Un devoir d’introspection
L’Atlantisme
est l’idéologie dominante des sociétés européennes actuelles, celle qui
aura sans doute le plus d’influence sur le devenir de nos destinées
communes et pourtant elle est de ces idéologies presque cachées dont on
ne parle ouvertement que dans le cercle restreint du monde alternatif.
Sont Atlantistes tous les collaborateurs européens de la vision
hégémonique des États-Unis et de son idéologie propre qui répond au doux
nom d’impérialisme. Autrement dit, l’Atlantisme est l’idéologie des
exécutants serviles de l’idéologie impériale américaine ; elle lui est
subordonnée et ne tire de sa soumission que les miettes de l’empire
tombées à terre après le festin des empereurs.
C’est une idéologie
mineure dans l’idéologie majeure. Elle est à la fois honteuse et
conquérante : honteuse parce qu’elle ne joue jamais que les seconds
rôles ; conquérante, parce qu’elle emprunte à son maître
d’outre-atlantique ses visions hégémoniques délirantes et toutes ses
caractéristiques totalitaires. C’est un totalitarisme dans le
totalitarisme, une domination de dominés, un impérialisme de serfs et
d’esclaves passés maîtres dans l’art de se soumettre. Parler de
l’Atlantisme européen c’est parler du projet impérial américain et
réciproquement. La seule chose qui les distingue est leur place dans la
hiérarchie totalitaire : le premier n’est que l’émanation du second, ne
se définit que par lui, se contente de l’imiter et lui obéit en tout ;
il n’est, en revanche, son égal en rien.
Chaque continent a ses
collaborateurs au service de l’impérialisme américain, chaque zone
d’influence de ce dernier a son atlantisme à lui. Nous aurions pu ainsi
nous contenter d’évoquer les caractéristiques totalitaires de
l’impérialisme américain pour comprendre l’Atlantisme. Mais, la position
de subordination que les Européens ont adopté par rapport à leur modèle
nord américain est le résultat d’un choix de nos élites auquel nous
devons nous confronter directement, plutôt que de rejeter toute forme de
responsabilité sur l’oligarchie américaine. Prenons notre part de
responsabilité, voyons-nous tels que nous sommes, accomplissons un
travail d’introspection nécessaire avant de relever la tête et de
retrouver notre dignité. Car, avant de pouvoir se rebeller contre ses
maîtres, il faut se percevoir comme esclave et reconnaître la part de
consentement et de lâcheté qu’il y a dans cette situation.
D’un totalitarisme l’autre
Les
caractéristiques de cette idéologie sont nombreuses et ne revêtent pas
toutes la même importance, mais elles dessinent très clairement
une idéologie totalitaire
ayant ses spécificités propres qui ne se retrouvent pas nécessairement
telles quelles dans les totalitarisme érigés en momies d’observation
comme le stalinisme ou le nazisme. Il ne nous semble pas utile, en
effet, de comparer l’Atlantisme à d’autres totalitarismes passés de
mode, car
on peut être un totalitarisme à part entière sans partager toutes les caractéristiques de ses modèles les plus achevés, modèles qui appartiennent à une autre époque.
Il
y a plusieurs degrés dans le totalitarisme atlantiste ; comme il y a
plusieurs manières de le subir. Selon que l’on est un peuple d’Afrique
ou du Moyen Orient ou un citoyen allemand ou français appartenant à la
classe des favorisés, on ne vit pas de la même manière le totalitarisme
atlantiste.
S’il est globalement meurtrier, il peut être localement bénéfique pour une minorité.
Autrement dit, le totalitarisme atlantiste est à géométrie variable
(c’est son caractère ambigu) : tantôt impitoyable et brutal avec les
uns, il peut être plus tranquille et pourvoyeur de certains bienfaits
pour ceux qui le respectent et courbent l’échine devant sa puissance. Il
n’en est pas moins présent partout et ne tolère guère la contestation
quand cette dernière revêt un caractère menaçant pour son emprise.
