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lundi 3 mars 2014

Tuer le Capital, en ne le servant plus

N'étant encarté nulle part, j'essaie de faire le point. Les partis classiques, tous les partis classiques, sont au plus mal. Sans doute en sommes-nous arrivés à la déliquescence d'une organisation qu'a tué l'individualisme, malgré de belles actions communes. Il me semble que, si les citoyens réussissent encore à agir ensemble, ils ne savent pas ou plus penser ensemble. Peut-être aussi ont-ils été rebutés par des appareils qui ne les écoutaient pas. Cependant il est important que l'avancée d'une cause passe par des dialogues constructifs. Ces dialogues peuvent échafauder des Utopies, car si l'on ne se projette pas dans un avenir difficile mais prometteur, autant ne rien faire.

Aujourd'hui notre monde est engoncé dans l'esprit de compétition, dans la Réussite individuelle, dans un Profit qui se fait aux dépens d'autres personnes ou des ressources de la Terre. Quelle organisation propose autre chose, à part peut-être de petites chapelles ?

Démonter l'emprise du Capital partout reste un moyen pour avancer. Cela passe certainement par un refus concerté de consommer, qui est certainement la seule arme efficace que nous pouvons opposer aux esclavagistes sans en subir cruellement les conséquences. A nous, sincères chercheurs d'un avenir qui chante, d'œuvrer à cette solution. Solution que pas plus le PCF que le PG ne préconisent. Je ne parle bien entendu même pas des Partis de profiteurs.

"Penser global, agir local".

lundi 10 décembre 2012

une utopie exigeante et enrichissante à la fois : anarchie ? ou...

(mise à jour d'un billet du 28/05/2012)

La nouvelle donne politique : Qui décide ? 
Le citoyen
Puisque la nouvelle donne est le défi qui se lance ici, tentons de partir de la base. Ce sont les citoyens qui vont former l'ossature d'une société nouvelle. Entendons-nous bien, une fois pour toutes : le citoyen est le terme neutre désignant indifféremment les hommes et les femmes, tous égaux en droit, tous différents en fait. N'est pas citoyen le jeune enfant, à qui l'apprentissage de sa citoyenneté prendra de seize à dix-huit ans, selon des choix à définir. Il était bon de définir immédiatement ces prémisses, afin d'éviter de les ressortir plus tard. De plein droit le citoyen peut se vêtir, se nourrir, se faire soigner, éduquer, loger, et apporter sa voix, ses avis et sa co-décision à l'assemblée.

Toute personne qui, pour des raisons diverses, est nouvelle dans une communauté, en est citoyenne dès qu'elle a fait connaître à l'assemblée suivant son arrivée sa présence pérenne.

L'assemblée
Le citoyen est membre de droit d'une assemblée, correspondant à un nombre relativement peu élevé de citoyens, soit une trentaine à une cinquantaine de membres. En-deçà, si les circonstances s'y prêtent, cela ne pose pas d'inconvénients. Au-delà en revanche, certains auraient tendance à rester toujours en retrait, et à ne jouer aucun rôle. Il est important que tous se connaissent, ou apprennent à se connaître si arrivent de nouveaux membres pour diverses raisons. Dans cette assemblée, dont la meilleure disposition est le cercle, nul n'est le président de séance attitré, chacun le devient à tour de rôle pour lancer les débats concernant les défis grands et petits de la communauté. De même le secrétariat de séance sera dévolu par consensus à une personne nouvelle à chaque fois, pour conserver toujours le principe d'égalité. Assez vite ce processus deviendra naturel.

