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jeudi 24 septembre 2015

Réflexions concernant le pillage du patrimoine national grec, par Henriette Hanke Güttinger

Nos amis grecs sont actuellement dépouillés au-delà de toute imagination. Seule la comparaison avec le pillage des ressources du reste du monde par les colonialistes européens depuis le XVIe siècle peut aider à comprendre ce crime délibéré d'États dits "responsables" sur d'autres États souverains et réellement civilisés - au point d'être la source de NOTRE civilisation. Il y eut la Babylonie, désormais effacée à jamais de la carte. Maintenant, un autre pays anglo-saxon s'attaque à la Grèce.

C'est pourquoi je reporte ici un article qui confirme d'autres sources, y compris de personnes qui vivent actuellement en Grèce. Que l'avenir nous viennent en aide, car très vraisemblablement ce même processus implacable, noté avec quelques variantes en Libye, en Tunisie,  sera appliqué aux autres pays du tour de la Méditerranée, dont le nôtre. Des Qisling sont déjà en place dans la plupart de ces pays, dont le nôtre, cela pourrait intervenir très vite.

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Réflexions concernant le pillage du patrimoine national grec


 
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Tôt le matin, à la radio Deutschlandfunk, nous parvient la nouvelle que Fraport, un investisseur sis à Francfort, prend possession de 14 aéroports régionaux en Grèce. Cela a commencé! Le patrimoine national grec va être pillé, après avoir attiré le pays dans le piège du surendettement. Ce procédé n’a rien de neuf. Dans les années 1960 et 1970, il a été pratiqué dans le Tiers Monde, comme John Perkins le décrit dans «Les Confessions d’un assassin financier».1 A l’époque, Perkins incitait les pays en développement à entreprendre des projets d’infrastructure surdimensionnés à l’aide de chiffres et pronostics erronés. Pour cela, on eut recours à d’énormes crédits conduisant les pays dans le piège du surendettement. Puis, on put les soumettre aux «intérêts économiques des Etats-Unis». Dans le livre, Perkins décrit sans ambages de nombreux exemples et retrace la façon dont lui et d’autres spécialistes furent choisis par la NSA, au service des Etats-Unis, pour mener divers pays dans ce piège.
La Grèce est la premier Etat sur le continent européen dont le patrimoine national est soumis ouvertement au pillage. Le Hellenic Republic Asset Development Fund (HRADF) est responsable pour toutes les privatisations prévues, une société anonyme privée dont l’Etat grec est le seul actionnaire. Dans le conseil d’administration du fonds HRADF se trouve depuis mars 2015, outre cinq membres grecs, un observateur de la zone Euro et un de la Commission européenne. Les biens patrimoniaux transférés de l’Etat au HRADF se composent de biens immobiliers, des participations et de droits à des entreprises. Une fois que les actifs se trouvent en main du HRADF, ils ne peuvent plus revenir à l’Etat. Le plan de développement des actifs du HRADF, daté du 30 juillet 2015, donne une impression des privatisations en cours:
  1. Aéroports régionaux: 14 aéroports régionaux, divisés en deux groupes avec chacun 7 aéroports […]
  2. Athènes-Hellinikon: ancien aéroport d’Athènes, 6?000?000?m2 de surface, situé au bord de la mer […]
  3. Astir Vouliagmenis: complexe hôtelier Astir Palace Vouliagmeni SA y compris un port de plaisance […]
  4. Afandou, Rhodes: développement de deux propriétés dans le district d’Afandou sur l’île de Rhodes pour le golf et le tourisme […]
  5. Opérateur grec du système de transport de gaz naturel (DESFA) […]
  6. Piraeus Port Authority S.A. (OLP) […]
  7. Thessaloniki Port Authority S.A. (OLTH) […]
  8. TRAINOSE S.A. & EESSTY S.A (ROSCO): TRAINOSE fournit des services techniques pour le transport ferroviaire de passagers et de marchandises. […]
  9. Aéroport international d’Athènes S.A. (AIA) […]
  10. Poseidi Chalkidiki: développement du tourisme […]
  11. Centre de sport équestre Markopoulo […]
  12. Enchères électroniques II, III, IV […]
  13. Ports de plaisance: port de plaisance Alimos et les ports touristiques restant dans le portefeuille du HRADF […]
  14.  Egnatia Motorway S.A.: une autoroute à péage dans le nord de la Grèce, longue de 648?km, entièrement équipée. […]
  15. Hellenic Petroleum S.A.:[…] entreprise leader dans le raffinage et la distribution du pétrole en Grèce […]
  16. OTE S.A.: […] le plus grand fournisseur de télécommunication sur le marché grec […]
  17. Société nationale d’approvisionnement en électricité (PPC) […]
  18. Société d’eau et d’eaux usées de Thessalonique (EYATH) […]
  19. Société d’eau et d’eaux usées d’Athènes (EYDAP) […]
  20. Public Gas Corporation (DEPA) […]
  21. Hellenic Post (ELTA) […]
  22. D’autres mise en adjudication de propriétés: […] vente de terrains et d’immeubles à Argos, Véria, Stylida, Céphalonie et sur l’île de Rhodes, Nauplie, Chalcidique, Messénie et Athènes. […]

