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mercredi 26 février 2014

Nous appartenons à la Terre, elle appartient à nos descendants. Les défenseurs de Notre Dame des Landes le savent.

Les ZADistes, je les ai côtoyés. Les gens de l'ACIPA, j'en connais les plus concernés. A part une dizaine de personnes au maximum, ces gens-là sont pacifiques comme le laboureur. Entendons-nous bien là. Le laboureur exerce calmement une violence contrôlée sur la Terre avec laquelle il a une vraie symbiose. Fils de paysan, je sais ce qu'il en est. Enfant, j'accompagnais mon père dans les champs, pour certains travaux, donc cela, je le "sens".

Les défenseurs de la ZAD sont de ce "bois"-là. Ils apportent à la Terre un contrôle à la fois vigilant et aimant, comme un papa veille à ce que son enfant n'aille pas se blesser.

Et donc ces défenseurs sont venus en ville exprimer à un Pouvoir un peu obtus une mise en garde : "Touche pas à NOTRE Terre", car elle appartient à tous, et à personne à la fois. Peut-être quelques zigotos excités sont-ils venus aussi, avec l'intention de "s'amuser". Le saccage de la boutique de Vinci pourrait être leur œuvre, ce serait logique, je ne sais pas.

En revanche, et les témoignages sont nombreux, il semblait bien que la plupart des provocateurs fussent salariés et eussent des instructions (et du matériel). Il est dommage que personne n'ait pu "dés-anonymiser" l'un d'eux. Il est clair que le Pouvoir voulait sa bagarre, afin de lancer sa propagande aussitôt. Ce n'est pas la première fois.

Dominique Fresneau a, en une phrase ( "Pour défendre notre terre, on est prêt à la violence" ), résumé ce qu'est cette lutte. Cette Terre de la ZAD est devenue LA cause à défendre des prédateurs avides du capitalisme. La défense sera le plus souvent une simple continuation de la mise en valeur respectueuse de la nature ; en revanche, toute tentative de souiller ce qui est devenu une sorte de sanctuaire, s'exposera à la levée en masse de tout un peuple, désormais. Un peuple réveillé, debout, et responsable, n'en déplaise à des Autorités pour lesquelles cet état de fait est un danger pour leur légitimité, si elles en ont une.

Nous étions très nombreux, s'il y a une autre fois nous le serons encore plus : mais parions que ce projet ne se fera pas, car il est de toutes les façons déraisonnable.

mercredi 18 décembre 2013

Lettre ouverte de Monsieur le Maire de Quelneuc (56) à Jacques Auxiette, président des Pays de Loire

Jacques Auxiette
Un ami vient de m'envoyer le lien vers une lettre qui pourrait faire du bruit, si elle est diffusée partout. C'est une lettre ouverte de Monsieur le Maire de Quelneuc (56) à Jacques Auxiette, président du conseil régional des Pays de Loire. Elle est parfaitement éloquente, et qui plus est, ce qu'elle dénonce est parfaitement exact. Son seul défaut ? Elle semble n'avoir pas touché du doigt tous les points entachés de litiges. Il est vrai que ce qu'elle dénonce ici est largement suffisant pour.... embarrasser un élu même aguerri.

René Leblanc, maire de Quelmeuc
Je me permets d'en donner quelques extraits. Et encore bravo, Monsieur le Maire.

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Alors qu’à longueur de colonnes de la presse régionale quotidienne, des lettres d’information de la Région Bretagne, du Conseil Général 35, de la Ville de Rennes ou du magazine de Rennes Métropole, ces élus mettent en garde nos concitoyens sur les conséquences dramatiques du réchauffement climatique et notamment sur l’impérieuse nécessité de limiter les émissions de gaz à effet de serre (CO2 notamment, voire CH4), ils voudraient,en parfaite contradiction avec leurs grands principes, faire rêver les citoyens électeurs en ne jurant que par des décollages toujours plus nombreux, dans des jumbos toujours plus gros, leur promettant tellement d’emplois et de bonheur à la clé avec NDDL.


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Nous ne sommes pas les apôtres de la décroissance dont vous nous accablez. Bien au contraire, nous voulons des investissements massifs, fut-ce au prix fort, dans les technologies d’avenir qui produiront à terme suffisamment d’énergies primaires totalement non polluantes pour la satisfaction légitime de milliards d’êtres humains, à savoir : géothermie, photovoltaïque, énergie des océans (hydrolien, houlomotrice, marémotrice) etc... Nous ne sommes pas les criminels que vous décrivez. Vos propos sont méprisables et dénotent votre fébrilité et votre mal être dû à vos mensonges et vos incohérences. Nous ne sommes que de bons citoyens qui ont réfléchi et qui, en dehors de tout intérêt personnel, n’ont que la force de leur conviction pour alerter des dangers niés ou cachés par ceux qui n’ont pour tout horizon que leur aura, leur mégalomanie ou leurs intérêts très personnels et à court terme. Stéphane Hessel, tant louangé par toute la classe politique au moment de sa récente disparition, ne disait pas autre chose et comprenait fort justement notre profonde et légitime indignation. Il n’était pas criminel, que je sache.

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A entendre votre propagande (payée par nos impôts), il n’y aurait pas encore d’aéroport dans le Grand Ouest. Je crois avoir remarqué qu’il y en a un à Bouguenais et que c’est un pieux mensonge de prétendre qu’il serait saturé. Pour ma part, je m’y suis présenté à deux reprises. Le 25 novembre 2012, au buffet situé à l’étage, sur les 130 places disponibles, seule notre table (2 personnes) fut occupée pendant l’heure du repas. Cet été, le 16 août précisément, en pleine période estivale, je dus reconnaître une sensible progression puisque 6 tables représentant 16 couverts sur les 130 dressés furent servis (soit 12% de taux de remplissage). Pas le moindre embouteillage dans l’aérogare naturellement. L’émission TV de Benoît Duquesne sur l’A2 faisait remarquer identiquement l’atmosphère paisible de Nantes Atlantique International (NAI). Je voudrais encore ajouter qu’une de mes connaissances séjournant, en juillet, à Essaouira, au Maroc, dût pour son retour sur Royal Air Maroc, attendre un jour supplémentaire pour embarquer finalement vers Roissy, la destination vers Nantes ayant été annulée faute de passagers (15 réservations pour un boeing 737), donc trop coûteux pour ce vol. Alors, pour la saturation, laissez- moi rire. Comment en serait-il autrement, puisque l’aéroport de Cointrin (Genève) comptabilise, avec une seule piste et emprise au sol identique (soit 270 ha) 198.000 emports et 14millions de passagers annuels, soit près de quatre fois le trafic de Nantes Atlantique International (NAI).



samedi 15 juin 2013

Un témoignage à Notre Dame des Landes : "on" agresse les riverains à présent.

Je viens de recevoir, avec d'autres,  ce message d'un habitant de Notre-Dame des Landes.  On notera que l'agression s'est déroulée non loin de l'endroit où actuellement sont effectués des sondages de la nappe phréatique à l'aide de forages. C'est ce qui explique probablement la présence de gendarmes à quelques centaines de mètres. Ces forages ont apparemment pour but de répondre aux objections des commissions, qui ont rendu leur rapport le mois dernier à propos du dossier de l'aéroport en projet.

Témoignage donné à l'état brut.

Le jeudi 13 juin vers 19h00 non loin du terrain de moto-cross, nous avons 
été agressés par quatre hommes se réclamant de ce club.
Je circule sur la D42 et tourne vers le village "le pont de l'ane". Quelques 
centaines de mètre plus loin, en direction de la D 281, deux fourgonettes 
blanche du genre "expert, scudo ou partner" sont en stationnement. Je 
m'arrète derrière et descend de mon véhicule. Je me dirige à pied vers 
l'avant de celui le plus éloigné et constate une épaisse fumée noire. Quatre 
hommes agés d'environ 30 à 60 ans sont présent. L'un deux me lance " tiens 
en voilà un, il va payer pour les autres". Je ne comprend pas ce qu'il veut 
dire et lui fait part de mon étonnement. Un des quatre hommes enchaine " on 
va t'emmener avec nous à la gendarmerie. Je répond que les "rg" ainsi que 
les forces de l'orde m'ont déjà filmé et photographié lors de manifs ou 
rassemblement. L'un d'entre eux lance " il lui manque une dent, on va lui 
casser les autres". Sentant qu'il était impossible de dialoguer avec ces 
individus qui devenaient de plus en plus menaçant, j'ai fais demi tour pour 
rejoindre mon véhicule. A partir de là, tout s'est passé alors très vite. 
J'ai été jeté au sol, roué de coup de pied, de coup de poing dans la tète, 
le thorax et les cotes. Deux ou trois d'entre eux ont participé à ces actes 
de laches. J'ai enfin réussi à monter dans ma voiture par la porte arrière 
et me mettre à la place du conducteur. Un des plus agé à continué à frapper. 
Des menaces de nous incendier avec le véhicule ont été proférées. Les 
individus n'avaient pas remarqués la présence d'une femme assise en 
passagère avant. Un des individu se rendant probablement compte qu'il allait 
ètre complice de MEURTRES, a essayé de calmer un des plus vieux a réitéré 
son intention de nous bruler. J'avais de plus en plus de mal à respirer mais 
réussi à refermer la portière, démarrer et partir en marche arrière.

