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mardi 30 juillet 2013

"La France n'est pas hostile à l'huile de palme", assure Ayrault - les Français, si.

Encore un titre qui fait sursauter. Combien de temps encore des membres du gouvernement, et singulièrement le chef de celui-ci, vont-ils proférer des affirmations contraires à ce que veulent nos compatriotes ?

Bandar Sri Sendayan (Malaisie) (AFP) - Le Premier ministre français, Jean-Marc Ayrault, a rassuré lundi sur le dossier sensible de l'huile de palme, dont la Malaisie est le deuxième producteur mondial, rappelant que la "taxe Nutella" n'avait pas été adoptée ni soutenue par son gouvernement.
"Il faut éviter les malentendus: la France n'est pas hostile à l'huile de palme", a affirmé Jean-Marc Ayrault lors d'une conférence de presse commune avec le Premier ministre malaisien Najib Razak. Il a rappelé que "c'était d'ailleurs un Français" qui avait diffusé le palmier à huile en Malaisie.


Le même genre de décalage se rencontre à propos de beaucoup de sujets, ceux qui fâchent en particulier.  Ainsi des Grands Projets Inutiles Imposés comme la liaison LGV Lyon-Turin, évidemment inutile parce que la liaison actuelle est fort loin de la saturation, et que le coût s'annonce colossal : on ne parle même pas de l'impact environnemental. Même problématique pour le vieux projet de Notre-Dame des Landes, devenu obsolète depuis sa naissance il y a pratiquement cinquante ans, volontairement sous-estimé au niveau de la facture, de l'impact écologique et agricole, et surestimé au niveau de son utilité réelle quand le terrain actuel remplit largement son rôle, et ne sera jamais saturé tant le transport aérien s'achemine vers une réduction nette dans un futur proche. La problématique est similaire avec celle de la LGV Bordeaux-Espagne. Rappelons que dans ce pays, le réseau rapide est six fois moins utilisé encore qu'en France, ce qui en dit long sur son utilité, donc sa rentabilité pour ceux qui s'intéressent à ce détail.

En fait le chef de gouvernement semble se complaire dans les dossiers dont ne veulent pas ses concitoyens, et qui tombent très mal avec une période où la plus grande partie de ceux-ci s'appauvrit de mois en mois. N'oublions pas que, au bout du compte, c'est le citoyen qui paie grâce à l'impôt. Alors que le HLM est sinistré, que le réseau ferré secondaire peine à être entretenu correctement, que les banquiers s'enrichissent et que les PME tirent la langue, soutenir de tels projets est une très mauvaise idée, voire plus.

Pour en revenir à ce contentieux sur l'huile de palme, dont on connaît les effets sur les forêts arrachées en vue de la spéculation, mais aussi les effets pervers sur la santé humaine, il est caractéristique de voir que les représentants du peuple ont bien travaillé en lançant la proposition sur la "taxe Nutella", mais que bizarrement le gouvernement y est hostile. Le lobbyisme a-t-il accompli son œuvre ? On peut le craindre.

Un gouvernement qui œuvre contre le peuple doit démissionner. C'est tout simple.

dimanche 12 mai 2013

La #chaîne humaine à #Notre-Dame des Landes, pari réussi vu par un participant

Nous l'avons réussie ! La chaîne humaine a enserré la ZAD en un geste de protection contre des intérêts essentiellement financiers, et qui se moquent des intérêts publics. Il fallait suffisamment de personnes motivées pour que les vingt-cinq kilomètres soient enchaînés ainsi. Au vu des photos, certains points sont un peu clairsemés, alors que d'autres sont suffisamment pourvus pour que deux chaînes soient constituées en parallèle.

Les préparatifs

Dès huit heures, hier matin, les motivés de mon coin étaient déjà réunis pour aller tenir le point d'info le plus à l'est de la chaîne. C'est pourquoi une demi-heure plus tard nous étions arrivés sur site, afin d'installer un petit stand.  L'affaire a été rondement menée - nous étions quinze - et il ne restait plus qu'à attendre les candidats à la chaîne, essentiellement ceux de Rennes et sa région. Le temps était maussade, un peu de pluie, du vent...

Ces candidats ont commencé à se présenter à partir de dix heures. Il s'agissait de les renseigner, de leur procurer des plans, de leur proposer t-shirts, sweats, badges, documentations diverses. Au début le flot a été assez calme, puis il s'est accéléré. Les voitures se dirigeaient vers le parking tout proche, mais aussi certains arrivaient déjà à pied. Tous continuaient vers les deux branches de routes soit en direction de Notre Dame des Landes, soit vers La Paquelais.  Le flot passait, ne s'arrêtait que le temps de se renseigner. Fort peu s'installaient dans ce lieu.

Vers treize heures, un flot plus nourri est arrivé à son tour - probablement des personnes qui avaient déjeuné avant de venir - et ceux-là en revanche sont plutôt restés là, puisque nous leur assurions que la chaîne, oui, c'était là, à quelques mètres. En même temps, peu à peu le ciel devenait bien plus bleu même si le vent ne faiblissait guère.

La chaîne se constitue

Treize heures cinquante-cinq ! La chaîne en elle-même s'est constituée !  Même ceux du stand l'ont déserté pour s'incorporer aux maillons. Et peu après quatorze heures nous avons aperçu le décollage de l'hélicoptère. Il a dû être gâté : avec les derniers arrivant, nous étions nombreux dans ce point extrême. Par endroits nous étions trois par mètre, presque la bousculade. Jusque vers seize heures, nous avons eu droit encore à trois autres passages. Dans l'hélicoptère il était prévu d'accueillir les chaînes de radio et télévision. Elles ont dû pouvoir travailler dans de bonnes conditions, malgré le vent assez fort. Le soleil était de la partie. Des ULM également étaient présents, le vent devait bien les secouer.

Les quelques pointures politiques étaient, pour autant que je sache, sur la branche partant de notre point, et se dirigeant vers Notre Dame des Landes. C'est d'ailleurs là aussi que se situait le point presse, à un bon kilomètre du stand. Il s'agissait là, de toute façon, d'un grand mouvement populaire, et non de l'occasion pour des politiciens d'avoir une tribune.

Le succès
Vu du coin où nous étions, à part bien des amis de la région immédiate, nous n'avons reconnu personne. C'était très réussi, mais comme Fabrice del Dongo je n'ai vu qu'une partie infime de la "bataille".  C'est une véritable foule qui nous entourait, et s'étirait en directions sud-ouest et nord-ouest. Même les gendarmes locaux, passant pour s'assurer que tout allait bien, échangeaient quelques mots avec les tenanciers du stand. 

Comme nous étions, pour la plupart, moins jeunes, dès que les vacations ont été terminées nous avons replié le stand et sommes rentrés. Désormais les présents soit partaient, soit  au contraire arrivaient en vue des concerts prévus hier soir.

En peu de mots, le bilan : fatigués, mais heureux ! Le pari a été réussi, et plus que jamais l'édile local devenu national doit se sentir bien coupé de ses anciens administrés.

mardi 16 avril 2013

Notre-Dame des Landes, le coup de grâce ?

Le comité permanent de la protection de la nature s'est réuni le 10 avril. Il s'est saisi du rapport de la commission scientifique sur l'eau, qui avait donné un avis massivement négatif sur toutes les données du dossier, et il l'a fait sien. Voici ce qu'il déclare.


Le bilan est sévère. On peut se demander, à moins de violer un bon nombre de lois et de directives européennes, comment le projet peut encore avancer.

Sauf coup de force, c'est donc un enterrement de première classe, puisque vu les délais nécessaires à tenter de satisfaire aux différentes obligations, le contrat de concession sera caduc début 2018. Cela signifie repartir complètement à zéro, y compris diligenter une nouvelle déclaration d'utilité publique. Depuis la précédente, passée au forcing en n'écoutant pas les objections et les remarques (d'abord "C'est trop tôt pour les apporter", puis "Ah c'est trop tard, le dossier est clos", bien des facteurs, de coûts, de contraintes, de perspectives à long terme ont changé. La vigilance des défenseurs de la terre sera encore accrue. La mobilisation est devenue très forte.

 Au travail, ZADistes ! Mettez en œuvre une nouvelle agriculture respectueuse de la Terre qui sera un modèle.  Vous avez choisi la société de l'avenir, la seule qui soit réellement durable. A la fin, c'est notre planète qui va gagner.

vendredi 12 avril 2013

Notre-Dame des Landes : le rapport qui tue le projet

Trois rapports ont été remis par des commissions différentes à propos de ce qui n'est toujours qu'un projet d'aéroport , il y a deux jours.

La presse s'est abondamment emparée du rapport de la commission de dialogue, dont l'objectif dès le départ était de faire "avaler la pilule", et qui n'avait absolument pas pour mission de se pencher sur le fond du dossier. De la poudre aux œufs, en quelque sorte. C'est exactement ce qu'en ont retiré les opposants au projets qui ont été entendus scrupuleusement par les commissaires (même si leurs arguments ne figurent pas dans le document final pour l'essentiel).  En effet la commission a entendu aussi bien une délégation du comité des pilotes qui pratiquent régulièrement l'aéroport Nantes Atlantique, que quelques-uns des élus du Cédpa, le comité des Élus Doutant de la Pertinence de l'Aéroport (1200 membres). L'ACIPA, la grande association qui a maintenant plus de deux cents comités de défense locaux dans toute la France, a refusé de siéger aussi longtemps que les forces "de l'Ordre" restaient présentes et assuraient une sorte de blocus de la zone.

S'était également prononcée une commission agricole, qui a apporté des remarques concernant l'impact de la construction d'un aéroport dans une zone bocagère où ne peut se développer qu'un élevage traditionnel, en raison de son évidente humidité. Elle recommande d'ailleurs de reconstituer des fermes là où le conseil général avait acheté des terres, qui aujourd'hui ne sont plus en friches grâce aux efforts bénévoles des fermiers locaux et des ZADistes, et ce même si techniquement ces remises en valeur sont "illégales".

Enfin a eu à se prononcer une commission scientifique, qui devait apporter des éclaircissements sur l'impact d'un tel projet sur le bilan hydrologique de la région. Son bilan a été particulièrement sévère, puisque les douze points qu'elle a soulevés sont négatifs. Nul doute que les grandes chaînes de télévision n'y accorderont pas un regard. Ci-dessous, le résumé du rapport.


C'est assez parlant. Sur de telles bases, dans les faits un tel projet n'est pas viable, même si on passe sur les nombreuses irrégularités qui avaient été pointées du doigt par l'ACIPA dès le départ, à propos des coûts minimisés au moment de l'enquête d'utilité publique (quitte à en oublier certains), et des bénéfices espérés de l'opération, artificiellement gonflés largement afin de donner l'entreprise pour bénéficiaire (selon des habitués de ces structures, on parle d'un facteur 3, ce qui est énorme).