La grande assemblée
Assez fréquemment les questions soulevées concerneront des cercles voisins également. Quand arrivera ce cas de figure, l'un des citoyens sera nommé pour porter la décision du cercle à une Grande Assemblée constituée d'un nombre de délégués qui, pour des raisons d'efficience, ne saurait dépasser vingt à trente personnes. Cette Grande Assemblée débattra à son tour et s'efforcera de réaliser une synthèse des décisions des assemblées de base. En cas de vrai dilemme où des contraintes seraient antagonistes et irréconciliables, les délégués seront obligés de revenir rendre compte aux cercles de base, afin qu'ils définissent une nouvelle approche de la question en suspens. Ceci fait, ils pourront retourner discuter de cette nouvelle approche. A noter que ces délégués ne seront pas choisis pour de nouvelles questions à régler avant que ne revienne leur tour à la base, pour éviter qu'ils ne prennent l'habitude de l'exercice. Si les blocages persistent, l'assemblée de base sera probablement amenée à nommer un nouveau délégué, sans pour autant incriminer spécifiquement celui qui a tenté de négocier.

Pour des questions encore plus vastes, la Grande Assemblée nommera à son tour un délégué dans les mêmes conditions. Ce processus, en théorie, pourrait ainsi de proche en proche finir par concerner l'Humanité tout entière. C'est ainsi que serait en place une vraie démocratie où nul n'est le chef de qui que ce soit. Ce seront toujours, en fait, les citoyens, tous les citoyens concernés qui décideront collectivement de leur sort concernant toutes les questions nouvelles appelant à un débat et à la résolution de celui-ci.

Bien entendu, mais cela va mieux en le disant, un citoyen pourra éventuellement se faire représenter si, exceptionnellement, il ne peut pas être présent physiquement, pour des raisons diverses.


La Nouvelle Donne économique - Qui fait quoi ?

La propriété
Ces citoyens sont-ils propriétaires ? Entendons-nous sur le terme propriétaire. Ils auront le droit à un logement, dont ils ne pourront partir que volontairement, par exemple en raison d'un nombre d'enfants qui grandit, ou au contraire parce que ces enfants étant sortis du cercle familial pour devenir citoyens à leur tour, le logement devient soudain trop grand. Le logement ne sera pas nécessairement "standard", sa grandeur sera fonction du nombre d'habitants, ni trop petit, ni trop grand, avec une certaine souplesse pour éviter le phénomène "cabanes à lapins". Ce type de possession est donc, selon les termes juridiques, non en "abusus", non en "usus", mais en "fructus".

La communauté aura construit ces maisons, elle en aura "l'usus", en aucun cas "l'abusus", elle ne pourra bien entendu ni les vendre, ni les détruire. Par moments, certains de ces logements seront vides, au gré des besoins liés au nombre d'habitants par famille.  Ou au contraire, une construction nouvelle devra être envisagée et débattue. Il faut se souvenir qu'une communauté, du fait du cercle qui lui est assujetti, ne pourrait dépasser une bonne centaine de personnes.

La communauté possède, par ce fait, les moyens de base pour entretenir les logements. Pour les construire, le plus souvent il lui faudra recourir à des talents extérieurs pour une partie des travaux, correspondant aux compétences que ses membres peuvent ne pas avoir. A charge de revanche à une autre communauté bien entendu.

Les besoins
Cela nous amène à cette question : quels seront les besoins des citoyens ? Ceux que l'état naturel recommande. Le logement, donc, la nourriture, la vêture, l'éducation, la santé. Ces besoins seront couverts par la communauté pour l'essentiel, et par des échanges de bons procédés avec d'autres communautés pour les cas particuliers. Car c'était implicite jusque-là, mais nous le précisons  : la monnaie n'est plus nécessaire. Nul calcul plus ou moins mesquin, nulle tentation de vouloir plus parce qu'on aura pensé donner plus, ou pensé valoir plus.

Les tâches citoyennes
Chacun aura donc chaque jour un certain nombre de tâches variées à accomplir, correspondant à sa contribution à la vie commune. L'une d'elles, importante, ne sera pas pour autant journalière, c'est la participation aux assemblées de décision. Quand on dit participation, c'est dans le sens où chacun pourra apporter un sujet à débattre, quitte éventuellement à se concerter rapidement avant la réunion avec les autres porteurs de suggestions afin de sérier les points de discussion qui peuvent se compléter ou faire double emploi.

