(tribune de Ria Novosti)
Par Dmitri Kossyrev, RIA Novosti
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Les outsiders sont sortis de la course
Le principal événement d’hier concerne le texte d’un discours déniché
dans des archives et prononcé par l’un des prétendants actuels à
l’investiture du parti républicain à la présidentielle, Newt Gingrich,
ancien président de la Chambre des représentants. Et il s’agit d’un
discours de 1992.
Ce discours n’était pas confidentiel, mais il était réservé à un
public restreint de l’Académie nationale d’administration publique. Dans
ce discours Gingrich a taclé l’une des plus importantes personnalités
pour tout républicain, Ronald Reagan, qui n’était plus président à
l’époque.
Il s’avère que Reagan "n’estimait pas que le gouvernement avait de
l’importance", sous-estimait le gouvernement en tant que "mécanisme
institutionnel permettant de renforcer le comportement social."
A première vue, qu’y a-t-il d’effrayant? Plusieurs choses.
Premièrement, Gingrich, membre de la Chambre des représentants à
l’époque taclait, en fait en permanence, ses camarades supérieurs du
parti. Deuxièmement, en 1992 il tenait un discours complètement
différent par rapport à aujourd’hui. Cela donne une biographie d’un
homme peu respectable: il était presque un démocrate et libéral de par
ses convictions, mais il s’est rangé du côté des républicains parce que
c’était plus pratique pour certaines raisons. Et s’il l’avait fait, il
aurait dû se taire, au lieu d’étaler ses véritables convictions dans un
cercle restreint.
Et le fait est que ces convictions vont complètement à l’encontre du
crédo actuel, qui se forme progressivement, du parti républicain. Comme
le disait personnellement Ronald Reagan, le gouvernement doit être
réduit. Et les impôts doivent être bas. Et ainsi l’économie se portera
bien.
Pour faire cette découverte on a fouillé dans les documents conservés
à l’université de West Georgia. Les informations compromettantes ont
été rassemblées par un ancien conseiller de Gingrich, actuellement
professeur à la retraite. Et aujourd’hui il se trouve que cela peut
servir.
On pourrait débattre du droit d’un homme, même dans un cercle
restreint, de dire tout ce qu’il pense de ses dirigeants du parti. Ou au
sujet de ce que chacun de nous a dit ou fait en 1992… Mais dans le cas
présent il semble s’agir de techniques (qui sont probablement
considérées comme normales dans la tradition politique américaine). Le
fait est que les républicains ont clairement compris que Newt Gingrich
n’était pas l’homme qui s’imposerait face à Obama, que même sa propre
femme ne voterait pas pour lui.
Il n’est donc pas appelé à devenir le candidat des républicains.
De la même manière que toute une pléiade de personnages plus ou moins
chenus, dont le public instruit se moquait pour la plupart, a disparu
de l’horizon: Sarah Palin, Donald Trump, Michele Bachmann, John McCain,
ainsi que ceux qui n’étaient pas forcément des républicains, ce qu’on
appelle le Tea Party. Bref, des gens dont le passé est associé à
l’époque de George W. Bush. Les républicains ont compris que le parti
avait besoin d’être complètement renouvelé, aussi difficile que cela
puisse être.
Rick Santorum était proche de la nomination (et il continue la
course). Il est jeune, mais il est également considéré comme un
extrémiste conservateur. Son principal inconvénient est d’être trop
religieux et d’accuser ses adversaires (avant tout les démocrates) de
"bafouer les fondements de la foi."
Finalement Romney
Finalement Romney
Début décembre, on pouvait lire déjà que Barack Obama serait très
probablement opposé à Mitt Romney, ancien gouverneur du Massachussetts
et homme d’affaires. A l’heure actuelle, il récolte effectivement de
plus en plus de points dans les primaires, et on peut suivre ses succès
grâce au "dossier" constitué par le New York Times sur les candidats.
Romney a peu de liens avec Bush, il est relativement jeune, actif et
déterminé (rien que la mâchoire typiquement américaine vaut déjà des
points). Mais quelles sont ses autres qualités?
Il s’est avéré plus à droite par rapports à bien d’autres (Bush et
même McCain), mais on estime à la fois qu’il pourrait reprendre à Obama
certaines voix libérales et modérées. On peut comprendre cette énigme en
regardant les questions réellement concernées par la campagne
électorale. Certainement pas la politique étrangère – c’est, au
contraire l’apanage des républicains les plus conservateurs. Mais on
parle du chômage, des impôts, de l’assurance médicale et de
l'avortement. Or les électeurs démocrates pourraient "mordre à
l’hameçon", notamment en ce qui concerne les impôts, ainsi que la
médecine.
En fait, le sens des événements actuels implique que les républicains
ont déjà sélectionné préliminairement une nouvelle équipe, et
aujourd’hui ils la mettent à l’épreuve, en la présentant d’abord à leur
électorat. Et Romney a été le meilleur parmi les autres.
Et peu importe que Romney soit un mormon… Après tout, en 2008 les
démocrates ont avancé le premier candidat noir (Barack Obama) et la
première femme (Hillary Clinton), et cela a fonctionné. Ainsi, ce ne
sont pas les mormons qui vont effrayer les Américains.
Fatidique et historique
Fatidique et historique
Les historiens américains se penchent actuellement sur le fait que
les élections réellement fatidiques étaient loin d’être toujours
tendues. Par exemple, Franklin Delano Roosevelt a été élu en 1932 dans
le cadre d’une campagne présidentielle plutôt paisible. Or des
changements significatifs ont été mis en œuvre.
On dit cela probablement parce que la campagne électorale actuelle
(qui a commencé depuis longtemps) ne paraît pas tendue, contrairement à
2008, lorsqu’Obama a été élu. Cela ne signifie pas que la victoire
d’Obama est assurée. Ceux qui votent aux Etats-Unis sont depuis
longtemps répartis de manière presque égale entre les républicains et
les démocrates, et on ignore ce qui pourrait se produire cette fois.
Cette campagne se distingue par sa longueur et par le fait qu’elle se
déroule en fait dans un seul camp. Chez les républicains. Et pas
seulement parce que le candidat des démocrates est connu depuis
longtemps.
La débâcle morale des républicains en 2008 a déséquilibré tout le
système politique des Etats-Unis. Sous nos yeux on redéfinit ce qu’est
un républicain aujourd’hui: un individu qui croit aux impôts bas et au
gouvernement réduit (c’est-à-dire en la toute-puissance de l’initiative
privée), il est contre l’avortement et, après Bush, très sceptique à
l’égard d’une activité excessive à l’étranger.
Le processus se poursuit. On creuse jusqu’à ce qu’on touche le fond, c’est-à-dire jusqu’aux Pères fondateurs des Etats-Unis.
Il s’avère que le "redémarrage" d’un parti ancien et relativement
puissant prend de longs et de longs mois. Et il semble que ce processus
est actuellement plus important pour la partie républicaine des
Etats-Unis que la recherche d’un candidat qui pourrait s’imposer face à
Obama en novembre.
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