Car,
si vous pouvez contester ses caractéristiques mineures et jouir, pour
se faire, de la plus totale liberté, vous ne serez pas autorisé à vous
attaquer, dans la force des faits , à
ses fondamentaux : (1) le
libéralisme financier et la puissance des banques, (2) la domination du
dollar dans les échanges internationaux, (3) les guerres de conquête du
complexe militaro-industriel – pour, notamment, l’accaparement des
ressources naturelles des pays périphérique à ses valeurs - ; (4)
l’hégémonisme total des États-Unis (dans les domaines militaire,
économique, culturel) de qui il reçoit ses directives et sa raison
d’être ; (5) l’alliance indéfectible avec l’Arabie saoudite (principal
État terroriste islamique au monde) ; (6) le soutien sans faille au
sionisme.
L’Atlantisme, c’est, en effet, un totalitarisme
qui définit une liberté encadrée, bornée aux éléments qui ne la
remettent pas en cause ; une liberté sans conséquence ; une liberté sans
portée contestataire ; une liberté consumériste et libidinale ;
une liberté impuissante.
C’est une liberté qui nous adresse ce message : « Esclave, fais ce que
tu veux, pour autant que tu me baises les pieds et que tu travailles
pour moi ».
Il convient, pour juger du caractère totalitaire ou
non de l’Atlantisme, de le prendre en bloc et de voir s’il opprime, s’il
tue en masse, à un endroit quelconque de cette planète. Il nous importe
peu qu’il puisse être tolérable pour des populations entières (les
élites occidentales et leurs protégés), s’il doit se rendre terrible et
impitoyable pour le reste de l’humanité, sa mansuétude à l’égard de
certains ne le rendant pas meilleur ou moins criminel. Ainsi, son
ambiguïté est le résultat de la perception que nous pouvons en avoir
lorsque nous nous plaçons dans la peau de l’homme blanc Occidental. Car,
si nous essayons un instant de nous mettre à la place des Irakiens, des
Libyens, des Syriens (parmi tant d’autres), son essence perd son
ambiguïté et se révèle pour ce qu’elle est :
une puissance criminelle qui pervertit l’humanité et les valeurs démocratiques.
Portrait du totalitarisme par lui-même
Voyons,
à présent, à grands traits et pour nous donner quelques repères, les
principales caractéristiques qui nous permettent de dire que
l’Atlantisme est bel et bien un totalitarisme.
1. L’Atlantisme est un impérialisme
“What
should that role be ? Benevolent global hegemony. Having defeated the
"evil empire," the United States enjoys strategic and ideological
predominance. The first objective of U.S. foreign policy should be to
preserve and enhance that predominance by strengthening America’s
security, supporting its friends, advancing its interests, and standing
up for its principles around the world”. Toward a Neo-Reaganite Foreign
Policy, de William Kristol et Robert Kagan, Foreign Affairs,
juillet/août 1996.
C’est une idéologie qui sert un État militarisé
(les États-Unis ) qui a recours (a) à la terreur - guerres préventives,
enlèvement, déportations dans des camps de torture, assassinats
extrajudiciaires quotidiens, etc.- (b) à la peur - menace terroriste
instrumentalisée auprès de ses populations et (c) aux menaces – de
rétorsions économiques contre les États récalcitrants, de guerres tous
azimuts, de coups d’États - pour imposer sur la surface du globe sa
vision ultra-libérale et pour s’accaparer, par la force létale, les
ressources naturelles dont elle pense avoir besoin pour sa domination.
C’est une idéologie au service d’une vision hégémonique de la puissance américaine.Cette
dernière revendique son caractère hégémonique : (i) dans le domaine
militaire, à travers les think tanks néoconservateurs comme le Project
for a New American Century (et sa volonté affichée d’empêcher
l’émergence d’une puissance capable de rivaliser avec celle des
États-Unis) ou l’American Entreprise Institute et, enfin, à travers sa
doctrine militaire officielle intitulée
Full Spectrum Dominance ;
(ii) dans le domaine économique et financier avec, entre autre,
l’imposition du dollar comme monnaie d’échange international ; (iii)
dans le domaine culturel, par la mise en place d’un programme de
corruption des élites occidentales et internationales à travers,
notamment, l’opération Mockingbird dans les années 50 et le National
Endowment for Democracy aujourd’hui.
L’Atlantisme, adhère, sans
piper mot et comme un bon soldat, à cette projection planétaire d’un ego
qui n’est pas le sien. Sans l’Atlantisme la vision hégémonique des
États-Unis ne pourrait pas avoir le caractère global qu’elle a
aujourd’hui. L’Atlantisme participe pleinement à l’ensemble des crimes
commis au nom de cet ego démesuré, soit directement, soit en les
justifiant ou en les transfigurant en ‘actions humanitaires’ auprès de
ses peuples.
2. L’Atlantisme est un terrorisme
“À
la fin de la guerre froide, une série d’enquêtes judiciaires menées sur
de mystérieux actes de terrorisme commis en France contraignit le
Premier ministre italien Giulio Andreotti à confirmer l’existence d’une
armée secrète en France ainsi que dans d’autres pays d’Europe
occidentale membres de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord
(OTAN). Coordonnée par la section des opérations militaires clandestines
de l’OTAN, cette armée secrète avait été mise sur pied par l’Agence
centrale de renseignement américaine (CIA) et par les services secrets
britanniques (MI6 ou SIS) au lendemain de la seconde guerre mondiale
afin de lutter contre le communisme en Europe de l’Ouest.[…] Si l’on en
croit les sources secondaires aujourd’hui disponibles, les armées
secrètes se sont retrouvées impliquées dans toute une série d’actions
terroristes et de violations des droits de l’Homme pour lesquelles elles
ont accusé les partis de gauche afin de les discréditer aux yeux des
électeurs. Ces opérations, qui visaient à répandre un climat de peur
parmi les populations, incluaient des attentats à la bombe dans des
trains ou sur des marchés (en France), l’usage systématique de la
torture sur les opposants au régime (en Turquie), le soutien aux
tentatives de coups d’État de l’extrême droite (en Grèce et en Turquie)
et le passage à tabac de groupes d’opposants.” Les Armées secrètes de
l’OTAN, Daniele Ganser, Éditions Demi- Lune, page 24.
Des
attentats des années de plomb en Italie au conflit en Afghanistan, de la
guerre du Kosovo à l’agression contre la Libye et de la déstabilisation
de la Syrie à la préparation d’une attaque contre l’Iran , le
terrorisme est l’un des moyens privilégiés par l’Atlantisme pour
l’accomplissement de ses objectifs.
Pour s’imposer à l’Europe de
l’après-guerre, l’Atlantisme n’a pas hésité à utiliser la méthode
terroriste des attentats sous faux drapeaux : en Italie, par exemple,
pour décrédibiliser les forces de gauche les Atlantistes ont posé des
bombes, dans les années 60 (attentat de la piazza Fontana à Florence),
70 et 80 (attentat de la gare de Bologne) dans des lieux publics avec
l’intention de tuer des innocents. Avec ses relais médiatiques adéquats
l’Atlantisme a pu faire passer ces meurtres pour l’œuvre de groupuscules
d’extrême gauche et justifier, ainsi, la mise à l’écart de la pensée
progressive dans ces pays et assurer le triomphe de leur idéologie.
Aujourd’hui, pour déstabiliser les pays qui contestent l’un de ses six piliers,
il instrumentalise à grande échelle, sous l’impulsion des États-Unis, le terrorisme islamique
(principalement wahhabito-salafiste) avec l’aide de ses alliés que sont
l’Arabie saoudite et le Qatar : en l’a vu à l’œuvre, notamment, en
Serbie, en Tchétchénie, en Libye et en Syrie. Il utilise le même levier
pour créer des poches de terrorisme qui lui permettent (i) de s’enrichir
en vendant des armes et des conseils dans le cadre de la guerre contre
le terrorisme, (ii) d’étendre le nombre de ses interventions et bases
militaires (celles de l’Otan ou seulement des États-Unis, selon les
situations) là où il y voit un intérêt géostratégique et (iii) de donner
de la substance à la théorie du choc des civilisations, ce qui lui
permet d’obtenir de ses populations l’approbation de ses politiques
conquérantes.