Il sera possible d'être exempt de présence, si c'est pour un motif non futile (maladie, déplacement qui ne peut être reporté par exemple). Le citoyen absent se fera représenter par le citoyen de son choix. Si la question, par son importance, doit se traiter selon le vœu de l'assemblée à la Grande Assemblée, le citoyen choisi par la communauté ira, porteur de la délégation unique, jusqu'au lieu de rassemblement prévu dans ces cas-là. Ce sera un honneur pour lui bien entendu. Ce le sera d'autant plus, s'il est à nouveau choisi par la Grande Assemblée pour aller discuter à un cercle plus général encore. Mais la règle sera toujours appliquée : ce dossier réglé, il n'aura le droit d'être à nouveau délégué qu'après tous les autres citoyens. Pas de "professionnel".

Une autre tâche citoyenne, tout aussi importante, sera de contribuer au bon état des parties communes, rues et bâtiments communs comme le cercle de discussion, s'il est couvert, ou la buanderie commune par exemple. Il faudra bien se mettre dans la tête que toutes les tâches, si elles doivent se faire, sont importantes. Plus ou moins difficiles, plus ou moins attrayantes, requérant plus ou moins de savoir ou de savoir-faire, elles n'en restent pas moins toutes aussi essentielles à la vie en commun.
La production
Dans tout système économique, même exempt de monnaie, d'esprit de lucre, de tendance au productivisme, une place sera malgré tout prise par la conception, la production d'objets nouveaux parce que devenus nécessaires, donc l'extraction éventuelle des éléments de base à la finalisation de ceux-ci. Comme la propriété privée est abolie, celui qui invente un nouveau concept en est à jamais le propriétaire intellectuel comme l'attestera l'assemblée, sans pouvoir prétendre pour autant à en retirer des subsides. Cela signifie que si quelqu'un, par ses qualifications, peut être amené à avoir pour tâche de concevoir une chose nouvelle, rien n'empêche son voisin de lui apporter une idée qui peut lui manquer. La tâche n'en sera pas abolie pour autant, c'est toujours celui à qui elle aura été confiée qui en assurera jusqu'au bout la finalisation. Ceci afin de garder une cohérence au projet. Celui-ci, facteur important, devra toujours être réparable par sa conception même. Il sera donc fourni avec les éléments expliquant comment le maintenir en bon état.

La conception terminée, approuvée par la communauté, viendra la phase d'extraction des éléments nécessaires à la construction dudit objet. Par sa situation géographique, une autre communauté sera probablement sollicitée pour fournir bois, métal ou autre matériau de base : elle bénéficiera en retour du produit fini si elle en manifeste le besoin. Les autres communautés pourront également en avoir le bénéfice d'usage, à charge de revanche.

La communauté où un nouvel objet devenu nécessaire aura été conçu sera logiquement prioritaire pour en assurer la fabrication et l'élaboration, puisque le concepteur en sera membre. D'autres membres seront donc déchargés de certaines tâches, pour se consacrer en priorité à ce processus, sous le pilotage du concepteur.

La distribution sera assurée, le plus souvent, par les mêmes qui auront amené les éléments de base, et auront reçu d'autres communautés des demandes. Ne seront fabriqués que les objets demandés, sans constitution de stocks de produits finis, mais avec un certain volant de pièces élaborées entrant dans le produit fini, en vue de la réparation et la maintenance de celui-ci éventuellement. Cette réparation pourra fort bien être effectuée dans la communauté qui aura acquis le produit, quitte à demander au concepteur les pièces un peu complexes qu'il aura stockées, et qui seront malaisées à reconstituer par les acquéreurs.

Les tâches sociales
Une famille est constituée de deux parents, et d'un certain nombre d'enfants dont ces parents sont volontairement ou par le sang responsables. Sont considérés comme des enfants les personnes dont le développement psychique reste indéfiniment embryonnaire.
L'éducation sera bien entendu la première des tâches sociales. Une partie en sera logiquement assurée par les parents, par définition les personnes les plus proches des enfants dès leur naissance. Ces tâches implicites "iront de soi" à partir du moment où deux jeunes auront mis au monde des enfants. Cela fera partie de leur contribution à la communauté.

