Une intervention intéressante de l'ami Luigi, sur
le blog du Yeti, que je reproduis avec plaisir, et avec son autorisation.

Un Gallois de mes amis m’a dit récemment que le travail était capital.
J’ai répondu certes… mais à peine allais-je développer qu’il a ajouté
“oui mais il a un coût”.
Ah ! Bien sûr le coût c’est essentiel, voire
même capital ai-je souligné, mais aussi devrions-nous….
Et de
m’interrompre à nouveau “et ce coût assurément demande un effort au
travail, j’en conviens foi de Galois, mais il vaut le coup, crois-moi”.
Pourquoi d’un coup, sur le coût du travail, l’ami Gallois s’était-il
empressé de me rassurer qu’il n’y en aurait pas d’autres.. coup de ce
genre ? Étrange me suis-je dit, c’est peut-être une ruse de sa part pour
masquer une autre intention, plus favorable au travail, donc aux
salaires ?
Naïf que je suis, ce Gallois-là, que je sais ancien patron de
gauche d’une grande industrie française ne pensait pas aux salaires mais
au coût du travail, celui qui pèse par trop sur les entreprises.
Lesquelles c’est bien connu, et notamment celles du CAC 40 souffrent le
martyre de devoir par trop payer un coût du travail exorbitant. Et ce
même ami Gallois de m’inviter à penser fortement, un peu à la manière de
la méthode Coué, au choc de confiance ?
Le choc de confiance, c’est
quoi ? lui ai-je demandé. Ben c’est le choc de compétitivité avec la
méthode Coué, divisé par le nombre des actionnaires puis multiplié par
la racine Carré d’une troïka bienveillante et….
Là je l’ai coupé, je
n’en pouvais peu, et de lui avouer “c’est l’austérité, non ?”.
Que nenni
cher ami, encore une fois, foi de Gallois, en deux ou trois ans,
quelques sacrifices, 20 milliards de charges sociales en moins pour les
entreprises, 10 milliards pour les salariés (auxquels il faut tout de
suite enlever l’augmentation de la CSG + un ou deux point de TVA, le gel
des salaires, la fin de la protection sociale, du code du travail…. là
c’est ma pensée qui travaillait en même temps qu’il parlait),
l’exploitation du gaz de schiste et le tour est joué, j’aurai mon nom
dans le dictionnaire et j’entrerai au Panthéon des grands hommes.
J’étais ébloui par la démonstration, presque convaincu par les arguments
quant apparut alors sur l’écran TV de Bonheur Capital, Arnaud
Montebourg, ministre du redressement productif. Oua, l’avait de l’allure
le ministre du redressement productif et l’air content, ma foi de
Gallois. D’ailleurs il s’empressa de nous recommander la lecture du
rapport de mon ami Gallois remis en main propre au joyeux premier
ministre de notre gouvernement ce jour même. Il fallait, dit-il, que
tous les français en prennent connaissance ! Mazette, je me suis dit que
mon ami Gallois avait du écrire quelque chose de très élevé, à la fois
spirituel, culturel, poétique, philosophique pour que le ministre du
redressement lui-même nous empresse d’en prendre connaissance afin de …
redresser le pays.
Je me suis alors tourné vers mon ami Gallois et je lui
ai demandé : et ton rapport combien il coûte ? Là je dois dire en toute
honnêteté et en toute amitié que mon ami Gallois n’a pas voulu me
répondre. Il m’a seulement confié qu’il fallait attendre la décision du
gouvernement et du président aussi, que là malgré notre relation
ancienne il était tenu au devoir de réserve. J’ai bien compris, et je
n’ai pas insisté. On a fini notre bière (un peu chère d’ailleurs) et nous
allions nous quitter encore bons amis quant, au moment où il
s’apprêtait à sortir du café je ne pus m’empêcher presque inconsciemment
de lui poser une dernière question : dis-moi ami Gallois, dans ton
rapport “choc de confiance”, as-tu calculé aussi le coût du capital ?
Parce qu’à tout faire, autant analyser tous les coûts non ?
Vous aurez
deviné qu’à ce jour, mon ancien ami Gallois, n’eut pour seule réponse que
“sachez monsieur que dans notre pays, tous les coups ne sont pas
permis. Vous osez insinuer que j’aurais oublié, dans la mission que m’a
confiée le président et le gouvernement, d’évaluer, de peser tous les
coûts. Je ne suis pas n’importe qui monsieur, je suis Gallois, le
rapporteur d’un rapport du choc de la confiance, autrement appelé il y a
à peine une heure choc de compétitivité. Alors vos insinuations ne
m’atteignent pas. J’ai la confiance du gouvernement, du président, de la
finance, de la commission européenne, de l’UMP, du FMI, de la BCE, de
la Banque Mondiale, de l’OMC…… Etc et etc..
Je n’en demandais pas tant.
Demain matin c’est certain, dans la presse, notre déconvenue amicale
fera sûrement les choux gras des éditorialistes malins : le Gallois
assène un coup définitif au Front de Gauche et qualifie le
néolibéralisme en finale du super beau coup sur le dos du travail.
Bien à vous tutti
Bruno
PS : toute ressemblance avec des événements existants ou ayant existés seraient fortuits et indépendant de ma volonté.