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mardi 11 août 2015

Tarnac suite, ou l'arrogance du terrorisme d'État

Cette vieille affaire remonte à la surface. Dans la nuit des 7 et 8 novembre 2008 aurait été sabotée une ligne de chemin de fer par destruction de caténaire. On n'a jamais vu le "fer à béton" qui aurait été la cause de l'incident. Celui qui a été présenté à la presse était neuf, et intact. Il n'aurait pas manqué d'être tordu.

Voilà un bon prétexte, pour le gouvernement Sarkozy de l'époque, pour arrêter des autonomistes adeptes d'un retour à la vie saine, installés dans ce village bien loin de toute polémique qu'est Tarnac, à 7 ou 800 mètres d'altitude dans la forêt corrézienne. Ils cultivent des légumes sans engrais industriels, et les vendent dans l'épicerie locale qu'ils ont remise sur pied. C'est effectivement.... révolutionnaire ! Ne plus vouloir dépendre de la Grande Distribution, quel sacrilège !

fer à béton, même pas déformé par un choc
Arrestations, garde à vue, prison provisoire pour le "chef" supposé, Julien Coupat pendant 6 mois (prolongée par un contrôle judiciaire strict pendant 7 autres mois), pour sa compagne Yildune Levy pendant trois mois. On ne rigole pas avec la ministre de l'intérieur de l'époque, Michèle Alliot-Marie. Mais en fait, le dossier est vide. Pire, des indices incitent à incriminer une manipulation de preuves et de mises en scène par la DCRI. Le coupable serait donc.... le gouvernement !

Coup de théâtre ! Après 6 ans où l'État a fait profil bas pour tenter de faire oublier ses petites manœuvres, voilà que le parquet relance l'affaire. Il est possible qu'il lui ait fallu un certain temps pour fabriquer de nouvelles "preuves", la suite des évènements nous le dira... peut-être. Mais au grand dam du successeur d'Alliot-Marie, le juge d'instruction récuse le 8 août l'accusation de "terrorisme", pour ne garder que "la dégradation de biens publics", qui risque très fort de ne même pas être prouvée au tribunal correctionnel.

Qu'à cela ne tienne ! Le 10 août le parquet fait appel de la soustraction du terme terrorisme, du dossier. A nouveau se fait jour l'acharnement qui a toujours prévalu dans  cette affaire. Pour rappel, le magasin général de Tarnac était sur écoutes depuis au moins 2008, et Julien Coupat surveillé depuis 2002. En cause un opuscule "La révolution qui vient", dont il nie être l'auteur. En fait, les deux quinquennats successifs misent sur une criminalisation de "tout ce qui dépasse", qui n'accepte pas la doxa officielle, celle des grands merdias et des annonces gouvernementales.

Il s'agit de détourner les regards des catastrophes environnementales, sociales, économiques que la Hollandie déploie à grandes volées chaque jour. Destructions volontaires d'emplois, gaspillage de l'argent public (voir le dossier Mistral, les Grands Projets Inutiles Institutionnels...), soutien zélé et inconditionnel aux exigences de Bruxelles et Berlin, destruction volontaire du tissu administratif au bénéfice de l'union européenne et du TTIP en devenir proche, création et vote de lois scélérates pour museler toute opposition par la force et la violence. Désormais la moindre manifestation, même dûment déclarée, peut se voir opposer "du lourd", voire du criminel. On se souviendra toujours de Rémi Fraisse, assassiné dans le dos alors que simplement "il était là" sans arme. Cela explique fort bien désormais jusqu'où est prêt à aller un gouvernement sans scrupule ni éthique, fort de ses convictions anti-société, anti-avenir, anti-humain : un gouvernement terroriste, en somme, et qui l'assume. Comme on dit, "un valet" de Bruxelles, et par les deux canaux bruxellois (UE et OTAN) de Washington, volets militaire et financier, voire politique.

Désormais, le monde entier est aux mains de quelques individus (avec tout ce que cela peut avoir de péjoratif) non humains, qui par sociétés-écrans successives et nombreuses le POSSÈDENT. On ne peut déterminer exactement qui ils sont tous, mais déjà la liste des fondateurs de la Réserve Fédérale US en donne une bonne idée, puisque cette institution est une simple banque privée qui leur appartient. De père en fils.

- Alfred Rothschild
- Paul Warburg de Kuhn, Loeb & Co
- Lazard frères
- Lehman brothers
- Goldman Sachs
- Rockefeller (la famille)
- JP Morgan (la famille)

 Le couple ARGENT-POUVOIR est le seul justificatif, pour des personnages qui ne connaissent pas les mots solidarité, citoyen, fraternité humaine, empathie, et probablement pas le mot bonheur.

mercredi 5 août 2015

Sortir de l'euro, est-ce LA priorité ?



Au cours de son Université d'automne 2014, le M'PEP devenu depuis le Parti de l'émancipation du peuple avait invité Jacques Cotta, journaliste et réalisateur. Avec sa fougue habituelle, sa pertinence, celui-ci avait dressé les jalons en parallèle de ce qu'accomplirent les membres du CNR dans les conditions ô combien difficiles et dangereuses du Grand Conflit, et le grignotage journalier, mais impitoyable auquel les traîtres qui ont réussi à investir nos destinées réussissent à faire passer la vie de notre pays dans la poche de quelques requins.


Il avait complété son exposé, au cours des réponses à la salle. Cette partie-là de son discours n'est pas moins importante.


Les vraies questions ont été mises sur la table, au risque de déplaire aux politiciens "habituels", les seuls qui ont droit aux principaux médias.

Non, la sortie de l’euro n’est pas la question centrale : c’est une mesure annexe d’une reprise en main par tous des leviers de commande. Qu’on ne s’y trompe pas, et c’est Mitterrand lui-même qui l’énonçait à la fin de sa vie : nous sommes en guerre, une guerre impitoyable, mortelle et sur tous les plans. C’est pourquoi un ressaisissement de toute la base de la nation est si impératif, comme dans les heures sombres d’il y a plus de 70 ans. Comme il y a 70 ans, la France abonde en ruines, en friches, en ghettos, en misères. C’est au point que si Coluche revenait aujourd’hui, et constatait combien ce petit mouvement qu’il avait impulsé est devenu vital, sans doute ne voudrait-il pas créer les Restaus du Cœur. Quand le caritatif sauce "bonnes dames patronnesses" supplante la simple vie sociale normale c’est qu’on est revenu aux explosions des Canuts, il y a un siècle et demi.

Que s’est-il passé ? Reprenons la liste des fondateurs de la Réserve Fédérale US dont je rappelle qu'il s'agit d'une banque privée : aujourd’hui ce sont les mêmes, ou leurs descendants, qui contrôlent le monde entier pour leur seul bon plaisir. Leurs critères ne sont pas exactement ceux des peuples écrasés sous leur joug. Or, c’est délibérément que, à partir du 3 janvier 1973, les édiles de la République ont vendu le pays tout entier aux appétits de ces Messieurs. Connaissant la date de la bascule, à nous tous de veiller à ramener le balancier de notre côté.