Bien entendu, des éducateurs auront assez vite la tâche de prendre en main ces enfants, pendant que leurs parents reprendront leurs tâches habituelles. Les parents détermineront à quel moment ils confieront leurs enfants à d'autres, en concertation avec les éducateurs spécialisés mais sans y être contraints, du moins en-dessous d'un âge raisonnable.

Les années d'éducation auront une durée minimale, mais pas vraiment de durée maximale. Les plus doués dans une certaine direction pourront demander à poursuivre leurs études dans celle-ci, et pourront être sollicités de plus en plus au fur et à mesure des années à faire bénéficier la communauté ou ses voisines de leurs connaissances et de leur expérience nouvelles. Pendant ce temps-là, à la différence d'autres, qui auront eu des études plus courtes, ils n'auront pas pour charge dans leurs tâches d'assurer la confection de leur nourriture ou de participer avec autant d'acuité aux tâches communautaires comme l'entretien et le nettoyage des locaux communs. Ces avantages pourront durer ainsi une dizaine d'années supplémentaires, voire plus dans des cas exceptionnels, en contrepartie de leur engagement à être compétents en ingéniérie, en médecine, en pharmacie au service de tous.

Assurés de leur capacité à soigner les autres, sous le pilotage de plus anciens, les nouveaux médecins par exemple deviendront les gardiens de la santé de tous. Responsables de la stricte propreté des locaux où ils seront amenés à officier, ils seront exonérés d'assurer celle des ateliers, voiries, etc... sachant qu'en contrepartie ils seront amenés à être sollicités à n'importe quelle heure en cas d'urgence, donc bien plus souvent que par exemple ceux qui devront dégager des voies d'accès obstruées par des arbres tombés. Ils seront secondés par des infirmiers, aux compétences moins lourdes, mais surtout complémentaires des leurs.

D'autres, plus versatiles dans leur parcours, seront amenés à assurer la convivialité de la communauté, en élaborant des manifestations amenant des personnes plus repliées sur elles-mêmes à mieux participer à la vie commune. Cet aspect de la vie ne sera pas spécifiquement assuré par une "profession" particulière, chacun pouvant fort bien avoir plusieurs "casquettes" en fonction du moment, des circonstances et de la personnalité des intervenants.

D'autres tâches, dites artistiques, seront un "plus" qui sera plus ou moins lié à l'éducation, sachant que certains aspect de l'art demandent une formation spécifique. Mais pas plus qu'il n'y aura de "politiciens professionnels", il n'y aura "d'artistes professionnels". Ceci pour éviter que certains ne se prennent pour des surdoués.

Restent les tâches d'entretien des parties communes. A part celles, bien spécifiques, des locaux liés directement à la santé, de la responsabilité des compétents en cette matière, tout le reste sera assuré par tous les autres citoyens. Un bon moyen pour que personne ne jette inconsidérément quelque chose par terre, puisqu'il sera amené, ensuite, à le ramasser. Les éventuelles réparations seront l'affaire de tous, dans la mesure de leurs moyens physiques. Certains seront amenés, d'ailleurs, à être provisoirement les coordinateurs de ce genre de tâches. Provisoirement, pour que ne se développe pas la mentalité de "petits chefs". Et sachant que, pendant qu'ils assureront cela, ils seront moins sollicités physiquement que d'autres.

Une question pourra se poser : et que feront les plus anciens ? Toujours citoyens bien entendu, ils assumeront jusqu'au bout les tâches qu'ils pourront accomplir, ni plus, ni moins, c'est-à-dire pas nécessairement  celles qui étaient leur lot des années auparavant. Transmettre leur savoir, leur savoir-faire, leurs trucs, sera important. Accueillir des enfants, jouer avec eux, permettra à la communauté d'être plus unie. Ils ne seront pas parqués ensemble dans des mouroirs trop commodes. Ils continueront à avoir leur place dans les cercles de décision, et d'être éventuellement présidents ou secrétaires de séances, voire délégués quand ce sera leur tour. Et le jour où ils ne pourront plus, une tâche importante sera de fait de venir les assister chaque jour dans des demeures bien centrales, au milieu de tous. Terminés, les lits anonymes d'hôpital où la vie finit au milieu d'une barbarie de tubes et de personnel harassé.


