Notre-Dame des Landes : la résistance de la Zone à Défendre continue plus que jamais malgré les violentes provocations, agressions, démolitions peu légales, ou illégales, en tout cas illégitimes. Encore aujourd'hui il semble qu'une attaque, une de plus, soit en cours (le préfet avait dit, dès le 16 à midi, que c'était fini) Un nouveau document à verser au dossier à charge contre le gouvernement, ses membres, ses représentants locaux, et ses élus. Merci au blog L'Art et la Manière.
Pour se faire une idée en direct de la situation, un lien continue à donner toutes les indications qu'il peut avoir. Le délit d'atteinte à la libre circulation ne semble pas gêner le chef des condottiere. Que vaut la force sans le droit ? Nous sommes dans une situation de répression à une opposition légitime. La dictature, quoi. N'ayons pas peur les mots. Ils ont un sens.
Un octobre à Notre-Dame-des-Landes…
Publié : 29 octobre 2012 Filed under: On a des idées, Ecologie | Tags: Ecologie, Notre-Dame-Des-Landes, Ayrault 1 Commentaire »
Elle squatte notre blog,
mais au final on s’y fait. Claire, on finirait même par apprécier.
C’est qu’elle a de très bonnes fréquentations cette femme là. Alors
derrière ses sourires Hollywoodiens et ses nez rouges on fini par
découvrir un personnage qui vaut le détour. D’ailleurs ses textes sont
des petits voyages, alors laissez vous guidez et attachez vos ceintures :
nous partons pour Notre-Dame-des-Landes.
Si vous avez les oreilles qui sifflent, c’est normal, c’est le changement qui décolle
Embarquement immédiat
Mesdames, Messieurs, bienvenue à bord ! C’est
avec grand plaisir que je vous accueille dans notre tout nouvel airbus
444. Mon nom est Victoire et c’est moi qui vais vous accompagner tout au
long de ce voyage.. Installez-vous confortablement dans vos sièges
flambant neufs – et en
matériaux recyclés évidemment, nous allons bientôt décoller. Ma
collègue passera parmi vous dans un instant pour vous apporter de quoi
vous restaurer. En attendant, j’aimerais vous rappeler que vous êtes
dans un aéroport in-ter-na-tio-nal, un vrai hub au summum de la
modernité, qui n’a été conçu que pour satisfaire vos besoins les plus
exigeants. Je tiens à vous le rappeler parce que ça n’a pas été facile
d’en arriver là, il a fallu venir à bout d’individus des plus enragés,
qui s’étaient mis en tête de s’opposer au progrès.
Ces gens là ne comprenaient pas –
je pense d’ailleurs qu’ils n’avaient tout simplement pas les capacités
intellectuelles pour le concevoir – que notre salut résidait précisément
dans la construction de cet aéroport. Ils nous expliquaient que l’on
pouvait très bien se satisfaire de l’ancien aéroport de Nantes, comme si
c’était raisonnable de se contenter de ce qu’on a déjà alors qu’on
pourrait avoir plus grand, plus beau, plus fort. Je ne dis pas, il
marchait bien cet aéroport, et c’est vrai qu’il n’était même pas utilisé
à plus de 35 % de ses capacités, mais nos experts étaient formels,
l’explosion de la fréquentation était imminente, c’était donc un vrai
problème d’intérêt(s) général. Notre bien-aimé premier ministre Jean-Marc Ayrault,
qui était maire de Nantes à l’époque, l’avait bien compris et faisait
tout son possible pour réduire au silence les vociférations
insupportables de la poignée d’anarchistes qui s’opposaient absurdement
au projet. De vrais déséquilibrés, je vous assure.
Écolos, Fachos !
Ils refusaient catégoriquement de contribuer à l’effort national pour augmenter la Croissance, et préféraient jouer dans leur coin à Bob le
bricoleur, cultiver des légumes et fabriquer du pain. Vous comprenez
bien qu’il était inacceptable de laisser cette cinquantaine de barbares
moyenâgeux occuper inutilement des terrains aussi précieux pour l’avenir
de notre pays. Les paysans, c’est bien, mais faudrait pas non plus qu’ils nous empêchent de vivre !
D’autant plus qu’il n’y avait pas que des agriculteurs. Ils avaient été
rejoints par des vauriens, des squatteurs, qui prétendaient tenir à
cette zone boueuse – soit-disant extrêmement importante du point de vue
de la biodiversité. Tout ça pour quelques grenouilles, non mais vous
vous rendez compte ! On ne s’appelle pas Brigitte Bardot non plus !
L’écologie, on en entend assez parler comme ça, on a des ampoules à
basse consommation et puis on paie une taxe sur nos émissions de gaz à
effets de serre, ça suffit pour préserver la planète, non ?