Le désormais locataire de Matignon doit se faire du souci pour son "bébé", qu'il continue à soutenir passionnément.

vendredi 1 mars 2013

ZAD : la ferme de Bellevue risque la destruction à tout moment !

Hier 28 février, nous avons appris la triste et révoltante nouvelle.

La ferme de Bellevue, sur la ZAD, avait été immédiatement réoccupée dès le départ prévu des locataires des lieux, par des volontaires qui ont immédiatement commencé à la rénover, à la rendre à la fois habitable à nouveau, et opérationnelle en tant que ferme.

Des volontaires y avaient amené bénévolement qui des volailles, qui un cochon, qui des vaches pour pâturer sur la grande superficie concernée. D'autres avaient remeublé les bâtiments, réparé des murs abîmés, redonné à cette belle construction ancienne sa fierté.

De nombreux tracteurs y ont pris position, pour défendre ce lieu de vie contre la rapacité de certains promoteurs. Les volontaires se relaient nuit et jour pour compléter le dispositif. 

Or donc, hier le verdict est tombé. La ferme est expulsable à la demande (pressante, on l'imagine) du casseur-couleur de béton dès la signification du commandement. L’agriculteur occupant doit verser une astreinte de 50€ par jour, de même pour les 10 comparants volontaires, et une amende de 1000€ de frais de justice est exigée. La firme internationale s'imagine donc toujours que cet aéroport pourrait se faire, alors que les instances de Bruxelles viennent de poser de redoutables questions au gouvernement français concernant les lois sur l'eau, sur l'environnement, etc.... questions dont on se demande comment les réponses pourraient être satisfaisantes compte tenu de l'état des lieux.

Cela a déjà été énoncé. La législation européenne exige que si des zones humides doivent être supprimées, le double de ces surfaces doit être aménagé en compensation. Vu la grandeur de cette zone humide (la totalité du périmètre prévu pour l'aéroport), il est tout simplement impossible de satisfaire à cette exigence. L'opérateur bétonnier s'avance donc beaucoup, en voulant déjà s'accaparer la zone, d'autant que de nombreux autres recours sont toujours à l'étude.


En raison de la grande légitimité de la résistance, celle-ci s'organise déjà afin de sauver un élément important du tissu agricole local et régional. Cette résistance demande des volontaires, des volontaires, des volontaires ! Il est temps de dresser barrage aux velléités financières d'une entreprise de démolition, de pollution, de saccage, et d'affirmer haut et fort à des "autorités" "élues" ou pas qu'elles vont trop loin, et que le peuple réprouve leurs agissements.

C'est d'autant plus important que, si ces travaux se faisaient, la non rentabilité déjà démontrée de ceux-ci ferait retomber sur les contribuables régionaux le colossal surcoût annoncé. Si certains acceptent que de tels travaux inutiles se mettent en chantier (rappelons que ce chantier n'est pas commencé), grand bien leur fasse. Qu'ils pensent aux autres, au moins.

Tous à la rescousse de la ferme de Bellevue !

samedi 5 janvier 2013

Lettre ouverte d’un pilote de ligne à François HOLLANDE (ZAD)

Nantes Atlantique © V Joncheray
Ce n'est pas moi qui le dis..... Les pilotes de ligne qui pratiquent Nantes-Atlantique, et certains ont "de la bouteille" dans ce service, sont convaincus de l'aberration que constituerait le transfert dans le bourbier de Notre-Dame des Landes d'un aéroport parmi les plus fiables de France et même d'Europe (voir la distinction qu'il a obtenu l'an dernier). J'ai même discuté avec l'un d'eux, à l'occasion d'une manifestation d'opposition parfaitement légitime et extrêmement argumentée.

Ce n'est pas le cas du discours "officiel", qui balaie d'un revers de main les raisons les plus solides des contestataires, sans pour autant annoncer de vrais arguments probants visant à ce transfert. Quant au survol de la ville... ce sont les pilotes eux-mêmes qui dénoncent les itinéraires que les aiguilleurs leur font prendre, sans justification de météo particulière. Gageons que ces aiguilleurs eux-mêmes ont des ordres ! Mais même cet argument "visible" ne tient pas, puisque la plupart des villes, y compris françaises, ont ces sortes de servitudes. Est-il prévu pour autant de déplacer Orly ou Blagnac ?

Il faut bien dire que l'argument le plus fort pour continuer à vouloir envoyer les avions en plein bocage, ce sont les engagements inconsidérés pris par "les autorités" envers le bétonneur mondial en cas de dédit. Outre que ce genre d'accord peut être cassé par jugement, ce n'est pas aux loyaux contribuables d'assumer les impérities de décideurs englués dans les lobbyismes.  Restent des orgueils mal placés, parfois, qui peuvent par "bravade" engager des élus locaux dans des décisions que peut-être dans le secret de leur douche ils regretteront amèrement.

Voici donc, grâce à la ZAD, la lettre ouverte d'un pilote de ligne habitué à Nantes-Atlantique, à François Hollande, président de la république en exercice.


Lettre ouverte d’un pilote de ligne à François HOLLANDE

vendredi 4 janvier 2013, par zadist

Lettre ouverte à François HOLLANDE
 Haute Goulaine, le 3 janvier 2013

Monsieur le Président,


Si je n’ai pas ordinairement vocation à m’inscrire dans une logique contestataire, et encore moins rétrograde, je souhaiterais vous faire part de mon étonnement lorsque nous parlons du transfert de l’aéroport Nantais qui fonctionne parfaitement vers une future structure à Notre-Dame-des-Landes, ce dans le périmètre de mes compétences, fort de mon expertise technique d’officier de Pilote de Ligne exerçant à ce jour depuis près de 25 ans à transporter des passagers, dont 10 années de Commandant de bord avec 18000 heures de vol, pour le compte de notre Compagnie Nationale.

Ce projet est loin de garantir un niveau opérationnel compte tenu de son architecture future déjà dépassée, à la viabilité relevant d’hypothèses hautes sans prise en compte de la technicité et de la fragilité du modèle économique et industriel lié à la spécificité du Transport Aérien, qu’aucun organisme aussi sérieux que l’Organisation de l’Aviation Civile Internationale ou l’Agence Internationale du Transport Aérien n’aurait osé imaginer. Cependant, l’enquête conduisant à la déclaration d’utilité publique de février 2008 l’a validé.
L’aéroport de Nantes-Atlantique répond à la totalité des critères les plus stricts imposés à notre secteur d’activité. Sa croissance est certes constante, forte de ses 3,2 millions de passagers. Mais c’est en termes de mouvements d’avions que se calcule et s’anticipe avant tout le dynamisme d’une telle plateforme. A Nantes il y a une quasi stabilité avec environ 50000 mouvements de vols commerciaux par an. L’augmentation du nombre de passagers revient à une meilleure performance grâce à l’optimisation du remplissage de chaque vol où les compagnies aériennes assurent au jour le jour l’activité aéroportuaire avec un emport moyen ici de 75 passagers (moyenne nationale 90).

Pour cette activité, il faut faire un distinguo entre les lignes régulières qui ont une croissance conforme aux performances des autres aéroports régionaux similaires de France ou des pays voisins, et les vols charters ou lowcost, uniquement liés à la saisonnalité de cette activité, qui ’’tirent’’ vers le haut l’activité de Nantes Atlantique, saisonnalité significative seulement 6 mois par an !

Par ailleurs, la sécurité de Nantes Atlantique correspond aux performances détaillées par des normes les plus strictes rédigées par l’Organisation de l’Aviation Civile Internationale avec ses 191 états membres et 1200 compagnies aériennes. Celles-ci, reprises en France par le Ministère des Transports et la Direction Générale de l’Aviation Civile, ont classé Nantes Atlantique en catégorie A, c’est-à-dire sans aucune particularité référencée de type environnemental, contrainte de survol en tous genres, obstacles, espaces à particularités type industriel, militaire ou zones à sensibilités remarquables.

Voici de quoi faire taire définitivement les détracteurs de l’Aéroport actuel arguant maladroitement, espérons vraisemblablement par méconnaissance, d’une nécessité absolue de transfert.

Son hypothétique saturation peut être anticipée à tout instant compte tenu de la surface aéroportuaire actuellement disponible avec de multiples extensions imaginables comme cela se fait partout en Europe mais aussi en France lorsque l’on constate une croissance significative en cours ou à venir. C’est ce qui se produit sur bon nombre d’aéroports nationaux et internationaux avec des extensions des aérogares et/ou des parkings avions. Localement citons Bordeaux, Marseille, Nice, Lyon, etc... La liste n’est pas exhaustive.

Sa dangerosité un moment soulignée relève surtout de l’agitation médiatique alors qu’aucun constat sérieux ne l’a un instant indiquée au regard de l’ensemble des références aéronautiques sur cette question sensible. Localement, les organismes de surveillance et de suivi sont adroits et efficaces, l’Autorité de Contrôle des Nuisances Aéroportuaires parfaitement opérationnelle à ce jour. De nouvelles techniques de survol ont été ébauchées par des ingénieurs de l’Aviation Civile, démontrant que nous pouvons envisager à moindre coût des améliorations significatives dès lors que nous aurons surpassé le ’’syndrome Notre-Dame-des-Landes ’’ celui qui semble actuellement nous dicter de ne rien faire à Nantes Atlantique puisque Notre-Dame-des-Landes pourrait être réalisé dans les années à venir...

Si dangerosité potentielle il y avait, que faire du principe de précaution que l’on sait applicable à tout instant, et suspendre sine die l’activité de notre aéroport actuel ?
Sur l’aspect logistique, faut-il le rappeler, l’aéroport de Nantes Atlantique possède ce dont bon nombre n’ont pas la chance d’être dotés à savoir des servitudes type ligne de tramway à proximité immédiate, voies ferrées jouxtant les aérogares actuelles, réseaux routiers performants ouverts vers l’océan proche ainsi que vers les axes routiers en direction de Paris, Bordeaux, la Bretagne immédiate, la Normandie toute proche. Ici satisfecit total concernant le Schéma de Cohérence Territorial local ! Nous ne sommes pas enclavés !
L’aéroport de Nantes Atlantique, classé depuis de très nombreuse années au 10ème rang des aéroports Français, c’est-à- dire dans le ventre mou de ces aéroports de province, a et aura une vocation avant tout régionale tant aux niveaux Français qu’Européen. Les compagnies aériennes régionales ont remis le trophée ERA Award 2011-2012 du meilleur aéroport européen à l’équipement pour Nantes-Atlantique.