Le terrorisme est, plus généralement, au cœur de la
doctrine et des stratégies militaires des démocraties occidentales et
tout particulièrement de celles des États-Unis (Shock and Awe doctrine)
qui les mettent en œuvre, notamment, par l’entremise de l’OTAN (pour
plus de détails sur ce sujet, nous renvoyons à un article précédent :
Dommages Collatéraux : la face cachée d’un terrorisme d’État).
On
le voit bien ici, l’Atlantisme n’est jamais que l’exécutant docile,
mais consentant, de l’impérialisme américain à qui il emprunte tous les
concepts (guerre contre le terrorisme, choc des civilisations) et les
stratégies (instrumentalisation du terrorisme islamique). Quand il le
faut (pour gérer son opinion publique interne), l’impérialisme américain
laisse aux Atlantistes européens jouer les premiers rôle, mais en
apparence seulement, comme en Libye où Nicolas Sarkozy et David Cameron
ont rivalisé d’initiatives pour se mettre en avant, alors même que
toutes les opérations militaires étaient dirigées, en réalité, par
l’armée américaine.
3. L’Atlantisme est un racisme
“Cette
logique du ‘Musulman coupable par nature’, parce que Musulman, est à la
base de l’institutionnalisation de la torture par les États-Unis qui
peuvent ainsi soumettre à des traitements inhumains des milliers de
personnes à travers le monde (Guantanamo n’étant que l’un de ces camps
de torture dirigés par l’administration américaine) sur la base d’un
simple soupçon de ‘terrorisme’, soupçon qui ne fait l’objet d’aucun
contrôle judiciaire. La culpabilité d’un Musulman n’a pas besoin d’être
prouvée, elle se déduit de son être même. Il s’agit là d’une forme
d’essentialisme, qui est lui-même une forme radicale de racisme”.
L’esprit du temps ou l’islamophobie radicale.
Pour
justifier sa guerre contre le terrorisme et le choc des civilisations
l’Atlantisme stigmatise l’Islam et essentialise le Musulman sous des
traits peu flatteurs : le Musulman serait par nature un ennemi des
Occidentaux, voire du genre humain, des valeurs démocratiques et de la
paix. Une fois essentialisé, il est plus facile d’aller le tuer ; les
populations occidentales ne voyant dans les souffrances des Musulmans
que les justes châtiments dus à des peuples racailles.
L’islamophobie,
le nationalisme pro-occidental et le sionisme - qui est une forme de
racisme et d’ethnicisme - sont au cœur de la matrice idéologique
atlantiste. Le plus étonnant, sans doute, et le plus inquiétant, est que
ces éléments là sont partagés par les élites (et pour partie par les
peuples occidentaux) par-delà les clivages politiques droite-gauche. On
peut venir à l’islamophobie radicale par des voix opposées : le
défenseur de la laïcité y viendra au nom de sa haine des religions, le
social-démocrate bobo au nom du féminisme ou de la défense de
l’homosexualité ; le conservateur au nom de la protection de ses racines
menacées ; le sioniste au nom du droit d’un peuple élu à son espace
vital, même si cela doit passer par le nettoyage ethnique d’un autre
peuple, etc.