La nouvelle donne sociale : droits et devoirs

La famille
Quand des jeunes deviennent suffisamment autonomes, il peuvent demander à bénéficier d'un logement séparé de celui de leurs parents. Cela est particulièrement vrai, s'ils veulent se mettre à deux pour constituer une nouvelle cellule familiale. Il ne s'agit pas de mariage : il n'a plus de sens, à partir du moment où il ne s'agit plus de considérer le logement comme un lieu définitif. Il n'y a plus à craindre l'expulsion, ni le chômage. C'est simplement une nouvelle vie communautaire qui commence. Ce n'en est pas moins exigeant, bien que sur le mode implicite. Chacun doit aux autres respect, assistance, dès le départ.

Le fait de se mettre en couple, là aussi implicitement, rend probable l'arrivée d'enfants. A ceux-ci, il faudra naturellement assurer nourriture, entretien de la santé, éducation, vêture, et bien entendu le gîte sous le même toit. Réciproquement, les enfants doivent à leur parents respect, aide quand ils sont assez grands, obéissance parce qu'ils n'ont pas encore les éléments de jugement. Rien n'est écrit, tout est implicite, ce qui n'enlève rien à la nécessaire impérativité de ces éléments de vie en commun.

La communauté
Sur le même modèle que la famille, la communauté est le lieu où chacun respecte les autres, et en est respecté. Chacun doit à la communauté l'accomplissement des tâches qui lui auront été assignées de façon plus ou moins explicite selon les circonstances. Il peut s'agir de tâches communautaires habituelles et assumées par tous, de ce qui a été convenu en commun en fonction des talents de chacun, ou de tâches plus spécifiques que le coordinateur du jour aura assignées. En retour, chacun peut attendre de la communauté la sécurité du gîte, de la vêture, de la nourriture. La communauté est une famille élargie, sans les liens du sang.
La Grande Communauté
Il s'agit d'un concept beaucoup plus vaste. Il est lié aux cercles concentriques de décision. De cercle en cercle, pour des question bien plus générales, et vitales pour tous, le plus grand cercle peut être amené à recouvrir la Terre entière. Chacun y est relié dans les mêmes proportions que dans des cercles plus restreints. Tous étant égaux, tous étant subtilement différents, chacun apporte sa richesse propre à l'ensemble, sans aucune discrimination, y compris ceux dont l'intelligence est apparemment moins développée que chez d'autres.

Ne seront exclus, par conséquence à leur volonté propre, que ceux qui rejettent les règles communes : les règles communes les rejetteront à leur tour. Ils seront réintégrés s'ils acceptent enfin de partager les avantages et les inconvénients de tous. Toute vie commune a ses avantages et ses inconvénients. Toute vie en marge également.


La nouvelle donne écologique : chacun est un Terrien

La production
Ne sont désormais utilisées que les matières premières dont les communautés ont besoin. En utilisant intelligemment les énergies renouvelables, en évitant de les gaspiller par un transport au loin, des communautés qui retrouvent une vie plus saine et moins dispendieuse de ressources n'ont pas besoin de beaucoup. Les outils, machines, ustensiles, tous réparables, grèvent peu les ressources naturelles. Pas de stocks inutiles de "machins" que l'on produit d'abord, et que l'on tente d'écouler presque de force ensuite.

Les déchets
Les déchets, dans ce nouveau contexte, sont considérablement moins importants. Peu d'émanations nocives, peu de rejets à effet de serre, finis les inutiles emballages multiples, quand on ne peut faire autrement sont totalement privilégiés carton et verre, bois éventuellement. Les eaux usées ne sont le plus souvent que des eaux ménagères, les eaux industrielles entrant pour beaucoup moins dans la pollution générale.