Oui, la question de l’euro, à la lumière de tout cela, c’est un détail.

lundi 19 mai 2014

De Kerviel à la chute de l'Empire

Jérôme Kerviel, ancien trader, a donc été appréhendé à minuit, à Menton. Revenu de Rome à pied, il n'a pas opposé de résistance, et doit s'attendre à purger la peine décidée par le tribunal.

Ne doit-on pas s'interroger, en pleine offensive des banques, et de leurs larbins les politiciens, à propos de ce procès ? Certes, emporté par l'engrenage, il a fauté. Mais de redoutables questions restent posées.

Aussi longtemps qu'il gagnait, malgré des irrégularités qui n'ont pas pu ne pas être décelées, la banque qui l'employait a couvert ces irrégularités. Pourquoi ?

A un moment, les opérations qu'il a initiées n'ont pas aussi bien fonctionné, ce qui est fatal dans ce genre de travail. Or les affaires de la banque, indépendamment de lui, n'étaient plus aussi florissantes non plus : n'était-ce pas un bon moyen de détourner l'attention sur un lampiste, en soudain faisant mine de découvrir ses agissements, et en les soldant au débotté, à perte, "'sans réfléchir" ? Dans ce genre d'opération, il y a toujours des hauts et des bas.

Chic, l'État a bien dédommagé la banque, dont il s'agit pourtant aujourd'hui de son boulot, de prendre des risques. Ce sont nos impôts, au lieu de faire œuvre utile, qui ont "récompensé" la banque en faute.

Cette banque est-elle si transparente ?Est-elle plus puissante que l'État ? Elle a décidé qu'il n'y aurait pas d'enquête approfondie dans ses comptes, et il n'y en a pas eu. Qu'a-t-elle fait ? N'a-t-elle pas enfreint lois et réglements par des manœuvres douteuses ? Quelles furent exactement les pertes, s'il y en eut, et d'où provenaient-elles exactement ?

Jérôme Kerviel, ne le cachons pas, exerçait un métier certes à risques, par définition, mais surtout un métier intrinsèquement malhonnête. Quand il faisait gagner de l'argent à son patron, cet argent provenait nécessairement de pertes chez d'autres personnes, physiques ou morales.  Quand un forgeron prend un  morceau de fer, et en fait quelque chose, un cadre de vélo réparé, ou une œuvre d'art en fer forgé, il crée de la valeur. Un financier se contente de déplacer de la valeur, de préférence de la poche des travailleurs-créateurs, à celle de simples parasites, banquiers, assureurs, spéculateurs, commentateurs, agents de propagande.

C'est pourquoi je déplore pour Kerviel qu'à un moment de sa vie, il ait gaspillé son intelligence à des occupations aussi futiles et dangereuses pour l'ensemble de ses compatriotes. Manifestement, il l'a maintenant pleinement compris. Ses ex-patrons, non. Eux restent des agents du $¥$T€M€, pleinement et sans remords. Ce sont eux, par conséquent, de ce fait même, qui devraient être condamnés, eux et tous ceux de leur espèce. Voler par le biais de la finance les travailleurs devrait être considéré comme un crime. Il est symptomatique qu'il n'en soit rien, comme si les législateurs et les robins étaient complices de cette lacune.

Voilà. Il va falloir soutenir Jérôme Kerviel, qui se brûla les ailes dans un ensemble très vaste, sorte de caverne des Nibelungen pleine de bruits et de fureurs. Il va falloir œuvrer tous pour qu'un tel Système disparaisse : il s'agit d'une escroquerie à l'échelle planétaire, où des personnages ivres de Pouvoir se vautrent aux dépens des vrais humains.

Une façon de poser quelques pierres d'une nouvelle donne pourra consister en un boycott massif d'un scrutin chargé seulement de sanctifier la forfaiture du 4 février 2008, et tout ce qui a suivi. Cela sera un soutien à l'action de Kerviel désormais, de même que le fait de s'efforcer de trouver sa subsistance dans les marchés locaux, et non dans les grandes surfaces ; de limiter ses déplacements non professionnels en voiture ou en avion ; de réparer quand on le peut, au lieu de jeter. Ces petites choses minuscules, si ce sont des millions qui les mettent en œuvrent, pèseront lourd.

bab

jeudi 20 février 2014

Contre la dictature de la finance : la bombe atomique suisse ! (Agoravox)

Un pseudo parlant : Camille Desmoulin. Un bilan incisif et sans appel. Une info de réaction enthousiasmante.  Les banques sont nues, grâce à un magnifique état des lieux sur Agoravox. Certains d'entre nous connaissent £€ $¥$T€M€, mais beaucoup d'autres, non. C'est le moment d'ouvrir les yeux. Merci à Cap2012 et après ? d'avoir découvert cette perle.


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mercredi 19 février - par Camille DESMOULINS

Contre la dictature de la finance : la bombe atomique suisse !

Avant-hier, en parcourant ce « cerveau collectif » qu’est Facebook, je suis tombé sur la publication d’un de mes amis et par la même occasion, je suis tombé des nues. Les médias « main stream », si prompts à sortir l’artillerie lourde contre les votations des Suisses sur les minarets ou l’immigration massive, se sont bien gardés de nous informer de cette initiative en cours, qui a recueilli à ce jour près de 50 000 signatures mais il lui en faudra le double pour déboucher sur un référendum. C’est de la bombe. J’en ai rêvé, et les Suisses sont peut-être en train de le faire. Il faut absolument qu’ils aboutissent. Non seulement pour eux mais pour nous tous. C’est pourquoi nous devons les soutenir. J’invite tous ceux d’entre nous qui ont des amis et connaissances au pays des Helvètes de les contacter et de faire la promotion de cette initiative citoyenne. Si l’insurrection des fils (et des filles) de Guillaume Tell contre les Banksters (et les banques suisses sont puissantes !) est couronnée de succès, alors tout espoir sera permis pour nous-mêmes et les générations futures.
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Coffres suisses (CC BY-NC-SA 2.0)
photo par ork_dot_ch http://www.flickr.com/photos/ork_do...
Voici donc de quoi il s’agit :

J’ai traduit l’essentiel de l’article ci-après :
« L’initiative citoyenne la plus importante des 20 dernières années devrait être lancée le 1er mai : la transformation du franc suisse d’argent-dette en « plein argent » [100 % money comme disent les économistes anglo-saxons]. C’est ce qu’ont décidé hier [le 8 janvier 2014 puisque l’article est daté du 9] à Zurich les responsables de l’association pour la modernisation de la monnaie. L’initiative « Plein argent – pour un argent à l’abri de la crise dans l’intérêt de tous : la création monétaire à la seule banque centrale » veut mettre fin à la création de la monnaie par les banques privées.