Arrivés sur la D42, deux gendarmes étaient présents à l'intersection de "la 
noé bernard". L'un m'a demandé pourquoi j'étais en sang. J'ai répondu que 
nous venions d'ètre agrèssés en précisant clairement qu'il était très facile 
d'interpeler les auteurs car leur seule issue possible étaient la D42.
Ils ont refusés de se déplacer de quelques centaines de mètres sur la D42 
pour interpeler les agresseurs en question sous pretexte d'ètre occupés par 
autre chose. Il était pourtant facile de le faire car à ce moment là, les 
agresseurs n'avaient aucune autre issue de fuite possible. Est ce parce que 
nous sommes anti aéroport . . . . .? ? ? C'est à se poser la question 
puisque le maréchal des logis chef nous l'a demandé. Quand je lui ai dit "si 
vous ne voulez rien faire sous prétexte d'ètre occupé à autre chose, autant 
que j'aille dans une armurerie et revenir avec ce qu'il faut", la réponse a 
été " faites ce que vous voulez".

J'ai passé une partie de la nuit aux urgences. Ouverture de l'arcade 
sourcilière, de la lèvre; fortes douleurs au thorax et dans les cotes; 
difficultée respiratoire . . . Peut ètre des fractures qui ne sont pas 
encore visibles.

Une plainte à l'encontre des agresseurs a été déposée à la gendarmerie de 
Blain. 

samedi 8 juin 2013

Marie-Monique Robin s'est fait remettre la légion d'honneur

Elle avait bien hésité, cette femme pourtant décidée habituellement. Quand elle a appris la nouvelle, elle a cru à une erreur. Et puis chez Arte, qui travaille souvent avec elle, on l'a conseillée d'accepter, selon ses paroles, "en honneur de ceux qu('elle a) décrits dans (s)es études". Il le fallait, pour les enfants privés d'yeux en Colombie dans un trafic ignoble, pour ceux qui meurent des pesticides qu'ils ont eux-mêmes répandus sans protection.

Marie-Monique Robin, prix Albert Londres 1995,  a donc ce matin reçu des mains de Dominique Méda la médaille de chevalier de la Légion d'Honneur. Elle a choisi un lieu mythique pour cette cérémonie : cette grange de la Vache Rit où alternèrent tant d'espoirs toujours présents, tant de ferveurs, tant de désarrois parfois, et où même se répandit le sang des victimes des violences policière d'octobre 2012 : elles furent souvent soignées là dans des conditions sans doutes plus délicates que dans un hôpital, mais entourées de leurs amis.


Nous étions nombreux ce matin dans cette assemblée qui attendait la future récipiendaire, un peu retardée avec le car de ses amis par de petits ennuis de circulation. Ce sont ses parents, anciens agriculteurs de la Gâtine deux-sèvrienne proche, qui l'ont accueillie à la descente du véhicule. Moments très émouvants que j'ai eu la chance de saisir.  Dominique Méda a su ensuite retracer toute la carrière déjà prometteuse de celle qu'elle a décorée à l'issue de son panégyrique. Une carrière de travail patient, acharné, aussi bien sur Internet que sur le terrain pour recouper des informations, partout, en Colombie comme en Argentine ou ailleurs.

Puis, à l'intérieur de la grange, nous avons eu le bonheur de voir chanter son père, sur des couplets et une musique de sa composition. Et Dominique Loquais a suivi avec la chanson de Notre-Dame des Landes, reprise par tous les présents. De nombreux discours ont suivi, comme celui de l'atypique sénateur EELV du Morbihan, Joel Labbé.

Devaient suivre un pique-nique en commun,  puis après celle de la bande-annonce de son futur dossier "Sacrée croissance !" la projection de son film "Les moissons du futur".




Ne laissons pas à Marie-Monique Robin la rude tâche de dénoncer, fustiger, faire bouger les politiciens : chacun à son modeste niveau peut y contribuer, en discutant, en argumentant. Non seulement les décideurs "officiels", mais tout le monde a une part de responsabilité dans cette catastrophe planétaire, écologique, climatique, mais aussi économique et sociale.

P.S. j'ajoute ici un lien  vers le bel hommage qu'a su apporter Jacinte Grenier, l'elfe incontournable de la Gazette de la Presqu'île.

samedi 4 mai 2013

La #chaîne humaine à #Notre_Dame_des_Landes , c'est samedi 11 mai : rappel

Il faut une grande piqûre de rappel.

Le 11 mai autour de la ZAD la France entière, tous les citoyens du monde, sont invités à participer à la chaîne humaine autour de la ZAD.

Il ne s'agira pas seulement de réaffirmer un NON catégorique à un aéroport aberrant dans son idée, dans sa conception, dans sa qualité de doublon inutile, dans sa grande perversité écolo-hydrologique, dans sa négation d'une agriculture respectueuse de la Terre, dans son opposition à l'Humain d'abord, dans son coût aberrant, dans son inutilité en tant que dispensatrice d'emplois (simple transfert de ceux-ci), dans le grand mépris de ses défenseurs envers ceux qui avaient des objections à formuler.

Il s'agira aussi d'appeler à une réflexion de fond à propos de cet aéroport et tous son monde, un monde de l'argent, un monde où la solidarité est soigneusement bannie, un monde du chacun pour soi à l'anglo-saxonne, un monde qui piétine les précautions écologiques les plus élémentaires, un monde où n'ont droit de cité que les fous du PROFIT, un monde qui ne se préoccupe aucunement de ses descendants, un monde qui aujourd'hui encore est capable perversement de jeter à la rue des humains même si ses tenants se réclament de vues écologiques, un monde qui inverse avec art le sens des mots pour en faire des armes, un monde d'exclusion, de domination et de coercition qui n'hésite pas à utiliser la loi du peuple contre le peuple au bénéfice de quelques Grands et de leurs satrapes.

Oui, les deux volets sont liés et appellent à réfléchir à ce projet d'aéroport, et à tout ce qu'il implique dans le contexte actuel. Nous y serons tous, pour préparer l'avenir, celui que nous ne connaîtront pas, mais nos enfants, si. Le 11 mai, c'est avec ferveur que le bocage de Notre Dame des Landes sera protégé par tous les citoyens, dans une embrassade fraternelle et constructive.

Pour venir : tout est expliqué sur le site spécial mis en place à l'occasion.


mardi 16 avril 2013

Notre-Dame des Landes, le coup de grâce ?

Le comité permanent de la protection de la nature s'est réuni le 10 avril. Il s'est saisi du rapport de la commission scientifique sur l'eau, qui avait donné un avis massivement négatif sur toutes les données du dossier, et il l'a fait sien. Voici ce qu'il déclare.


Le bilan est sévère. On peut se demander, à moins de violer un bon nombre de lois et de directives européennes, comment le projet peut encore avancer.

Sauf coup de force, c'est donc un enterrement de première classe, puisque vu les délais nécessaires à tenter de satisfaire aux différentes obligations, le contrat de concession sera caduc début 2018. Cela signifie repartir complètement à zéro, y compris diligenter une nouvelle déclaration d'utilité publique. Depuis la précédente, passée au forcing en n'écoutant pas les objections et les remarques (d'abord "C'est trop tôt pour les apporter", puis "Ah c'est trop tard, le dossier est clos", bien des facteurs, de coûts, de contraintes, de perspectives à long terme ont changé. La vigilance des défenseurs de la terre sera encore accrue. La mobilisation est devenue très forte.

 Au travail, ZADistes ! Mettez en œuvre une nouvelle agriculture respectueuse de la Terre qui sera un modèle.  Vous avez choisi la société de l'avenir, la seule qui soit réellement durable. A la fin, c'est notre planète qui va gagner.

vendredi 12 avril 2013

Notre-Dame des Landes : le rapport qui tue le projet

Trois rapports ont été remis par des commissions différentes à propos de ce qui n'est toujours qu'un projet d'aéroport , il y a deux jours.

La presse s'est abondamment emparée du rapport de la commission de dialogue, dont l'objectif dès le départ était de faire "avaler la pilule", et qui n'avait absolument pas pour mission de se pencher sur le fond du dossier. De la poudre aux œufs, en quelque sorte. C'est exactement ce qu'en ont retiré les opposants au projets qui ont été entendus scrupuleusement par les commissaires (même si leurs arguments ne figurent pas dans le document final pour l'essentiel).  En effet la commission a entendu aussi bien une délégation du comité des pilotes qui pratiquent régulièrement l'aéroport Nantes Atlantique, que quelques-uns des élus du Cédpa, le comité des Élus Doutant de la Pertinence de l'Aéroport (1200 membres). L'ACIPA, la grande association qui a maintenant plus de deux cents comités de défense locaux dans toute la France, a refusé de siéger aussi longtemps que les forces "de l'Ordre" restaient présentes et assuraient une sorte de blocus de la zone.

S'était également prononcée une commission agricole, qui a apporté des remarques concernant l'impact de la construction d'un aéroport dans une zone bocagère où ne peut se développer qu'un élevage traditionnel, en raison de son évidente humidité. Elle recommande d'ailleurs de reconstituer des fermes là où le conseil général avait acheté des terres, qui aujourd'hui ne sont plus en friches grâce aux efforts bénévoles des fermiers locaux et des ZADistes, et ce même si techniquement ces remises en valeur sont "illégales".

Enfin a eu à se prononcer une commission scientifique, qui devait apporter des éclaircissements sur l'impact d'un tel projet sur le bilan hydrologique de la région. Son bilan a été particulièrement sévère, puisque les douze points qu'elle a soulevés sont négatifs. Nul doute que les grandes chaînes de télévision n'y accorderont pas un regard. Ci-dessous, le résumé du rapport.


C'est assez parlant. Sur de telles bases, dans les faits un tel projet n'est pas viable, même si on passe sur les nombreuses irrégularités qui avaient été pointées du doigt par l'ACIPA dès le départ, à propos des coûts minimisés au moment de l'enquête d'utilité publique (quitte à en oublier certains), et des bénéfices espérés de l'opération, artificiellement gonflés largement afin de donner l'entreprise pour bénéficiaire (selon des habitués de ces structures, on parle d'un facteur 3, ce qui est énorme).

Le désormais locataire de Matignon doit se faire du souci pour son "bébé", qu'il continue à soutenir passionnément.

mardi 12 février 2013

On dirait qu'çà te plaît de marcher dans la boue (zadist)

Par un ZADiste occasionnel et robustement anonyme (un Camille, quoi)

 

On dirait que ça te plait de marcher dans la boue…

Du 10 au 17 décembre derniers, j’ai passé une semaine, un petit mois après la manif de réoccupation du 17 novembre (voir encadré) sur la désormais fameuse ZAD. Je ne reviendrai pas sur pourquoi toute une frange de la population est opposée à cet aéroport et sur les arguments des un-e-s et des autres (1). Non, je préfère me concentrer sur les quelques jours que j’ai passé là-bas et sur ce que j’y ai vécu, partagé.

Le premier élément matériel à prendre en compte et à apprivoiser est… la boue.

La boue

Au début, surtout quand on vient de la Provence sèche, la boue est une substance qu’on a peu l’habitude de manipuler et, dans le bocage, la boue est omniprésente, les précipitations les dernières semaines ayant été exceptionnelles dans un pays déjà à vocation humide. Planté dans mes hautes bottes, je posais régulièrement le pied en craignant de ne sentir la terre ferme qu’une fois que la boue aurait dépassé le haut de mes bottes. Sans mentir, à certains endroits il devait y avoir pas loin de 50 centimètres d’une boue extrêmement fluide, visqueuse en raison des innombrables passages de centaines de personnes. Si au début, on peut être surpris, voir réticent, on apprend rapidement à évoluer avec plaisir dans cet élément fascinant. En tout cas, beaucoup plus joyeusement que les flics sur place qui donnent vraiment l’impression d’avoir du mal à s’y faire… Tout comme les femmes de ménage d’un des hôtels les accueillant qui se sont mises en grève contre l’omniprésence de cette boue.

Les flics

Parlons donc un minimum de ces forces bleutées et surarmées. CRS ou Gendarmes Mobiles, entre les deux mon cœur balance. Check points quotidiens, avec ou sans contrôle d’identité. Leur présence fait que les cars de ramassage scolaire ne passent plus sur la zone. Les flics parfois, sans qu’on comprenne bien pourquoi, (quel ordre a été donné quand et dans quel but ?) bloquent tout mouvement, y compris des personnes qui habitent sur place depuis 20 ans… ou laissent passer sans contrôler ou ne contrôlent que les voitures, ou les vélos ou les piétons, ou tout le monde, ou personne… Pendant notre séjour, trois arrêtés préfectoraux prétendaient régir la vie de la zone : interdiction des explosifs, pétards et autres feux d’artifices, interdiction du transport d’essence, et interdiction des matériaux de construction. Les flics ont parfaitement conscience de l’inutilité de ces arrêtés vu qu’eux-mêmes disent "de toutes façons ça va passer par les bois à pied". Ce qui est effectivement ce qui se passe, sauf lorsque des personnes veulent s’opposer à l’aberration de telles interdictions et de l’occupation quasi militaire et qu’elles font du forcing pour passer le matériel devant les gardes mobiles dépités et néanmoins gazant. C’est ce qui c’est passé le samedi 15 décembre, avec un tracteur qui apportait une crèche en kit.

Pour éviter de croiser des uniformes, il suffit de couper par les champs, et donc patauger dans la boue, de nouveau. Et quand il gèle, la boue tord les chevilles. L’omniprésence policière engendre néanmoins pas mal de casse au sein du mouvement du fait de la répression et des blessés qu’elle engendre, j’y reviendrai. Face au harcèlement policier, un certain harcèlement en retour c’est mis en place, depuis des personnes âgées, et très bavardes, qui pendant des heures parlent et usent la patience policière en leur demandant pourquoi ils font ça, est-ce qu’ils n’ont pas honte, etc. jusqu’à des actions de lutte plus offensives. Les forces policières génèrent l’insécurité, mais dès qu’elles ne sont pas présentes ou qu’on s’en éloigne, une tranquille vie de sécession s’élabore dans un phénoménal laboratoire d’expérience humaine.

La vie sur place

Il n’est pas aisé de décrire la fourmilière ZAD, et quasiment impossible de savoir ce qui se passe sur les 2.000 hectares de bocage. Ce qui est évident, c’est que ça construit. Et ça construit, et ça construit… Des cabanes-palettes, des yourtes, des caravanes… et même des rêves de gosse, tels que cette maisonnette sur pilotis au milieu de l’étang, accessible uniquement en bateau. Un gros lieu de stockage de nourriture s’est organisé au champ, si bien nommé, Hors-Contrôle. Il est constamment réapprovisionné par la générosité et la solidarité d’une foule très diverse. Différentes cuisines se sont installées autour des quelques gros lieux collectifs et d’activités : cuisine de la Chat-Teigne, de Hors-Contrôle, des Fosses Noires... Les journées commencent, dès 6 heures, en écoutant "la radio pirate, faite par des pirates qui n’ont jamais fait de radio", radio Klaxon qui squatte les ondes de Radio Vinci autoroute. L’info trafic s’est transformée en info traflic ! "Vous êtes bien sur Radio klaxon Pouêt-pouêt 107.7. Une réunion sur les projets d’élevage et de maraîchage est organisée cet après-midi à 17h à la Chat-Teigne. Et nous vous rappelons qu’il y a toujours 5 camions de Gardes Mobiles aux Ardillières. Apparemment ils ne contrôlent que les voitures mais pas les piétons ou vélos…".

Des permanences médicales se tiennent régulièrement, avec de vrai-e-s médecin-e-s et infirmièr-e-s et ce n’est pas du luxe, vu le nombre de blessé-e-s engendré-e-s par les forces militaro-démocratiques. Egalement dans l’idée de protection du mouvement, une équipe légale se relaie autour d’un téléphone à appeler en cas de problème. Un pool d’avocats accepte aussi de défendre les personnes tombée dans le filet judiciaire. Et puis il y a les barricades. Forcément, il faut parler des barricades… Quand les savoir-faire et les matériaux agricoles rencontrent le savoir-faire militant, on obtient des réalisations impressionnantes. Les balles rondes, mêlées à la tôle ondulée, donnent des barricades à la fois très hautes et qui paraissent plutôt solides. En particulier là où il y a eu du temps pour penser, construire et renforcer les barricades. Les barricades, alliées à la détermination des personnes défendant les lieux, sont de réels obstacles et en tout cas des ralentisseurs de l’action policière permettant aux soutiens extérieurs à la zone de venir en renfort lors de possibles attaques policières. La vigilance sur les barricades commence aussi très tôt le matin, vers 5 ou 6 heures. La tension et l’attention dépendent malgré tout de la situation juridique (même si à différentes reprises la préfecture est passée en force sans même respecter le droit dont elle se targue !) et que pour l’instant on est dans une sorte de statu quo assez bizarre. La barricade génère d’un côté un enthousiasme, de l’énergie car, enfin, nous sommes dans une situation où de vraies barricades sont possibles et ne sont plus une référence historique (type la Commune de Paris ou Mai 0968) ou exotique (type Oaxaca). Ici et maintenant, nous vivons des circonstances historiques nécessitant ces moyens.

 D’un autre côté, la mythologie de la barricade et sa dynamique quelque peu guerrière entraîne une ambiance qui n’est pas forcément ultra agréable car très viriliste. Un certain nombre de femmes qui avaient occupé des barricades ou participé aux différents affrontements passés ne veulent plus y mettre les pieds à cause de cette ambiance. C’est dommage. Dans le même ordre d’idée, pour ne pas idéaliser ce qui se passe sur la zone, des attitudes et propos homophobes et sexistes plombent parfois l’ambiance. Comme quoi on peut être contre l’aéroport, mais pas contre son monde…

Les risques

Si, dans les premiers temps des expulsions, la violence était relative, cette situation de pression policière a, par la suite entraîné beaucoup de "casse humaine". Les flash-balls et autres grenades assourdissantes font beaucoup de blessé-e-s. Les grenades envoient des tout petits bouts de plastique ou de métal qui, comme ils sont chauffés à blanc, pénètrent dans les chairs tout en cautérisant la plaie. Il est très difficile ensuite de retirer ces débris. Sans parler bien évidemment des tirs tendus, de lacrymos ou de grenades de désencerclement. La volonté répressive paraît croître ces derniers temps, avec une augmentation des procès et des arrestations. Au dernier compte, on en était à 80 arrestations avec procès à venir dans la foulée, du fait des comparutions immédiates. Les peines sont principalement du sursis, avec des amendes pour refus de fichage ADN ou de prise d’empreintes et des interdiction de territoire des cinq communes entourant la ZAD. Deux personnes sont néanmoins en prison pour 5 et 6 mois ferme, ce qui commence à faire très lourd. Le besoin de solidarité est important. Est-ce parce que les procès ont commencé de manière sporadique et dispersée que la mobilisation contre la répression a semblé assez faible au début ? Face à un tel nombre de personnes incriminées, la solidarité commence néanmoins à s’organiser concrètement.


2ème partie

Situation politique

Le foisonnement humain et social, le quotidien suractif, pourraient presque faire oublier la situation politique concrète de la lutte et du mouvement. J’ai l’impression que nous avons là un mouvement de lutte réellement fort et que ni les revirements médiatiques, ni la pression/répression policière n’affaiblissent. Les violences policières des 23 et 24 novembre et les cent blessé-e-s ou plus ont renforcé la cohésion du mouvement, la solidarité. Une bagarre juridique a également été menée au sujet de l’autorisation de destruction et d’expulsion des cabanes construites le 17 novembre, en particulier la Chat-Teigne. Le 4 décembre au tribunal de St Nazaire, la préfecture demandait la destruction. Le 11 au matin, le tribunal autorisait la destruction des cabanes, mais les opposant-e-s affirment alors qu’il y a des habitants, et qu’il faut donc un jugement ordonnant leur expulsion avant de pouvoir détruire. En trois heures (sans doute un record du monde de célérité judiciaire), le tribunal donne l’autorisation d’expulser. La préfecture déclare alors que les opposant-e-s n’ont plus aucun droit. Encore une fois la préfecture s’est lamentablement fourvoyé, car les opposant-e-s ont prouvé à la préfecture qu’il y avait d’autres voies, et en particulier un recours en rétractation qui aurait été du plus mauvais effet pour les services préfectoraux, puisqu’ils risquaient d’être forcés de lancer une procédure d’expulsion nominative, la procédure traditionnelle contre les squats. La préfecture a demandé que le recours ne soit pas déposé et a lancé cette procédure nominative. Toute cette fastidieuse action juridique démontre une des forces du mouvement : on ne lâche rien sur rien, des barricades jusqu’au plan juridique...

Parallèlement, l’Etat lançait, le 21 décembre, la commission du dialogue, avec trois technocrates qui avaient déjà participé et/ou organisé des débats publics sur des grands projets d’infrastructures, type autoroute. Au moins deux conditions ont été posées par l’ACIPA, l’association citoyenne opposée à l’aéroport : le retrait des forces d’occupation policière et la possibilité d’aborder le fond du sujet, c’est-à-dire la construction ou pas de l’aéroport. Il n’est pas question de discuter des aménagements à apporter au projet pour qu’il puisse se faire. Le président de la commission du dialogue a annoncé que son travail se poursuivrait jusqu’au 31 mars 2013 et que ce serait un mauvais signe s’il y avait des expulsions (ou tentative) sur la ZAD. La préfecture comprendra-t-elle cette subtilité ou au contraire essaiera-t-elle de nouveau un coup de force, croyant les opposant-e-s endormi-e-s par les déclarations de la commission du dialogue ? Juridiquement, un des derniers lieux en dur sur la zone, la Sécherie, était expulsable dès le 27 décembre et on attend les suites juridiques pour la Chat-Teigne.

La rencontre des comités locaux

Les 15 et 16 décembre avait lieu la première rencontre nationale des comités locaux à Notre-Dame-des-Landes. Entre 150 et 180 comités s’étaient déplacés, réunissant de 300 à 400 personnes (à ce jour, il y a presque 200 comités locaux). Pour comparaison et mémoire, au plus fort de la lutte au Larzac contre l’extension du camp militaire, on ne comptait qu’entre 70 et 80 comités locaux. C’est vrai qu’Internet n’existait pas encore... Après une matinée passée à la présentation succincte des diverses dynamiques locales et des actions de soutien réalisées dans toute la France, nous avons travaillé une après-midi en commission. Il y en avait quatre :
- Implication des collectifs locaux sur la vie de la Chat-Teigne et sur la ZAD. Il en est sorti une proposition de relais par ville et un début de calendrier. Ceci permettrait d’une part de soulager les personnes vivant sur la ZAD et par ailleurs d’apporter un contenu de discussion et de débat issu de l’identité et de la manière de faire de chaque lieu.
- Organisation de la réponse sur la zone en cas de tentative d’expulsion (de la Chat-Teigne ou de tout autre lieu). Tout n’est pas encore très clair, mais il semblerait qu’on s’oriente vers une manif de Nantes à la ZAD, quelques semaines après les tentatives d’expulsion.
- Coordination d’actions décentralisées par les comités locaux. Ces actions seront de deux ordres : soit en réaction à une tentative d’expulsion sur la zone, soit des actions du "quotidien" pour continuer la pression populaire. En réaction à une attaque policière, un appel à occuper, dans les deux jours suivants, des lieux de pouvoir : préfectures, sous-préfectures, mairies, etc. (…) Deux journées d’action nationale contre Vinci se tiendront aussi les 18 et 19 janvier, à chacun selon ses moyens et envies. Et peut-être que j’en oublie.
- Outil de coordination entre les comités locaux et évocation d’une charte. De grands débats stratégiques et politiques autour de la possibilité d’une charte se sont tenus. Ce qui est apparu clairement, c’est la gestion commune d’une liste mail entre l’ACIPA et le mouvement des occupations. Ca paraît peut-être anodin, et on pourrait se dire encore une énième liste mail. C’est vrai, mais ce qui est à noter, c’est la gestion commune de la liste et pas son existence, car la relation entre l’ACIPA et le mouvement des occupations n’a pas toujours été très facile et il y a quelques semaines encore, elle aurait été inimaginable. Une autre rencontre nationale est d’ores et déjà prévue pour le printemps, dates à préciser.

Après la boum disco endiablée du samedi soir, le dimanche matin un débat stratégique en grande assemblée nous a réunis avec, auparavant, une prise de parole des différentes composantes de la lutte. L’après-midi une visite de la Chat-Teigne était organisée. En dehors des insatisfactions inhérentes aux assemblées en grand groupe par exemple, ces rencontres étaient particulièrement enthousiasmantes. Je n’avais jamais assisté à des discussions où une certaine radicalité était indiscutable avec une telle diversité de personnes. Certaines personnes issues de partis politiques ont demandé à ce que les partis puissent être représentés dans cette lutte. Rejeté ! Le principe que les individus peuvent venir mais pas les organisations en tant qu’organisation et encore moins les partis en tant que parti est intégré et on n’en parle plus. Dans le même ordre d’idée, la diversité des tactiques et des types d’actions demeure une base d’accord, avec comme pilier l’union du mouvement et la non-dissociation.

Il est vraiment revigorant de sentir un mouvement où, enfin, le débat violence/non-violence est concrètement dépassé dans la pratique et dans la parole (2). La composante issue du mouvement des occupations a su gagner ses galons de respectabilité par la lucidité politique et stratégique de son implication. Avoir pensé des années à l’avance les occupations, les expulsions et les moyens d’y faire face, avoir toujours gardé un temps d’avance sur les gouvernants, en ayant en particulier prévu la manif de réoccupation depuis plus d’un an et demi et avoir montré le courage et la pratique des barricades et de la défense contre les agressions policières, toutes ces raisons font que beaucoup de monde comprend mieux cette dynamique politique et la respecte enfin. Et ceci n’évacue pas les débats, ni certaines incompréhensions venant de culture de lutte très différentes... Ces deux jours de rencontres vont avoir une importance dans les temps à venir, même si ce sera très difficile à évaluer. Le mélange de radicalité alliée avec un réel espoir de victoire et la brèche ouverte pour parler de l’aménagement du territoire et des infrastructures nuisibles et imposées, tout ceci a commencé à irriguer la société française, et on verra dans quelques temps comment ces graines auront germé...