Dans le plan de développement des actifs du HRADF, les objets de privatisation sont tous documentés.2
Ce que la troïka exige de la population grecque est bouleversant et révoltant: la Grèce – dévastée d’abord par les troupes allemandes pendant la Seconde Guerre mondiale, puis foulée aux pieds par les Britanniques et les Etats-Unis – allant jusqu’à un coup d’Etat militaire. L’Allemagne officielle refuse jusqu’à ce jour de reconnaître les crimes de guerre en tant que crimes contre l’humanité, dont le massacre des villageois de Distomo. Argyris Sfountouris ayant survécu en tant que bébé, grâce à l’humanisme d’un soldat allemand, s’est adressé en 1994 à l’ambassade d’Allemagne à Athènes pour demander si une compensation était prévue pour les victimes survivantes de Distomo. Dans la réponse négative de l’ambassade allemande, on ne trouve ni excuse, ni compassion, ni regrets. On y constate que «selon le gouvernement fédéral allemand, des représailles, comme celles entreprises contre le village de Distomo, ne sont pas définies en tant qu’actes nazis […], mais représentent une mesure prise dans le cadre de la guerre en tant que réaction aux attaques des partisans.»3 Cette vue erronée de l’ambassade est soigneusement réfutée par Sfountouris dans son dernier livre, «Trauer um Deutschland»: à Distomo, un crime contre l’humanité a été commis.
Compte tenu de ce passé historique, une attitude différente serait appropriée à l’égard du peuple grec. Une amie allemande s’est prononcée spontanément à l’égard de la privatisation du patrimoine national du peuple grec: «Ce qui se passe actuellement est honteux. Je pourrais m’enterrer de honte.»
Quelle leçon les Etats européens doivent-ils tirer de cette tragédie en Grèce? Les dettes peuvent mener à la servitude pour dettes et en conséquence à la perte de la souveraineté nationale. Cela vaut également pour nous qui vivons en Suisse.
Henriette Hanke Güttinger,
historienne
1    John Perkins. Les Confessions d’un assassin financier. Révélations sur la manipulation des économies du monde par les Etats-Unis. Canada 2005, ISBN 978-2896-26001-0
2    Hellenic Republic Asset Development Fund, plan de développement des actifs du 30 juillet 2015, traduction interne (BMF) Übers.-Nr. 0818-2015, trouvé sur Internet le 11/9/15
3    Lettre de l’Ambassade de la République fédérale d’Allemagne à Athènes, du 23 janvier 1995, publié in: Argyris Sfountouris. Trauer um Deutschland. Reden und Aufsätze eines Überlebenden [Deuil pour l’Allemagne. Discours et essais d’un survivant], Wurtzbourg 2015, p. 87, ISBN 978-3-8260-5821-9
Mykonos, Santorin, Rhodes: sur ces îles de vacances, Fraport veut à l’avenir exploiter des aéroports
L’investisseur de Francfort prendra en charge 14 aéroports régionaux en Grèce. Il veut les agrandir et naturellement gagner de l’argent de cette manière. Manolis Kalimakis est le chef du syndicat des employés aéroportuaires de Grèce. Pour lui, il est incompréhensible que le gouvernement grec veuille vendre ces aéroports à un investisseur étranger. «C’est notre argenterie familiale», déclare Manolis Kalimakis. «Ces aéroports sont nos meilleurs aéroports. Ce sont ceux qui nous apportent les meilleures recettes et ces recettes aident notre économie.» Si l’on privatise ces aéroports, la Grèce perd ces recettes. «Je ne comprends pas cette mentalité. Pour soutenir notre économie, nos amis européens décident qu’à l’avenir nous n’avons plus droit à ces recettes. Je ne vois pas comment cela pourrait nous aider.» Manolis Kalimakis fait le calcul: «En 40 ans, nous pouvons gagner 16 milliards d’euros avec ces aéroports, mais nous les bradons pour 2 ou 3 milliards d’euros. Au cours de ces 40 ans, nous aurions donc beaucoup plus d’argent à réinvestir dans les aéroports. Et nous aurions en outre encore de l’argent pour les services publics et pour rembourser les dettes publiques.» Manolis Kalamakis ne voit que des désavantages dans la privatisation. Il craint que l’investisseur renvoie des collaborateurs et augmente les prix des vols. En conséquence, le tourisme dans son ensemble en pâtira. […] Manolis Kalamkis du syndicat veut continuer à lutter. «Nous ouvriers, nous allons faire tout le possible pour stopper ce deal!», prévient-il. Mais même le parti grec de gauche, Siriza, a abandonné sa résistance contre la privatisation. Qu’importe qui gagnera les élections parlementaires du dimanche passé, Fraport reprendra les 14 aéroports grecs.
Source: Deutschlandfunk. Informationen am Morgen. Thomas Bormann.
«Streit um Privatisierung in Griechenland: Widerstand gegen Fraport» du 10/9/15
(Traduction Horizons et débats)
Photo : Fira, île de Santorin en Grèce
Par Micheline Ladouceur/Mondialisation.ca

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