90 % de l’argent – la plupart des gens n’ont pas conscience de cette monstruosité – est créé littéralement à partir de rien par les banques. Le monopole de la banque centrale ne s’étend qu’à la monnaie fiduciaire [pièces et billets]. L’argent scripturaire, utilisé pour la plupart des paiements, est créé par les banques elles-mêmes chaque fois qu’elles octroient un crédit. Elles ne prêtent pas l’argent des épargnants – ceux-ci le conservent et peuvent s’en servir pour leurs paiements – , mais créent de l’argent qui n’existait pas par un simple jeu d’écritures. (…) La loi ne les oblige qu’à avoir 2,5 % du montant des prêts en dépôt. [c’est ce qu’on appelle le système des « réserves fractionnaires »]

Le revers de la médaille n’est pas seulement l’insécurité de nos dépôts bancaires, mais une montagne de dettes qui grossit sans cesse, qui est de plus en plus difficile à rembourser et dont souffrent principalement les salariés. Car la plus grande partie de la richesse nouvellement créée n’irrigue pas l’économie réelle, où la majorité gagne son pain quotidien, mais la finance qui permet de réaliser des gains rapides. (…)

Le privilège de la création monétaire draine des sommes considérables dans des poches privées alors qu’elles devraient revenir à la collectivité. L’article 99 de la Constitution (…) n’inclut pas la monnaie scripturaire (…). C’est cette lacune que les initiateurs veulent corriger. Le 100 % monnaie est ainsi appelé car toute la monnaie, même la monnaie scripturaire, est garantie par la banque centrale, et pas seulement 2.5 %. C’est pourquoi cet argent est à l’abri des faillites bancaires. L’idée selon laquelle un tel scénario ne pourrait se produire que dans les pays du Sud de l’Europe, fortement endettés, mais pas dans l’opulente Suisse est malheureusement une illusion. (…)

Bien qu’il paraisse révolutionnaire, ce concept n’est pas nouveau. Dans les années 1930, une large majorité de professeur d’économie américains se sont prononcés pour le « 100 % money » pour sortir de la crise. Dans une étude du FMI de 2012, le contrôle étatique de la création monétaire a été préconisé. (…)

Pourtant, les obstacles à cette initiative sont considérables : la compréhension générale de la vraie nature de l’argent bancaire est faible, même parmi les banquiers et politiciens qui devraient bien connaître le sujet. Les médias y portent peu d’intérêt, en particulier ceux qui vivent de la publicité pour les banques. Et les banquiers n’ont absolument pas intérêt à se soumettre à un débat public sur leurs privilèges insoupçonnés (…). Les initiateurs et leurs conseillers économiques (dont quelques professeurs émérites) sont ainsi dépendants du soutien des rares personnes qui sont conscientes des énormes enjeux de la création monétaire. Jusque là, 40 000 signatures [47 500 à ce jour] et 30 000 francs de dons ont été recueillis, ce qui est encore insuffisant. (…) »

Pour plus de renseignements et un suivi de cette initiative : http://www.vollgeld-initiative.ch/?&L=1

En quoi est-ce révolutionnaire ? Comme l’expliquent André-Jacques Holbecq et Philippe Derudder dans La dette publique, une affaire rentable, (1) le système bancaire vampirise littéralement l’économie réelle en ponctionnant des sommes considérables et parfaitement indues, par l’entremise de la dette publique. Un Etat n’a pas besoin d’emprunter aux banques privées, il peut se prêter à lui-même, sa banque centrale peut créer la monnaie dont il a besoin pour financer les services publics, puis la détruire en se remboursant (l’opération n’est donc pas inflationniste). Le tout sans intérêts.

Or, voici que notre souveraineté monétaire a été transférée à l’Europe donc la banque centrale s’interdit de financer directement les Etats (art. 104 du traité de Maastricht, confirmé par l’art. 123 du traité de Lisbonne), les obligeant à emprunter à des banques privées moyennant des intérêts dont le taux varie en fonction de la confiance des investisseurs dans la capacité de remboursement du pays : la crise grecque n’a pas d’autre origine. Quant à nous, qui bénéficions d’un taux faible, notre stock de dette avoisinant les 2000 milliards d’euros nous coûte quand-même près de 50 milliards d’intérêts par an ! Oui, vous avez bien lu : cela fait une saignée de 130 millions PAR JOUR, et sans que le premier centime du principal ne soit remboursé ! La dette publique n’est d’ailleurs pas faite pour être remboursée, mais pour assurer une rente ad vitam æternam aux titulaires des emprunts d’États, qui ne peut être extorquée qu’en sacrifiant les besoins légitimes de la population en matière de santé, d’éducation, d’infrastructures, etc. En ce sens, il est (à moitié) faux d’affirmer que la dette pèsera sur les générations futures : elle pèsera sur les enfants des pauvres (ceux dont les services publics sont le seul patrimoine) mais profitera aux enfants des riches qui pourront continuer à ponctionner une part considérable de la richesse nationale. C’est pourquoi les milieux populaires et les classes moyennes ont un INTERÊT VITAL à ce que la monnaie soit déprivatisée !

Si cette initiative suisse réussit, elle ne manquera pas de donner des idées à toute l’Europe, et l’outil qui aura permis d’arracher la création monétaire aux banques, le référendum d’initiative citoyenne, deviendra une revendication incontournable (2). Autrement dit : c’est l’avenir de la démocratie sur tout le continent qui est en jeu !
 
(2) Pour rappel, l'association Article 3 (www.article3.fr) a le référendum d'initiative citoyenne pour seule revendication.

mardi 11 juin 2013

Tout est truqué : le plus grand scandale de manipulation de prix de tous les temps (Rolling Stone)

Chacun se doute que le monde de la finance est pourri. Seule difficulté, on n'imagine pas, on ne peut pas imaginer à quel point c'est vrai. Car c'est vrai.

Qu'est-ce qui est concerné ? C'est simple, tout. Tout ? Tout. De la boîte de soja aux prêts accordés à des collectivités publiques, en passant par les bénéfices des fonds de pension. Même les financiers chevronnés ouvrent de grands yeux devant la manipulation.

C'est un billet du Grand Soir qui ouvre le bal - le bal ? le coin toilettes d'un bouge plutôt. Lisez l'article : c'est renversant. Et les contrevenants sont intouchables - ou du moins pour le moment considérés comme tels.  Accrochez-vous.



Tout est truqué : le plus grand scandale de manipulation de prix de tous les temps (Rolling Stone)

Illustration by Victor Juhasz

Les illuminati étaient des amateurs. Le deuxième monstrueux scandale financier de l’année révèle la véritable conspiration internationale : il n’y a pas de prix que les banques ne puissent manipuler.
Théoriciens de la conspiration de ce monde, croyants en l’influence secrète de la famille Rothschild, des francs maçons et des illuminati, nous autres sceptiques vous devons des excuses. Vous aviez raison. Les acteurs sont peut-être légèrement différents, mais vos prémisses étaient fondées. Le monde est truqué. Nous l’avons découvert ces derniers mois, quand toute une série d’histoires de corruption a éclaboussé le secteur financier, laissant supposer que les plus grandes banques du monde auraient manipulé les prix de, voyons, à peu près tout.

