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vendredi 17 avril 2015

Nuit du 17 avril 2015 : les Représentants du Peuple ont tué la Toile

Cette nuit le sort de la liberté de la Toile se jouait en France, au Palais Bourbon. Ils étaient trente (30) présents. C'est dire combien le sort des Français les interpellait. Désormais, tous nos échanges sur la Toile passeront LÉGALEMENT par les Boîtes Noires..... selon des critères déterminés par des politiciens ou pire,  des lobbyistes.... sans qu'un juge ne puisse intervenir. Si cela ne ressemble pas au Patriot Act.....

Pour faire le point : sur 577, ils sont cinq qui ont eu le courage de s'y opposer et 572 qui soit approuvaient cette loi, soit s'en fichaient complètement, puisqu'ils n'ont pas voté blanc et ne se sont pas déplacés. C'est dire combien "la Représentation du Peuple" est une vaste et sinistre fumisterie, pour rester poli. Les Thermidoriens ont encore gagné une manche de plus. Les Thermidoriens ? Ces bourgeois bien-pensants et bien bedonnants qui abattirent Robespierre et ses amis, pour prendre leur place, pour prendre les prébendes, pour prendre la France en otage. De leur initiative furent possible l'Empire puis, horreur ! le retour des Bourbons. De tout cela le Peuple était exclus, même si le courageux Gracchus Babeuf, le cerveau de la Conjuration des Égaux, tenta de relancer le processus révolutionnaire : il fut naturellement guillotiné en février 1797. On notera que le 16 avril 1796 (c'était hier l'anniversaire) Lazare Carnot avait fait voter une autre loi scélérate comparable à celle de cette nuit, qui punissait de mort l'apologie de la Constitution de 1793 - pourtant perfectible pour qui est attaché à l'égalité de tous dans les droits et devoirs.

Oui, cette nuit la Bourgeoisie du Grand Capital a encore avancé ses pions. Oui, cette nuit la Dictature de la Finance a encore marqué des points. Oui, cette nuit, c'est tout un pan de la liberté d'expression, pourtant déjà fort malmenée (pensons entre autres à l'exécrable loi Gayssot, loi scélérate du 1 juillet 1972), qui est tombé sous les coups des tyrans de la pensée. Qu'y aura-t-il, pour une prochaine phase ? La loi martiale ? L'interdiction d'être plus de deux personnes ensemble sur la voie publique ? L'arrestation de personnes simplement coupables d'avoir manifesté leur désapprobation pacifiquement, le meurtre d'État dans des conditions similaires nous ont déjà donné un avant-goût de la volonté de répression.

Alors, les Grands ! Auriez-vous peur de nous, les petits, les sans-grade, ceux dont la seule arme est la volonté de vivre ensemble et fraternellement sur cette Terre ? Serait-ce votre combat d'arrière-garde, malgré une assurance affectée (trop peut-être) quand vous clamez votre volonté "d'Ordre" (mais en fait de répression désordonnée) ?

"La HONTE était dans la tombe, et regardait Caïn"

bab

samedi 24 janvier 2015

Espagne totalitaire? La lettre qui brise le silence (RTBF, A. Glaudot)

En France, les jours futurs de la liberté de la Presse (ou plus exactement des journalistes) apparaissent comme sombres. Internet est plus que jamais surveillé sous de pieux prétextes. Peu de gens réagissent, en fait. Cela peut conduire au pire.

Mais en fait, l'Espagne se dirige à grands pas vers les mêmes dérives, voire pire. Je répercute ici un cri d'alarme  posté sur RTBF......


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Espagne totalitaire? La lettre qui brise le silence

http://www.rtbf.be/info/societe/detail_espagne-totalitaire-la-lettre-qui-brise-le-silence?id=8786648

SOCIETE | vendredi 16 janvier 2015 à 14h26
Le gouvernement de Mario Rajoy avec son nouveau projet législatif de "Sécurité citoyenne", a pour intention d'en finir avec les manifestations et contestations qu'il considère comme dangereuses. Dans une lettre initialement adressée à des journalistes suédois, Astrid Menasanch Tobieson, dramaturge, dénonce les dérives totalitaires de ce gouvernement et appelle les journalistes à briser le silence.

L'Espagne vers une démocratie totalitaire? "Brisons le silence" - CRISTINA QUICLER - BELGAIMAGE

Mots clés


"Bouleversée, je vous écris sous le coup de l’indignation", commence la lettre de la jeune femme.

"Le 19 novembre , le gouvernement espagnol a approuvé un projet de loi dont le but est d’en finir avec les manifestations et les contestations au régime actuel. La méthode est classique : instaurer le silence grâce à la répression."
L'Espagne, un pays qui serait selon elle tombé dans une crise sans précédent. Elle prend pour exemples l'affaiblissement du réseau de protection social, la privatisation des théâtres, les tentatives de privatisation des hôpitaux, les licenciements innombrables, les familles chassées de leur domicile, l'éducation civique suspendue dans les écoles et la réforme du droit à l'avortement. 

Des amendes entre 100 et 600 000 euros

Mais ce qui semble ébranler d'autant plus Astrid Menasanch Tobieson c'est la proposition de loi sur la "Sécurité citoyenne". Une proposition contenant 55 articles punissant les manifestants d'amendes allant de 100 à 600 0000 euros. Ainsi, cette loi sanctionnera toutes manifestations non-déclarées en rue et sur les réseaux sociaux: "se rassembler en tant que groupe sur Internet, autour d’une opinion, sera sanctionné de 30 000 euros."

