Le onze mars 2012, dans moins d'un mois
maintenant, la Terre va vivre le premier anniversaire de la pire
catastrophe causée par l'homme, couplée avec un désastre naturel
majeur.
Aujourd'hui encore, dans la région de
Miyagi, là où le tsunami à frappé le plus fort, ce sont quatre enfants d'une école que des recherches vont peut-être exhumer du
lit d'une rivière. Celle-ci a été barrée, son eau
pompée. Sur les 108 élèves, à part ces quatre disparus, ce sont
70 petits corps qui ont déjà été retrouvés. Ce n'est bien
entendu qu'une goutte d'eau. Le Point du 27 mars 2011 faisait état
de 10 489 décès confirmés et de 16 621 disparus selon la police
japonaise. Ce sont des chiffres terribles,
comparables rien qu'en 1999 aux plus de 18 000 en Turquie en raison
d'un tremblement de terre, aux plus de 20 000 au Venezuela (tempête
du 24 décembre 1999, ressentie en France si violemment les 27 et
28), aux près de 30 000 en Inde, à Orissa (cyclone 05B). Mais il
s'agit là de catastrophes ponctuelles.
Quand le nucléaire entre en jeu, il
faut aussi prendre en compte le bilan sur la durée. A Three Mile Island, le 28 mars 1979, la contamination a été évitée de
justesse, probablement certains des travailleurs qui ont réparé les
dégâts ont-ils subi des doses mortelles à long terme, mais aucune
statistique ne le précise. Dans le nucléaire, on est très discret
là-dessus.
A Tchernobyl, l'accident majeur du 26avril 1986 a donné lieu à tant d'études qu'on en sait un peu plus.
Déjà on peut considérer que 10 000 personnes ayant habité près
de la centrale, ou y ayant travaillé, en sont décédées. Et qu'une
trentaine de milliers d'autres peuvent en découler dans les années
qui viennent. Il s'agit de données officielles fournies par Wikipedia. C'est donc un minimum.
La région de Tchernobyl n'était pas
extrêmement peuplée au moment de l'explosion. Il n'en est pas de
même du Japon, pays déjà assez peu étendu, où les zones
habitables sont de petite taille et disséminées parmi des pentes difficiles. Pour comparer avec la France, ce
pays si montagneux, donc avec des endroits impossibles à construire,
très morcelé, ne présente qu'une superficie à peu près égale
aux deux tiers de celle de la France, avec une population double. Or,
la zone de Fukushima, fertile, était bien sûr fortement urbanisée
et cultivée. Les rejets des trois réacteurs ont créé un nuage
dense qui a largement essaimé la radioactivité dans les jours qui ont suivi jusqu'à Tokyo, donc
sur des dizaines de millions de personnes. Depuis, les rejets, moins
denses, ont continué, ont empoisonné nappes phréatiques, sols et
océan proche. Il faut s'attendre à une hausse énorme de la
mortalité dans les dizaines d'années qui viennent, d'autant que le
gouvernement japonais et les dirigeants de la firme TEPCO semblent
n'avoir pas pris les mesures qui s'imposaient. Les habitants n'ont
pas été évacués là où c'était nécessaire, mais selon des
cercles concentriques qui ne correspondaient à rien. Les normes,
jugées trop dangereuses pour les statistiques, ont été
imprudemment relevées à des seuils véritablement dangereux,
surtout pour les enfants. Ceux-ci n'ont pas été au plus vite
traités, éloignés des "points chauds", nourris de
produits sains.
C'est donc à la longue, et malgré une
censure même pas assumée, que l'on saura combien de victimes auront
perdu la vie en conséquence de cette pollution irradiante. Les
chiffres officiels, bien entendu, et maintenant c'est une habitude,
seront très en-deçà des résultats réels. Cinquante mille ?
Cent mille ? Cinq cent mille ? Plus encore ? De toute façon, ce sont
plusieurs dizaines de millions de personnes qui auront subi les
effets de la catastrophe, soit par inhalation, soit en raison
d'aliments irradiés, légumes, bétail, poissons, soit par contact
avec de la terre ou des structures infectées.
Une question se pose à la fin : de ces coups portés par l'industrie nucléaire dans sa mégalomanie sourde au bon sens, coups déjà arrivés, coups probables dans le futur, le Monde tel que nous le connaissons survivra-t-il ? La Terre restera, oui, mais quid de notre environnement ? Certaines contaminations dangereuses dureront des milliers d'années, plus sans doute que les confinements les plus sophistiqués. Serons-nous maudits dans mille ans ? Aurons-nous encore des descendants dans ces temps encore lointains, mais si proches à l'aune de la vie de la Planète ?
Pour toutes ces raisons, je propose que
le 11 mars 2012, une cérémonie soit décrétée sur la Terre
entière, pour commémorer ce jour où le Japon, et dans une moindre
mesure toute la Planète, auront subi le pire accident causé par
l'Homme depuis son émergence africaine. Afin que tous sachent, afin
que tous se rendent compte de ce que peut occasionner le génie
humain, le pire comme le meilleur. Je donne ici le lien vers une peinture d'Ibarra (soumise à droits d'auteur), qui dépeint ce qu'on peut ressentir.
Dernière minute.
RépondreSupprimerVu sur le Blog de Fukushima.
Mardi 14 février 2012
Nouvelle fission nucléaire à Fukushima ?
Tepco vient d’annoncer que du Xénon avait été retrouvé dans l’enceinte de confinement du réacteur n°2. Cela signifie concrètement, comme en novembre 2011, qu’une réaction en chaîne incontrôlable a eu lieu ces derniers jours et est peut-être encore en cours.
Si Tepco ne revient pas sur ces données, alors on peut considérer que les thermomètres du réacteur 2 ne sont pas défaillants et que l’augmentation de la radioactivité dans la préfecture de Fukushima n’était pas anodine.
En effet, les xénons 133 et 135 se créent lorsqu’il y a une fission nucléaire de l’uranium et leur période radioactive est très courte (9 h pour Xe-135 et 5 jours pour Xe-133).
La température continuant à s’élever (plus de 300°C), l’inquiétude est grande chez les travailleurs de la centrale. Certains craignent une explosion, comme l’indique ce témoignage recueilli par Fukushima Diary : http://fukushima-diary.com/2012/02/minamisoma-blogger-the-heating-gauge-is-not-broken-at-reactor2/#.Tzp73KvEc30.facebook (en anglais).
Le nucléaire enferme tellement d'enjeux... Si encore les citoyens mettaient la pression, mais beaucoup trop font l'autruche...
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