Le réseau de lignes aériennes est dicté par la demande. Ce sont les compagnies aériennes qui nous l’indiquent et décident de venir se poser à Nantes à la seule condition que cette clientèle passager soit au rendez-vous. Les capitales économiques à desservir sont limitées par cette demande et seule l’offre des vols vacances fluctue en fonction des choix économiques rentables et rémunérateurs pour les opérateurs de l’aérien. Un aéroport ne dicte pas l’offre, c’est le marché qui l’oriente, offre construite à partir de situations d’origines structurelles ou conjoncturelles. Ce sont l’Observatoire des politiques et stratégies des transports en Europe ainsi que le Comité National des transports qui nous chiffrent cet état ainsi que les éventuelles perspectives de croissance reprises par les services de notre Aviation civile, ici en France ! Un aéroport répond toujours à un besoin mais ne génère pas ce besoin.

Quid alors de cette fameuse croissance pour Notre-Dame-des-Landes à 9 millions de passagers en 2065 et quelles perspectives à moyen ou long terme ?

L’ensemble des experts indiquent qu’il y aura croissance, mais résolument limitée à la Chine, à l’Inde et au Moyen Orient, régions formidablement émergentes. Peu ou pas sur le continent nord Américain et encore moins en Europe. En cause, la relation directe entre économie du transport aérien et PIB de nos états/région (diagnostic sinon repris par la DGAC). L’IATA annonce que sans croissance durable et supérieure à 2%, la ressource financière pourrait être exsangue. Les coûts carburant impactés par le prix du pétrole et les quotas de CO2 pour l’aérien intégrés aux accords de Kyoto feront du dynamisme économique et industriel un eldorado ou un... fiasco. A l’heure actuelle, toutes les compagnies aériennes mettent en place des plans d’adaptation avec réduction de leurs effectifs et leurs moyens matériels, en les minorants par exemple pour Air France -12%, pour Lufthansa -17%, Air Portugal -20%, British Airways et Ibéride – 25%, Alitatlia -28%, Scandinavian -44%, Ryannair immobilisant plus d’un quart de ses avions au sol...

Enfin, ces mêmes compagnies, traditionnelles ou émergentes, se rassemblent, créent des synergies en fusionnant et se centralisent sur des plateformes uniques, le cas est valable dans toutes les capitales européennes et au delà.

Dès lors, la mise en perspective de projet d’Aéroport du Grand Ouest avec une nouvelle plateforme dotée de 2 pistes, qui plus est non parallèles, étonne. Pourquoi 2 pistes ? 

Pourquoi la plus grande des deux, avec ses 2900m de long par 45m de large, limitatifs au regard des dimensions et des performances pures des avions gros porteurs n’est-elle pas plus grande que celle existant déjà à Nantes-Atlantique, pistes qui plus est non dotées de taxiways parallèles alors qu’aucun autre aéroport de cette catégorie n’a été créé en Europe avec une telle configuration depuis... Orly en 1973 ? Ces premières questions révèlent une méconnaissance significative du fonctionnement d’un aéroport ! Force est de constater qu’une seule piste astucieusement dotée de sorties rapides et d’une bande de roulement parallèle suffirait à absorber les flux espérés. La preuve n’est plus à faire qu’une aérogare correctement dimensionnée et optimisée peut traiter des dizaines de millions de passagers. Le nombre de futurs postes de stationnement avions à Notre-Dame-des-Landes est revu à la baisse vis à vis de l’existant à Nantes-Atlantique, les servitudes liées aux débarquements/ embarquements des passagers se paupérisent, les contraintes des roulages des aéronefs vont s’imposer malgré la spécialisation des pistes annoncées...

De plus, il n’y a aucune garantie sur l’emploi puisque selon la règle observée, en tout cas si l’on se conforme aux usages, cet aéroport drainera en moyenne tout au plus 700 emplois directs par million de passagers, classique en France comme en Europe pour un aéroport de province.

Enfin, nombre d’aéroports aux santés financières exécrables sont sous utilisés compte tenu de leur dimensionnement, je pense notamment au troisième aéroport parisien de VATRY avec 52000 passagers/an et une piste de 3850m ; que dire de Clermont Ferrand, Epinal, Metz-Nancy Lorraine, Tours, Poitiers, Bergerac, etc... La liste est malheureusement encore longue !

Si l’art de la politique est de prévoir pour gouverner, anticiper pour s’adapter, les approches intellectuelle, industrielle et pragmatique de ce projet d’aéroport devraient être de ces rendez vous à ne pas manquer. Quelle que soit l’attractivité en cours ou à venir pour nos belles régions de l’ouest, qui va parier sur des vols transcontinentaux entre Los-Angeles, Singapour, Sydney ou Dubaï vers Notre Dame des Landes ? Que va devenir le bassin industriel existant au Sud Loire avec l’unité de production d’Airbus si l’aéroport de Nantes-Atlantique, comme le prévoit la Déclaration d’Utilité Publique, est transféré vers le nord Loire ? Et si Nantes-Atlantique n’était plus déplacé ? Quelle place manque-t-il aujourd’hui à Nantes pour rester en connexion parfaite avec l’Europe immédiate ou le Monde tout proche ?

Rien n’indiquant que nos concitoyens et notre nation aient besoin d’une telle infrastructure, il est urgent de mettre en place les conditions raisonnables d’un moratoire pour revisiter les demandes et perspectives sérieuses du marché potentiel, les besoins et demandes des compagnies aériennes, ainsi qu’une cohérence industrielle, a fortiori économique et sociale.
Au regard des règles liées à l’aménagement du territoire, il n’a jamais été constaté qu’un aéroport allait générer une économie nouvelle, particulièrement lorsque l’outil correspondant existe déjà et reste sous utilisé, une efficacité améliorée et optimisée permettrait de ne pas grappiller, gaspiller de nouvelles ressources financières et foncières colossales dont on sait pertinemment que nous devons jour après jour en faire l’économie.

Dans les meilleurs délais, je vais m’impliquer en me rapprochant de la Commission de Dialogue mise en place à l’initiative de Monsieur le Premier Ministre, adossé au Collectif de pilotes de Ligne doutant de la pertinence du projet d’aéroport à Notre Dame des Landes, pour expliquer en détail les sérieux doutes de notre profession vis à vis de ces choix techniques et stratégiques particulièrement discutables.

Espérant ne pas avoir été trop long tout en restant suffisamment détaillé dans ces explications, je reste, Monsieur le Président, soyez en certain, à votre entière disposition, et je renouvelle la demande d’entretien que la coordination des opposants souhaite avoir avec vous depuis 4 mois.

Veuillez agréer, Monsieur le Président, l’expression de mon profond respect.

Thierry MASSON.

vendredi 14 décembre 2012

Notre-Dame des Landes ? Mais Fleury-Michon n'en veut pas !

C'est l'ancien patron de Fleury-Michon *, il en reste vice-président.  Yves Gonnord estime plus urgent « d’investir dans des équipements routiers et ferroviaires prioritaires, qui conditionneront le développement économique de la Région : Nouveaux ponts sur la Loire, 2e rocade autour de Nantes, réalisation de la LGV (Ligne à Grande Vitesse) qui mettrait Nantes à 1 h 30 de Paris ».

Le directeur général Régis Lebrun renchérit  « C’est un projet d’un autre temps selon des modèles de pensée aujourd’hui dépassés. En outre il est à mon sens négatif pour la Vendée […] Il la renvoie à l’extrémité de la région, particulièrement l’est et le sud. Il vaudrait mieux investir dans un réseau de trains à grande vitesse du type du Shinkansen au Japon à haute vitesse et haute fréquence, ce qui mettrait Nantes à moins de 2 h de Roissy et de toutes les destinations du monde »

Et selon Yves Gonnord, la plupart des chefs d'entreprises vendéens sont du même avis. On peut l'affirmer : cet aéroport nouveau, isolé dans son bocage au loin, sans chemin de fer  pour y accéder,  n'intéresse personne du monde économique local et régional. Ce n'est qu'un projet politique, et et bien sûr une manne assurée quoique modeste ( il faut souligner ce détail) pour le numéro un mondial du béton.

Oui, un projet politique, celui du tandem Ayrault-Auxiette . Ils y tiennent tant ? Qu'ils le paient eux-mêmes, y compris tous les aménagements secondaires que ce dossier entraînera.



* Fleury-Michon, société centenaire, est l'un des géants français de l'industrie alimentaire basée à Pouzauges et Chantonnay (Vendée)


Les citations des dirigeants de l'entreprise vendéenne on été recueillies par Ouest-France ce 14 décembre.

dimanche 9 décembre 2012

Notre-Dame des Landes : lettre ouverte au premier ministre, par l'association Humanité et Biodiversité

 Répercuté de grand cœur cette lettre ouverte.....



Paris, le 4 décembre 2012. L'association Humanité & Biodiversité, présidée par Hubert Reeves, demande solennellement au gouvernement de renoncer au projet d'aéroport de Notre Dame des Landes

Ce n'est pas par des mots ou l'affichage de bonnes intentions que l’intense érosion de la biodiversité en cours à l'échelle mondiale sera enrayée. Il faut des actions concrètes. Dans un pays fortement urbanisé et qui a connu une artificialisation massive du territoire depuis cinquante ans, ce qu'est l'action concrète ne souffre guère la discussion : il faut cesser l'artificialisation du territoire et préserver les habitats naturels qui subsistent, avec en vue, tout particulièrement, le maintien d'une trame de territoires nous garantissant la fourniture des services éco-systémiques dont nous avons besoin.

Lorsqu'il faut choisir entre l'intérêt vital des humains et une atteinte marginale à la nature, l'hésitation est permise et il revient aux pouvoirs publics de trancher. Mais quand sont en cause, d'un côté, un projet de grande ampleur dont les avantages par rapport à l'existant sont douteux ou limités, et l'atteinte à un espace d'intérêt écologique majeur, il faut désormais une réponse moderne, conforme aux engagements pris par les gouvernements successifs : non à l'artificialisation supplémentaire, oui au maintien des espaces naturels et de leur fonctionnalité. 

Le cas de Notre Dame des Landes est à cet égard exemplaire. L'aéroport envisagé n'est pas un projet vital ; ce n'est qu'une option alternative à l'utilisation optimisée des équipements existants. L'espace naturel autour de Notre Dame des Landes est, pour sa part, exceptionnel, comme en attestent plusieurs Zones Naturelles d’Intérêt Faunistique et Floristique. Il s'agit de la dernière zone de bocage traditionnel de la région nantaise, on y trouve un chevelu de ruisseaux et de mares clefs pour la qualité des eaux en plus d’abriter une faune et une flore rares et protégées.

Le projet n'est donc pas un aménagement parmi d'autres. Il constitue une atteinte définitive à un espace exceptionnel. De  plus, il serait naïf d'imaginer que l'atteinte se limitera à l'aéroport et à ses emprises. Les aéroports sont devenus le centre d'une urbanisation nouvelle et c'est une partie considérable de la campagne nord de la région nantaise qui, dans vingt ans, se sera ajoutée aux surfaces gigantesques que l'artificialisation a déjà englouties. Outre l'effet catastrophique sur la faune et la flore, mais aussi sur les terres agricoles, ce basculement de long terme implique encore plus de transports quotidiens, donc toujours plus d’émissions de CO2, dans une agglomération nantaise dont la taille aura explosé. A cette aune, les aspects prétendument "écologiques" du projet, comme le maintien d'une étroite zone verte entre l'aéroport et le reste de la commune, ne sont que de dérisoires tentatives pour cacher la réalité.