Ce n'est pas tout, déshonorer le drapeau espagnol, utiliser des pancartes critiquant la nation espagnol, réaliser un dessin satirique prenant pour sujet un politique, filmer ou photographier un policier en service, sera  formellement interdit et accompagné d'une amende de 30 000 euros. Et la liste n'est pas exhaustive.

"Cette loi néofasciste qui va être votée n’est pas sans lien avec la montée des fascismes en Europe. Cela nous concerne tous."

Elle termine en s'adressant à tous les journalistes: Je vous demande sincèrement de briser le silence vis-à-vis du régime qui est en train de s’imposer en Espagne.Je vous demande de commencer à informer. Je vous demande de soutenir la liberté d’expression avec vos articles et vos apports au débat, je vous demande d’y apporter des analyses rigoureuses et profondes."

A. Glaudot

dimanche 21 juillet 2013

Un havre pour les lanceurs d'alertes

Créer un site d'accueil pour les lanceurs d'alertes, toutes causes confondues, ne serait-il pas devenu une nécessité ? Face au rouleau compresseur de la Doxa officielle, renforcé chaque jour, chaque heure par des médias muselés, par un Quatrième Pouvoir perverti, un contrepoint devient indispensable. La Nature est avant tout une question d'équilibre.


Avec Caleb Irri, nous en convenions encore tout récemment. Une telle structure n'existe pas pour le moment. Parce que les Puissants de tous poils n'aiment pas voir étalées certaines vérités qui déjoueraient leurs plans (essentiellement : gagner toujours plus d'argent),  sa création procède donc de l'ordre des choses. Oui, bien sûr, l'exemple qui viendra à l'esprit est celui de Wikileaks. Or, qu'arrive-t-il ? Oui, cette création du courageux Julian Assange  a réussi à faire diffuser quelques-uns de ses documents... et puis plus rien. Les journaux ont cessé de répercuter ceux-ci, les dons ont été bloqués par des organismes bancaires peu scrupuleux, dirions- nous : complices ? Complices des gouvernements et des lobbies qui les dirigent de fait.


Prendre la relève, voilà ce qu'il faudrait. Nous avons besoin d'une sorte de Wikileaks français, capable de dénoncer des arrangements en sous-main entre hauts fonctionnaires et industries, entre faux adversaires commerciaux, au bénéfice immédiat de quelques-uns, fort peu nombreux, et au détriment de la très grande majorité de la population mondiale à moyen et long terme. En attendant que des citoyens du Monde lui confient ce que veulent cacher les puissants, il faut mettre en place la structure capable de recevoir, mettre en forme et publier documents, témoignages et preuves.


Sans doute faut-il commencer par ouvrir un site sur le Net. Un site avec plusieurs implantations interchangeables, échangeant de façon aléatoire leurs données. Bien entendu, il faudrait veiller à implanter physiquement ces points chauds dans des pays peu sensibles aux promesses et aux menaces de "la Communauté des nations" soit en fait une poignée de gouvernements dits occidentaux se prenant pour le gendarme de tout le reste (y compris leurs propres ressortissants). Pourraient y accéder en entrée des groupes de deux ou trois personnes se surveillant mutuellement (pour éviter des "taupes") avec des codes d'accès dont chacun n'aurait qu'une partie.

A cette structure basée sur le Net, devrait se greffer un pool d'avocats, prompts à défendre le site, et ses contributeurs, dès que le besoin s'en ferait sentir. Cela implique aussi que la structure devrait assez vite s'internationaliser et se doter de traducteurs. Cela implique donc dès le départ de constituer un diagramme assez détaillé des points de contribution de tous ordre (apports, traductions, défense), et bien entendu un "trésor de guerre" disponible à tout moment et suffisamment dispersé pour ne pas pouvoir être bloqué en son entier.  Éviter donc les cartes bancaires avec un point de paiement unique, de plus facilement traçables.


Lançons donc un appel aux personnes de bonne volonté susceptibles de contribuer à ce qu'un tel projet puisse prendre corps. Lançons-le avant qu'il ne soit trop tard, et que Big Brother ne contrôle tout encore plus que maintenant. Il s'agit là de citoyenneté, de civisme envers la Nation humaine. Les Grands sont en guerre contre les quatre-vingt-quinze centièmes de l'humanité, il faut apprendre à se défendre tout de suite. La meilleure défense étant l'attaque, rappelons-nous cette maxime latine Si vis pacem, para bellum dont l'origine serait ceci, selon Wikipedia :
« Ainsi, celui qui désire la paix devrait préparer la guerre. Celui qui désire la victoire devrait entraîner soigneusement ses soldats. Celui qui désire des résultats favorables devrait combattre en se fiant à ses habiletés et non à la chance. »
— Végèce, Epitoma Rei Militarisn 2,2


Nous en sommes là. Pour porter des coups à la chape de plomb des "informations" manipulées, il est du devoir de tous ceux qui gardent une estime du genre humain de préparer une belle défense en forme d'attaque, prête à diffuser dans le monde entier ce que veulent cacher de multiples Pentagones, de multiples entités industrielles et financières pour protéger leurs avantages et leurs prébendes. Aux armes citoyens. Tous à nos plumes, à nos claviers, à nos risques aussi.
 
