Rechercher dans ce blog

jeudi 25 juin 2015

C'était Dazibaoueb, site d'informations mutualisées

Dazibaoueb, l'association, est née le 17 juillet 2008, date de la décision préfectorale d'acceptation des statuts.






Cette association avait pour but "de créer, d'animer un site où chacun [serait] le passeur ou le relayeur d'une information". Bien entendu chacun pouvait ensuite commenter, débattre sur ces informations. Pourquoi Dazibaoueb ? Ce terme bizarre est l'association de deux mots, un terme chinois et la transcription français d'un nom commun anglais.

Le Dazibao est une institution très ancienne de la Chine impériale. Il consistait en un panneau, dressé souvent en face d'un édifice public, où chacun pouvait venir faire une déclaration écrite sur la politique du représentant local de l'empereur. C'était de la liberté d'expression à l'état pur.

Le oueb, phonétiquement, désigne "le Web", la Toile, l'interconnexion de tous les serveurs informatiques de la planète au bénéfice de l'information pour tous et par tous. On se souvient que ce sont deux hommes qui l'ont inventé, se servant des premières interconnexions en réseau des serveurs entre différents pôles scientifiques.



 





Ces deux hommes Tim Berners-Lee, un étatsunien, et Robert Cailliau, un belge, travaillaient au CERN, le pôle mondial de la recherche sur le noyau de l'atome, situé sous terre à cheval entre la suisse et la France, près de Genève. Pour communiquer leurs recherches aux autres scientifiques du monde, ils ont créé un langage permettant aux ordinateurs de se communiquer des données, des photos, des graphiques, des vidéos. Et en vrais scientifiques, ils ont rendu entièrement libres leurs recherches et le résultat de celles-ci. C'est le protocole HTML, et tout ce qui en découle.

Donc, Dazibaoueb avait pour mission de permettre à chacun de lire, d'intervenir, de donner informations, avis, compléments d'enquêtes. C'était une sorte de "service public" indépendant, ce que ne sont pas, par exemple, les sites liés à des titres de la presse papier. Et pour être plus indépendant et plus performant encore, il avait été écrit non à partir d'un générateur de sites comme Wordpress ou Joomla, mais "mot à mot" en PHP, avec des routines en Javascript pour les fonctions habituelles telles que l'éditeur de texte. C'est pourquoi Dazibaoueb avait tendance à être plus réactif, plus rapide que la plupart des sites.

Le projet datait du début de 2008, avec l'écriture du site. Il a pris fin à  l'automne 2011. A ce moment-là, l'équipe qui l'animait, avec un Webmaster-concepteur du site, deux modérateurs, et plusieurs correspondants réguliers dont un traducteur pour l'anglais et un autre pour l'arabe, a passé la main gratuitement à un autre webmaster aux conceptions évidemment un peu différentes. Les intervenants étaient très fatigués, pour avoir couvert au maximum deux évènements quasi-simultanés : la catastrophe de Fukushima, et la guerre de Libye.

En Libye, le webmaster était en contact journalier (par chat en anglais) avec le seul journaliste libyen indépendant en Cyrénaïque, Mohammed Nabbous. Avec "Mo", comme on l'appelait, nous étions en direct avec le terrain, où il traquait les infos avec une camera d'amateur. Jusqu'au jour où il a commencé à mots couverts à parler de personnes, de matériels, "qui ne devraient pas être là".  Quelques jours plus tard, le 19 mars 2011, c'est son épouse enceinte qui nous a prévenus en même temps que Streetpress qui travaillait aussi avec lui. Il venait de recevoir en pleine tête la balle d'un sniper. Il devait gêner, malgré ses précautions.

Pour le Japon, levé toujours tôt, je prenais connaissance des dépêches de la NHK en anglais, et je traduisais les plus importantes pour que, dès le matin, les lecteurs soient au courant. Depuis, la NHK a considérablement réduit les nouvelles concernant Fukushima.

Cette période haletante a fini par essouffler l'équipe, d'où cette décision commune d'arrêter. Le nom Dazibaoueb existe toujours, mais devenu disponible après l'arrêt par le repreneur de son utilisation, il n'a plus rien à voir avec son dessein originel.

BAB

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire