Casser
l’utopie
Casser l’utopie, voilà ce
qu’ils veulent. Ils ne veulent pas que l’on prouve que ce
qu’ils nomment « utopie » peut exister. Il ne faut pas que des
preuves concrètes viennent démontrer qu’on pourrait vivre
autrement ;
que les tentatives « utopiques » ne débouchent pas forcément
sur des
dictatures (Comme la propagande de leurs « historiens » nous
l’assure depuis que les bolcheviques et staliniens ont
transformé le rêve
communiste en camp de concentration). Il ne faut pas que
l’idée puisse se
répandre dans les esprits que l’on pourrait faire autre chose
que ce à
quoi tous leurs rouages nous obligent.
Ils sont les gardiens cyniques et
féroces
d’une organisation sociale conçue pour que les grands faiseurs
de fric en
fassent toujours plus et que les pauvres en chient toujours
plus. Ils
n’ont pas « d’états d’âme » (comme ils disent dans
leur jargon méprisant). Pas la peine de s’offusquer de leurs
méfaits ; d’essayer de leur faire entendre « raison ». Ce
ne sont pas des gens « raisonnables » bien que ce soit le
déguisement
qu’ils préfèrent. Ils ne veulent qu’avoir raison de
ceux qui
refusent de se plier à leurs décisions : par la matraque et
les lacrymos,
les flash-balls et les procès, les amendes et la prison, et
autres vacheries
moins officielles. Ils n’en sont pas encore aux tanks et aux
missiles (ça
ne fait pas « démocrate ») mais, s’il le faut, ils se
souviendront que leurs ancêtres ont su faire tirer sur les
dangereux utopistes
d’hier, communards et spartakistes, makhnovistes et
zapatistes, et
autres« collectivistes ».
Ce qui les inquiète c’est que
l’utopie reprend du poil de la bête. Confrontés à leurs
impasses (Paye la
banque et crève en silence) des gens de plus en plus nombreux,
partout, se
disent qu’ils peuvent essayer de s’en sortir, quitter la
machinerie
écrasante du tous contre tous ; agir ensemble pour sortir du
labyrinthe
piégé. Voilà ce qui leur fait peur. Ils savent que leur
feuilleton du bonheur
technocratique et marchand fait de moins en moins applaudir
les spectateurs et que,
sans cette adhésion du public, leur force est à la merci d’un
renversement de perspective, comme cela s’est vu plus d’une
fois
dans l’histoire. Ils savent que leur force est faible malgré
ses
uniformes, ses carapaces, ses cons dévoués et toutes ses
machines.
Voilà pourquoi ils mettent le paquet
contre tout ce qui prouve, que la soumission à leurs règles
n’est pas le
seul comportement possible. Voilà ce qui est en jeu à Notre
Dame des Landes
comme à Marinaleda ou au Chiapas. A Notre Dame des Landes, les
jeunes
« squatters » au lieu de mendier à Pôle emploi ou de
s’affliger
de la prétendue crise du logement, ont démontré que si l’on
veut on peut
sortir de la dépendance au fric roi et aux rois du fric. Avec
de très maigres
moyens et une énergie phénoménale, ils ont rénové des
maisons ; construit
des cabanes de rêve (mieux que celles vendues en kit pour les
parcs des
riches) ; cultivé des jardins inventifs et produisant des
légumes sains
(sans « label » bruxellois) ; créé une boulangerie, une
bergerie
et, surtout, développé des relations solidaires et
chaleureuses, à
l’opposé du « chacun pour soi, écrase ton voisin» qui est la
bible
des « gagneurs » malheureux confondant bonheur et Bling-Bling.
Voilà pourquoi les majordomes du
capitalisme, en livrée « socialiste », ont lancé leurs
soudards et
leurs bulldozers contre leur œuvre. Voilà pourquoi ils
démolissent des
maisons, des corps, des vies, des espoirs. Parce qu’ils
veulent démolir
la preuve qu’un autre monde, une autre vie sont possibles.
Mais leur
hargne montre leur trouille. De plus en plus, cette société
échappe à leur
maitrise. L’utopie est leur chardon : Écrasée, étouffée,
assassinée,
elle renait toujours. Et toutes les bourses se recroquevillent
en le
constatant.
Gédicus (1er
novembre 2012)
C'est amusant, je retrouve beaucoup d'arguments d'Elie Arié dans ce descriptif, ces gens sont dangereux par leur soumission aux règles qui les arrangent.
RépondreSupprimerRosa Elle, pour certains il n'existe qu'une seule valeur : le fric. Alors qu'il n'est qu'un banal outil, ils l'ont déifié, et considèrent tout le reste comme négligeable. Il est vrai aussi que dans la même logique, oseille = pouvoir. Faute d'être en harmonie avec la Terre, ils veulent la dominer parce qu'elle leur échappe. Et elle leur échappera toujours, sauf s'ils réussissent à vraiment la détruire.
RépondreSupprimerOui, au niveau de l'argent comme outil, tu sais que je suis d'accord avec toi, et je suis contente que cette idée se popularise de plus en plus.
RépondreSupprimerNous ne sommes pas si inutiles que cela
Pour casser le capitalisme, il sera sans doute nécessaire de casser l'outil. Mais d'abord, casser les banques. Et pour cela, interdire de prêter l'argent que l'on n'a pas. Corollaire, bien entendu l'intérêt est interdit (comme le recommande l'Islam).
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