Vous avez peut-être entendu parler du scandale du Libor dans lequel au minimum trois – mais peut-être jusqu’à seize – des banques désormais connues sous la dénomination de « trop grandes pour faire faillite » ont manipulé les taux d’intérêt globaux. Et par la même occasion, tripatouillé les prix d’instruments financiers à hauteur de 500 mille milliards de dollars (oui, milliers de milliards, avec 14 zéros !). Quand cette vaste escroquerie a éclaté dans le domaine public l’année dernière, elle s’est révélée de très loin le plus grand scandale financier de toute l’histoire – le professeur Andrew Lo du Massachussetts Institute of Technology (NdT : université américaine très réputée et spécialisée dans la science et la technologie) a été jusqu’à dire qu’elle « rendait dérisoire en comparaison n’importe quel scandale financier de toute l’histoire des marchés »

La situation était déjà suffisamment pourrie, mais désormais, il se pourrait que le Libor ait un frère jumeau. L’information a filtré que la société ICAP, basée à Londres, le plus grand intermédiaire au monde de swaps sur les taux d’intérêt, fait l’objet d’une enquête des autorités américaines pour des comportements qui rappellent étrangement ceux du merdier du Libor. Les régulateurs cherchent à savoir si oui ou non, un petit groupe de courtiers de l’ICAP aurait pu travailler de concert avec jusqu’à 15 des plus grandes banques mondiales afin de manipuler l’ISDAfix, un indicateur étalon utilisé à travers le monde pour calculer les prix des swaps de taux d’intérêt.

Les swaps de taux d’intérêt sont des instruments utilisés par les grandes villes, les grandes entreprises et les gouvernements souverains pour gérer leur dette. L’ampleur de leur utilisation est quasiment impossible à imaginer tant elle est vaste. C’est un marché d’environ 379 mille milliards de dollars, ce qui signifie en clair que toute manipulation aurait porté sur des actifs pesant à peu près 100 fois la valeur du budget fédéral des Etats-Unis

Personne ne sera surpris d’apprendre que, parmi les joueurs impliqués dans ce dispositif de manipulation des prix des swaps de taux d’intérêt, figurent les mêmes mega-banques – telles que Barclays, UBS, Bank of America, JP Morgan Chase et la Royal Bank of Scotland – celles-là même qui participent au panel Libor fixant les taux d’intérêt à l’échelle mondiale. En réalité, ces dernières années, beaucoup de ces banques ont déjà payé des amendes se comptant en centaines de millions de dollars pour des manipulations anti-concurrentielles sous une forme ou une autre (en sus de l’affaire du Libor, certaines ont été prises la main dans le sac alors qu’elles truquaient les enchères des services de dettes municipaux, comme détaillé dans Rolling Stone l’an dernier).

Bien que la foison d’acronymes financiers sonne comme du charabia à l’oreille du citoyen lambda, le fait qu’il puisse y avoir des scandales impliquant aussi bien le Libor que l’ISDAfix laisse présager d’une conspiration unique, géante, tentaculaire de collusions et de manipulations des prix se dissimulant sous le vernis de concurrence (NdT libre et non faussée) dont se revendique la culture de Wall Street.

Pourquoi ? Parce que le Libor exerce déjà une influence sur le prix des swaps de taux d’intérêt, faisant de ce scandale une manipulation dans la manipulation. Si les soupçons sont avérés, cela signifiera que les clients de swaps ont payé pour deux couches distinctes de manipulation de prix. Si vous pouvez imaginer payer 20 biftons pour un malheureux PB&J (NdT : Peanutt, butter and Jelly : un sandwich au beurre de cacahuètes et à la confiture.), parce qu’une cabale de sociétés agroalimentaires diaboliques a conspiré pour manipuler les prix aussi bien des cacahuètes que du beurre de cacahuète, alors vous touchez du doigt la folie des marchés financiers au sein desquels les taux d’intérêts et les swaps de taux d’intérêt sont manipulés en même temps, souvent par les mêmes banques.

« C’est une double conspiration » explique, ébahi, Michael Greenberger, un ancien directeur de la division du marché et des échanges à la Commodity Futures Trading Commission (Commission des marchés à terme sur les matières premières) à présent professeur à l’Université du Maryland. « C’est le summum de la criminalité »

Les mauvaises nouvelles ne s’arrêtent pas aux swaps et aux taux d’intérêts. En mars, nous avons appris que deux instances de régulation – la CFTC aux Etats-Unis et l’Organisation Internationale des Commissions de Valeur à Madrid – galvanisées par les révélations de l’affaire du Libor, enquêtent sur la possibilité d’une manipulation des prix de l’or et de l’argent. « Etant donnée l’ampleur des manipulations que nous avons pu découvrir dans les indicateurs Libor, j’envisage que d’autres indicateurs – de nombreux autres indicateurs – constituent des terrains d’enquête tout à fait légitimes, » explique le Commissaire Bart Chilton de la CFTC.

Mais le choc le plus important est venu d’une cour fédérale à la fin du mois de mars – quoi que, si vous suivez ces affaires de près, cela ne devrait pas vous choquer outre mesure – lorsque qu’une poursuite au civil dans le cadre d’une class-action portant sur les crimes liés aux banques qui sont intervenues dans l’affaire du Libor a été classée sans suite. Dans cette affaire, un juge fédéral a jugé recevable les arguments incroyables des avocats des banques : si les villes, les communes et autres investisseurs ont perdu de l’argent à cause de la manipulation du Libor, c’était de leur propre faute pour avoir cru un seul instant que les banques étaient réellement en concurrence

« C’est une farce ». Telle a été la réaction d’un avocat anti-trust en réponse à cette étonnante fin de non recevoir.

« Incroyable » dit quant à elle Sylvia Sokol, un procureur de Constantine Cannon, un cabinet spécialisé dans les affaires d’antitrust.

Toutes ces histoires pointent collectivement vers la même conclusion : ces banques, qui possèdent déjà un pouvoir énorme, ne serait-ce qu’en vertu de leurs actifs financiers – aux Etats-Unis, les 6 banques les plus importantes, dont beaucoup portant les noms que vous voyez dans les panels du Libor et de l’ISDAfix, possèdent des actifs équivalent à 60% du PIB de la nation – sont en train de réaliser l’étendue des possibilités qu’elles auraient pour augmenter leur profit et leur poids politique, en magouillant ensemble plutôt qu’en se concurrençant. De surcroît, il apparaît de plus en plus clairement que le système judiciaire et les tribunaux civils sont incapables de les arrêter, même lorsqu’elles sont prises en flagrant délit de collusion.