La question qui se pose aujourd'hui au gouvernement n'est pas de savoir s'il doit ou non ravager une campagne particulièrement préservée pour y installer un aéroport : il lui faut prendre une décision d'une bien plus grande importance, dont celle-ci n'est qu'un élément. Et cette décision est la suivante : est-il prêt à proposer ENFIN aux Français un nouveau modèle de développement économique qui arrête une bonne fois l'artificialisation du territoire français afin de préserver  les équilibres naturels ?  Une occasion unique lui est offerte de montrer la voie.

Le projet de Notre Dame des Landes relève d'une autre époque, beaucoup moins consciente des enjeux environnementaux ; ne le critiquons pas en tant que projet ancien qui avait sa logique.

Mais le XXIème siècle est déjà bien engagé : nous demandons de la façon la plus solennelle au gouvernement d'abandonner le projet d'aéroport et de le faire en indiquant qu'une nouvelle approche du développement économique s'ouvre à partir de ce jour, une approche conforme aux engagements politiques du gouvernement, à la Charte de l'environnement présente dans la Constitution, aux engagements internationaux de la France et à l'intérêt supérieur et de long terme de l'Humanité. 

Une décision que l'Histoire ne retiendra pas comme une défaite mais comme une naissance.

samedi 8 décembre 2012

Lettre à Jean-Marc Ayrault à propos de Notre-Dame des Landes

Monsieur Jean-Marc AYRAULT
Premier Ministre
57, rue de Varenne
75007 PARIS


Orvault, le 8 décembre 2012

OBJET : projet d'aéroport nouveau à Notre-Dame des Landes


Monsieur le Premier Ministre,

Sans doute les personnes sur le terrain, et au premier chef le Préfet de région, vous ont-elles averti de certaines évidences, qui peut-être pour vous ne l'étaient pas quand vous avez repris à votre compte ce vieux projet.

L'aéroport actuel de Bouguenais ne fermera pas complètement, en raison d'Airbus Industries. Pour le pérenniser, il suffit de changer la direction de la piste, et d'accroître le nombre de parkings avions. C'est incommensurablement moins cher qu'une nouvelle structure, surtout en pleine zone humide, et loin de Nantes. Peut-être cela contrecarrerait-il certains projets immobiliers... mais on n'est pas là pour favoriser des multinationales. Et en tout état de cause, Notre-Dame des Landes serait bien un aéroport nouveau.

Les défenseurs de la zone concernée, près de Notre-Dame des Landes, ne lâcheront pas. Même les gendarmes mobiles amenés à foison sur le site en sont conscients. C'est aussi vrai que pour la controversée ligne Très Haute Tension Manche-Mayenne, qui risque fort de ne servir à rien si, comme les choses tournent, l'EPR ne réussit pas à être mis en service, même au prix d'un triplement des coûts. Pourquoi donc persister à amener toujours plus de forces venant de toute la France, avec la logistique que cela représente, si c'est... pour rien ? Quelqu'un paiera la note, ce seront les contribuables. Ils s'en souviendront.
Cela aussi interpelle : une zone avait réussi à rester vierge de spéculations immobilières, ce qui la rendait d'autant plus attrayante en tant que source d'excellents produits laitiers et maraîchers, et renforçait son rôle bénéfique de création d'une nappe phréatique abondante et de qualité pour... les Nantais. Vous tenez donc tant à détruire ces richesses ?

Sans doute le savez-vous, mais ne voulez pas en tenir compte. L'aéroport actuel est suffisant, et sauf si soudain le nombre de personnes capables financièrement de prendre l'avion grandit de manière vraiment significative - en période de récession économique à long terme ce serait plus qu'étonnant - il restera plus que suffisant. Vous connaissez les aéroports d'Angoulême-Champniers, de Madrid-Ciudad Real... voudriez-vous ajouter votre projet à ces réalisations ? Ce ne serait pas très intéressant. Après tout, de la gare de Nantes à Roissy, il ne faut que trois heures sans changer de train. S'il faut une heure en voiture pour aller du même endroit à une place de parking payant du côté du lieudit actuel Les Domaines, puisque la liaison ferrée éventuelle n'est pas pour tout de suite, les voyageurs éventuels y regarderont à deux fois. De ce fait, les compagnies lowcost, bien que largement subventionnées grâce à nos impôts, hésiteront à s'y installer. Il y aura moins de vols qu'actuellement à Bouguenais.

Bien entendu, il faudrait pour avoir le droit d'installer cette nouvelle structure avoir réalisé préalablement les travaux liés aux contraintes de la loi sur l'eau, sans compter les autres recours actuellement en suspens. Bien des frais en perspective, en somme, et pas de certitudes concernant les résultats.

A la lueur de ces quelques arguments, vous conviendrez bien avec moi que ce projet est bien mal parti : il est encore temps de faire machine arrière ! Sans doute la multinationale demandera-t-elle une compensation, à une affaire qui jusqu'à présent ne lui a pas coûté bien cher, mais face à ce gouffre cela ne peut être que peu de chose.

En tant que citoyen concerné par tous les sujets politiques (les vrais, pas ceux de la politique politicienne), je vous réitère mon avertissement,

Et vous prie d'agréer, Monsieur le Premier Ministre, l'expression de ma considération distinguée.

jeudi 6 décembre 2012

Notre-Dame des Landes - les communiqués de soutien affluent, et pointent tous les G P I I


Le dernier communiqué, sur le site de la ZAD, est malheureusement tronqué. Il était bon, malgré tout, de savoir que la lutte continue  et que des élus souvent  "par défaut" se prévalent de cette "reconnaissance démocratique" pour faire n'importe quoi de leur mandat. La chose est d'autant plus insupportable, qu'ils n'hésitent pas à s'appuyer sur la violence pour imposer LEURS vues. C'est vrai à Notre-Dame des Landes, c'est vrai pour le TAV et son grandiose franchissement des Alpes, c'est vrai pour une ligne THT Manche-Mayenne qui peut très bien devenir inutile si l'EPR de Flamanville (50) ne réussit pas à fonctionner - et de toute façon s'il fonctionne, ce sera pour un surcoût tellement important qu'il en deviendra ridicule. C'est aussi vrai pour de nombreuses LGV n'intéressant que quelques privilégiés. C'est vrai pour des autoroutes privatisées et devenues hors de prix pour l'usager lambda. Et c'est encore plus vrai pour un projet Iter international certes, mais où la part française, y compris les à-côtés plus ou moins invisibles, sera déjà colossale : et pour un résultat probablement positif, dans le meilleur des cas, dans plus de cinquante ans (le pire des cas, c'est tout simplement l'échec à le mettre en œuvre en pratique).

Constat général pour tous ces Grands Projets Inutiles Imposés : la collectivité assume un coût démentiel, il n'y a aucune concertation avec les citoyens (même si la propagande assure le contraire), si ceux-ci protestent c'est la violence qui leur répond, et cerise sur le gâteau ces projets sont inutiles. Mais les multinationales retirent confortablement leur épingle du jeu.


Communiqués de soutien

lundi 5 novembre 2012, par zadist

Voir aussi les messages de solidarité reçus et les actions partout ailleurs.
Communistes Libertaires Autonomes / réseau international.

Que la ZAD soit leur vietnam ! * Solidarité et détermination ! * Après plusieurs semaines de résistance, l’imminence d’une nouvelle offensive policière de grande envergure se précise contre la ZAD. Nous ne reculerons pas, nous ne lâcherons rien. Car la meilleure défense est l’attaque, nous appelons tous ceux qui le peuvent à venir renforcer les positions défensives sur le terrain même de la ZAD, à intensifier partout où cela est possible les actions de solidarité avec les combattants zadistes. Par la propagande de division, par l’infiltration de flics, par le mensonge de la négociation, par la terreur de l’occupation policière, par les actions de choc d’incendie de cabanes, par la calomnie, par la nomination de responsables, l’Etat a tenté d’anéantir la ZAD. En vain. Plus que jamais, il s’agit de renforcer solidarité et détermination dans le combat frontal contre la machine étatique et ses forces policières : que la ZAD soit leur Vietnam, qu’ils s’y embourbent et reculent. Ils ne peuvent se permettre une défaite à Notre-Dame-des-Landes, et nous ne pouvons nous permettre de laisser nos environnements et lieux de vie détruire par les lois du profit : ici comme ailleurs contre le chaos capitaliste, ici comme ailleurs nos lieux de vie nous appartiennent. Autodéfense contre la machine de guerre étatique. Autonomie totale et locale de nos conditions d’existence. DE NO-TAV A CHIOMONTE, A LA ZAD DE NOTRE-DAME-DES-LANDES :  ! A SARA DURA !

Le Collectif Nantais Contre l’Aéroport (CNCA) appelle à une manifestation contre l’aéroport et son monde dans le cadre de la journée internationale contre les projets nuisibles le 08 Décemble 2012 à Nantes. Rendez-vous à 15H Place Bretagne.

Ils promettent de négocier, exigeons l’arrêt immédiat !

Impossible ces derniers temps de vivre dans l’agglomération nantaise sans savoir que le projet d’aéroport de Notre Dame des Landes est de plus en plus contesté. Les arguments ne manquent pas ; de l’écologie au prix, de l’agriculture au développement insensé des villes etc. Cet aéroport devrait engloutir 500 millions d’euros à lui seul (dont moitié de l’état et des collectivités territoriales) auxquelles il faut rajouter le prix de toutes les infrastructures directes et indirectes (desserte routière, 2X3 voies Nantes/St Nazaire, nouveau périf, tram-train etc).

On veut nous faire croire que les investissements seraient raisonnables et maîtrisés. Tout cela alors que l’état est à la recherche d’argent, que les collectivités territoriales et surtout ses habitantEs se serrent la ceinture, que l’industrie subie plan social sur plan social. Un partenariat publique privé de 55 ans est signé avec Vinci. Celui-ci exige 12% de rentabilité qui seront payés par les collectivités locales si l’aéroport ne les génère pas. c’est pourquoi nous appelons à une manifestation le samedi 8 decembre à 15H place bretagne à nantes
— - Le CNCA est un collectif Nantais présent sur la lutte de l’aéroport depuis maintenant plusieurs années. Nous nous sommes rencontréEs autour de la lutte contre le projet d’aéroport. Nous souhaitions porter cette lutte au cœur de la métropole Nantaise. Lors de nos discussions, nous nous somme rendu compte que la question de l’aéroport n’était qu’un maillon de projets bien plus larges. Ils touchent tous les territoires et leurs habitants entre Nantes et St Nazaire. Depuis le mois de juin nous avons dessider d’organiser de manifestation mensuelle contre l’aeroport et la metropole nantes/saint-nazaire tous les dernier samedi du mois. Cette manifestation du 8 decembre sera notre 6eme manifestations.

Le congrès du syndicat SUD PTT 44/85,
réuni à Nantes les 3 et 4 décembre2012, salue la résistance opiniâtre des opposants-e-s au projet de construction d’un nouvel aéroport à Notre Dame des Landes. Parce que l’actuel aéroport de Nantes Atlantique répond pleinement aux besoins actuels et futurs en matière de transport aérien, la construction d’un nouvel aéroport à Notre Dame des landes aboutirait à la destruction de 1 600 hectares de terres agricoles et de bocage pour le seul profit du groupe Vinci - et de ses actionnaires - à qui l’Etat a honteusement confié la gestion de l’aéroport de Nantes pour plus d’un demi-siècle. Ecologiquement absurde, la construction de ce nouvel aéroport serait aussi un non sens économique et social. C’est pour cela qu’avec l’Union syndicale Solidaires 44, SUD PTT 44/85 est partie prenante de la coordination des opposant-e-s à Notre Dame des Landes. Le congrès SUD PTT 44/85 invite et appelle ses adhérent-e-s et les salarié-e-s de ses secteurs, activités postales et télécommunications, à participer nombreux aux mobilisations unitaires d’une résistance qui est devenue le symbole d’une nouvelle vision d’avenir, répondant aux préoccupations sociales et environnementales, pour un monde tourné vers les besoins des populations et non vers ceux des actionnaires.

Communiqué de la Fédération Anarchiste : Á Notre-Dame-Des-Landes, la lutte continue
Dans le bocage de Notre-Dame-Des-Landes, les occupants et occupantes de la ZAD (Zone à défendre), depuis presque 5 ans pour certains, avaient déjà donné un visage particulier à la lutte contre le projet d’aéroport et contre le monde qu’il représente. Au-delà des analyses sur les répercussions écologiques et les dommages sociaux du projet, au delà de la contestation d’une forme d’aménagement du territoire et d’une manière de décider (l’autoritarisme déguisé en une pseudo démocratie), c’est une leçon du vivre ensemble qui se construit sur ces terres. Là, a été adoptée uneforme de vie autogestionnaire. Elle est basée sur des assemblées générales souveraines, et donc, la prise de décision est collective pour tous les aspects de la lutte comme pour la gestion du quotidien (production et partage de nourriture, habitat, moyens de transport, culture...).

Cet îlot de résistances et de vie autrement a été considéré par le Pouvoir (politique et économique) comme une alternative potentiellement subversive, à plus large échelle, un « kyste », pour le Ministre de l’Intérieur. C’est ce qui explique le déploiement hallucinant de forces de l’ordre pour qui tout doit disparaître et le plus vite possible. Elles n’ont pas rechigné à la violence et n’ont pas hésité à détruire des lieux de vie ainsi que des biens (vélos, lits...) des habitants.

Les Zadistes (terme générique recouvrant de multiples individualités aux visions diverses) ont su tisser des liens avec leurs voisins et construire un réseau de personnes concernées alentour. Aussi, dès que la répression a commencé, la résistance s’est organisée et a bénéficié de soutiens de plus en plus larges. La détermination des Zadistes face aux forces de l’ordre et le modèle alternatif qu’ils montrent ont séduit, bien au-delà des clivages politiques actuels.

Malgré certaines manœuvres, les partis politiques n’ont pas de prise sur ces personnes et ils n’apparaissent qu’en renfort. Le gouvernement tente toujours - en vain - de séparer les bons opposants des méchants « anarcho autonomes », « spécialistes de la guérilla urbaine »... Alors que, de fait, l’ensemble des contestataires fait front commun.

Le succès de la manifestation du 17 novembre en témoigne. Au-delà du nombre (plus de 40 000 manifestants), c’est la créativité de l’événement qui a marqué : nombreux panneaux de personnages aux messages poético-politiques, innombrables chansons et slogans conçus pour l’occasion. Surtout, il y a eut la construction collective, en autogestion, des maisons et abris en bois et pailles.

Le fonctionnement autogestionnaire mis en place par les Zadistes bouleverse la donne politique. Nous rencontrons de plus en plus de personnes, initialement méfiantes quant aux capacités autogestionnaires des humains, qui reconsidèrent leur point de vue. Elles s’enthousiasment même pour cette forme de vie collective, respectueuse de l’individualité, dans laquelle chacun participe selon ses moyens et envies.

De fait, les collectifs de soutien se sont multipliés dans toute la France, et même au-delà, chacun prenant des initiatives autonomes, sans attendre les consignes d’un centre quelconque. La ZAD, par son mode d’existence et sa résistance, a transfiguré les conditions de la lutte. Ceux qui se battaient isolés dans leur coin voient affluer, de partout, de nombreux soutiens.

Même au-delà des soutiens actifs, une bonne partie de la population qui ne suit que de loin ce qui se passe, sympathise avec cette lutte. En effet, la destruction de terres agricoles, de bocage    [..............]

Documents joints

mercredi 5 décembre 2012

Florange et Notre-Dame des Landes : c'est la même lutte

Penchons-nous sur une certaine convergence. Celle entre Florange et Notre-Dame des Landes. Ah non, cela ne vous interpelle pas ?

D'un côté, une multinationale et son emblématique patron joue avec un outil industriel, joue avec les acteurs de terrain qui font vivre cet outil : pour lui, son seul critère est le profit, et un profit à court terme. Peu lui importe que cet outil soit essentiel, qu'il soit performant, que sa production soit excellente.

De l'autre, une multinationale a investi un outil agricole, simplement pour le détruire et le remplacer par une simple plate-forme, d'où peut-être décolleraient des vecteurs de déplacement pour riches. Peu lui importent les humains qui sont impliqués dans le modèle actuel, peu lui importent leurs productions, peu lui importe que leur besogne contribue à l'équilibre écologique de la région. Cette multinationale a l'intention de faire du profit, beaucoup de profit, le reste n'est que détails sans importance.

D'un côté, les hommes (au sens générique) qui accomplissent les tâches permettant à l'outil de fonctionner pour le bien de tous sont révoltés de voir cette belle machine bloquée par le caprice d'un milliardaire lointain.

De l'autre, des gens de terrain, acteurs depuis longtemps, mais aussi des occupants plus récents, sont révoltés de voir leur belle terre souillée par une lointaine machine à broyer.

Dans les deux cas, c'est le profit d'anonymes qui prime sur la vie, sur la fraternité. Une totale aberration.

Dans les deux cas, c'est un État au plus haut niveau complètement hors de son rôle qui permet ces aberrations. C'est lui qui a orienté le choix non vers une solution plus conviviale, avec Severstal, mais vers l'offre hostile du roi de l'acier indien. C'est lui qui a poussé à la construction d'un aéroport alors que le dossier était presque oublié. Dans les deux cas c'est directement le plus haut niveau, le duo président-premier ministre, qui supervise directement les dossiers.

On notera que, à chaque fois, les arguments des opposants, fussent-ils ministres, ne comptent pas. L'impression est d'un rouleau compresseur associant des financiers avec des politiciens. La violence n'est pas exclue envers les défenseurs, et ce quoi qu'il en coûte.

Face à ces cas si semblables dans leurs effets ( la déstabilisation de toute une région), la seule solution serait sans doute une reprise en main par les simples citoyens de leur destinée, en boutant politiciens et multinationales malgré leur possession de la force, faute de droit légitime.

lundi 3 décembre 2012

Notre-Dame des Landes : Vers l'assaut final de l'ex-maire de Nantes ?

Le préfet, ou son supérieur de la place Bauveau, ou son supérieur de la rue de Rivoli, n'a pas l'air beau joueur. Il cherche l'épreuve de force contre des ZADistes désarmés, mais déterminés et de plus en plus nombreux. Aurait-il peur de perdre ?

En tout cas, voici ce qu'annonce (extrait) le journal 7Seizh


Les rumeurs vont bon train autour de Notre-Dame-des-Landes depuis deux jours. En effet, vendredi 30 novembre le préfet a pris un « arrêté portant interdiction temporaire de transport de carburant » sur le territoire de Notre-Dame-des-Landes et de Vigneux-de-Bretagne. A cela sont venues s’ajouter les rumeurs de familles de gendarmes annonçant qu’une opération d’assaut sur la zone squattée était envisagée après le 5, et il n’en faut pas plus pour mieux comprendre une interdiction unique du 3 au 10 décembre. (voir le document). Un second arrêté portant interdiction temporaire de transport d’explosifs, produits inflammables, feux d’artifice a été pris le même jour (voir le document)

Après une semaine d’effets d’annonces de la part du premier ministre Ayrault, la discussion ne prend pas le même sens partout.



Tout de suite, une remarque. Si les forces de la Force attaquent avec des explosifs, qu'elles auront amenées au préalable, elles seront en contravention avec cet arrêté. Les citoyens auront donc tout loisir pour les arrêter, et les juger au tribunal du Peuple.

Autre remarque. Muré dans sa tour d'ivoire, le (premier ministre) n'a pas encore compris que ses caprices, çà commence à bien faire. Tout le territoire français, et cela déborde au-delà des frontières, est convaincu que ce Grand Projet Inutile Imposé, mais aussi d'autres du même genre, sont complètement irréalistes en période de grave récession économique.

Dans quelle langue faut-il le dire ? Des médecins, des enseignants, des infirmier(e)s, des postiers, mais pas des avions. Et pas des pouvoirs publics réduits à employer la force pour imposer la volonté d'intérêts privés.


mardi 27 novembre 2012

Notre-Dame-des-Landes: "impensable" qu'EELV "s'associe à des anarcho-autonomes" (AFP)

AFP le 27-11-2012 à 15h55 - Mis à jour à 16h05

PARIS (AFP) - Jean-Marc Ayrault met en garde dans Le Point à paraître jeudi ses alliés écologistes, tentés selon lui de "s'associer" contre le projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes à "des anarcho-autonomes qui font de la casse à chaque sommet international".

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 "On ne va tout de même pas tomber dans la décroissance!", s'emporte-t-il.



Et les multinationales, elles ne font pas de la casse ? Et à une tout autre échelle ? Il suffit de voir les catastrophes causées par les grandes boîtes du pétrole, sciemment comme pour le gaz de schiste (voir au Canada, en Alaska et en Pennsylvanie), ou par imprudence délibérée comme ce qui est arrivé à l'une d'elles récemment dans le golfe du Mexique. Il suffit de voir l'impact sur l'Amazonie des déboisements démentiels, de l'orpaillage, sans que le gouvernement concerné ne réagisse vraiment. Le bétonnage à haute dose aussi comporte de vrais risques environnementaux. Pour rappel, actuellement tous les dix ans la France perd l'équivalent de la superficie d'un département en terre cultivables remplacées par des routes, des aéroports, des constructions habitables ou industrielles.  Un tel rythme ne saurait durer longtemps.

La décroissance ?  Il va bien falloir y arriver. Cela ne signifie pas le retour à l'araire et la chandelle, mais un bien plus grand respect de cette Terre que nos enfants nous prêtent en attendant d'en bénéficier à leur tour.

Alors quand, face à des voix de plus en plus unanimes contre son projet d'aéroport inutile, l'ancien maire de Nantes laisse éclater sa colère, il n'est pas certain qu'il soit bien dans son rôle de gardien de l'avenir de tous. Peut-être un roi du béton le tient-il en otage. Dans ce cas, la meilleure façon pour lui de regagner l'estime de ses compatriotes serait sans doute de démissionner. Mais peut-être pour lui est-il déjà trop tard.

En revanche, pour l'aéroport, il n'est pas trop tard pour tout arrêter, puisque les travaux sur le terrain ne sont pas commencés, et ne sont pas près de l'être.




Erotlantique (en hommage à Gilles Servat)

E R O T L A N T I Q U E
(sur l'air de "Les Prolétaires", de Gilles Servat)

Dans le ciel passent d'un air fier
Des avions venant de Londres
Le Caire ou Nice, ou Toulouse,
Ou des coins qui donnent le blues.
Y prennent place pêle-mêle
Businessmen ou fidèles
Des politiciens qui montent
Ou de ceux qui fuient, de honte.

Où loger tous ces avions ?
Les terrains sont chers !
Il faut bien qu'ils atterrissent
Se soulager des passagers
Et larguer ces gens pressés
Loin des villes, ou même à pied,
C'est pourquoi Nantes-Atlantique
Était vraiment trop pratique .

Associés, Ayrault, Vinci
Ont trouvé la solution.
Un bocage d'eau farci
Loin de la ville en question.
Les Nantais n'auront plus de lait,
Il faudra qu'ils prennent l'avion
Pour en trouver des godets
Ou se passer de potion.

Mais du lait au goût d'pétrole
C'est mauvais dans la casserole !
Rien ne vaut la vache laitière
Qui régale comme avant-hier.
En vélo on peut la voir faire
Par les sentiers de bonne terre.
C'est pourquoi Nantes-Atlantique
Était vraiment trop pratique.

Les camions ont tout cassé
Les pell'teuses ont tout tassé,
Les gars d'la maréchaussée
Ont protégé les stipendiés
Qui démolissaient la vie
Des pauvres gens tout marris
Dont les ancêtres avaient fait
D'une lande un vert palais.

Fini, l'herbe, c'est béton !
Même en vert, c'est pas coton.
Et les riches en tire viendront
Décoller du sol breton.
Le saccage aura coûté
L'exil de tous les fermiers :
C'est pourquoi Nantes-Atlantique
Était vraiment trop pratique.

C'est Vinci qui s'ra content :
Il aura l'argent de tous ces gens
Qui paieront ainsi l'impôt
Aux sociétés amies d'Ayrault.
Il n'y aura plus d'avions,
On reviendra au charbon.
Mais cela ne change rien
Pour qui a tous les biens.

La finance aura gagné
Les contrats qu'elle a fixés.
Les tritons vont se marrer
Avec des mares bétonnées.
Quant à l'homme qui porta
Ce dossier à bout de bras,
En boutant Nantes Atlantique
Dans l'Histoire il sera Unique !

bab

lundi 26 novembre 2012

L'entêtement officiel contre les opposants à l'aéroport Notre-Dame des Landes


le monument, à gauche, et la préfecture au fond
Dimanche après-midi, les élus du CeDPA (Collectif des Élus Doutant de la Pertinence de l'Aéroport) , au vu de l'habituelle fin de non-recevoir du préfet, n'ont pas hésité à s'enchaîner aux grilles de la préfecture. Les sympathisants et militants ont été invités en urgence à venir les soutenir. Heureusement, le temps d'arriver près du monument aux martyrs de Chateaubriant, il n'y avait plus personne : le préfet avait enfin consenti à recevoir une délégation de cinq personnes.

Malheureusement, on voit bien que le préfet de région lui-même a reçu des instructions. En deux heures de palabres, il n'est rien sorti de positif. Refusant d'emblée de se positionner sur le fond, soit une vraie concertation dossiers et chiffres en mains sur la pertinence même du projet Notre-Dame des Landes, les autorités se contentent de conditionner le retrait des casseurs en bleu à "un retour au calme" des défenseurs du site : mais quand les hommes en bleus ne sont pas là, ils sont très calmes ! Elles et ils épluchent les patates, réparent cabanes, maisons, re-sèment ou replantent, soignent les blessés... Ce qui fait dire aux autorités "Il n'y a pas de blessés" : bien sûr, ils sont soignés sur place au lieu d'aller à l'hôpital.


Déjà grève de la faim en avril - Françoise Verchère au centre
Pourtant, les élus assurent qu'il ne peut y avoir un dialogue, aussi longtemps que les violentes attaques des hommes en bleu continuent. Et bien entendu, ce dialogue doit porter sur le fond, et la pertinence même d'un projet "hors sol", complètement irréaliste, inadéquat, surtout là où des "experts" ont voulu le positionner (une zone à 98% humide, chiffre bizarre mais qui tient compte du fait que les routes, elles, sont sèches pour l'essentiel).

aéroport Nantes Atlantique
Hier, au cours de ce rassemblement de soutien, j'ai eu l'occasion de discuter avec l'un des pilotes qui "pratiquent" Nantes Atlantique régulièrement : lui et ses collègues sont contre un projet qui n'apporterait rien, alors que la simple construction d'une piste orientée différemment sur le terrain actuel éliminerait la plupart des nuisances : quant au risque, il doit être faible pour que cet aéroport-là précisément vienne d'être hissé sur le podium. Pas de chance pour ceux qui voudraient le dénigrer !

Quant aux données sur ce qui s'est passé hier, je les ai eues pour l'essentiel en direct, l'homme avec qui je parlais sur le parvis ayant eu devant moi un coup de fil de Françoise Verchère qui lui confirmait les évènements survenus un peu plus tôt dans l'après-midi. Elle était à la tête de la délégation reçue par le préfet.

Il s'agit là non d'un litige localisé, porté par des paysans rétrogrades et des squatteurs illuminés, mais d'un vrai débat de société et de pari sur l'avenir. A l'heure où le pétrole est 4 fois (au moins) plus cher qu'à l'établissement du projet, où le nombre de mouvements à Nantes Atlantique plafonne désormais au tiers ou au quart de la capacité en décollages-atterrissages (seul critère valable), où les besoins en eau, en terres arables deviennent essentiels (l'équivalent d'un département français disparaît tous les dix ans de bonnes terres remplacées par des infrastructures diverses, maisons, routes, chemins de fer, etc), sacrifier pour rien au béton de Vinci vingt mille hectares dans la principale zone d'élevage laitier de Loire-Atlantique peut sembler un canular. Incidemment, cela mettrait sur la paille cinq cents personnes liées à cette filière de façon plus ou moins directe.

Est-il possible que des responsables nationaux fassent passer leur allégeance à des intérêts privés, en l'occurrence ceux de Vinci, avant l'indépendance alimentaire de notre pays ? Face à un tel blocage, à de telles aberration, il ne reste plus qu'à exiger leur démission. Incompétence, aveuglement, entêtement, aliénation à des groupes de pression financiers et industriels, ces responsables sont probablement soumis à plusieurs de ces facteurs, donc ne sont plus crédibles. Qu'ils partent tout de suite, et qu'un sang cette fois nouveau vienne les remplacer.

D é m i s s i o n !

dimanche 25 novembre 2012

Notre-Dame-des-Landes : un projet de 1967 pour répondre aux défis de notre temps (Pierre Deruelle)



Il le faut. Je répercute ici un bilan écrit par Pierre Deruelle, de tout l'historique de Notre-Dame des Landes. Édifiant. Tout est vrai, mais tout est ici rassemblé dans un seul texte.

Voici ce texte exemplaire, à faire passer partout tant il explique tous les enjeux.


Notre-Dame-des-Landes : un projet de 1967 pour répondre aux défis de notre temps

Notre-Dame-des-Landes : un projet de 1967 pour répondre aux défis de notre temps 

Bon, c’en est assez. Moi ça me fait peine. Beaucoup trop de contre-vérités sont énoncées quotidiennement sur l’affaire d’Aéroport Grand-Ouest, appelé vulgairement NDDL par les supporters de la bande de squatteurs basanés polygames crypto-anarchistes néo-staliniens qui ne se lavent même pas tous les jours. Il est peut-être temps de prendre UN PEU de hauteur, de dépassionner le débat, et de ramener UN PEU de sérieux sur ce sujet de haute voltige.

Un peu d’histoire(s)

 Le site de Notre-Dame-Des-Landes fut choisi en 1967 (selon les normes européennes environnementales et de préservation de la biodiversité qui devaient à l’époque déjà probablement être les mêmes qu’aujourd’hui) par le Service technique des bases aériennes, puis validé en 1970 par le Comité Interministériel d’Aménagement du Territoire pour remplacer le “déjà” actuel aéroport de “Nantes Atlantique” notamment pour y développer le fret, et aussi un peu pour pouvoir accueillir fièrement le tout nouveau Concorde. Mais si, vous savez, cet avion qui a eu un petit souci le 25 juillet 2000, tuant 113 personnes, et qui ressemblait à un burn-out de cigogne sous extasy avec une paire de Ray-Ban.

S’il semble aujourd’hui – mais je m’avance un peu peut-être – que le projet n’accueillera finalement pas le Concorde, dès mai 1967, les autochtones du crû les plus civilisés pouvaient déchiffrer dans la presse locale avec leurs quelques rudiments de langue française que “La métropole Nantes-Saint Nazaire pourrait devenir le Rotterdam aérien de l’Europe par la création d’un aéroport international de fret au nord de la Loire”. Les hommes politiques et leurs experts avaient parlé. Et tout le monde sait ça, ils tiennent toujours leurs promesses.

En 1971, une vague histoire de choc pétrolier mit semble-t-il un peu de sable d’embargo de pays arabes de l’OPEP dans le moteur du projet de nouvel Aéroport à Notre-Dame-Des-Landes. Enfin, comme ces problèmes de pétrole sont définitivement derrière nous, ne vous inquiétez pas, l’histoire peut reprendre son cours.
Après ces quelques années de trafic stagnant, dans les années 80 la CCI qui gérait Nantes Atlantique posa la question totalement saugrenue de construire une nouvelle piste perpendiculaire à l’existante, qui eu permis aux avions de ne plus survoler Nantes. C’était sans compter sur l’avis du Conseil général de l’époque qui considéra qu’importaient peu trajectoires rectilignes, sens des vents dominants, et beaucoup moins de nuisances sonores sur la population : “Faisons au plus simple, de toutes façons, après, il y aura Notre Dame des Landes”.