4. L’Atlantisme est un anti-humanisme
“Depuis
2001, l’Europe a failli à défendre les droits de l’homme sur son propre
sol, et s’est rendue complice de graves violations du Droit
international au nom de la "guerre au terrorisme". Des citoyens
européens ou étrangers ont été enlevés par les services secrets
américains sur le sol européen en dehors de toute disposition légale –
ce sont les "extraordinary renditions" – et ont été emmenés dans des
prisons secrètes de la CIA dont certaines sont situées dans un pays
européen”. ReOpen911.info
Il s’appuie sur
le dogme de l’infaillibilité démocratique
qui veut que les Occidentaux ne puissent mal agir ni commettre de
crimes de masse puisqu’ils représenteraient des sociétés démocratiques
ouvertes. Ils sont donc libres de bombarder civils et cibles
économiques, d’assassiner des citoyens à travers le monde, de
déstabiliser des régimes qui ne leur plaisent pas et, en se faisant, ils
ne feront jamais qu’exercer leur droit du meilleur, autre appellation,
plus aristocratique, du droit du plus fort. L’autre n’est pas le
semblable ou le frère humain ; l’autre c’est l’adversaire, l’ennemi, un
être non civilisé, à peine un être. On peut allègrement nier son
humanité et le traiter comme une variable géopolitique.
Vaincre ne lui suffit pas, il lui faut déshumaniser,
torturer, humilier, violer, dégrader, détruire. Les Atlantistes ont
collaboré militairement, économiquement, diplomatiquement,
médiatiquement à tous les projets inhumains des États-Unis : pour s’en
tenir à des exemples récents, on pourra citer le camp de torture de
Guantanamo (devenu depuis camp d’entraînement de djihadistes au service
de l’empire), Abu Ghraib en Irak et l’humiliation des prisonniers, la
mort filmée de Kadhafi, les exécutions sommaires (par drones notamment),
les
enlèvements réalisés par la CIA sur le sol européen (extraordinary rendition) et les dommages collatéraux en Afghanistan, etc.
Dans un autre ordre d’idée, on peut également dire que l’Atlantisme est une
aliénation consumériste :
l’homme n’est pas sacré ; on peut le tuer pour accomplir des objectifs
économiques ou géostratégiques. Cette désacralisation de l’homme qui se
fait au profit de la marchandise (dont les marques sont, elles,
intouchables) est par essence mortifère. Le profit est plus puissant que
l’humanité : en ce qui concerne la France, on pourra évoquer les
exemples du scandale du sang contaminé et du Mediator du groupe Servier.
Hollande
et Jules Ferry : Ce n’est pas un hasard si François Hollande a choisi
Jules Ferry comme saint-patron laïque de sa présidence normale. Jules
Ferry représente exactement l’idéal atlantiste : l’homme qui est capable
d’utiliser la démocratie pour servir les banques et le colonialisme
tout en donnant le change au peuple avec quelques concessions sociétales
de gauche. Il ne portera jamais atteinte aux piliers de la puissance
bancaire et aux capitalistes-colons. Il est conquérant pour les
puissants, raciste et a une bonne conscience à toute épreuve malgré les
crimes de ses amis partis coloniser les rivages lointains.
5. L’Atlantisme est un néo-colonialisme
Si
le bras armé de l’Atlantisme est l’Otan, son bras économique est
constitué du binome FMI-Banque Mondiale. Ces deux institutions (aux
mains des États-Unis et des Européens) ont, pour maintenir les pays en
voie de développement dans la dépendance des Occidentaux, utilisé les 3
leviers principaux suivants : (i) l’endettement des États et des peuples
, (ii) la privatisation de leurs économies et des fonctions régaliennes
de l’État au profit des grandes entreprises occidentales (les fameux
plans d’ajustement structurels) et (iii) l’ouverture forcée de leurs
économies au libre échange et à la concurrence mondiale (alors même
qu’ils n’y sont pas préparés et se trouvent vis-à-vis des Occidentaux
dans une situation certaine de vulnérabilité).
L’Atlantisme commet des
crimes économiques de masse
en connaissance de cause pour le profit de quelques élus : en se
faisant il démontre son allégeance aux principes de l’ultra-libéralisme
prôné par la première puissance mondiale qui subordonne les valeurs
humaines au fondamentalisme de marché.