 
(une suggestion pour le nom du site : KATTONG)

mardi 30 avril 2013

Le Ouaib a vingt ans aujourd'hui ( #World_Wide_Web )

Vu à l'instant sur le Journal du Geek. S'y reporter utilement.

A tout seigneur, tout honneur. C'est Tim Berners-Lee et Robert Cailliau qui inventent le World Wide Web, et comme le rappelle le court article référencé ci_dessus, c'est le 30 avril 1993 que la toute première URL est en ligne, celle du CERN bien entendu : c'est en effet là, entre Genève et la frontière française, que naquit la plus importante découverte sur plusieurs dizaines d'années. Ce laboratoire immense, unique au monde, ne pouvait manquer d'attirer les esprits les plus hardis et les plus féconds.

On notera que le Web aujourd'hui est devenu si vaste, que tenter d'en appréhender la structure est difficile. Ainsi certains penchent pour une sorte de "nœud papillon". En tout état de cause, il s'agit essentiellement d'utiliser un noyau restreint de gros serveurs, auxquels se rattachent des milliers, des millions de serveurs locaux (entreprises, universités...) qui tous participent au transport en tous sens des interrogations et des réponses (Internet)

Le Web, c'est avant tout une structure logique de paquets normalisés circulant sur Internet : c'est pourquoi les deux notions ne se recouvrent pas. (désolé, le lien est, logiquement, en anglais) Le Web, ce sont des protocoles de demande et réponse ; et c'est... à peu près tout.  S'y sont greffés des procédures et des normes de fichiers (de son, d'images fixes ou animées, etc...) et de langages, en premier lieu html.  Ces langages accèdent aux URL, les adresses des intervenants selon les différents protocoles (des normes d'appel en somme) tels que HTTP, HTTPS (le même, sécurisé), FTP (pour les transferts de gros paquets de données), et d'autres encore.

Vu ainsi, le principe paraît simple : en fait il l'est, et c'est sa grande force. Autre élément déterminant pour le succès de cette utilisation géniale d'une technologie préexistante : les pères de cette invention ont résolument voulu que tout soit libre dans les protocoles, les langages, selon les bonnes méthodes scientifiques. Le seul inconvénient du système réside dans l'organisme qui est chargé, pour le monde entier, de donner les clefs à ceux qui les demandent pour des raisons d'unification et de cohérence. Il s'appelle l'ICANN, et c'est une simple société à but non lucratif de droit californien. 

En cas de grave conflit, l'ICANN pourrait être amené, de force, à bloquer toute nouvelle création de DNS, ces fameuses adresses qui sont donc les clefs permettant de se connecter au réseau des réseaux. Des alternatives sont envisagées, mais pour le moment elles sont très anecdotiques.

dimanche 20 janvier 2013

USA - Un activiste du libre accès aux données, mort à 26 ans (Le Grand Soir)

La famille accuse les États-Unis d’avoir contribué au suicide d’Aaron Swartz

Un activiste du libre accès aux données, mort à 26 ans

 
 
Aaron Swartz, pionnier de l’internet, militant en faveur de l’accès libre aux données sur internet et de la justice sociale, a été retrouvé mort vendredi 11 janvier, à Brooklyn, New York, apparemment par suicide. Bien que les détails précis sur sa mort à l’âge de 26 ans soient encore en train d’émerger, il est clair que Swartz était victime d’une procédure de mise en examen retorse et agressive de la part des autorités fédérales.

En juillet 2011, Swartz a été mis en examen pour des délits fédéraux d’accès illégal au service payant JSTOR en 2010 en passant par l’intermédiaire du réseau du Massachusetts Institute of Technology (MIT). Les autorités ont déclaré qu’il avait téléchargé illégalement 4,8 millions d’articles universitaires scientifiques et littéraires et s’apprêtait à distribuer ces textes protégés par le droit d’auteur gratuitement sur des sites de partages de données.
Swartz était confronté à des accusations fédérales de fraude informatique qui pouvaient le condamner au maximum à 35 ans de prison et 1 million de dollars d’amendes. Il était également accusé par le district du Middlesex d’être entré par effraction dans un local du MIT.

Swartz et ses défenseurs ont maintenu une position ferme en plaidant non coupable tout au long des deux dernières années, la bataille judiciaire se déroulant jusqu’au dernier jour de sa vie. D’après son principal avocat, Elliot Peters, Swartz avait récemment refusé une offre d’accord faite par la procureur Carmen Ortiz qui aurait évité un procès mais l’aurait mis derrière les barreaux pour six mois en échange d’une reconnaissance de culpabilité sur 13 chefs d’accusation fédéraux.

D’après une déclaration du bureau de la Médecine légale de New York, Swartz s’est pendu lui-même vendredi soir dans son appartement sur Crown Heights à Brooklyn. Le New York Times a indiqué qu’un oncle, Michael Wolf, avait confirmé que Swartz est apparemment mort par suicide et qu’un ami a découvert le corps.