Les transports
Dans un contexte où il n'y aura plus de grands conglomérats financiers et industriels, les transports seront pour l'essentiel générés par le nécessaire déplacements de certains objets élaborés ici, et demandés là. Il suffira de quelques camions et de chemins de fer reconvertis pour l'essentiel au fret. Et aussi de quelques transports en commun. Quant au transport d'énergie, il sera réduit au minimum par l'utilisation de solutions locales, coûtant bien moins par déperdition sur longues distances.

La réparation des dommages antérieurs
C'est sans doute le poste le plus difficile. Beaucoup de friches industrielles, de décharges plus ou moins sauvages devront petit à petit être reprises et retraitées dans le respect de la politique générale de respect de la nature. Cela demandera beaucoup en temps-homme pour y parvenir, des centaines d'années peut-être. Le plus difficile, et de loin, proviendra des anciennes centrales nucléaires pour lesquelles il n'y a pas de vraies bonnes solutions. La création par l'humain de déchets à longue demi-vie et à nocivité extrême (plutonium par exemple) a un côté irrémédiable, avec des projets qui ne seront que de pâles pis-allers (décharges en galeries profondes, de containers les plus solides et pérennes possibles).


La nouvelle donne juste : quand Thémis retrouve la sérénité

Les fautes dans le cadre familial
En famille, tout se règle dans le consensus. Parce qu'ils n'ont pas tous les éléments pour juger d'une situation où ils ont fait plus ou moins volontairement "des bêtises", les enfants devront se plier à la décision finale des parents. En revanche, il sera nécessaire que les parents prennent le temps d'écouter les remarques des enfants, pour leur éviter la frustration du châtiment apporté sans discussion, et sans compréhension de ses vraies causes. Expliquer, expliquer, même aux enfants tout petits qui ne comprennent pas encore très bien les mots des adultes. Expliquer, mais ne pas lâcher. Ce sera probablement plus facile, si les parents ont par avance une vie sereine, sur laquelle ne planent plus les risques de chômage, de stress, d'ennuis financiers.

Les fautes envers la communauté
A quelqu'un qui aura délibérément désobéi aux règles de la communauté, devra être apportée une réponse adaptée. Cela occasionnera probablement de devoir réunir le cercle de décision, qui statuera non selon des codes rigides, mais au cas par cas. Si la faute est vraiment grave, elle obligera peut-être à mandater dans certains cas un délégué à un cercle plus large, afin de rendre réellement publique la décision finale. S'il s'agit d'un rejet communautaire, la "publicité" apportée à celui-ci est nécessaire. Dans un monde où n'existent plus l'argent et le profit, certaines tentations n'existent plus. Restent la passion et la colère par incompréhension ou abus d'excitants.

Les fautes envers la Grande Communauté
Selon la gravité des faits, le jugement pourra se trouver énoncé par un cercle déjà important, voire la communauté humaine tout entière. L'ostracisme sera alors total, et équivaudra à une condamnation à mort. Le ou les coupables seront déposés sur une île déserte, d'où ils ne pourront pas sortir. Une telle sanction ne peut bien entendu être que particulièrement exceptionnelle.

Les litiges
Comme il peut y avoir des points litigieux entre membres de la communauté, c'est elle qui tranchera par discussion, et dans un pareil cas elle ne pourra se séparer aussi longtemps qu'au moins les deux tiers ne seront pas d'accord sur la solution à apporter. Cela évitera toute contestation ultérieure, et évitera de perdre du temps en appels successifs.


CONCLUSION

Il s'agit là d'une tentative de "mettre à plat" une nouvelle façon de vivre ensemble. Ce n'est bien entendu qu'une ébauche, perfectible et nécessairement incomplète. Pareille Utopie est indispensable, pour permettre à toute l'humanité de progresser. Elle oblige chacun à être très responsable. Ce n'est pas une vie facile qui est ainsi présentée, mais une vie ensemble qui veut être juste. Une vie où ne sont exclus que ceux qui le veulent.

mardi 6 novembre 2012

Casser l'utopie

Avec son aimable autorisation, j'ai la joie de répercuter ici un texte limpide d'une personne qui signe Gédicus. Merci pour la confiance !