La solution retenue par les experts fut donc de prolonger la piste existante, très mal orientée selon les pilotes et par voie de conséquence selon les riverains qui ne comprennent décidément rien aux expertises des experts agrées par des hommes politiques experts dans l’art d’agréer les experts des expertises.

Les mêmes experts de prévisions de trafic de l’époque annonçaient donc entre 5 et 9 millions de passagers pour l’an 2000, et comme vous l’avez compris puisqu’ils ne se trompent jamais, l’aéroport de Nantes Atlantique en accueille aujourd’hui 3,2 millions par an.
Heureusement, en 2000, sous le gouvernement Jospin, parce qu’on peut être de gauche et moderne, le projet ressortit enfin des cartons.
Mieux qu’un aéroport de fret, un aéroport international ! Il remplacerait partiellement l’existant restant en fonctionnement pour la société Airbus, qui heureusement pour les riverains ne fait jamais décoller d’avion. Quel rêve merveilleux pour les hommes politiques locaux de s’imaginer accueillir à bras fiscaux ouverts les hommes d’affaires du monde entier apportant la croissance et la mondialisation dans leurs valises en descendant de gros aéronefs sur deux pistes neuves ! Et quel argumentaire économique merveilleux pour un programme de réélection à un mandat local ! Faire décoller et atterrir des avions c’est un peu magique non, vous ne trouvez-pas ?

L’actuel aéroport de Nantes Atlantique .

La France compte plus de 156 aéroports, contre 44 en Allemagne et 43 en Grande-Bretagne. S’il faut bien qu’on les batte sur quelque chose, c’est fait.

L’aéroport actuel de Nantes-Atlantique s’étend sur 320 hectares. Sa piste mesure 2.900 mètres par 45 mètres, et a été bétonnée en 1939, parce que l’herbe, c’est quand même plus pratique pour jouer au golf que pour faire atterrir mamie qui rentre des Seychelles. Cette piste permettrait d’absorber 35 avions par heure, même s’il n’y en a que 10 à 12 actuellement, mais c’est un argument de gauchiste en tongs pas rasé.

Le décret n° 2001-705 du 31/07/2001 a inscrit l’aéroport de Nantes Atlantique parmi ceux sur lesquels l’Autorité de Contrôle des Nuisances Sonores Aéroportuaires (ACNUSA) a des compétences élargies (10 aéroports en France). Traduction : il casse les oreilles à 42 000 personnes, mais comme  le nouvel aéroport va arriver, on ne va surtout pas construire une nouvelle piste orientée correctement, ni même régler les questions de gestion du trafic aérien.

Forcément, il a toujours un collectif de crypto-anarchistes pilotes de lignes doutant de la pertinence du projet de Notre-Dame-des-Landes pour affirmer que “30 % des avions qui survolent le centre-ville pourraient l’éviter en passant par le sud de l’agglomération”. Comment croire Thierry Masson, cet officier-pilote de ligne de 50 ans basé à Nantes qui a tout du conspirationniste notoire quand il déclare : “Deux tiers du trafic transitent par le sud-est de l’agglomération. J’aimerais bien savoir pourquoi, en arrivant de Limoges, de Poitiers ou de Bordeaux, il faut faire un détour par le nord-est de l’agglomération et survoler le centre de Nantes

Par sa superficie, Nantes-Atlantique a déjà la dimension d’un aéroport international.
En 2011, pour 60 800 mouvements (les décollages/atterrissages sont un peu les pompes/abdos du contrôleur aérien) l’aéroport à reçu 3,2 millions de passagers.

Sa surface est plus grande que celle de l’aéroport de Londres-Gatwick, qui, par comparaison, assure 280 000 mouvements par an et reçoit 31 millions de passagers, et quasi-égale à celle  de l’aéroport de San Diego, en Californie (USA) qui voit passer annuellement 223 000 mouvements et achemine 17 millions de passagers. L’aéroport de Genève, qui ne possède qu’une seule piste, accueille 10 millions de passagers par an, 170 000 mouvements d’avions, et occupe 340 hectares.

En fait, ce qui sature un aéroport ce n’est pas le nombre de passagers mais bien évidemment le nombre de décollages/atterrissages, et sur ce point Nantes Atlantique est passé de 54 858 mouvements en 2007 à 60 800 mouvements en 2011. En suivant cette courbe, Nantes Atlantique devrait atteindre les 200 000 mouvements en 2750 après la troisième apocalypse, quand Nantes sera devenue la capitale du monde.

Du coup, Nantes-Atlantique a reçu le trophée ERA Award 2011-2012 du meilleur aéroport européen, ce qui est donc une excellente raison pour en construire un nouveau.
Cerise on the cup-cake, il y a donc une usine Airbus en bordure de la piste de Nantes-Atlantique qui emploie 2300 salariés à la fabrication notamment des radômes (extrémités avant des avions) et des caissons centraux de voilure de toute la gamme Airbus, pièces qui partent pour assemblage à bord du Beluga, l’avion-cargo d’Airbus. Que se passera-t-il pour Airbus si Nantes-Atlantique ferme ? Airbus ne va quand-même pas délocaliser sa production ? La piste sera donc privatisée pour son bénéfice ? A moins – idée lumineuse – qu’on refile l’un des aéroports européens les mieux notés aux bons soins de Vinci, qui saura bien en faire quelqu’usage rentable : les bâtiments de l’aéroport seront peut-être transformés en skate-park, en agence Pôle-Emploi, ou en crèche pour les futurs pilotes de ligne.

“Un aéroport qui réponde aux défis de notre temps”

[Jean-Marc Ayrault]
Suite à une enquête publique conclue fin 2006, la Commission d’enquête remit en avril 2007 un rapport au préfet de la région Pays de la Loire.

C’est monsieur Bernard Boucault qui était le préfet en poste à l’époque à la préfecture de la région Pays de la Loire. Il avait à peine eu le temps de lire le rapport et de reconnaître le projet d’utilité publique qu’il fut nommé en juin 2007 directeur de l’ENA, jusqu’à 30 mai 2012 où il fut nommé au poste de préfet de police de Paris. Comme quoi même faire les grandes écoles n’empêche pas de finir au poste.

C’est monsieur Bernard Hagelsteen qui lui succèda le 20 juin 2007 au poste de préfet de la région Pays de la Loire et préfet de la Loire-Atlantique. Une carrière à talonnettes que celle de monsieur Bernard Hagelsteen : en 1984 il devint secrétaire général de la préfecture des Hauts-de-Seine, puis obtint entre 1989 et 1992 le poste de directeur de la police générale à la préfecture de police de Paris, et plus récemment celui de secrétaire général du Comité interministériel de prévention de la délinquance. Proche collaborateur du ministre de l’Intérieur de l’époque, un certain Nicolas Sarkozy, Bernard Hagelsteen avait eu pour tâche de préparer et de défendre la loi sur la prévention de la délinquance, promulguée en mars 2007.
Un mois après l’élection de Nicolas, Sarkozy, il était donc nommé au poste de préfet de la région Pays de la Loire et préfet de la Loire-Atlantique, et héritait donc du dossier du décret d’utilité publique de l’aéroport.

Ce fameux décret d’utilité publique est finalement publié le 10 février 2008, suite à une enquête publique dans laquelle 80 % des contributions faites aux sept enquêteurs étaient opposées au projet. Mais comme on arrête pas le progrès, l’enquête s’est quand même avérée positive pour déclarer une DUP même si sur les sept enquêteurs qui ont fait le travail, deux ont abandonné leur position avant la fin de la commission d’enquête.

Et puisque la mode était à un truc médiatique appelé Grenelle de l’environnement, le décret comportait la réserve que cet aéroport soit de haute qualité environnementale (norme HQE).
Contesté par la suite devant le Conseil d’Etat, ce décret sera confirmé en 2009 et en 2010.
L’esprit mal tourné pourra s’indigner de ce que la présidente de la section des travaux publics au Conseil d’Etat fut Madame Marie Dominique Monfraix, épouse du préfet Bernard Hagelsteen en charge du décret en question, alors qu’il s’agit bien évidemment du fruit du hasard. Un hasard qui valait bien que Madame Monfraix-Hagelsteen fut élevée au grade de Commandeur de la Légion d’honneur le 13 Juillet 2009, ce qui n’a strictement rien à voir, nous ne salirons pas ici la mémoire une femme irréprochable, décédée depuis.

Le hasard total également si son époux désormais veuf monsieur Bernard Hagelsteen a pris sa retraite le 1er décembre 2011 pour devenir non pas conseiller à la Cour des comptes comme il l’avait annoncé initialement, mais conseiller auprès du DG de Vinci Autoroutes, puis responsable des péages pour ASF, filiale de Vinci. Vinci en charge du projet du nouvel aéroport. Tout ne peut pas être dramatique, le hasard fait parfois bien les choses, n’en déplaise à la loi dite de pantouflage concernant les représentants de l’état.

Les scénarios d’optimisation de l’aéroport existant de Nantes-Atlantique n’ont pas été posés, les solutions alternatives n’ont pas été étudiées : aucun intérêt, puisqu’on fait l’aéroport Grand-Ouest de NDDL. Quand au Grenelle de l’environnement, qui préconisait l’étude de solutions alternatives pour les projets à fort impact environnemental, c’est de toute façon aujourd’hui un truc complètement dépassé, d’ailleurs on en parle même plus à la télévision. J’en ai discuté avec un lobbyiste du bétonnage pas cher, on vous jure mordicus que la norme HQE ça sert à rien.

Alors certains viendront braire que la vraie motivation pour ce projet en 2000 a été de faciliter une opération de rénovation urbaine importante dont une partie se situait dans le périmètre des nuisances sonores de l’actuel aéroport. Et vont s’imaginer que pour ne pas s’embarrasser de contraintes d’insonorisation trop fortes, on préfère se débarrasser de l’aéroport et en construire un nouveau.
Et pourquoi pas aussi fantasmer sur les soit-disant appétits économiques des soit-disant lobbies du BTP, tout ça parce que les Président et Directeur général de VINCI ont pu faire ensemble quelques voyages au Cambodge avec monsieur Thierry Mariani.
Écoutez plutôt Jean-Marc Ayrault, un homme qui a eu une vision prophétique de la magnificence de Nantes et lui souhaite “un aéroport qui réponde aux défis de notre temps”. Mais si, vous savez, Jean-Marc Ayrault, l’homme qui a réussi à rendre François Fillon charismatique : ancien maire PS de Nantes depuis 1989, ancien député, ancien président du groupe socialiste, il est aujourd’hui conseiller municipal de Nantes, conseiller communautaire de Nantes Métropole (qui participe au financement du projet) , et accessoirement semble-t-il 1er ministre.
Nantes-sur-Ayrault la sublime, nouvelle capitale française : Pensez-donc, avec 1 650 hectares cet aéroport de Notre Dame des Landes (toutes infrastructures comprises) sera donc plus grand que la surface aéroportuaire de Roissy Charles de Gaulle qui accueille sur 1 400 hectares 540 000 mouvements d’avions et 55 millions de passagers par an (pour une surface totale de 3.257 hectares). Si avec ça Nantes-sur-Ayrault ne devient pas Nantes-sur-Ayrault-la-magnifique …

Veni, Vidi, Vinci

Donc, le 30 décembre 2010, Thierry Mariani, secrétaire d’Etat chargé des transports, a paraphé le contrat de concession du nouvel aéroport Grand-Ouest. Signé par la société concessionnaire des aéroports du Grand Ouest, filiale de VINCI Concessions (85 %), en partenariat avec la Chambre de Commerce et d’Industrie de Nantes (10%) et Entreprise de Travaux Publics de l’Ouest (ETPO – CIFE) (5 %), il est entré en vigueur le 1er janvier 2011.