Si cela se révélait vrai, cela signifierait que nous vivrons dans une époque de conspiration avérée, sans masque, dans laquelle le prix des monnaies, des marchandises, telles que l’or et l’argent-métal, et même les taux d’intérêt et la valeur de l’argent lui-même, peuvent être et sont d’ores et déjà décidés d’en haut. Et ceux qui le font peuvent le faire en toute quiétude. Oubliez les illuminati – là, on est dans la vraie vie, et ce n’est pas un secret. Vous l’avez sous le nez et pouvez le regarder en face à chaque fois que vous le souhaitez.

La banque a trouvé une faille, un défaut de principe de la machine. D’un bout à l’autre du système financier, il y a des endroits où les prix ou les indices officiels sont fixés sur la base de données non vérifiées fournies par les banques et les firmes privées. En d’autres termes, nous avons donné aux joueurs tentés de truquer le système un rôle institutionnel dans l’infrastructure économique.

Le Libor, qui mesure les prix auxquels les banques se prêtent de l’argent entre elles, est un exemple parfait, non seulement de ce défaut de principe du système de fixation des prix, mais de la faiblesse du cadre réglementaire qui est censé y faire la police. Combinez un principe de déclaration spontanée avec un statut de trop-grosse-pour-faire-faillite et un système légal de portes à tambours, et vous obtenez une corruption impossible à arrêter.

Chaque matin, dix-huit des plus grandes banques du monde communiquent des données à un bureau londonien au sujet du montant qu’elles croient devoir payer pour emprunter aux autres banques. Les dix-huit banques ensemble s’appellent « le panel Libor », et quand toutes les données du panel Libor ont été collectées, on en fait la moyenne. Ce qui en ressort, chaque matin à 11 h 30, heure de Londres, ce sont les chiffres Libor pour la journée.

Les banques communiquent des chiffres relatifs aux emprunts dans dix devises différentes, sur quinze durées différentes, par exemple aussi courtes que un jour et aussi longues que un an. Cette montagne de données présentées par les banques est utilisée chaque jour pour créer les taux de référence qui affectent tous les prix, des cartes de crédit jusqu’aux prêts hypothécaires, aux prêts commerciaux (court et long termes), aux swaps.

Dès le début des années quatre-vingt-dix, les traders et d’autres à l’intérieur de ces banques appelaient parfois les geeks responsables de la communication des chiffres Libor (les « Libor submitters ») pour leur demander de manipuler les chiffres. Habituellement, le truc était que le trader avait pris un pari sur quelque chose – un swap, des devises, autre chose – et il voulait que le responsable fasse en sorte que les chiffres paraissent inférieurs (ou à l’occasion supérieurs) pour l’aider à gagner son pari.

Il est bien connu qu’un trader de Barclays a trafiqué les présentations Libor en échange d’une bouteille de champagne Bollinger, mais dans certains cas, c’était encore plus minable que ça. Voici l’extrait d’un échange entre un trader et un responsable Libor à la Royal Bank of Scotland :
SWISS FRANC TRADER : peux-tu décoter 6 millions libor suisse stp ?…
PRIMARY SUBMITTER : qu’est-ce que j’y gagne ?
SWSISS FRANC TRADER : me reste des sushi d’hier ?…
PRIMARY SUBMITTER : ok décote 6 millions, juste pour toi
SWISS FRANC TRADER : wooooooohooooooo. . . Ça serait terrible


Bidouiller les taux d’intérêts mondiaux qui affectent des milliards de gens pour des sushi de la veille – difficile d’imaginer une meilleure peinture de la folie morale du secteur des services financiers actuels.

Des centaines d’échanges similaires ont été découverts quand des régulateurs comme ceux de la Financial Services Authority britannique et le Ministère de la Justice américain ont commencé à creuser dans les entrailles malpropres du Libor. Les documents prouvant la manipulation anti-concurrentielle qu’ils ont trouvés étaient si accablants qu’en les lisant on se trouvait presque gêné pour les banques. « C’est juste effarant de voir comment la manipulation du Libor peut vous faire prendre autant d’argent. » couinait un trader de yen. « La manipulation totale continue », écrivait un autre.

Pourtant, malgré tous ces cas avérés de manipulation et au moins autant de tentatives, la plupart des banques s’en sont tirées. Barclays s’en est sortie avec une amende relativement faible, de l’ordre de 450 millions de dollars, l’UBS a morflé avec 1,5 milliard de dollars de pénalités et la Royal Bank of Scotland a dû lâcher 615 millions de dollars. À part quelques sous-fifres à l’étranger, aucun individu impliqué dans cette escroquerie, qui a touché quasiment tout un chacun dans le monde industrialisé, n’a été ne serait-ce que menacé de poursuites pénales.

Deux des responsables au plus haut niveau de l’exécution de la loi aux États-Unis, le procureur général Eric Holder et l’ancien chef du service criminel du Ministère de la Justice, Lenny Breuer, ont confessé qu’il est dangereux de poursuivre les banques délinquantes, simplement parce qu’elles sont trop grosses. Procéder à des arrestations, selon eux, pourrait avoir des « conséquences collatérales » sur l’économie.

Les sommes d’argent relativement modestes tirées de ces transactions n’ont pas servi à dédommager les agglomérations, villes et autres victimes qui ont perdu de l’argent à cause des manipulations du Libor Au lieu de cela, elles sont parties sans arrière-pensée dans les coffres du gouvernement. Ainsi, c’est à des agglomérations et des villes comme Baltimore (qui a perdu de l’argent dans les fluctuations des investissements municipaux du fait de la manipulation du Libor.), aux fonds de pension comme la mutuelle des pompiers et policiers de New Britain, Connecticut, à d’autres fondations et même à des particuliers (le milliardaire de l’immobilier Sheldon Solow, qui a engagé une action en février, affirme que sa compagnie a perdu 450 millions de dollars à cause des manipulations du Libor qu’il revient d’attaquer les banques pour obtenir des réparations.

L’un des plus gros procès Libor se déroulait normalement quand, début mars, une armée d’avocats super-stars représentant les banques s’est abattue sur la juge fédérale Naomi Buchwald dans le district sud de New-York pour défendre une motion extraordinaire de récusation. La dream team judiciaire des banques provenait de firmes poids lourds liées aux autorités, telles que Boies Schiller (rappelez-vous que David Boies représentait Al Gore), Davis Polk (refuge d’ex-régulateurs de haut rang comme l’ancien chef de l’exécutif de la SEC Linda Thomsen) et Covington & Burling, le cabinet libéral qui employa à la fois Holder et Breuer.