Méthodes
Pour
parvenir à s’imposer l’Atlantisme a besoin (i) de subvertir les
souverainetés des nations européennes et (ii) de maîtriser les opinions
publiques de ces nations. Il lui faut contourner, affaiblir ou pervertir
toutes les composantes démocratiques des sociétés de notre continent
pour pouvoir triompher des insoumissions, des doutes, des contestations
auxquels il pourrait faire face. Autrement dit, l’Atlantisme s’attaque
directement et en profondeur aux fondements de la démocratie des peuples
d’Europe à qui il est demandé de suivre aveuglément une idéologie
cachée (parce qu’elle est honteuse), innommée (parce qu’elle est
innommable) et qui les dépouille de leur souveraineté et de leur libre
arbitre.
L’Atlantisme subvertit les souverainetés nationales
Sans
parler du nombre incalculable de gouvernements démocratiquement élus
renversés par les États-Unis avec l’aide directe ou l’approbation tacite
de leurs alliés Atlantistes depuis 1945 à travers le monde, et pour se
limiter à l’Europe, on peut signaler les cas de la Grèce et de la
construction européenne.
En Grèce, aux lendemains de la seconde
guerre mondiale, les Britanniques et les États-Unis appuient des
mouvements d’extrême droite et d’anciens collaborateurs des Nazis afin
d’empêcher la prise de pouvoir légale par les mouvements démocratiques
progressistes. Les puissances occidentales atlantistes incitent à la
guerre civile qui se solde par la victoire de leurs protégés et par près
de 200 000 morts. Après une évolution démocratique vers la fin des
années 60, les Américains, avec l’aide des puissances européennes et
grâce à leurs réseaux atlantistes, installent au pouvoir, en 1967, une
junte militaire qui proclame le règne de l’ordre moral et la fin de
l’ouverture démocratique.
La construction européenne menée par
Jean Monnet est avant tout un projet atlantiste. Il y avait bien
d’autres manières de conduire la réalisation d’une Europe plus unie.
L’Atlantisme a fait le choix de l’impuissance européenne pour ne pas
contrarier les ambitions hégémoniques des États-Unis. L’Atlantisme a
réduit la souveraineté européenne et mis au pas tous les mouvements
indépendants, gaullistes, souverainistes, communistes, qu’ils fussent de
gauche ou de droite. Il a imposé ses dirigeants à tous les niveaux de
la bureaucratie européenne et à la tête des principaux États de l’Europe
qui ont imposé des traités inégaux mêmes lorsque ceux-ci ont été
rejetés par les peuples (comme en 2005 avec le Traité constitutionnel).
L’Atlantisme
européen a réduit à néant, par étapes successives, l’ensemble des axes
de souveraineté dont disposaient les États-nations d’Europe (et donc
l’espace démocratique des peuples européens).
Il s’est ainsi attaqué à la
souveraineté (i)
électorale
- le principal organe de décisions est non élu : la Commission ; les
traités rejetés par les peuples sont néanmoins imposés ; par la mise à
l’écart systématique de la démocratie directe au profit de la démocratie
représentative - (ii)
monétaire - une banque centrale
indépendante des peuples ou de leurs élus qui ne prête pas directement
aux États membres qui doivent se financer à des taux plus élevés sur les
marchés financiers-, (iii)
budgétaire - par
l’imposition de la règle d’or et le contrôle des budgets nationaux par
une commission composée de technocrates non élus - et (iv)
militaire - intégration de l’ensemble des pays européens dans l’Otan.
Le
dernier axe de souveraineté auquel l’Atlantisme se soit attaqué est
celui de la souveraineté militaire française, la France ayant résisté
plus longtemps que les autres nations européennes au rouleau compresseur
de l’Atlantisme (ce fut la parenthèse gaulliste). Aujourd’hui les
Atlantistes proposent la fusion entre le français EADS et l’anglais BAE
afin de retirer à la France le contrôle complet de sa chaîne
industrielle d’armement. Demain, ils mettront à mal la dissuasion
nucléaire française en s’aidant du prétexte écologique anti-nucléaire.