La suite

Il paraît assez évident que l’Etat, ses chiens de garde et les élu-e-s qui militent pour le projet commencent à paniquer et à ne plus savoir quoi faire face au "kyste" zadiste. Dernier exemple en date, la publication d’un appel d’offre de 200.000 euros par le syndicat mixte de l’aéroport pour favoriser les arguments pour l’aéroport, aussi bien dans les médias que dans les réseaux sociaux. Appel d’offre hautement comique puisqu’il montre que les arguments pour l’aéroport ne sont pas suffisamment probant et qu’il faut les asséner à coup de sociétés spécialisées dans le lobbying. Comique renforcé par le retrait rapide de cet appel, après le tollé qu’il avait suscité, sans parler des actions menées par les opposant-e-s pour se le procurer et y répondre. Enième recul des édiles qui ne savent plus quoi faire... Leur dernier et ultime argument, quand tous les autres ont été démonté pied à pied, est le respect de la démocratie représentative, car ils ont été élu-e-s en étant pour ce projet, ne s’en sont jamais caché-e-s, et que quand même, il faut la respecter cette démocratie. Et ben non, et c’est justement aussi ce qui s’élabore sur place, dans le bocage, c’est une autre démocratie, sans délégation, sans représentant-e-s, sans expert-e-s, juste une démocratie directe et égalitaire. Pas étonnant que les personnes sortant de l’ENA (3) ne comprendront jamais ce genre de dynamique et de pensée ! Un autre monde se vit.

Un des débats lors de la rencontre des comités locaux portait sur le lien avec les luttes locales avec deux axes. Doit-on surfer sur la dynamique ZAD pour renforcer les luttes locales (contre les LGV (Lignes à Grande Vitesse) ou THT (Lignes à Très Haute Tension), contre les surfaces commerciales, contre les stades, contre les autoroutes etc.) ou doit-on d’abord se concentrer sur la ZAD, continuer à taper, et taper encore pour enfoncer le coin et enfin gagner, cette victoire renforçant toutes les luttes locales ? Difficile de trancher, évidemment, et en terme de mouvement social il n’y a, heureusement, pas de science exacte. Ce débat révèle deux choses, la prégnance future des débats sur les infrastructures, mais aussi la possibilité, l’éventualité de la victoire. Ce qui ne va pas sans soulever de questions. De quelle victoire parle-t-on, quand on lutte contre l’aéroport et son monde ? Pour l’aéroport, peut-être que nous pouvons gagner, pour le monde ,un nouveau cycle de luttes acharnées devra être mené avant de commencer à entrevoir des prémices de lumière... Et puis que va-t-il se passer sur la ZAD si le projet est abandonné ? Les discussions ont déjà commencé. Des discussions PAC : Perspectives Agricoles Communes. C’est bien de garder l’initiative et un pas d’avance, même s’il ne faudrait pas pêcher par optimisme. La lutte doit continuer car le projet est toujours d’actualité.

Autre question : l’union sacrée actuelle, motivée par les agressions policières, tiendra-t-elle quand il s’agira de discuter avec le pouvoir de l’avenir de la zone ? Mais on n’en est pas là, et le recul du gouvernement n’a pas encore eu lieu. Ce qui paraît sûr c’est que Jean-Marc Ayrault (4) ne pourra pas rester premier ministre s’il y a un recul sur le projet. Et puis continuons encore et toujours, répondons aux différents appels issus de la ZAD, allons voir sur place comment ça se passe, pourrissons nos élu-e-s et leurs vœux indigestes et continuons cette lutte enthousiasmante !


1. Voir Archipel No 210, décembre 2012 Haut-Parleur et Archipel No 201, mars 2012 S’ils expulsent, réoccupation massive

 2. voir à ce propos le texte paru sur le site du Monde en réponse, entre autres, à la tentative de récupération de Susan Georges et intitulé Contre l’aéroport mais pacifiste que ça !

3. Ecole Nationale d’Administration, grande école dont sortent la plupart des dirigeants politiques en France.

 4. Avant d’être nommé Premier ministre du Président socialiste François Hollande, J. M. Ayrault était député-maire de Nantes, c’est lui qui a relancé le projet d’aéroport en 2000.


Chronologie rapide et incomplète

 1967 : premier projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes, prévu pour accueillir le Concorde. 

1973 : création de l’ADECA, association des exploitants agricoles, 1ère association contre l’aéroport. Le choc pétrolier et le fiasco Concorde ont raison de ce premier projet. 

2000 : Jean-Marc Ayrault relance le projet et création de l’ACIPA, association citoyenne luttant principalement sur le terrain juridique, avec pétitions et grand rassemblement humain ponctuel. 

2008 : le collectif des habitant-e-s qui résistent invite à venir s’installer et occuper la zone.

2009 : Camp Action Climat sur la ZAD. (Ré)appel à occupation. La dynamique d’installation sur la zone est potentialisée. 

2012 : après une grève de la faim de quelques personnes à Nantes pendant la campagne électorale, accord avec le PS, pas d’expulsion jusqu’à la fin de tout les recours juridiques. Désaccord et différence d’analyse au sein du mouvement d’opposition. Certain-e-s croient que cet accord s’applique à tout le monde, d’autres disent que ceci ne concerne pas la dynamique des occupations d’après 2008.

16 octobre 2012 : début de l’opération César des expulsions sur la zone. A midi, la préfecture déclare que l’opération est terminée et que les expulsions ont toutes réussies. Pendant presque 3 semaines, des affrontements entre la police et les opposant-e-s auront lieu. Il faudra plusieurs jours pour expulser certains lieux. 

17 novembre : grande manifestation de réoccupation. Environ 40.000 personnes participent à ce qui s’apparente à une action directe de masse, avec reconstruction de 6 cabanes. Le cortège est ouvert par un groupe d’auto-défense de 2.000 personnes, avec banderole renforcée et caddies de supermarchés. France Inter parle au journal de 13 heures d’une manifestation de 2.000 personnes. 

23 et 24 novembre : attaque policière sur la Chat-Teigne, très probablement illégale pour le 23. Très durs affrontements dans la forêt de Rohanne. Plus de 100 blessé-e-s. Réactions dans toutes la France avec des actions de solidarité qui d’ailleurs ont débuté dès le 16 octobre. La suite est à écrire.

lundi 11 février 2013

Ils marchèrent de Nice à la ZAD, émoi, émoi, émoi..

elles_ils avaient la patate !
D'Angers, de Lille, de Nice, les défenseurs de Notre-Dame des Landes ont convergé, se sont fondus dans une joyeuse cohue malgré l'omniprésente pluie. Vendredi soir 8 février, c'était l'arrivée à Rezé, l'accueil au Canon à Pat', café sympathique devenu soudain bien trop petit. Puis ce fut le pique-nique, ou presque. Il valait mieux avoir prévu un toit même si alors l'eau du ciel avait suspendu son vol. Merci aux structures municipales de nous avoir accueillis ce soir-là pour un repas convivial, où des gens du cru avaient apporté de quoi se sustenter aux affamés marcheurs.

Samedi, ce fut la parade sous un crachin supportable, mais persistant, le traître ! Vu le temps, ce n'était bien sûr pas la triomphale marée humaine de la Reconstruction de la ZAD, le 17 novembre. Comme les marcheurs et leurs amis locaux avaient tous "la patate", ce sont trois sympathiques tubercules à pattes qui ouvraient le cortège. Bien entendu, une dizaine de tracteurs, eux aussi rois de la fête, fermaient la marche.

Tout le monde s'est retrouvé, au bout de ce périple à travers la ville de Nantes, au square Davais, qui il y a presque un an avait accueilli les grévistes de la faim. Dommage, l'un d'eux n'était pas là avant-hier : une grave maladie le contraint depuis à rester loin de la foule. Nous pensons beaucoup à toi, Michel ! C'est Françoise qui a pris la parole, au nom de ces grévistes de l'an dernier.

Il pleuvait sur la ZAD, bien balisée
Hier dimanche, les marcheurs ont repris la route pour la dernière étape, la plus symbolique. La pluie s'était mise au diapason, et tombait plus que jamais. Une trentaine "d'habitués" s'étaient mis en route ainsi, tôt le matin. Mais à La Paquelais les attendaient des "troupes" bien plus nombreuses, avec les tracteurs et la maintenance. C'est donc une masse de personnes largement multipliée par dix qui a accompli la fin du chemin, sur des routes moins encombrées de véhicules (à part ceux en bleu bien sûr). Heureusement ceux-ci ont bien voulu s'écarter pour permettre de visiter les lieux historiques, encore debout ou détruits, avant d'arriver à la Vache Rit.

Ce fut un beau succès que cette marche. Difficile, vu les conditions climatiques, elle n'en a pas moins été exemplaire. Nous, population d'un pays nommé France, mais aussi d'autres pays menacés par de Grands Projets Inutiles Imposés, nous sommes levés pour dire NON, non à la gabegie des fonds (qui seraient tellement plus utiles ailleurs), non à la gabegie des terres arables qui rétrécissent chaque année de façon dramatique. Rappelons que tous les dix ans disparaît sous les maisons, les infrastructures industrielles, les autoroutes, ronds-poins, LGV nouvelles, etc... l'équivalent d'un département français !