M. Wolf a dit que son neveu, qui avait lutté contre la dépression et les pensées suicidaires par le passé et les avait même mises par écrit, « regardait le monde et avait une certaine logique dans son cerveau, et le monde ne correspondait pas nécessairement à cette logique, et c’était parfois difficile. »

Dans une déclaration publique, la famille de Swartz a dit, « la mort d’Aaron n’est pas simplement une tragédie personnelle. Elle est le produit d’un système judiciaire criminel qui suinte l’intimidation et les excès de pouvoir des procureurs. » Ils ont ajouté que, si JSTOR avait refusé de porter plainte contre Aaron, « des décisions prises par des responsables du bureau du procureur fédéral du Massachusetts et au MIT ont contribué à sa mort. »
Swartz avait 14 ans lorsqu’il avait co-écrit RSS (Really Simple Syndication) qui permet aux lecteurs de s’abonner à des journaux et autres sources d’information en ligne. Il était aussi le fondateur d’Infogami qui a ensuite fusionné avec le site d’information Reddit bien connu, qui classe les informations données par les membres d’après les recommandations des lecteurs.

Aaron a quitté Reddit en 2006, après que l’éditeur Condé Nast l’a racheté, et s’est consacré au libre accès aux informations sur internet et à l’opposition à la censure sur internet. Peu après, il a co-fondé Demand Progress, un groupe qui fait la promotion des campagnes sur internet contre les injustices sociales.

En 2008, il a publié « le manifeste de la guérilla de l’accès libre, » qui s’opposait à la propriété privée sur les informations et défendait le partage libre des revues scientifiques. Le manifeste de Swartz déclarait, « Il n’y a pas de justice à suivre des lois injustes. Il est temps de prendre la parole et, dans la grande tradition de la désobéissance civile, de déclarer notre opposition à cet accaparement privé de la culture publique. »

Dans le cadre de cette campagne, Swartz a écrit un programme pour télécharger le contenu d’une base de données de documents judiciaires fédéraux appelée PACER, près de 20 millions de pages en une fois, gratuitement [contre 10 dollars par page sur le système du gouvernement, ndt]. Le gouvernement a interdit ce programme gratuit et enquêté, mais n’a pas lancé de procédure. Les autorités, cependant, ont réagi très différemment en 2011 après le téléchargement de JSTOR au MIT.

Si les problèmes émotionnels d’Aaron Swartz ont pu jouer un rôle dans son suicide, sa mort tragique est la conséquence directe des actions répressives du ministère de la Justice américain.

Au cours de l’année écoulée, il est devenu évident que le procureur fédéral était déterminé à faire un exemple de Swartz. Il était poursuivi d’une manière agressive sans commune mesure avec la gravité du crime qui lui était imputé ou ses conséquences.

Alors qu’aucun représentant du gouvernement ou financier de haut niveau n’a été accusé, et encore moins poursuivi, pour les crimes liés aux guerres illégales de la décennie passée ou à la crise financière de 2008, le ministère de la Justice d’Obama était déterminé à punir un individu pour avoir tenté de rendre des informations accessibles au grand public et a fini par le persécuter jusqu’à sa mort.

Avec ses activités dans le domaine du libre accès aux informations, Swartz représente les couches de plus en plus importantes de la société qui sont écœurées par la corruption, le mensonge et le vol courants parmi les cercles dirigeants aux États-Unis comme partout ailleurs.

L’an dernier, il avait critiqué le programme d’assassinats du gouvernement Obama, écrivant :
« Chaque semaine ou presque, plus de 100 membres de l’équipe de la sécurité nationale américaine se réunissent en téléconférence sécurisée organisée par le Pentagone et passent en revue la biographie de suspects au Yémen, en Somalie et au Pakistan, et “nomment” ceux qui devraient être visés par leurs attaques. »
Comme Julian Assange et le soldat Bradley Manning, la campagne d’Aaron Swartz pour l’accès libre aux informations et, surtout, sa détermination à ne pas plier devant l’intimidation, ont été considérés comme intolérables par l’État.

Article original, WSWS, paru le 15 janvier 2013
https://www.wsws.org/fr/articles/2013/jan2013/aaro-j17.shtml
 
URL de cet article 19017

mercredi 17 octobre 2012

Blogueurs, n'hésitez pas à vous connaître physiquement

Bereschit.... Au commencement de ce qui devint Internet, puis le World Wide Web, la Toile de liens et de connaissances qui se croisent et s'entrecroisent apparemment au hasard sur toute la terre, ceux qui créèrent cet Univers nouveau se connaissaient. Cela se passait au CERN de Genève, où Tim Berners-Lee rencontra Robert Cailliau.

Depuis, le nombre de ceux qui y connectent leurs terminaux, ordinateurs, téléphones, palettes, etc... a grandi dans des proportions inimaginables : on avance le chiffre de plus de deux milliards de personnes différentes. A ce régime, l'anonymat est la règle tant les intervenants sont nombreux. Pourtant, l'humain étant un animal social, les liens physiques demeurent nécessaires sous peine de n'être plus que des zombies connectés. Parmi les jeunes se mettent d'ailleurs en avant ces gamins un peu déjantés et obnubilés que l'on a nommés les geeks, ou plus gravement encore, les nerds.

Il faut donc déchanter un peu : malgré les technologies les plus sophistiquées, le contact autour d'une table, à boire ensemble, voire à se quereller, reste primordial. C'est pourquoi je pense que rechercher à se déplacer pour rencontrer "des amis du Net" est indispensable. L'équilibre même de la personne en dépend.

La difficulté réside dans le fait que souvent, ces personnes sont loin les unes des autres, puisque sur le Web, la distance ne compte pas. Le signal passant d'une machine à l'autre peut d'ailleurs prendre les chemins les plus improbables en fonction de l'engorgement du trafic en un point du réseau : entre New York et Bayonne il peut fort bien avoir transité via Tokyo, Moscou, Ankara à l'aller, puis Berne, Oslo, Montréal pour la réponse. Le contact est donc compliqué. A moins d'être géographiquement proches, les opérateurs du Net ne se connaissent le plus souvent que via leurs courriels, voire le téléphone qui leur permettra de se voir mutuellement grâce à Skype.

C'est donc une démarche très volontariste que de prendre la route pour rencontrer d'autres rédacteurs de la Toile pour de vrai. En revanche, c'est extrêmement enrichissant, et je conseille à tous, dans la mesure de leurs possibilités, d'effectuer ce "pélerinage". Pour ma part,  j'ai la joie d'avoir pu me confronter à une dizaine de personnes habituellement connectées depuis que je peux enfin me déplacer, c'est-à-dire deux ou trois ans. Essayez-le, vous ne le regretterez pas.

dimanche 7 octobre 2012

Partouze malsaine rue de Valois, entretien avec Jérémie Zimmermann (LGS)

Partouze malsaine rue de Valois, entretien avec Jérémie Zimmermann


Cofondateur de La Quadrature du Net, Jérémie Zimmermann passe 36 heures par jour à défendre les droits et les libertés des citoyens sur Internet. Il vient tout juste de recevoir le EFF Pioneer Award 2012, sorte d’oscar récompensant les militants pour l’émancipation des individus par l’informatique. Empêcheur de tourner en rond, ami de Julian Assange, défenseur de la neutralité du Net… Zimmermann cumule les tares, ce qui lui vaut le mépris des Hadopiens. Et il le leur rend bien. Rencontre avec cet épicurien à l’élocution parfaite, qui connaît ses dossiers sur le bout des doigts.
Dernièrement, tu as passé un coup de gueule contre le rapprochement de l’Arcep et du CSA. Que crains-tu ?
Ce serpent de mer qui n’en finit pas de ressurgir… C’est l’extension des pouvoirs du CSA à Internet, plus que l’histoire d’une fusion. Le président du CSA, Michel Boyon, a récemment déclaré qu’il fallait pouvoir réguler le contenu sur Internet. C’est l’idée d’étendre le mode de régulation du CSA – une autorité administrative qui contrôle des entités commerciales centralisées (broadcasters, diffuseurs) et qui les autorise à émettre – à Internet. La justification annoncée est l’arrivée de la télévision connectée, qui porterait atteinte au modèle économique des diffuseurs. Le public pourra regarder Julie Lescaut sur Internet et non plus sur TF1.

Mais c’est une connerie crasse, car c’est croire qu’Internet est un outil de diffusion centralisé comme les autres. Oui, il y a des vidéos sur Internet, mais c’est avant tout un espace de partage de connaissances, d’accès à la culture, de participation démocratique et d’expression des individus. C’est avant tout un outil de communication universel décentralisé qui est aux mains de chacun. Les contenus peuvent provenir d’une entité commerciale, comme TF1, ou bien d’un individu. Penser que les modes de régulation centralisés peuvent fonctionner dans cet environnement-là, non seulement c’est voué à l’échec, mais surtout en essayant de le faire, on donnera inévitablement les pouvoirs de la censure. C’est une façon de protéger des monopoles d’exploitation de certains contenus.

Certaines chaînes diffusent déjà leurs contenus sur Internet, en replay. Que va changer la TV connectée ?
Ce n’est pas une TV connectée : c’est un terminal connecté à Internet, qui permet aussi de capter la TV hertzienne. Mais c’est avant tout un terminal d’accès à Internet. Les usages changent : les gens vont de moins en moins regarder la télé et de plus en plus utiliser Internet, au travers duquel ils auront aussi la possibilité de s’exprimer. C’est globalement une très bonne chose. Mais si cela porte atteinte au modèle économique de TF1, M6, etc., alors, il faut peut-être accompagner les modèles économiques des entreprises de l’Internet pour compenser à l’échelle de notre économie les pertes des médias « à la papa » du XXe siècle. Mais certainement pas prolonger artificiellement leur existence.

C’est l’un de vos principaux combats : peux-tu me rappeler ce qu’est la neutralité du Net ?
C’est un principe fondateur de l’Internet libre et ouvert, selon lequel chacun, sur Internet, peut accéder à tous les contenus, services et applications, et peut également en publier, sans restriction ni discrimination. c’est l’universalité d’Internet. Que tu sois au Botswana, au Canada ou en Corée du Sud, tout le monde a le même Internet, avec les mêmes capacités de participation dans le réseau. Cette participation change radicalement les rapports sociaux, politiques et fait qu’aujourd’hui, nous ne sommes plus que de simples consommateurs passifs, devant la télé ou la radio. Mais depuis quelques années, les opérateurs ont la capacité technique de « discriminer » les communications.

Avec l’arrivée de l’Internet mobile, ils se sentent encore plus légitimes à le faire, en nous empêchant d’utiliser la voix sur IP comme Skype, par exemple. De telles restrictions de communication peuvent être utilisées à des fins anticoncurrentielles. Or, la capacité d’accéder à Internet, c’est la liberté d’expression, comme le dit le Conseil Constitutionnel. Ainsi, restreindre la liberté sur Internet, c’est restreindre la liberté d’expression. Donc toute restriction aux accès, quelques soit la motivation de l’opérateur, va porter potentiellement atteinte à une liberté fondamentale. Restreindre l’accès à Internet devrait être interdit par loi. C’est ce qu’on demande : imposer la neutralité du Net dans la loi et en pénaliser les atteintes.

Donc, selon ce principe, j’ai la possibilité de publier des photos pédophiles, c’est ça ?
Bien sûr. Mais quand quelqu’un va publier des contenus pédopornographiques sur Internet, il est responsable de ses actes. Il y a des services de polices très compétents qui vont pouvoir aller le retrouver, en remontant à la source. C’est là, à l’endroit où ont été envoyés ces contenus, qu’il va falloir agir pour les enlever et arrêter les gens qui les produisent et les publient. Quand les gouvernements nous vendent des politiques publiques dans lesquelles il faut bloquer l’accès de ceux qui regardent les contenus, c’est comme dire, « on met la main sur les yeux de quelqu’un qui regarde un problème, pour régler le problème ». C’est hypocrite : ça ne change rien car les malades qui sont accros à ces contenus utilisent déjà, pour rendre plus discret, des mécanismes qui permettent de contourner ces blocages. On nous dit : « c’est pour ceux qui tombent dessus par hasard  ». Tintin ! Ces contenus, tu ne tombes pas dessus par hasard ! Au contraire, il faut aller dans les bas-fonds d’Internet et montrer patte blanche avant d’y accéder. C’est juste un argument permettant, pour les pouvoirs publics, de dire « regardez, on a réglé le problème de la pédophilie, circulez, y’a plus rien à voir. » D’autre part, c’est un pied dans la porte : ça permet d’habituer les populations au filtrage. La censure est inacceptable sous toutes ces formes, même avec des prétextes aussi nobles que la lutte contre la pédopornographie.

A quoi sert La Quadrature du Net ?
Nous défendons des valeurs : la liberté, l’ouverture et le partage sont toujours supérieurs, dans un environnement numérique, aux valeurs d’enfermement et de contrôle. Que l’on gagne ou que l’on perde sur ces batailles, on fait avancer ces idées. C’est à un cerveau à chaque fois que l’on fait comprendre que le partage est impossible à stopper et qu’il fait du bien. Nous sommes une caisse à outils. Autour de ces batailles (Acta, la dernière en date), qu’elles soient gagnées ou perdues, ce sont des centaines, des milliers d’individus, qui regardent, réfléchissent, lisent, comparent, comprennent, qui vont écrire un mail, qui vont passer un coup de fil… et qui seront des citoyens un peu plus éclairés.

Pourquoi refuses-tu l’appellation de « lobby » ?
Un lobby c’est un organisme privé qui défend des intérêts particuliers. Nous on défend une vision particulière de l’intérêt général. Un lobby a des modes d’action qui, la plupart du temps, sont basés sur le secret. Nous, la plupart de notre travail est public. Un lobbyiste est payé pour passer 100 coups de fil à des eurodéputés, en répétant 100 fois la même chose ; moi je vais passer 10 heures pour expliquer à 100 citoyens pourquoi il est très important qu’ils passent un coup de fil chacun. Et au bout du compte, quand on gagne, c’est pas la victoire de La Quadrature du Net, ce sont les centaines de milliers de citoyens qui ont participé à notre action, dont le poids additionné à été supérieur au poids des lobbyistes. Est-ce que 10 000 citoyens qui appellent leur eurodéputés, c’est 10 000 lobbyistes ? Je me vois plutôt comme un citoyen à plein temps.

Es-tu pour la gratuité de TOUT sur Internet ?
Olala… On croirait entendre nos adversaires…

Oui, aujourd’hui encore, la plupart des gens ne comprennent pas comment les artistes peuvent vivre si tout est gratuit… Alors ?

Déjà, « gratuit », ça n’existe que dans le monde des bisounours. Quand bien même tu partagerais des fichiers sur Internet sans les payer, tu le fais avec un accès à Internet que tu payes 30 euros par mois, sur un ordinateur que tu as payé, avec des supports vierges que tu as payés, sur lesquels tu payes une redevances pour copie, etc. Et surtout tu dépenses du temps de cerveau disponible, de l’attention, qui est la vraie valeur, aujourd’hui, dans une économie de l’abondance.
Par le passé, chaque fois que l’industrie a eu peur d’un usage qui était gratuit (la cassette vierge, qui allait tuer le 33 tours, etc…), on a trouvé des modes mutualisés de financement de la création. Sur la radio, l’émission est gratuite, la radio n’a pas à demander l’autorisation de passer un morceau et heureusement, parce qu’il y a une licence légale, qui fait qu’ils utilisent ce qu’ils veulent, sans demander à personne. 4 % de leur chiffre d’affaires est reversé par la suite, avec un prorata, pour les auteurs et les artistes. Ecouter de la musique à la radio, semble gratuit, mais il y a des revenus qui sont dégagés de cette activité. C’est exactement ce que l’on prône aujourd’hui avec le partage d’œuvres culturelles sur Internet. Il suffirait de prélever un montant sur les accès à Internet que l’on redistribuait comme si on redistribuait la redevance pour copie privée.

