Une affirmation en forme de mantra ? Jean-Marc Ayrault a fait cette déclaration hier indiquant que l'aéroport de Notre-Dame des Landes "se fera". Tout dans sa vision, et même si l'agglomération nantaise va bien entendu croître encore (peut-être au détriment de cette douceur de vivre souvent avancée jusqu'à présent), il ne veut pas admettre que l'avion n'est pas un jouet, et que de plus en plus de citoyens ne pourront plus se l'offrir. Les exemples de terrains devenus inutiles, ou jamais vraiment opérationnels, ne manquent pas, que ce soit à Champniers près d'Angoulême, ou dans de nombreuses régions espagnoles.
C'est d'autant plus incohérent que l'aéroport de Château-Bougon, à Bouguenais au sud de Nantes, ne pourra pas fermer puisque l'usine Airbus le jouxtant continuera à l'utiliser, et que d'autres sociétés de fret feront de même.
Cette déclaration comporte aussi des inexactitudes. Ainsi cette phrase " Quand les décisions sont prises, quand tous les recours sont épuisés, la loi doit être respectée " passe sous silence deux points importants. D'une part, les recours ne sont pas épuisés. Il en reste deux en cours, y compris au niveau européen. Et les spécifications concernant la loi sur l'Eau auront beaucoup de mal à être satisfaites, alors que 90% de cette superficie est une zone humide, avec des contraintes très fortes. Le premier ministre voudrait-il s'asseoir sur les lois européennes ?
C'est pourquoi j'ai parlé de mantra. Cela va plus loin que la méthode Coué, c'est une façon de se rassurer en profondeur. Il a repris à son compte un projet dont les premiers jalons datent d'il y a quarante-cinq ans, mais qui s'était effondré, avait été complètement enterré. Des parcelles avaient même été achetées par le conseil général. Celles-ci, parce qu'elles étaient tombées en friche, sont aujourd'hui la source d'une biodiversité exceptionnelle. A l'heure où le béton (aéroports, routes, maisons, immeubles) avale un département français tous les dix ans, c'est une richesse insigne.
Chose amusante, afin de compenser cette perte, le bétonneur de service se propose de transplanter grenouilles, tritons et autre bovins (rions un peu) dans des mares creusées à la hâte. On peut imaginer le résultat. Si ces mares sont créées maintenant, les animaux y migreront naturellement... si le constructeur veut bien attendre dix ans ! Les y déposer maintenant, après les avoir attrapés (j'en ris d'avance) est un moyen sûr de les condamner. Une telle idée ferait sourire, si ce n'était aussi désespérant.
L'homme de l'Élysée va-t-il faire preuve de bons sens, et morigéner son bras droit afin de lui faire entendre raison ? Quelque chose me dit que non, et qu'il continuera à le soutenir, comme il soutient tous les projets (et rien que ceux-là) les plus néolibéraux. A ce train-là, ils tomberont tous les deux.
Tenez, rien que pour le "plaisir" et en guise de boutade, voici comment un bétonneur bétonne un projet peint en vert (oui, même l'herbe est peinte en vert, comme le tarmac, les toits, les feux rouges et les parkings). J'en suis vert.
Chais pas pourquoi mais cette histoire mais fait songer à une chanson américaine des années soixante où le gars disait en substance et avec un langage aussi cru que ma traduction à la volée : "Au Vietnam Uncle Sam s'est foutu dans un sacré merdier".
RépondreSupprimerTiens, une bien bonne, concernant "les recours tous aboutis"
RépondreSupprimerC'est là
http://www.romandie.com/news/n/_Projet_d_aeroport_de_Notre_Dame_des_Landes_la_bataille_juridique82221120121242.asp
(lien obtenu grâce à la ZAD)
Oh oui, ils doivent être bien embêtés, comme dit le commentateur de la ZAD. Après le Pellerin, Plogoff, après le Larzac.... encore un échec qui va troubler leur carrière !