’extrait ci-dessous du livre de Victor Hugo "Les Misérables", a été lu par Jean-Luc Mélenchon en clôture de son meeting du 7 février 21012 à Villeurbanne en geste de défi aux critiques qui lui reprochent d’être trop intellectuel pour son public.
LGS.

"En 93, selon que l’idée qui flottait était bonne ou mauvaise, selon que c’était le jour du fanatisme ou de l’enthousiasme, il partait du faubourg Saint-Antoine tantôt des légions sauvages, tantôt des bandes héroïques.
Sauvages. Expliquons nous sur ce mot. Ces hommes hérissés qui, dans les jours génésiaques du chaos révolutionnaire, déguenillés, hurlants, farouches, le casse-tête levé, la pique haute, se ruaient sur le vieux Paris bouleversé, que voulaient-ils ? Ils voulaient la fin des oppressions, la fin des tyrannies, la fin du glaive, le travail pour l’homme, l’instruction pour l’enfant, la douceur sociale pour la femme, la liberté, l’égalité, la fraternité, le pain pour tous, l’idée pour tous, l’édénisation du monde, le Progrès ; et cette chose sainte, bonne et douce, le progrès, poussés à bout, hors d’eux-mêmes, ils la réclamaient terribles, demi-nus, la massue au poing, le rugissement à la bouche. C’étaient les sauvages, oui ; mais les sauvages de la civilisation.
Ils proclamaient avec furie le droit ; ils voulaient, fût-ce par le tremblement et l’épouvante, forcer le genre humain au paradis. Ils semblaient des barbares et ils étaient des sauveurs. Ils réclamaient la lumière avec le masque de la nuit.
En regard de ces hommes, farouches, nous en convenons, et effrayants, mais farouches et effrayants pour le bien, il y a d’autres hommes, souriants, brodés, dorés, enrubannés, constellés, en bas de soie, en plumes blanches, en gants jaunes, en souliers vernis, qui, accoudés à une table de velours au coin d’une cheminée de marbre, insistent doucement pour le maintien et la conservation du passé, du moyen-âge, du droit divin, du fanatisme, de l’ignorance, de l’esclavage, de la peine de mort, de la guerre, glorifiant à demi-voix et avec politesse le sabre, le bûcher et l’échafaud.
Quant à nous, si nous étions forcés à l’option entre les barbares de la civilisation et les civilisés de la barbarie, nous choisirions les barbares.
Victor Hugo, Les Misérables
URL de cet article 15785
http://www.legrandsoir.info/la-passion-melenchon-suivi-d-un-extrait-des-miserables.html

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