La présence au procès de Covington & Burling – représentant – accrochez-vous – de Citigroup, l’ancien employeur du Secrétaire au Trésor actuel Jack Lew – était particulièrement provocante. Au moment même où le procès Libor était classé sans suite, la firme avait embauché Lenny Breuer lui-même, le même Lenny Breuer qui, à peine quelques mois plus tôt, en tant qu’adjoint de l’avocat général, s’était dégonflé au moment de poursuivre l’UBS au pénal au sujet du Libor, en disant : « notre but n’est pas de détruire une institution financière majeure ».

Quoi qu’il en soit, cet escadron-vedette d’avocats en chaussures blanches s’est présenté devant Buchwald pour avancer le plus audacieux des arguments. Robert Wise de Davis Polk, représentant la Bank of America, dit à Buchwald que les banques ne pouvaient pas être coupables de collusion anti-concurrentielle parce que personne n’avait jamais dit que la création du Libor était concurrentielle. « Il est essentiel pour notre argumentation que ceci n’est pas un processus concurrentiel », dit-il. « Les banques ne sont pas en concurrence entre elles dans la déclaration du Libor. »

Si vous louchez super fort et que vous regardez le problème à travers un miroir, de préférence la tête en bas, vous pouvez à peu près visualiser ce que dit Wise. Dans un sens très théorique et technique, le vrai processus par lequel les banques communiquent leurs données Libor – 18 geeks qui envoient tous les matins des chiffres au bureau de l’association des banquiers britanniques à Londres – n’est pas très concurrentiel en soi.

Mais ces chiffres sont supposés refléter les prix du crédit interbancaire établis dans un marché réel et concurrentiel. Dire que le processus de communication au Libor n’est pas concurrentiel, c’est un peu comme souligner que des braqueurs de banque ont respecté les limites de vitesse sur le chemin de leur hold-up. C’est la variété la plus stupide de sophisme légal.

Mais Wise arriva même à dépasser cet argument, disant en gros que s’il est vrai que les banques avaient pu mentir et tromper leurs clients, elles n’étaient pas coupables de ce crime particulier de collusion anticoncurrentielle. C’est comme la vieille blague de l’avocat qui va au tribunal et prétend que son client est forcément innocent puisqu’il était en train de commettre un crime dans un autre Etat au moment des faits qui lui sont reprochés.

« Je crains que les demandeurs confondent une plainte pour une tromperie supposée », dit-il, « avec une plainte pour infraction à la concurrence »

La juge Buchwald goba totalement cet argument de dingue, et laissa tomber la majeure partie du dossier. Le Libor, dit-elle, était un « travail coopératif », qui n’a « jamais eu pour but d’être concurrentiel ». Sa décision « ne reflète pas la réalité de ce business, où toutes ces banques agissaient en tant que concurrentes dans tout le processus », dit l’avocate antitrust Sokol. Buchwald prit sa décision en dépit du fait que tant les gouvernements américain que britannique avaient déjà transigé avec trois banques pour un montant qui se chiffre en milliards de dollars pour manipulation frauduleuse, manipulation que ces compagnies avaient reconnues dans leurs conclusions.

Michael Hausfeld de Hausfeld LLP, l’un des premiers avocats des plaignants dans le procès du Libor, a refusé de commenter spécifiquement ce rejet. Mais il s’est exprimé sur la signification de l’affaire du Libor et sur d’autres manipulations qui sont maintenant dans les tuyaux.

« Il est désormais évident qu’il y a une culture ubiquiste chez les banques pour s’entendre et tromper leurs clients à chaque fois qu’ils le peuvent et ce de toutes les manières qu’ils peuvent inventer », dit-il. « Et ce n’est pas une simple supposition. C’est juste basé sur les raisons pour lesquelles ils se sont fait attraper. »

Greenberger dit que l’absence de conséquences sérieuses pour le scandale du Libor a juste rendu inévitables d’autres types de manipulations. « Il n’y a pas de meilleure thérapie que d’envoyer ceux qui portent des chaussures Gucci en prison », dit-il. « Mais quand le procureur général dit, ‘je ne veux pas condamner les gens’, c’est le Far West. Il n’y a pas de loi. »

Le problème est qu’un certain nombre de marchés possèdent les mêmes faiblesses structurelles qui ont failli dans le bordel du Libor. Dans le cas des swaps de taux d’intérêts et de l’indicateur ISDAfix, le système est très similaire à celui du Libor, bien que l’enquête sur ces marchés se fût plutôt concentrée sur d’autres types d’irrégularités.

Même si les swaps de taux d’intérêts ne sont pas largement compris à l’extérieur du monde de la finance, en réalité le concept de base n’est pas si compliqué. Si vous pouvez imaginer de contracter un crédit immobilier à taux variable puis de payer une banque pour rendre vos mensualités fixes, vous avez compris l’idée de base d’un swap de taux d’intérêts.

En pratique, ce pourrait être un pays comme la Grèce ou un gouvernement régional comme le comté de Jefferson dans l’Alabama, qui emprunte de l’argent à un taux d’intérêt variable, avant de se rendre dans une banque pour « échanger » (NdT : « swap ») ce crédit contre un taux fixe plus prévisible. Dans la forme la plus simple d’un contrat de swap, le client paie une prime pour avoir la sécurité des taux d’intérêts fixes, alors que la firme qui vend le swap parie généralement qu’elle en sait davantage que ses clients sur les futures variations de taux d’intérêts.

Les prix des swaps de taux d’intérêts sont souvent basés sur l’ISDAfix qui, comme le Libor, est encore un de ces indicateurs calculé de manière privée. Les taux de l’ISDAfix pour le dollar US sont publiés tous les jours à 11h30 et 15h30, après qu’une bande composée des mêmes banques « connues de la police » (NdT : « usual suspect ») (Bank of America, RBS, Deutsche, JPMorgan Chase, Barclays, etc…) ont envoyé leurs informations sur l’offre et la demande pour les swaps.

Et voilà ce que l’on sait jusqu’ici : la CFTC a assigné l’ICAP et pas moins de quinze banques de ses membres, et projette de les interroger sur une douzaine d’employés de l’ICAP travaillant au bureau de la société à Jersey City dans le New Jersey. De plus, l’association internationale des swaps et des produits dérivés (ISDA), qui travaille avec l’ICAP (pour les transactions en dollars) et Thomson Reuters pour calculer l’indicateur ISDAfix, a engagé la firme de consultance Oliver Wysman pour réviser le processus qui préside au calcul de l’ISDAfix. Oliver Wyman est la même compagnie qui avait été engagée par l’association des banquiers britanniques pour réviser le processus de soumission du Libor après la révélation du scandale l’année dernière. Le résultat de tout ça, c’est qu’on dirait vraiment que l’ISDAfix ressemble au Libor à son tout début.

« Ca rappelle de manière éclatante l’affaire de la manipulation du Libor », dit aux reporters Darrell Duffie, un professeur de finance à l’université de Stanford. « Les gens ont pu être assez naïfs pour croire que la publication de ces taux était suffisante pour éviter la manipulation ».