Nous disons aussi et surtout NON à des technocrates, à des hauts fonctionnaires ou "élus" issus des soit-disant "Grandes Écoles", machines à formater une "élite" coupée du monde et insensible. NON à un $¥$T€M qui ne pense qu'au Pouvoir et au Fric qui lui est associé. Place au Peuple, celui qui n'hésite pas à descendre dans la rue, au risque de recevoir de la part des forces dites "de l'Ordre" des horions, et ensuite d'être accusé par ces même forces d'avoir usé de violence. Le monde à l'envers.

Pour plus de détails, je vous invite à vous reporter à ce site fort bien fait, vous aurez tout, le son, les photos....

On ne lâche rien !


jeudi 7 février 2013

Les marcheurs arrivent ! Nantes et la ZAD vont les recevoir.

Le 8 décembre les marcheurs pour NDL ont quitté la Promenade des Anglais à Nice, que j'avais arpentée avec un autre blogueur deux mois  plus tôt. C'est une belle aventure qu'ils ont vécue là. Ils nous raconteront, c'est promis. Selon des bribes d'infos, d'un bout à l'autre du parcours les comités d'accueil ont été enthousiastes et plein d'attentions pour eux.

Deux mois après leur départ, les voilà donc qui arrivent, si, si ! Dès samedi ils vont affronter le macadam de Nantes, accompagnés, n'en doutons pas, par de nombreux ZADistes et sympathisants. Ne manquez pas de venir, vous aussi, leur prêter main-forte dans cette grande marche d'amitié et de solidarité.

On n'en restera pas là ! Le dimanche ce sera le bout du voyage, l'arrivée à la ZAD de Notre-Dame des Landes, but et cause de tant d'efforts. Là encore les soutenir et les accompagner sera un plaisir, mais aussi un devoir. Les Grands Chantiers Inutiles Imposés sont toujours là, partout, cherchant à s'imposer à tous en tout déni de démocratie, puisque à chaque fois les dialogues sont esquivés, les procédures opaques, les réponses aux interrogations et interpellations même par des élus violentes. Citoyenne, citoyen, sois vigilant, car les gens de Pouvoir se rient du seul vrai Pouvoir : celui du peuple.




Continuons, tous, allons jusqu'au fond des choses malgré les efforts désespérés de ceux qui veulent garder pour eux  la clef de notre avenir commun, selon leurs lois et leurs diktats (car, oui, nous en sommes là, hélas !). L'aberrant aéroport de Notre-Dame des Landes ne doit pas se faire. L'ogre poseur de béton doit rester sur sa faim. Les milliards doivent servir à tous, et non à quelques privilégiés. En avant !


jeudi 24 janvier 2013

De Florange à Goa

L'homme de l'Élysée (non, pas du Picardie) fait donc "sa" guerre, dans un lieu dont je crains qu'il ne le connaisse mal. Le voilà soudain conquérant. Il ne s'agit pourtant pas de sauver "nos fils et nos compagnes", mais de l'extraction d'un produit que bien des Français préfèreraient bien voir ailleurs. Oui, bien sûr, il y a aussi de l'or, du pétrole, et autres bricoles. Mais ne s'agit-il pas de sauver le soldat Areva, qui a là sa principale source... de pollution à long terme ? C'est tellement mieux que les énergies durables : là il s'agit du danger durable.

Soudain, à la demande d'un gouvernement à la légitimité très douteuse, les mercenaires que sont désormais tous les prétendus "défenseurs de la France" sont envoyés là-bas, dans le désert, à leur sortie d'un autre théâtre d'opérations contesté, et contestable, l'Afghanistan. Il va falloir combattre quelques mercenaires là aussi, ceux d'Al Qaida, ces groupuscules de déstabilisation inventés par la CIA aux temps des Moudjahidin... encore d'Afghanistan. A leurs côtés sont les occupants légitimes et millénaires du terrain, les Touareg. Une vraie civilisation, très différente de la nôtre, mais au moins aussi respectable. C'est un processus qui sent très mauvais.  Les Affaires Étrangères de notre pays y seront durablement jetées au Gémonies par les gens du cru. Sans doute cela n'a-t-il pas d'importance, dès qu'on parle d'uranium.

Florange
Curieusement, le discours fut bien moins ferme, quand il s'est agi de défendre notre sidérurgie. Il est vrai que, désormais, elle appartient à un homme du sous-continent indien, très riche donc respectable sans doute. En revanche, elle est bien implantée sur notre sol, et elle est servie par nos compatriotes. Bah ! Cela n'a sans doute pas d'importance. Et toutes les solutions qui ont été proposées pour sauver ce facteur pourtant stratégique ont été récusées, toujours par l'homme de l'Élysée. Au contraire, le voilà en quête du démontage final pour toute la protection sociale de notre pays, sans doute parce qu'elle agresse les amis du personnage. Son prédécesseur n'est donc pas allé assez loin, il faut très vite finir de détruire ce que des centaines d'années de luttes avaient fini par obtenir, au prix du sang parfois.

Un certain séjour à Londres, un peu avant les élections, fut donc fructueux. Tout est en place pour contenter les adorateurs de la City, les banquiers du Dieu Argent. Comme ses prédécesseurs des années 90, un socialiste ™ va plus loin et plus vite que ceux qu'on aurait pu supposer être ses adversaires. Les centrales syndicales ne bougent pas. Ceux qui descendent dans la rue ne s'en réclament pas. A la suite d'autres sacrifiés comme la Grèce ou l'Espagne, voilà la victime qui est présentée à ses bourreaux.

Et pourtant, l'opposition existe, elle est toujours là. Elle n'a pas les mêmes aspects que les hommes de Billancourt. Elle se bat ici contre Areva (oui, celui qui a des mines au Niger et en Mauritanie), contre Vinci ici, contre Vinci là. C'est un projet d'aéroport ridicule, dans le pire endroit pour le construire ; c'est un EPR-Arlésienne, et la ligne THT qui en découlerait peut-être s'il venait à fonctionner.... un jour.... c'est un dossier pharaonique pour traverser les Alpes en bousculant tout sur son passage (merci le TAV) comme les éléphants d'Hannibal ; ce sont des dizaines de projets où Vinci (encore lui) n'a pas la plus petite part, pour des résultats envisagés qui feraient rire si ce n'était si grave (dix minutes de gain de temps pour Poitiers-Limoges, si, si....).

Oui, il y a une opposition, mais elle n'est portée ni par des syndicats, ni par des partis politiques hormis le Front de Gauche parfois. La plupart du temps, ce sont des riverains de projets qui prennent leur destin en main, ou des jeunes motivés qui viennent leur prêter main-forte. Ils sont en butte aux forces dites de l'Ordre (particularité, tout est très calme quand elles ne sont pas là) qui, manifestement, ne sont là que pour les intimider, alors pourtant et manifestement, cela ne fait que renforcer l'opposition, et ridiculiser les positions gouvernementales.

Magistral là-bas (pour le moment), piteux ici, et dangereux, voilà un parcours "officiel" que les citoyens français ont le droit de trouver malséant. De la précarité organisée pour un maximum de personnes, à une retraite de plus en plus rikiki pour de moins en moins de gens, d'une santé publique en grand danger (l'espérance de vie redescend désormais) à un emploi aussi rare que l'eau dans le désert du Mali, notre pays entier s'en va à la poubelle.

N'a-t-on pas le droit d'être en colère ?

samedi 5 janvier 2013

Lettre ouverte d’un pilote de ligne à François HOLLANDE (ZAD)

Nantes Atlantique © V Joncheray
Ce n'est pas moi qui le dis..... Les pilotes de ligne qui pratiquent Nantes-Atlantique, et certains ont "de la bouteille" dans ce service, sont convaincus de l'aberration que constituerait le transfert dans le bourbier de Notre-Dame des Landes d'un aéroport parmi les plus fiables de France et même d'Europe (voir la distinction qu'il a obtenu l'an dernier). J'ai même discuté avec l'un d'eux, à l'occasion d'une manifestation d'opposition parfaitement légitime et extrêmement argumentée.

Ce n'est pas le cas du discours "officiel", qui balaie d'un revers de main les raisons les plus solides des contestataires, sans pour autant annoncer de vrais arguments probants visant à ce transfert. Quant au survol de la ville... ce sont les pilotes eux-mêmes qui dénoncent les itinéraires que les aiguilleurs leur font prendre, sans justification de météo particulière. Gageons que ces aiguilleurs eux-mêmes ont des ordres ! Mais même cet argument "visible" ne tient pas, puisque la plupart des villes, y compris françaises, ont ces sortes de servitudes. Est-il prévu pour autant de déplacer Orly ou Blagnac ?

Il faut bien dire que l'argument le plus fort pour continuer à vouloir envoyer les avions en plein bocage, ce sont les engagements inconsidérés pris par "les autorités" envers le bétonneur mondial en cas de dédit. Outre que ce genre d'accord peut être cassé par jugement, ce n'est pas aux loyaux contribuables d'assumer les impérities de décideurs englués dans les lobbyismes.  Restent des orgueils mal placés, parfois, qui peuvent par "bravade" engager des élus locaux dans des décisions que peut-être dans le secret de leur douche ils regretteront amèrement.