Concrètement, comment pourrait-on savoir qui a téléchargé quoi, pour redistribuer ensuite à leurs auteurs ?
Il ne s’agit en aucun cas de savoir qui écoute quoi car ce serait un mécanisme totalement totalitaire. Il faut juste savoir combien de fois « quoi » a été écouté. Et là c’est complètement différent car c’est « anonymisé ». Il y a plusieurs façons de le faire : par des logiciels qui sont installés volontairement sur les ordinateurs des gens, par une étude statistique des flux au niveau des fournisseurs d’accès ou au niveau des nœuds d’échanges type Piratebay et cie. Tout ça est détaillé dans le livre de Philippe Aigrain, Sharing. C’est argumenté avec des formules mathématiques qui n’ont jamais été attaquées, qui sont prouvées avec des logiciels libres et dont le code est disponible pour le démontrer. On atteindrait des niveaux de précision qui seraient bien plus efficaces que ce que fait aujourd’hui la Sacem, à savoir, envoyer des mecs au doigt mouillé mesurer ce qui passe dans les cafés-concerts en province pour établir les grilles de répartition. Et dire que Jean-Jacques Goldman et deux ou trois autres vont être les plus gros toucheurs à la Sacem.

Mais si cette méthode scientifique est si précise, pourquoi les décideurs ne s’y intéressent pas plus sérieusement ?
Parce qu’il y a un blocage politique monumental. La Sacem fait figure de l’une des plus puissante société de gestion collective en Europe et brasse ses 750 millions d’euros par an et fait ce qu’elle veut des 25% de la redevance pour copie privée sensés aller au spectacle vivant, “à la promotion et à la défense d’artistes”, donc du lobbying. Ainsi, quand tu as payé ton euro sur un DVD vierge pour stocker tes photos de vacances, il y a 25 centimes qui vont servir au lobbying de la Sacem, pour aller dire que Hadopi c’est bien, que partager c’est mal, et que les gens qui partagent sont des voleurs, des violeurs, des pirates etc. On a aussi un cinéma français qui est super puissant, très lourdement financé par des fonds publics et en grande partie financé en amont et par des mécanismes mutualisés. Il y a du coup un lobby hyper puissant qui est la SACD avec ses 350 millions d’euros par an. En musique, une des quatre majors, c’est Universal, qui est Vivendi-Universal, il s’agit des réseaux de la Lyonnaise des eaux, un lobbying très implanté, notamment dans les collectivités, et ultra-puissant, avec la lobbyiste en chef, Sylvie Forbin, qui est l’épouse de Pierre Sellal, lui-même diplomate, ancien représentant permanent de la France à Bruxelles et qui est aujourd’hui Secrétaire général du ministère des Affaires étrangères et européennes… Il y a un rapport incestueux entre ces industries, les organismes qu’ils représentent et les pouvoirs publics.
Le ministère de la Culture, c’est les chaises musicales pour ne pas parler de partouze malsaine, avec ces industries. On se souvient, à l’époque de la DADVSI (ancêtre de la loi Hadopi, NDLR), de Martin Rogard, le fils de Pascal Rogard, le chef de la SACD, qui n’avait même pas été embauché au Journal officiel parce qu’officiellement il faisait un « stage » pour s’occuper du site web. Il était au cabinet du ministre et négociait les amendements de papa. Il est ensuite allé chez DailyMotion où il s’est retrouvé directeur. Il a ainsi géré la fusion avec France Télécom, où a été recasé Christine Albanel, l’ancienne ministre de la Culture. Où l’a rejoint Séverin Naudet, qui était au cabinet de Donnedieu de Vabre, etc, etc. Je ne prononcerais pas le mot de « corruption » parce que dès qu’on dit ça, on nous saute dessus… Oh et puis si, je le dis : c’est clairement une corruption rampante et structurelle des institutions décisionnelles en la matière et apparemment, le changement, c’est pas maintenant.

On oublie que, comme le démontre cette étude, les gens qui partagent, dépensent plus pour la culture que les ceux qui ne partagent pas. Tout comme les gens qui écoutent le plus de musique à la radio, dépensent plus pour la musique, ceux qui empruntent le plus de livres en bibliothèque sont ceux qui achètent le plus de livres ! C’est logique, c’est la culture. Plus tu en as, plus tu as envie d’en avoir. C’est un acte d’amour de soutenir les artistes.

Pourtant, il y a bien une baisse des ventes ?
Oui, car le support CD est mort. Un support, ça dure 20 ans. Le CD est là depuis 30 ans ! Pour les films, par exemple, pendant 5 ans, ils se sont battus pour savoir qui de HD-DVD ou de BlueRay allaient remporter le marché, à coups de batailles de brevets, au lieu d’innover ! Au bout du compte, ils ont sortis les deux formats, deux fois trop chers chacun, 5 ans après. Et ils se plaignent qu’ils n’arrivent plus à vendre des DVD ? En revanche, les entrées dans les salles de cinéma battent des records en France.Les dépenses des Français, pour la culture, sur 10 ans, sont en légère augmentation pour la musique et le film, alors qu’il y a plutôt une baisse de pouvoir d’achat, une inflation et une crise économique qui est passée par-là. Et si en plus on ajoute le jeu vidéo, ces dépenses explosent. Et qui aujourd’hui peut dire que le jeu vidéo ne fait pas partie de la culture… ?