Et de la même manière que pour le Libor, les victimes potentielles d’un scandale de manipulation des swaps de taux d’intérêts seraient la même bande de pauvres couillons des agglomérations, villes, sociétés et autres entités non-bancaires qui n’ont aucun moyen de savoir si elles paient le vrai prix des swaps ou un prix manipulé à leur profit par les initiés des banques. De plus, l’ISDAfix ne sert pas seulement à calculer le prix des swaps de taux d’intérêts, mais aussi à fixer la valeur d’un montant de 550 milliards d’obligations liées à de l’immobilier commercial, et affecte également le paiement des annuités de certaines retraites d’Etat.

Alors même s’il n’est pas tout à fait aussi répandu que le Libor, l’ISDAfix a un pouvoir de nuisance suffisant dans l’infrastructure financière mondiale pour que toute manipulation du taux soit catastrophique, et qu’une classe étendue de victimes qui inclurait n’importe qui, des retraités de l’État aux grandes villes en passant par les investisseurs fortunés en produits structurés, ne se doute pas qu’elle se fait voler.

« Comment une municipalité à Cleveland ou n’importe où va-t-elle savoir si elle se fait escroquer ? », demande Michael Masters de Masters Capital Management, un gestionnaire de fonds qui a longtemps plaidé pour une plus grande transparence dans le monde des dérivés. « La réponse est qu’elle ne le saura pas ».

Pire encore, l’enquête de la CFTC n’est apparemment pas limitée à une possible manipulation du prix des swaps en bidouillant l’ISDAfix. Selon les rapports, la commission cherche également à savoir si oui ou non les employés de l’ICAP pourraient avoir intentionnellement retardé la publication du prix des swaps, ce qui en théorie pourrait donner à quelqu’un (des banquiers, hum, hum) une chance de faire des transactions anticipées.

Les prix des swaps sont publiés lorsque les employés de l’ICAP entrent manuellement les données sur un ordinateur appelé « 19901 ». Quelque 6000 clients s’abonnent à un service qui leur donne accès aux données qui apparaissent sur l’écran 19901.

La combine ici, c’est que contrairement à un marché plus transparent et régulé comme la bourse de New York, où le résultat des échanges d’actions est calculé à peu près instantanément et où tout le monde peut immédiatement voir l’impact de la transaction sur le cours des actions, dans le marché du swap le monde entier est dépendant du fait qu’une poignée de courtiers saisissent rapidement et honnêtement les données des transactions à la main sur un écran d’ordinateur.

Tout retard dans la saisie des données des prix fournit aux banques impliquées dans les transactions une occasion unique de faire du business avant la publication. Une manière d’imaginer cela serait de se représenter un champ de courses dans lequel un rideau géant serait tiré devant la piste quand les chevaux entrent dans la dernière ligne droite – et où on annoncerait aux spectateurs le cheval gagnant deux minutes plus tard. Tous ceux qui sont du bon côté du rideau pourraient alors faire un paquet de paris pertinents avant que les spectateurs n’apprennent le résultat de la course.

A l’ICAP, le bureau des swaps de taux d’intérêt et l’écran 19901 étaient contrôlés par un petit groupe d’une vingtaine de courtiers, dont certains gagnaient des millions de dollars. Ces courtiers prenaient tellement d’argent pour leur pomme que l’unité était surnommée « l’Ile au Trésor ».

D’ores et déjà, des rapports indiquent que les courtiers de l’Ile au Trésor ont provoqué de tels retards de manière intentionnelle. Bloomberg a interviewé un ancien courtier qui a déclaré qu’il avait été témoin du retard des courtiers ICAP lorsqu’il fallait communiquer le prix des swaps. « Cela permet aux vendeurs de dire aux courtiers de rentrer en retard les échanges dans le système au lieu de le faire en temps réel », écrit Bloomberg, notant que l’ancien courtier avait « été témoin oculaire de telles pratiques ». Un porte-parole de l’ICAP n’a pas fait de commentaire sur cette histoire, quoique la compagnie eût publié une déclaration selon laquelle elle « coopère » avec l’enquête de la CFTC et qu’elle « applique des politiques qui interdisent » le comportement déviant décrit dans les rapports.

L’idée que les prix sur un marché de 379 mille milliards de dollars puissent être dépendants d’un bureau d’environ 20 types dans le New Jersey devrait en dire long à propos de l’absurdité de notre infrastructure financière. Toute l’affaire, en fait, intègre des éléments d’humour noir. « C’est presque hilarant dans l’ironie », déclare David Frenk, directeur de recherche pour Better Markets, un groupe partisan de la réforme de la finance, « qu’ils aient appelé ça ISDAfix » (NdT : jeu de mot sur la signification de fix en anglais : réparer, corriger)

Après les scandales impliquant le Libor et peut-être l’ISDAfix, la question qui devrait causer la panique chez tout le monde est celle-ci : quels autres marchés alentour portent-il en eux le même potentiel de manipulation ? La réponse à cette question est loin d’être rassurante, parce que ce potentiel est quasiment universel. De l’or au gaz en passant par les swaps et les taux d’intérêt, partout dans le monde, les prix dépendent de petites cabales privées d’initiés machonneurs de gros cigares à qui nous sommes obligés de faire confiance

« Dans tous les marchés hors cote, on n’a pas vraiment de prix, sauf ceux d’une bande de types qui s’entendent », note Master désabusé.

Cela inclut les marchés de l’or (dans lequel les prix sont fixés par cinq banques suivant une procédure de téléconférence à la Libor, procédure qui, ironie de l’histoire, a été créée en partie par N M Rothschild & Fils) et de l’argent métal (dont les prix sont sont fixés par seulement trois banques), de même qu’un certain nombre d’indicateurs dans de nombreux autres marchés – le kérosène, le diesel, l’électricité, la charbon, tout ce que vous voulez. Le problème dans chacun de ces marchés est le même : nous sommes obligés de nous reposer sur l’honnêteté de sociétés telles que Barclays (déjà reconnue coupable et qui a dû payer une amende de 453 millions de dollars dans l’affaire du Libor) ou JP Morgan CHase (qui a payé un arrangement de 228 millions de dollars dans l’affaire du trucage des enchères des obligations municipales) ou encore UBS (condamnée à une amende de 1,66 milliards de dollars pour la manipulation du Libor ET le trucage des enchères d’obligations) et la communication sincères des vrais prix des choses telles que taux d’intérêts, swaps, devises ou matières premières…

Tous ces indicateurs basés sur la communication volontaire sont sous le coup d’investigations par les régulateurs de par le monde, et Dieu sait ce qu’ils vont trouver. La Fédération Européenne des usagers de Services Financiers a écrit dans un rapport officiel l’été dernier que tous ces systèmes sont mûrs pour des manipulations. « En général » écrit-elle, « ces marchés qui sont basés sur la remontée d’informations volontaire et déclaratives par des ‘agents dont les profits dépendent de tels indicateurs sont particulièrement vulnérables aux abus et aux distorsions ».