Voici donc, grâce à la ZAD, la lettre ouverte d'un pilote de ligne habitué à Nantes-Atlantique, à François Hollande, président de la république en exercice.


Lettre ouverte d’un pilote de ligne à François HOLLANDE

vendredi 4 janvier 2013, par zadist

Lettre ouverte à François HOLLANDE
 Haute Goulaine, le 3 janvier 2013

Monsieur le Président,


Si je n’ai pas ordinairement vocation à m’inscrire dans une logique contestataire, et encore moins rétrograde, je souhaiterais vous faire part de mon étonnement lorsque nous parlons du transfert de l’aéroport Nantais qui fonctionne parfaitement vers une future structure à Notre-Dame-des-Landes, ce dans le périmètre de mes compétences, fort de mon expertise technique d’officier de Pilote de Ligne exerçant à ce jour depuis près de 25 ans à transporter des passagers, dont 10 années de Commandant de bord avec 18000 heures de vol, pour le compte de notre Compagnie Nationale.

Ce projet est loin de garantir un niveau opérationnel compte tenu de son architecture future déjà dépassée, à la viabilité relevant d’hypothèses hautes sans prise en compte de la technicité et de la fragilité du modèle économique et industriel lié à la spécificité du Transport Aérien, qu’aucun organisme aussi sérieux que l’Organisation de l’Aviation Civile Internationale ou l’Agence Internationale du Transport Aérien n’aurait osé imaginer. Cependant, l’enquête conduisant à la déclaration d’utilité publique de février 2008 l’a validé.
L’aéroport de Nantes-Atlantique répond à la totalité des critères les plus stricts imposés à notre secteur d’activité. Sa croissance est certes constante, forte de ses 3,2 millions de passagers. Mais c’est en termes de mouvements d’avions que se calcule et s’anticipe avant tout le dynamisme d’une telle plateforme. A Nantes il y a une quasi stabilité avec environ 50000 mouvements de vols commerciaux par an. L’augmentation du nombre de passagers revient à une meilleure performance grâce à l’optimisation du remplissage de chaque vol où les compagnies aériennes assurent au jour le jour l’activité aéroportuaire avec un emport moyen ici de 75 passagers (moyenne nationale 90).

Pour cette activité, il faut faire un distinguo entre les lignes régulières qui ont une croissance conforme aux performances des autres aéroports régionaux similaires de France ou des pays voisins, et les vols charters ou lowcost, uniquement liés à la saisonnalité de cette activité, qui ’’tirent’’ vers le haut l’activité de Nantes Atlantique, saisonnalité significative seulement 6 mois par an !

Par ailleurs, la sécurité de Nantes Atlantique correspond aux performances détaillées par des normes les plus strictes rédigées par l’Organisation de l’Aviation Civile Internationale avec ses 191 états membres et 1200 compagnies aériennes. Celles-ci, reprises en France par le Ministère des Transports et la Direction Générale de l’Aviation Civile, ont classé Nantes Atlantique en catégorie A, c’est-à-dire sans aucune particularité référencée de type environnemental, contrainte de survol en tous genres, obstacles, espaces à particularités type industriel, militaire ou zones à sensibilités remarquables.

Voici de quoi faire taire définitivement les détracteurs de l’Aéroport actuel arguant maladroitement, espérons vraisemblablement par méconnaissance, d’une nécessité absolue de transfert.

Son hypothétique saturation peut être anticipée à tout instant compte tenu de la surface aéroportuaire actuellement disponible avec de multiples extensions imaginables comme cela se fait partout en Europe mais aussi en France lorsque l’on constate une croissance significative en cours ou à venir. C’est ce qui se produit sur bon nombre d’aéroports nationaux et internationaux avec des extensions des aérogares et/ou des parkings avions. Localement citons Bordeaux, Marseille, Nice, Lyon, etc... La liste n’est pas exhaustive.

Sa dangerosité un moment soulignée relève surtout de l’agitation médiatique alors qu’aucun constat sérieux ne l’a un instant indiquée au regard de l’ensemble des références aéronautiques sur cette question sensible. Localement, les organismes de surveillance et de suivi sont adroits et efficaces, l’Autorité de Contrôle des Nuisances Aéroportuaires parfaitement opérationnelle à ce jour. De nouvelles techniques de survol ont été ébauchées par des ingénieurs de l’Aviation Civile, démontrant que nous pouvons envisager à moindre coût des améliorations significatives dès lors que nous aurons surpassé le ’’syndrome Notre-Dame-des-Landes ’’ celui qui semble actuellement nous dicter de ne rien faire à Nantes Atlantique puisque Notre-Dame-des-Landes pourrait être réalisé dans les années à venir...

Si dangerosité potentielle il y avait, que faire du principe de précaution que l’on sait applicable à tout instant, et suspendre sine die l’activité de notre aéroport actuel ?
Sur l’aspect logistique, faut-il le rappeler, l’aéroport de Nantes Atlantique possède ce dont bon nombre n’ont pas la chance d’être dotés à savoir des servitudes type ligne de tramway à proximité immédiate, voies ferrées jouxtant les aérogares actuelles, réseaux routiers performants ouverts vers l’océan proche ainsi que vers les axes routiers en direction de Paris, Bordeaux, la Bretagne immédiate, la Normandie toute proche. Ici satisfecit total concernant le Schéma de Cohérence Territorial local ! Nous ne sommes pas enclavés !
L’aéroport de Nantes Atlantique, classé depuis de très nombreuse années au 10ème rang des aéroports Français, c’est-à- dire dans le ventre mou de ces aéroports de province, a et aura une vocation avant tout régionale tant aux niveaux Français qu’Européen. Les compagnies aériennes régionales ont remis le trophée ERA Award 2011-2012 du meilleur aéroport européen à l’équipement pour Nantes-Atlantique.

Le réseau de lignes aériennes est dicté par la demande. Ce sont les compagnies aériennes qui nous l’indiquent et décident de venir se poser à Nantes à la seule condition que cette clientèle passager soit au rendez-vous. Les capitales économiques à desservir sont limitées par cette demande et seule l’offre des vols vacances fluctue en fonction des choix économiques rentables et rémunérateurs pour les opérateurs de l’aérien. Un aéroport ne dicte pas l’offre, c’est le marché qui l’oriente, offre construite à partir de situations d’origines structurelles ou conjoncturelles. Ce sont l’Observatoire des politiques et stratégies des transports en Europe ainsi que le Comité National des transports qui nous chiffrent cet état ainsi que les éventuelles perspectives de croissance reprises par les services de notre Aviation civile, ici en France ! Un aéroport répond toujours à un besoin mais ne génère pas ce besoin.

Quid alors de cette fameuse croissance pour Notre-Dame-des-Landes à 9 millions de passagers en 2065 et quelles perspectives à moyen ou long terme ?

L’ensemble des experts indiquent qu’il y aura croissance, mais résolument limitée à la Chine, à l’Inde et au Moyen Orient, régions formidablement émergentes. Peu ou pas sur le continent nord Américain et encore moins en Europe. En cause, la relation directe entre économie du transport aérien et PIB de nos états/région (diagnostic sinon repris par la DGAC). L’IATA annonce que sans croissance durable et supérieure à 2%, la ressource financière pourrait être exsangue. Les coûts carburant impactés par le prix du pétrole et les quotas de CO2 pour l’aérien intégrés aux accords de Kyoto feront du dynamisme économique et industriel un eldorado ou un... fiasco. A l’heure actuelle, toutes les compagnies aériennes mettent en place des plans d’adaptation avec réduction de leurs effectifs et leurs moyens matériels, en les minorants par exemple pour Air France -12%, pour Lufthansa -17%, Air Portugal -20%, British Airways et Ibéride – 25%, Alitatlia -28%, Scandinavian -44%, Ryannair immobilisant plus d’un quart de ses avions au sol...

Enfin, ces mêmes compagnies, traditionnelles ou émergentes, se rassemblent, créent des synergies en fusionnant et se centralisent sur des plateformes uniques, le cas est valable dans toutes les capitales européennes et au delà.

Dès lors, la mise en perspective de projet d’Aéroport du Grand Ouest avec une nouvelle plateforme dotée de 2 pistes, qui plus est non parallèles, étonne. Pourquoi 2 pistes ? 

Pourquoi la plus grande des deux, avec ses 2900m de long par 45m de large, limitatifs au regard des dimensions et des performances pures des avions gros porteurs n’est-elle pas plus grande que celle existant déjà à Nantes-Atlantique, pistes qui plus est non dotées de taxiways parallèles alors qu’aucun autre aéroport de cette catégorie n’a été créé en Europe avec une telle configuration depuis... Orly en 1973 ? Ces premières questions révèlent une méconnaissance significative du fonctionnement d’un aéroport ! Force est de constater qu’une seule piste astucieusement dotée de sorties rapides et d’une bande de roulement parallèle suffirait à absorber les flux espérés. La preuve n’est plus à faire qu’une aérogare correctement dimensionnée et optimisée peut traiter des dizaines de millions de passagers. Le nombre de futurs postes de stationnement avions à Notre-Dame-des-Landes est revu à la baisse vis à vis de l’existant à Nantes-Atlantique, les servitudes liées aux débarquements/ embarquements des passagers se paupérisent, les contraintes des roulages des aéronefs vont s’imposer malgré la spécialisation des pistes annoncées...