Le pire, c’était leur arrogance. Non
seulement ils passaient leur vie à emmerder le monde, mais en plus, ils
osaient nous donner des leçons sur la manière d’utiliser les fonds
publics ! Un comble. On n’allait quand même pas gaspiller de l’argent
pour soigner les pauvres – ou pire, les sans-papiers ! – ni financer des
profs pour les sales mioches des banlieues ! De toute façon, c’était un
faux prétexte, ces gens ne vivaient pas dans la réalité, ils n’avaient
même pas la télé! Vous faudrait que vous lisiez la lettre sans
queue ni tête qu’ils avaient envoyé un jour au préfet, pour mesurer
leur état de folie. Selon eux, c’était nous les agresseurs, nous qui
portions atteinte à la propriété privée, nous qui nous moquions de ce
que nous allions laisser aux générations futures. Un vrai tissu
d’inepties sans queue ni tête : que seraient-elles aujourd’hui, les
générations futures, sans cet superbe aéroport ?!
La Guerre d’Octobre
Si nous avons du subir ces affronts pendant trop d’années, c’est parce qu’à l’époque, on devait encore faire semblant d’être dans une « démocratie »,
et donc attendre les autorisations juridiques pour lancer l’assaut.
Mais nous avons toujours maintenu une pression formidable pour les
atteindre psychologiquement. Vous auriez du voir ça, présence policière plus ou moins pacifique, lettres d’expulsion et j’en passe. Eux répliquaient
par quelques slogans peints sur de vieux draps, c’était ridicule. Et
puis, en octobre 2012, on a décidé que ça suffisait. Il faut dire que la
trêve hivernale allait bientôt arriver, et que ça aurait fait mauvais
genre de les expulser après. Alors un beau matin, ce fut le grand
débarquement dans la ZAD (Zone à Détruire) : 500 gendarmes mobiles, des hélicoptères, des bulldozers.. Quel spectacle grandiose !
Cette puissance, cette démonstration de force, c’était impressionnant,
vraiment. Nos pseudo-rebelles faisaient pâle figure, je vous le
garantis. On aurait dit de vulgaires petites fourmis qui s’agitaient en
vain, tentant de repousser provisoirement l’inéluctable fin. Ah, c’est
sûr qu’ils se battaient comme des chiens enragés. À force de vivre dans
les marécages, ils étaient devenus coriaces !
Enfin tout ça est derrière nous maintenant. Quand
j’y repense, j’en ai encore des frissons. On a vécu des moments
intenses, inoubliables. Imaginez-vous, ils étaient là, à lancer des épis
de maïs sur les forces de l’ordre! Mais vous pensez-bien qu’en face des
gaz lacrymogènes et des tazers, ils ne faisaient pas le poids. Ils
avaient beau construire des barricades, s’attacher aux toits de leurs
cabanes, bloquer les routes, nous étions les plus forts, et les plus
nombreux. Assister à l’avancée inexorable des bulldozers,
voir les maisons s’écrouler une à une jusqu’à ce qu’il ne reste plus
qu’un tas de pierres fumant, ça n’a pas de prix.. On les a traqué
jusqu’au bout. Tout a été massacré : les champs, les jardins, les
habitations. Le plus jouissif, c’était de voir leur visage. Un mélange
de haine, d’écœurement et d’impuissance. Ah, elle portait bien son nom, l’opération « César » !
C’était nous, les empereurs, les maîtres absolus du moindre carré de
terre ! Tout nous appartenait, tout était à notre merci. Mais vous
connaissez ce sentiment, n’est-ce pas ? Si vous êtes ici, dans cet
airbus 444, c’est parce que vous faîtes partie de cette élite qui peut
s’offrir le luxe de voyager en avion.. Allons, portons un toast : À la victoire du capitalisme financier sur l’outrecuidance de ces illuminés, sur l’insolence de leurs revendications et de leur lutte !
Claire Batailler
Note de l’auteure : Et si… on écrivait une autre histoire, tous ensemblehttp://lutteaeroportnddl.wordpress.com/
Milieu de journée, les affrontements continuent âprement. Les opposants chassés ont déjà prévu de revenir. Pour les forces de la force ce sera à recommencer. La Résistance, c'est çà. Quand le milieu s'y prête (et pas à un aéroport) on ne peut pas déloger des partisans déterminés. Ou alors, il faut utiliser le napalm et l'Agent Orange comme l'ont fait sans complexe (comme d'habitude) les assaillants US au VietNam. Politiquement, une telle solution "finale" serait bien entendu un suicide politique. Ce serait l'insurrection. Je doute que "le doux Ayrault", comme le qualifie Gauche de Combat, ose aller jusque-là.
RépondreSupprimerexcellent
RépondreSupprimerJe t'ai mis un lien avec mon dernier article qui traite de ce sujet: tu comprendras mieux ma position
RépondreSupprimerbonne journée