Comme un bonheur n’arrive jamais seul, Vinci a obtenu la reprise de l’exploitation des aéroports de Nantes-Atlantique et de Saint-Nazaire Montoir, en plus de la conception, le financement, la construction, l’exploitation et la maintenance du nouvel aéroport du Grand Ouest Notre-Dame des Landes pour une durée de 55 ans.

Ce projet ultra-moderne déposé par Vinci présente deux pistes de 2.700 et 2.900 mètres : trop courtes pour y faire atterrir des A 380, mais comme les gros porteurs ne sont pas trop à la mode, on s’en dénoyaute la cerise. Puisqu’on vous dit que c’est ultra-moderne. Faut suivre un peu.

Deux pistes pour 4 millions de passagers. Une bande de sauvages autochtones qui vit là-bas, l’ACIPA (Association Citoyenne Intercommunale des Populations concernées par le projet d’Aéroport de Notre Dame des Landes) soutient qu’il n’existe aucune règle européenne allant dans ce sens. Peut-être, mais qu’est-ce qui leur dit que demain on ne va pas construire 8 pistes supplémentaires à Roissy, avec 60 millions de passagers sur 4 pistes ? Le bon sens n’est pas toujours près de chez vous, vous diront les experts.

Le projet devrait coûter 561 millions d’euros (aucun budget de dépassement n’a été prévu vu que ça n’arrive jamais sur des gros chantiers), ce qui heureusement en période de crise est une somme tout à fait modeste parfaitement employée. Ce n’est pas comme si avec 561 millions d’euros on pouvait créer des logements, financer des projets écologiques, faire de la recherche… Une paille donc, mais dans l’oeil.
La répartition de l’enveloppe globale s’établit comme suit :
  • Vinci apporte autour de 310 M€ des 441 M€ évalués pour la réalisation de la plateforme aéroportuaire qui se répartit comme tel :
- 100 millions d’euros c’est le résultat du bénéfice fait sur Nantes Atlantique entre 2010 et 2017 (sic!)
- 100 millions d’euros empruntés sur les marchés financiers cautionnés par les collectivités locales, noir sur blanc dans le cahier des charges (re-sic!)
- 100 millions d’euros des actionnaires de Vinci avec un rendement annuel de 12 % imposé.(re-re-sic!)
  • L’Etat (130,5 M€) et les collectivités publiques (115,5 M€) se sont engagés sur une contribution publique totale de 246 M€, financement partagé au travers d’un syndicat mixte comprenant :
- Les Conseils régionaux des Pays de la Loire (40,4 M€) et de Bretagne (28,9 M€),
- Le Conseil général de Loire-Atlantique (23,1 M€)
- Nantes Métropole (17,9 M€)
- La communauté d’agglomération de Saint-Nazaire (2,9 M€) et celle de La Baule-presqu’île de Guérande (2,3 M€)

On rappellera tout de même que lors du débat public de 2002-2003, le baril de pétrole (brent) était entre 30 et 40 dollars. Aujourd’hui c’est plutôt autour de 100 dollars le baril, mais ça n’a évidemment aucune sorte d’importance.

Cinq enquêtes publiques se sont déroulées du 21 juin au 7 août 2012. Quelque 400 contributions ont été déposées ou envoyées aux commissaires enquêteurs, et certains viendront chicaner sur “la précipitation à organiser l’enquête pendant l’été, avant l’entrée en application de la réforme des enquêtes publiques, ce qui a permis à l’Etat d’organiser la procédure conformément à l’ancienne règle, alors que la nouvelle aurait permis une instruction plus longue”.

Il y aura bien des pisse-froid pour venir arguer également que les centaines d’hectares requis pour le nouvel aéroport sont des zones humides, en tête de deux bassins versants, que leur artificialisation est contraire aux dispositions du SDAGE Loire Bretagne.

Que normalement ce projet ne peut satisfaire aux exigences de la loi sur l’eau, mais heureusement l’Etat et Vinci proposent une solution, dite loi-du-contournement-de-la-loi, qui permettrait de passer outre : le concessionnaire Vinci-Aéroport du Grand Ouest aurait recourt à des « unités de compensation zones humides » calculées selon des coefficients de 0,25 à 2 pour évaluer l’intensité de la réponse compensatoire des mesures.

Bon ok, c’est un peu violer la loi française et la directive européenne cadre sur l’eau, parce que normalement une zone humide détruite doit être compensée par deux hectares construits sur le même bassin versant, or ici toute la zone du projet et ses alentours sont classés en zones humides. D’accord, il n’est donc pas possible de compenser, l’approche retenue par AGO en termes de fonctionnalités n’est pas viable, mais bon puisqu’on vous dit que tout ça c’est pour le développement économique. L’état a bien le droit de contredire ses propres directives, sans compter qu’en 2012, on s’en fout de l’eau, après tout.
Les indemnités proposées aux propriétaires qui sont priés de dégager illico de la zone avant l’arrivée des pelleteuses sont de 16 centimes par m². Quand on sait que l’un d’eux a par exemple acheté son terrain 24 centimes par m² en 1977, ça laisse rêveur.

Il paraîtrait aussi que le marché des émissions de CO², qui renchérit le coût de l’aviation, a été omis dans les études. Comme ces trucs de CO² sont encore de lubies de baba-cools avec des fleurs sur leurs sandales en cuir, on en tiendra évidemment pas compte.

D’autres empêcheurs de bétonner en rond viendront pérorer que la concurrence du TGV n’a pas été prise en compte. Mais qui prend encore le TGV entre Nantes et Paris de nos jours ?

Et comme si la nouvelle liaison TGV Rennes-Paris prévue pour 2020-2025 allait inciter beaucoup de Rennais à prendre l’avion à Paris plutôt qu’à Notre-Dame-des-Landes. N’importe quoi.

D’autres encore vous expliqueront que la construction du tram/train depuis Nantes, estimée à 150 millions d’euros, n’est pas prise en compte dans le projet, alors que ses effets sont inclus dans le calcul de bénéfices pour la société Vinci. C’est juste parce qu’ils ne savent pas anticiper sur les bénéfices que réalise le privé à partir des investissements des deniers publics. En attendant, vous viendrez à l’aéroport en voiture et vous paierez le parking, à Vinci bien sûr, qui a obtenu le passage dans le projet de 7 000 à 11 000 places de parking tandis que les pistes ont été revues à la baisse faute de moyens.

En terme d’emploi, de drôles de sbires contestent l’étude estimant que 1000 emplois sont crées par million de passagers tout ça parce qu’elle se base sur les statistiques des trois grands hubs internationaux qui comptent également le fret, alors qu’en France, pour les aéroport régionaux la norme est de 256 emplois par million de passagers. Les gens sont vraiment tatillons quand il s’agit de leur boulot, c’en devient pénible.

A contrario, l’étude de Déclaration d’Utilité Publique nous explique – c’est un ravissement sans égal quand on fait de la politique – que l’aéroport Grand-Ouest de Notre-Dame-des-landes rapportera entre 600 et 700 millions d’euros à la collectivité. N’en déplaise à l’étude du cabinet CE-Delft de 2011.

D’ailleurs qui s’intéresse à l’avis d’un cabinet hollandais, organisme indépendant de recherche et de conseil spécialisé dans les solutions innovantes aux questions environnementales, qui alerte sur les risques d’un déficit entre 90 millions et 600 millions d’euros selon les scénarios, et auteur il y a quelques années d’un rapport ayant contribué à l’abandon de l’extension de l’aéroport d’Heathrow à Londres ? Surtout quand il conclue que l’optimisation de Nantes-Atlantique apparaît plus génératrice de richesses pour la France que la construction d’un nouvel aéroport à Notre-Dame-des-Landes.

Franchement, on s’en fout un peu, qui va aller tenir compte de ça, sérieusement ?

Certainement pas Vinci, qui nous propose un monde merveilleux à Notre-Dame des landes :
De 4 millions de passagers à la mise en service, le trafic (actuellement 3,2 millions par an à Nantes-Atlantique) passera à “9 millions de passagers par an d’ici 2065” (ils sont aussi fins démographes). C’est promis. Vinci réduira aussi “la consommation d’énergie par 3 par passager”. Vinci utilisera des “techniques de construction innovantes pour l’ensemble du chantier”. Vinci aura un “bilan carbone positif sur la durée du projet en intégrant la construction”. Vinci est tellement balèze qu’à l’extérieur, “les jardins diffuseront les parfums spécifiques des essences locales” (si si, c’est dans le projet). Comment ne pas être émerveillé par l’odeur de la nature en patch ? Encore un peu de forcing et les agriculteurs du coin pourront même peut-être négocier des horaires de diffusion des odeurs de bouse de vache, ça leur rappellera le bon vieux temps.

Libérer des terrains de l’aéroport Nantes-Atlantique, dans cette partie sud-ouest de l’agglomération répond surtout à une logique d’aménagement global (en fait l’aéroport nous emmerde un peu dans nos projets) : “Selon l’Insee”, répète le commandeur Jean-Marc Ayrault, “Nantes accueillera 150 000 habitants supplémentaires d’ici 2030”. En urbanisme, on appelle ça régler le problème par le vide. En politique et nombre de voix, on appelle ça régler le problème par le plein.

Et qui vient d’obtenir la concession de cinq aéroports de l’Ouest, et aura le droit de construire de nouveaux quartiers sur les terrains libérés par l’ancien aéroport de Nantes Atlantique ?

Vinci, bien sûr. (Vous aviez deviné ? vous avez gagné le droit de financer le projet NDDL).
Décidément, nos politiques sont des génies, mais les gens de chez Vinci, ils sont vraiment trop forts.

PS : On me dit que sur place, le dialogue bat son plein, emmené par un Manuel Valls grand amateur de débats démocratiques. Vous pouvez donc dormir sur vos deux oreilles, en comptant les avions.
Ressources :