De plus, il n’y a aucune garantie sur l’emploi puisque selon la règle observée, en tout cas si l’on se conforme aux usages, cet aéroport drainera en moyenne tout au plus 700 emplois directs par million de passagers, classique en France comme en Europe pour un aéroport de province.

Enfin, nombre d’aéroports aux santés financières exécrables sont sous utilisés compte tenu de leur dimensionnement, je pense notamment au troisième aéroport parisien de VATRY avec 52000 passagers/an et une piste de 3850m ; que dire de Clermont Ferrand, Epinal, Metz-Nancy Lorraine, Tours, Poitiers, Bergerac, etc... La liste est malheureusement encore longue !

Si l’art de la politique est de prévoir pour gouverner, anticiper pour s’adapter, les approches intellectuelle, industrielle et pragmatique de ce projet d’aéroport devraient être de ces rendez vous à ne pas manquer. Quelle que soit l’attractivité en cours ou à venir pour nos belles régions de l’ouest, qui va parier sur des vols transcontinentaux entre Los-Angeles, Singapour, Sydney ou Dubaï vers Notre Dame des Landes ? Que va devenir le bassin industriel existant au Sud Loire avec l’unité de production d’Airbus si l’aéroport de Nantes-Atlantique, comme le prévoit la Déclaration d’Utilité Publique, est transféré vers le nord Loire ? Et si Nantes-Atlantique n’était plus déplacé ? Quelle place manque-t-il aujourd’hui à Nantes pour rester en connexion parfaite avec l’Europe immédiate ou le Monde tout proche ?

Rien n’indiquant que nos concitoyens et notre nation aient besoin d’une telle infrastructure, il est urgent de mettre en place les conditions raisonnables d’un moratoire pour revisiter les demandes et perspectives sérieuses du marché potentiel, les besoins et demandes des compagnies aériennes, ainsi qu’une cohérence industrielle, a fortiori économique et sociale.
Au regard des règles liées à l’aménagement du territoire, il n’a jamais été constaté qu’un aéroport allait générer une économie nouvelle, particulièrement lorsque l’outil correspondant existe déjà et reste sous utilisé, une efficacité améliorée et optimisée permettrait de ne pas grappiller, gaspiller de nouvelles ressources financières et foncières colossales dont on sait pertinemment que nous devons jour après jour en faire l’économie.

Dans les meilleurs délais, je vais m’impliquer en me rapprochant de la Commission de Dialogue mise en place à l’initiative de Monsieur le Premier Ministre, adossé au Collectif de pilotes de Ligne doutant de la pertinence du projet d’aéroport à Notre Dame des Landes, pour expliquer en détail les sérieux doutes de notre profession vis à vis de ces choix techniques et stratégiques particulièrement discutables.

Espérant ne pas avoir été trop long tout en restant suffisamment détaillé dans ces explications, je reste, Monsieur le Président, soyez en certain, à votre entière disposition, et je renouvelle la demande d’entretien que la coordination des opposants souhaite avoir avec vous depuis 4 mois.

Veuillez agréer, Monsieur le Président, l’expression de mon profond respect.

Thierry MASSON.

samedi 22 décembre 2012

Appel à lobbying pour l'aéroport dans les réseaux sociaux : dans les choux !

Nos copains de la ZAD relaient ce matin la nouvelle :

Abandon de l’appel d’offres à lobbying  : Presse Océan nous l’apprend, la région a annulé son appel d’offres : on n’a pas lu la lettre d’Auxiette, mais on imagine que les demandes de dossiers pour cet appel d’offres n’y sont pas pour rien :)

Les écologistes de la région nous rappellent de quoi il s'agit.  Rien moins que de perdre de l'argent pour promouvoir un projet inutile. Initiative pour le moins... curieuse !

Heureusement, les défenseurs de la ZAD ont bien réagi semble-t-il : comme n'importe quel citoyen pouvait demander le dossier, et l'obtenir, pouvait poser des questions, et en recevoir une réponse, sous peine de nullité du projet, il est probable que c'est une avalanche de demandes qui a abouti sur le bureau du comité chargé de centraliser tout cela. Avalanche que ce comité n'a pas pu matériellement assumer.

Les personnalités qui veulent à tout prix la réalisation de l'aéroport ont là affaire à forte partie : tout simplement la mobilisation des citoyens. Pour rappel, le 17 novembre ils étaient près de quarante mille à avoir osé faire le déplacement, parfois de loin, pour défendre une option de l'avenir complètement différente de celle que voudraient nous imposer les politiciens, relais des financiers internationaux via des entreprises tentaculaires dont Vinci, Bouygues, Monsanto, Carrefour ou Boeing ne sont que quelques noms.

Citoyens, ne nous laissons pas abattre : ces initiatives citoyennes nous démontrent que nous ne sommes pas démunis, et qu'ensemble nous pouvons choisir notre avenir. Même avec la violence, les Maîtres du Monde ne réussissent pas à nous faire plier. Savez-vous qu'ils doivent commencer à avoir vraiment peur ?

dimanche 16 décembre 2012

Aux tenants butés de l'aéroport N D Landes : démissionnez


Témoignage lu sur le site de la ZAD, retranscrit ici.


Témoignage Manif Anti-Répression à Nantes :  

Samedi 15 décembre, 17h30, place de la Petite Hollande, fin d’une manifestation (bien nommée) contre la répression. Nous sommes quelques centaines à nous diriger vers le palais de justice. Un barrage de CRS nous en empêche. Notre groupe est composé de familles avec enfants, de jeunes, de gens comme nous et de personnes âgées. Au bout d’une dizaine de minutes les CRS nous bombardent de grenades lacrymogènes et d’une grenade de désencerclement. La place est noyée dans un nuage toxique dont profitent aussi les usagers du parking et ceux de la piscine (en famille bien sûr). Pour couronner le tout, bien que nous fuyions cette pestilence on nous envoie deux convois de six cars de CRS, sirènes hurlantes. Que le ciel vous tienne en joie.



De tels agissements, nécessairement ordonnés depuis "tout en haut", ne peuvent que desservir complètement le projet de construction d'un Inutile Grand Projet d'Aéroport tout juste bon à donner l'occasion d'un entrefilet dans les livres d'histoire. En bien ou en mal, d'ailleurs.
 
Imprudemment, ou volontairement, il semble que les instances régionales aient "pris la précaution" de garantir au constructeur présumé de l'aéroport cinq cents millions de dédit, pour le cas où le projet tomberait à l'eau. Nonobstant l'outrecuidance d'une telle somme (alors que la multinationale Vinci, pour le moment, n'a apparemment rien payé, donc rien perdu), il serait certainement judicieux de se baser sur cette clause pour tout arrêter. Cela coûterait bien moins cher encore que de continuer, si ce n'était pas une affaire seulement politique, et d'ego mis à mal par un possible échec.
 
Quand de tels actes se produisent, mettant en cause des personnalités, et les éclaboussant copieusement, celles-ci n'ont plus qu'à démissionner de toutes leurs responsabilités.

Nous rappelons que pour deux jours, se réunissent à Notre-Dame des Landes des délégués de tous les comités (ils sont plus de 180 désormais) qui se sont constitués partout en France en opposition à ce projet, et en coordination avec l'opposition à de nombreux autres Grandes Projets Inutiles Imposés. Ce mouvement a dépassé nos frontières, il existe des comités correspondants en Italie, en Grande-Bretagne, en Allemagne.... et depuis peu en Roumanie. Partout des projets aberrants, par leur impact écologique, économique, social, se multiplient à l'image des EPR embourbés dans leurs échecs de construction, des lignes à très haute tension aux impacts biologiques très mal admis par "les autorités", d'un ITER aux applications très aléatoires et à la dangerosité jamais débattue pour un coût démentiel, de lignes LGV mal pensées, avec des "ouvrages d'art" aux surcoûts impensables. C'est une reprise en main globale, européenne, non pilotée par Bruxelles, Francfort et Londres qu'il faut accomplir.

Dans un sens non violent, mais radical, c'est d'une révolution que nous avons besoin. Révolution, puisqu'elle implique la disparition nécessaire des politiciens professionnels et de leurs relais dans les médias. Tomberaient avec eux les partis politiques classiques, charpentés et tyranniques. Seraient expurgées les mafias et autres filières de pression qui, ne nous le cachons pas, relient en sous-main cette structure unitaire de fait avec les financements douteux qui permettent la pérennité du dispositif.

Notre-Dame des Landes, ses défenseurs, ses relais désormais internationaux, est le ferment d'un renouveau, d'un "autre chose", de solutions complètement alternatives. Pas étonnant si "ces Messieurs" en ont peur. C'est pourquoi il faut insister.