En
France, la mise au pas des non-atlantistes s’est achevée sous la
présidence Sarkozy. La diplomatie (avec à sa tête Bernard Kouchner),
l’armée, les médias (grâce aux efforts de Christine Ockrent) ont été
presque entièrement débarrassés de leurs composantes non altantistes.
Hollande, en bon chien de garde de l’Atlantisme, parachèvera
l’entreprise.
La French-American Foundation et les
Atlantico-Boys : La French American Foundation est une organisation à
but non lucratif qui se consacre depuis 1976 a dénicher en France les
hommes et femmes d’influence qui sont susceptibles de porter les
couleurs de l’Atlantisme. Quelques anciens Young Leaders de la French
American Foundation qui nous gouvernent en ce moment : François Hollande
(1996), Arnaud Montebourg (2000), Pierre Moscovici (1996). Dans
l’opposition, le plus en vue est Jean-Francois Copé.
Une
liste non exhaustive des Atlantico-Boys en France (autres que ceux déjà
mentionnés) et de leurs relais : Alain Finkielkraut, André Glucksmann,
Bernard Kouchner, Bernard-Henri Lévy, Alexandre Adler, Caroline Fourest,
Frédéric Encel, Philippe Val, Francois Heisbourg, Mohamed Sifaoui,
Jean-Claude Casanova, Pierre Rosanvallon, Alain Minc, Jean Daniel,
Pierre-André Taguieff ; la revue Commentaire, la Fondation Saint Simon
(dissoute en 1999), le Cercle de l’Oratoire, l’Institut Turgot,
l’Atlantis Institute, les revues Le Meilleur des Mondes, La Règle du
Jeu, Le Nouvel Observateur, Le Monde, Libération, etc.
L’Atlantisme est un contrôle et une manipulation des foules
“The
conscious and intelligent manipulation of the organized habits and
opinions of the masses is an important element in democratic society.
Those who manipulate this unseen mechanism of society constitute an
invisible government which is the true ruling power of our country”.
Propaganda, par Edward Bernays, 1928.
“L’Atlantisme a pris
naissance au départ de la guerre froide. Dans les années 50, un vaste
programme nommé Opération Mockingbird, aujourd’hui bien documenté, a été
mis en place par la CIA pour infiltrer les médias nationaux et
étrangers, et influencer leurs contenus afin que ces derniers se
montrent favorables aux intérêts américains. La méthodologie consistait à
placer des rapports rédigés à partir de renseignements fournis par la
CIA auprès de journalistes conscients ou inconscients de cette manœuvre.
Ces informations étaient ensuite relayées par ces journalistes et par
les agences de presse.” ; 11-Septembre : de la misère journalistique à la logique de collabos, de Lalo Vespera, ReOpen911.info
Sans
la collaboration des médias, il ne serait possible à l’Atlantisme
d’imposer ses fondamentaux dans l’esprit de l’opinion publique. Les
médias font partie intégrante de la machine de guerre atlantiste. Pour
créer le consentement et l’unanimisme dans une société ouverte
il convient de maîtriser la production de l’information. Pour cela il
est nécessaire de mettre à la tête des principaux médias des serviteurs
zélés de l’Atlantisme. En France, dans le secteur privé des médias,
seuls quelques grands groupes industriels appartenant à la nébuleuse
oligarchique sont aux commandes (des vendeurs d’armes et des industriels
qui vivent en partie grâce aux commandes de l’État) : il est naturel
chez eux de servir les intérêts du plus fort (la période de la
collaboration avec les Nazis est là pour nous le rappeler ). Dans le
secteur public, le Président de la République ou ses fondés de pouvoirs
choisissent leurs courroies de transmission humaines qui insuffleront
l’esprit de soumission dans les rouages de la machine à désinformer.