Donc, là encore, dans la définition du problème, on se fout du monde. La vente de copies physiques, c’est une miette, c’est déjà un truc du passé. Se baser là-dessus, pour décider de politiques publiques, c’est une aberration : « Oh regardez, on vend moins de yaourt. On va faire une loi pour réguler les ventes de nourriture. On va dire que les gens qui ne mangent pas de yaourt sont des voleurs de yaourts. On va interdire aux gens de cultiver de la nourriture et de donner de la nourriture aux autres, comme ça, on s’imagine qu’ils achèteront plus de yaourts. » C’est sans queue ni tête.

Que penses-tu de la représentation des hackers dans les médias ?
C’est simple : un « hackère » c’est un gamin de 16 ans, qui a les yeux pixellisés, la voix altérée, qui utilise un Mac. Et qui clique.

Pourquoi cette image n’évolue pas ?
Parce que c’est sensationnel, parce qu’il y a un inconscient collectif qui a été forgé autour de ça, parce qu’il y a peut-être des intérêts économiques ou politiques à ce que ça ne change pas. Les industries de la sécurité et les marchands d’armes numériques ont intérêt à ce que se fassent des dépenses sécuritaires en matière d’Internet : ils ont donc besoin d’une menace permanente. Au même titre que les terroristes sont partout, c’est pourquoi il faut mettre des caméras de vidéosurveillance… Mais heureusement, les journalistes qui font encore l’amalgame « hacker = pirate » se font de plus en plus rares.

Tu as eu, récemment, des ennuis à la douane, lors de ton dernier voyage aux Etats-Unis, à cause de tes liens avec Julian Assange. Que s’est-il passé exactement ?
En entrant aux Etats-Unis, par Boston, je me suis fait fouiller. Les douaniers ont conservé mes papiers, mon carnet de notes, mes cartes de visites etc. Quand je suis sorti du pays, par Washington, trois agents du FBI sont venus m’interroger sur mes liens avec Julian Assange et Wikileaks. Ils ont tenté de m’intimider : « Est-ce que tu as déjà été arrêté ? Es-tu déjà allé en prison ? »

Ce à quoi j’ai répondu : « Si défendre mes valeurs implique d’aller en prison, embarquez-moi, mais le gouvernement américain aurait l’air ridicule. » Je leur ai dit que s’ils voulaient me parler, ce serait en présence de mon avocat. Ils m’ont laissé repartir. Ça montre une chose : être ami de Julian Assange et soutenir Wikileaks, aux Etats-Unis, c’est déjà quelque chose de suspect.

Que penses-tu de la manière dont il est traité actuellement ?
Je pense que c’est un héros, un type brillant. Avec Wikileaks, il a ouvert une boîte de Pandore, qui, à l’échelle globale, fait comprendre que l’information est une force et que chaque citoyen a le pouvoir d’exposer les méfaits de nos gouvernements et leurs abus. En tant qu’ami, je suis fier de ce qu’il a fait. Le dossier suédois a l’air complètement creux. Il a une notice rouge Interpol, là où Kadhafi en avait une orange. Pourquoi ? Parce qu’il doit être entendu dans une affaire de viol mineur – quelque chose qui n’existe d’ailleurs qu’en Suède – après avoir eu des rapports consensuels avec deux filles dont l’une, Anna Ardin, qui cultivait ouvertement la vengeance de ses anciens amants… Cette affaire suédoise me semble complètement téléphonée. Avant tout, c’est une affaire politique. Il n’y a qu’à voir le comportement du gouvernement britannique et sa volonté de l’arrêter à tout prix, s’il mettait un pas en dehors de l’ambassade, alors que l’asile politique est quand même reconnue dans la Déclaration universelle des droits de l’Homme. Le gouvernement anglais n’est donc pas en train de protéger une éventuelle « audition » dans une affaire de viol mineur en Suède, mais bien une affaire politique aux Etats-Unis. Et le gouvernement d’Equateur confirmait, en acceptant cette demande d’asile politique, que son inquiétude quant à se faire directement envoyer aux Etats-Unis, après être passé par la Suède, est fondée et bien réelle.

Et d’ailleurs, les ennuis que j’ai eus étaient dans le cadre de cette enquête pour « conspiration » qui porte sur Bradley Manning et de nombreuses autres personnes. Prouver cette forme de conspiration pour espionnage semble être la seule façon, pour les Etats-Unis, de mettre la main sur Assange. S’il est reconnu que Wikileaks, en publiant des informations secrètes, a aidé l’ennemi, alors ça veut dire que l’ennemi c’est le reste du monde, que l’ennemi, c’est le peuple. Et alors, n’importe quel journal au monde devrait s’inquiéter. S’il y a une inculpation secrète à l’encontre d’Assange, qui serait éventuellement révélée à son arrivée en Suède, s’il était inculpé de conspiration pour espionnage, alors j’espère que le New York Times et toutes les publications un peu sérieuses s’en inquiéteront parce que cela voudrait dire qu’elles seront en première ligne la prochaine fois qu’elles publieront des secrets. C’est le combat pour la liberté de la presse, pour la liberté d’expression, qui se joue aujourd’hui, autour du dossier dans lequel est impliqué Assange. Et dont on n’a pas fini d’entendre parler.

Source : http://ragemag.fr/partouze-malsaine-rue-de-valois-jeremie-zi...
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