Traduction : quand les prix sont fixés par des compagnies qui peuvent bénéficier de leur manipulation, nous sommes baisés.

« Prenez celui que vous voulez », dit Frenk, « chacun de ces indicateurs est un potentiel de corruption »

La seule et unique raison pour laquelle ce problème n’a pas reçu l’attention qu’il mérite est que son ampleur est tellement inimaginable que le péquin ne peut tout simplement pas la concevoir. Ce n’est pas seulement voler en mettant la main dans votre poche et en piquant l’argent, mais c’est du vol dans lequel les banques n’ont que quelques boutons à pousser pour que, par magie, ce qui se trouve dans votre poche perde de sa valeur. C’est une corruption au niveau moléculaire de l’économie, un vol du 21ème siècle – et ça ne fait que commencer…

Article original publié sur le site de Rolling Stone USA le 25 avril 2013 http://www.rollingstone.com/politics/news/everything-is-rigged-the-big...
Traduction : Laetsgo, SuperNo, Touchatout (par ordre alphabétique !) http://www.banksters.fr/2013/05/tout-est-truque-le-plus-grand-scandale...
* http://www.banksters.fr/2013/05/tout-est-truque-le-plus-grand-scandale...
 
URL de cet article 20930

dimanche 26 mai 2013

Plaidoyer - Pour une monnaie commune sans l’Allemagne (ou avec, mais pas à la francfortoise) (Frédéric Lordon)

Nous avons déjà cité ici Frédéric Lordon. Sa dernière mouture présente un grand intérêt, au point que je ne peux manquer d'en faire état ici : c'est dans les Blogs du Monde Diplomatique qu'il a déposé ce réquisitoire contre l'actuel système européen, bloqué par la volonté à long terme de l'Allemagne (et non d'Angela Merkel seule) dans une gestion mécanique et catastrophique pour tous.

Il s'agit bien entendu là d'un extrait seulement, mais la lecture de ce document est hautement instructive, même si personnellement je nourris des idées légèrement différentes sur le remède à apporter à une situation décidément intenable. Écoutons Monsieur Lordon.

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1]) s’accroche maintenant aux hypothèses les plus ténues pour éviter de sombrer corps et âme dans la honte historique. Une vaillante escouade de « responsables du PS français et du SPD allemand » a, par exemple, enfin cerné l’origine du « mal européen » dont elle redoute, à raison, d’avoir à pâtir : c’est « l’alliance néolibérale et conservatrice majoritaire [2] » — comprendre Angela Merkel et David Cameron. Que David Cameron soit premier ministre d’un Etat qui n’appartient pas à la zone euro sera considéré en première approximation comme un enrôlement admissible puisqu’il s’agit de démontrer que, fût-elle sous la bienveillante tutelle de toutes les DC européennes, la monnaie unique aurait le visage progressiste et riant qui résulterait de l’inversion trait pour trait de sa sale gueule austéritaire présente. Bernard Guetta, intellectuel organique de la DC européenne, ne dit pas autre chose et nous montre même la lumière au bout du tunnel : « L’Union européenne n’est pas génétiquement de droite. Elle est conjoncturellement à droite, ce qui n’est pas du tout la même chose car ce que des élections ont fait, d’autres élections peuvent le défaire. Il faut, autrement dit, que cesse la fausse et mortifère identification de l’Europe à ses politiques du moment [3] ».
Tel le radeau de la Méduse, la Droite Complexée (DC, ex-Parti socialiste [

L’Europe constitutionnellement (ordo)libérale… Retour à la table des matières

On va dessiller Bernard Guetta — et ses amis Complexés avec lui — quitte à ce que la lumière au bout du tunnel finisse par lui apparaître comme les phares du train qui arrive en face. En matière économique, l’Union européenne n’a pas de politique, au sens très précis d’une possibilité discrétionnaire d’initiative.

(suite et fin de cet article très étoffé, dans les Blogs du Diplo)

vendredi 15 février 2013

La bascule de l'économie mondiale a-t-elle déjà commencé ?


L'économie va mal, l'économie se meurt. La récession est générale aux USA, en Europe (oui, les chiffres "officiels" ne l'avouent pas toujours). Tout le monde est endetté envers tout le monde, les économies s'enrayent toutes, les courroies de l'empire financier mondial dérapent sur les poulies...

 C’est clair : désormais il faut repartir de zéro, oublier les notions de dette et de profit partout dans le monde, ce qui implique que toute l’épargne disparaît, que la notion de propriété au sens de possession, et non au sens d’usage, est sujette à caution, que la notion de multinationale n’a de ce fait plus de sens, que l’usine ou l’immeuble de bureaux appartient à ceux qui s’en servent puisque ce sont eux qui font tourner la boutique…

Cela va très loin ! Mais à situation exceptionnellement grave, les remèdes doivent être exceptionnels eux aussi. Il va falloir passer de consommation “forcée” par la production, à une production conduite par les besoins réels.

Ceux qui ne sont pas d’accord ? (il y en aura, au début beaucoup sans doute, puis moins) Il faudra bien que ceux qui ont compris la situation réelle expliquent, expliquent, expliquent toujours. C’est le système tout entier qui est vicié au-delà de toute appréhension tant les chiffres, démentiels, ne veulent plus rien dire.
Qui sait, même nous les plus anciens, déjà sortis de la chaîne productive actuelle, verrons-nous ce basculement à la fois nécessaire et d’envergure comparable seulement avec le fiasco actuel. Un chambardement auprès duquel la chute de l’empire romain ne sera que broutille.

Comment cela pourra-t-il arriver ? Quand une situation est à ce point explosive, il suffit d'une étincelle qui sur le moment paraîtra anodine : mais sur cette flammèche se grefferont d'autres foyers latents, qui pourront se réveiller en quelques jours tout au plus, laissant sans réaction des "autorités" qui ne peuvent pas canaliser une planète tout entière.

Si cela arrive, les structures tendues à craquer partout cèderont, même si les armées s'en mêlent. D'autant que la probabilité est grande qu'alors les troupes ne soient plus payées, et fassent front commun avec ceux quelles seraient sensées maîtriser.  Occupés, les sièges de grandes banques plieront vite, au prix sans doute de carnages entre les soldats et les vigiles qui plieront sous le nombre. On n'a malheureusement jamais fait de vraie révolution sans que certains, pas forcément ceux qu'il faudrait, y laissent leur vie.

Je n'inciterai pas à de telles extrémités, mais je crains que tôt ou tard, ne se produisent de telles remises en question majeures de la situation actuelles, d'autant plus fondamentales qu'elles auront au maximum été différées par ceux qui sont pour le moment "les maîtres de ce chaos". Peut-être même ce processus a-t-il déjà commencé.