Les pourvoyeurs de l’information commettent des
crimes médiatiques
lorsqu’ils se font les relais pur et simple de la propagande
atlantiste, comme nous l’avons vu lors de la guerre contre la Serbie, de
l’invasion de l’Afghanistan et du bombardement de la Libye par l’Otan,
de la guerre en Irak, de la déstabilisation de la Syrie (toujours par
l’Otan) ou comme nous le constatons à propos du nettoyage ethnique
continu dont sont victimes les Palestiniens. Dans chacun de ces cas,
les médias cautionnent les explications officielles, leur donnent force et crédibilité,
mettent en avant des intentions humanitaires, alors même qu’elles
recouvrent des crimes qui devraient soulever notre indignation et
aboutir à la mise en cause judiciaire et politique de leurs principaux
responsables.
Le tabou créé autour du 11-Septembre est symptomatique de la manière dont s’échafaude
l’unanimisme dans une société où la liberté d’expression et la diversité des points de vue sont sensées régner.
On démonise les questionneurs, on pourchasse les têtes brûlées, on les
rend responsables des pires crimes du siècle dernier, on les ridiculise.
On plante dans l’opinion publique des barrières psychologiques
infranchissables (à travers, notamment, les accusations d’antisémitisme,
de négationnisme et de révisionnisme) pour que la conscience citoyenne
n’aille pas voir ce qu’il y a derrière ; on érige des murs dans les
esprits pour enfermer leur consentement dans le champ des possibles
atlantistes.
Il y a une forme d’intolérance radicale face à la
pensée alternative maintenue enfermée dans le Web. Cette intolérance est
radicale en ce sens qu’elle stigmatise les déviants et tente d’en faire
des parias à mettre au ban de la société et qu’elle parvient à fermer
presque totalement l’accès aux grands médias qui comptent à la pensée
dissidente lorsqu’il s’agit d’évoquer et de discuter les fondamentaux de
l’Atlantisme.
Conclure pour en finir
Il
ne s’agit là que d’un florilège de caractéristiques atlantistes fort
incomplet, mais dont les principaux traits nous semblent dresser, à eux
seuls, le portrait d’un totalitarisme contemporain non moins dangereux
et effrayant que ses prédécesseurs. Qu’il s’invente un ennemi réel ou
imaginaire, ou un ennemi qui devient réel à force d’être imaginé (et
souhaité), on ne peut excuser les crimes de l’Atlantisme sous le
prétexte fallacieux que son alter ego dans le mal (l’islamisme radical)
en commettrait également ou que son modèle (le totalitarisme impérial de
son maître) lui intimerait l’ordre de les perpétrer.
L’Atlantisme a besoin du crime de l’autre pour commettre le sien en toute impunité et avec bonne conscience.
Au bout de sa logique, il y a la mort des autres, la guerre généralisée, la misère du plus grand nombre.
L’Atlantisme est bel et bien une idéologie génocidaire,
au même titre que l’impérialisme américain. Caractérisation exagérée
qui décrédibilise celui qui l’utilise diront certains ? Galvaudage d’un
crime qu’on ne peut évoquer à la légère diront d’autres ? Posons-nous
alors cette simple question : combien de morts et de souffrances à son
crédit (comme auteur ou complice) ? La réponse de l’historien est sans
détour : des millions de victimes depuis la fin de la seconde guerre
mondiale ; des millions depuis la chute du mur de Berlin et un long
fleuve d’ombres, de sang et de souffrances qui ne cessent de couler sur
tous les continents.
La lutte contre l’Atlantisme est la grande aventure humaine de ce début de siècle pour nous autres Européens.
À chacun d’y prendre part selon ses moyens et ses autres croyances. Que
l’on croit au ciel ou que l’on n’y croit pas, que l’on soit misérable
ou fortuné, d’ici ou d’ailleurs, chacun peut jouer sa partition dans le
combat contre la fatalité de l’Atlantisme qui traînera avec elle, si
cela est nécessaire à son triomphe, les cadavres de la démocratie et de
la paix jusqu’aux charniers du capitalisme.
Le combat contre l’Atlantisme est un humanisme.
Guillaume de Rouville
auteur de
La Démocratie ambiguë, Éditions Cheap, juillet 2012.