Casser l’utopie

Casser l’utopie, voilà ce qu’ils veulent. Ils ne veulent pas que l’on prouve que ce qu’ils nomment « utopie » peut exister. Il ne faut pas que des preuves concrètes viennent démontrer qu’on pourrait vivre autrement ; que les tentatives « utopiques » ne débouchent pas forcément sur des dictatures (Comme la propagande de leurs « historiens » nous l’assure depuis que les bolcheviques et staliniens ont transformé le rêve communiste en camp de concentration). Il ne faut pas que l’idée puisse se répandre dans les esprits que l’on pourrait faire autre chose que ce à quoi tous leurs rouages nous obligent.

Ils sont les gardiens cyniques et féroces d’une organisation sociale conçue pour que les grands faiseurs de fric en fassent toujours plus et que les pauvres en chient toujours plus. Ils n’ont pas « d’états d’âme » (comme ils disent dans leur jargon méprisant). Pas la peine de s’offusquer de leurs méfaits ; d’essayer de leur faire entendre « raison ». Ce ne sont pas des gens « raisonnables » bien que ce soit le déguisement qu’ils préfèrent. Ils ne veulent qu’avoir raison de ceux qui refusent de se plier à leurs décisions : par la matraque et les lacrymos, les flash-balls et les procès, les amendes et la prison, et autres vacheries moins officielles. Ils n’en sont pas encore aux tanks et aux missiles (ça ne fait pas « démocrate ») mais, s’il le faut, ils se souviendront que leurs ancêtres ont su faire tirer sur les dangereux utopistes d’hier, communards et spartakistes, makhnovistes et zapatistes, et autres« collectivistes ».

Ce qui les inquiète c’est que l’utopie reprend du poil de la bête. Confrontés à leurs impasses (Paye la banque et crève en silence) des gens de plus en plus nombreux, partout, se disent qu’ils peuvent essayer de s’en sortir, quitter la machinerie écrasante du tous contre tous ; agir ensemble pour sortir du labyrinthe piégé. Voilà ce qui leur fait peur. Ils savent que leur feuilleton du bonheur technocratique et marchand fait de moins en moins applaudir les spectateurs et que, sans cette adhésion du public, leur force est à la merci d’un renversement de perspective, comme cela s’est vu plus d’une fois dans l’histoire. Ils savent que leur force est faible malgré ses uniformes, ses carapaces, ses cons dévoués et toutes ses machines.

Voilà pourquoi ils mettent le paquet contre tout ce qui prouve, que la soumission à leurs règles n’est pas le seul comportement possible. Voilà ce qui est en jeu à Notre Dame des Landes comme à Marinaleda ou au Chiapas. A Notre Dame des Landes, les jeunes « squatters » au lieu de mendier à Pôle emploi ou de s’affliger de la prétendue crise du logement, ont démontré que si l’on veut on peut sortir de la dépendance au fric roi et aux rois du fric. Avec de très maigres moyens et une énergie phénoménale, ils ont rénové des maisons ; construit des cabanes de rêve (mieux que celles vendues en kit pour les parcs des riches) ; cultivé des jardins inventifs et produisant des légumes sains (sans « label » bruxellois) ; créé une boulangerie, une bergerie et, surtout, développé des relations solidaires et chaleureuses, à l’opposé du « chacun pour soi, écrase ton voisin» qui est la bible des « gagneurs » malheureux confondant bonheur et Bling-Bling.

Voilà pourquoi les majordomes du capitalisme, en livrée « socialiste », ont lancé leurs soudards et leurs bulldozers contre leur œuvre. Voilà pourquoi ils démolissent des maisons, des corps, des vies, des espoirs.  Parce qu’ils veulent démolir la preuve qu’un autre monde, une autre vie sont possibles. Mais leur hargne montre leur trouille. De plus en plus, cette société échappe à leur maitrise. L’utopie est leur chardon : Écrasée, étouffée, assassinée, elle renait toujours. Et toutes les bourses se recroquevillent en le constatant.
Gédicus (1er novembre 2012)